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Le Zénith Saint-Pétersbourg, une domination retrouvée ?

Le 5 juillet dernier, le Zenith est devenu champion de Russie pour la 6ème fois de son histoire. C’est la deuxième fois que le club de Saint-Pétersbourg réussit le back-to-back, c’est-à-dire, remporter deux titres de championnat d’affilée. Ce dimanche 19 juillet, Sergey Semak et ses hommes iront en finale de la Coupe de Russie s’ils battent le Spartak Moscou à domicile, une première depuis quatre ans. Ils peuvent donc réaliser un doublé, exploit que le Zénith n’est parvenu à faire qu’une seule fois, c’était il y a dix ans ! Ce succès sur sa scène nationale est important depuis deux ans et le Zénith peut remercier son entraîneur, l’ancien parisien Sergey Semak. Mais est-il le seul artisan de cette nouvelle domination ?

Le doublé en Russie n’a été réussi que par deux autres clubs : le Spartak Moscou en 1994 et 1998 et le CSKA Moscou en 2005, 2006 et 2013. Le faire est donc compliqué dans un pays où la domination d’un seul club sur le moyen ou long terme est rare. Nous nous rappelons de l’ère Sloutski au CSKA, 2009-2016, durant laquelle l’entraîneur russe avait remporté trois titres de championnat et une coupe de Russie faisant de son équipe la meilleure du pays. Si l’on remonte plus loin dans le temps, il y eu la domination sans partage, durant une décennie, du Spartak Moscou dans les années 90. Ces dernières saisons, les vainqueurs se sont succédé démontrant qu’aucune équipe ne prenait le pas sur les autres sur le temps long. Cependant, cela semble révolu avec ces deux derniers championnats remportés par Sergey Semak et le Zénith.

Sergey Semak est assis sur le banc du Zénith depuis juin 2018 et vient récemment de prolonger jusqu’en 2022. Crédits : foxsportsstories.com

Une domination qui se traduit dans les chiffres…

Mercredi prochain, le 22 juillet, aura lieu la dernière journée du championnat russe. Ce sera l’occasion pour le Zénith d’établir potentiellement des records, ou en tout cas, rejoindre les standards établis par le Spartak de la fin des années 90 et du début des années 2000. Au bout de 29 journées, le Zénith Saint-Pétersbourg a engrangé 69 points et peut donc, en cas de victoire face à Rostov, égalé le record de points sur une saison. C’était lors de la saison 1999 lorsque le Spartak Moscou avait fini avec 72 points. Depuis, la seule fois où la barre des 70 points a été franchie fut la saison suivante, une nouvelle fois par le Spartak, avec 70 points inscrits. Durant cette saison 2000, le club de Moscou avait marqué 69 buts, le Zénith en est à 63, alors oui, ce record ne sera surement pas battu, mais depuis cette saison, aucun club n’avait marqué autant de buts. Quant à la différence de buts, c’est la première fois depuis 1999, qu’un club n’avait pas établi une telle différence, le Zénith est actuellement à +46. Enfin, l’écart avec le deuxième du championnat est pour l’instant historique. Jamais un club champion de Russie n’avait autant d’avance sur son dauphin. Le Zénith possède quinze points d’avance sur le Lokomotiv Moscou.

Branislav Ivanovic face au Benfica cette saison en Ligue des Champions. Crédits : txt4bet.com

Le 9 décembre 2018 est la date à laquelle le Zénith a perdu pour la dernière fois à domicile. Un an et demi. Une statistique impressionnante et importante pour un club qui se veut être le meilleur de son pays. Celle-ci et les autres énoncées précédemment, démontrent que les bleus-blancs-azurs dominent véritablement le football de leur pays depuis deux saisons.

Sergey Semak est celui qui a réussi à traduire cela sur le terrain. Mais comment ? Tout d’abord, il est important de dire que son équipe a progressé par rapport à la saison précédente. Ses résultats sont meilleurs, ses joueurs également, ainsi que son jeu produit. Ce dernier est un football beau à regarder. Basé sur la possession de balle, des passes courtes et une volonté de dominer dans la moitié de terrain adverse, Semak a donné une âme à son équipe. En témoignent quelques scores fleuves infligés à plusieurs équipes comme Orenburg récemment, mais aussi Krasnodar, Ural, Rostov et le Rubin Kazan. Enfin, il faut savoir que le Zénith est premier du championnat en terme de pourcentage de passes réussies avec un taux de 83,3% et est la seconde meilleure équipe si l’on regarde la possession moyenne avec 55,5%.

… incarnée par des joueurs talenteux

Quelques joueurs méritent l’attention, parmi eux, certains noms sont connus du grand public. Tout d’abord, trois joueurs que nous connaissons tous, brillent depuis le début de saison. Il s’agit du géant Artem Dzyuba, de Malcom, l’ancien girondin, et Branislav Ivanovic, le vétéran de la défense centrale, l’ancien joueur de Chelsea. Le premier est un avant-centre et effectue sans doute la plus belle saison de sa carrière. Avec 17 buts et 12 passes décisives en 27 matchs de championnat, Dzyuba a grandement contribué au titre de son équipe. Le deuxième revient petit à petit de blessure, mais performe déjà. Cela montre que Malcom est vraiment talentueux et que malheureusement pour son club russe, le Zénith n’est qu’une escale pour lui. A cause de sa grosse blessure en début de saison qui l’a tenu éloigné des terrains de nombreux mois, le brésilien a inscrit 4 buts et une passe décisive en 12 rencontres de RPL. Enfin, le dernier, à 36 ans, Ivanovic a montré cette saison qu’il est toujours aussi bon dans les duels aériens, 4 buts marqués, ainsi que les relances.

Artem Dzyuba en train d’exulter après son ouverture du score face au Benfica, en phase de poule de Ligue des Champions, le 2 octobre 2019. Crédits : apnews.com

Enfin, quatre autres joueurs méritent d’être salués. Le premier est Sardar Azmoun. C’est un numéro 9 droitier qui sait aussi jouer à gauche. Polyvalent, il est très technique, bon finisseur et bon passeur. Depuis plusieurs saisons, il s’éclate dans le championnat russe et est devenu l’un des meilleurs joueurs iranien du moment. Avec 16 buts et 7 passes décisives en championnat, Azmoun effectue lui aussi la plus belle saison de sa carrière. A 25 ans, il mérite, dans un futur très proche, d’accéder dans un club jouant la Ligue des Champions. Les trois autres sont plus vieux, mais ont beaucoup progressé cette saison sous Sergey Semak. Il s’agit du milieu de terrain russe Magomed Ozdoev, du latéral gauche brésilien Douglas Santos et du milieu ukrainien Yaroslav Rakitskiy. Le premier est âgé de 27 ans et joue au Zénith depuis 2018 et s’est imposé récemment comme l’un des meilleurs milieux russes. Le deuxième vient d’arriver en Russie en provenance d’Hambourg et à 26 ans, est devenu l’un des meilleurs latéraux du championnat et enfin, le troisième joue au Zénith depuis 2018. Rakitskiy, 30 ans, était arrivé du Shakhtar Donestk et avait donc de sérieuses références. Tandis que pour les trois autres, leur nouveau club leur a permis de passer une étape supérieure dans leur carrière plus ou moins jeune.

Sardar Azmoun, l’un des joyaux du Zénith. Crédits : hammers.news

In fine, le Zénith Saint-Pétersbourg sous Sergey Semak est devenu, en deux saisons, le meilleur club russe. Cela faisait quelques saisons que le Zénith peinait à être régulier. Grâce à sa philosophie de jeu et ses très bons joueurs, Semak est parvenu à établir des standards que les autres clubs n’arrivaient pas à atteindre depuis vingt ans. Cette domination, il faudra la confirmer dans les prochaines années, aussi bien sur la scène nationale qu’internationale. Il faut rappeler que le Zénith avait gagné la C3 lors de la saison 2007-2008. Depuis, les parcours européens successifs ne sont pas à la hauteur. Il reste donc du chemin à parcourir pour Sergey Semak.

(Crédits photo de couverture : espn.com)

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