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Schurrle, l’ombre d’un adieu

« La décision a mûri en moi depuis longtemps, je n’ai plus besoin d’applaudissements. » C’est ce qu’a annoncé André Schurrle dans le journal Der Spiegel. En effet, l’Allemand a décidé de prendre sa retraite à 29 ans, 2 jours après l’annonce de Borussia Dortmund de ne pas conserver le champion du Monde 2014.

Espoirs et confirmations

L’Histoire d’André Schurrle est celle d’un joueur considéré comme l’un des plus gros espoirs allemands de sa génération lors de ses débuts. C’est à Mayence que l’ailier connait ses premiers faits d’armes, tout d’abord avec l’équipe des moins de 19 ans, entrainée par l’actuel coach parisien Thomas Tuchel, et avec qui il remportera le championnat U19 2009. Viennent ensuite les débuts professionnels, toujours avec Mayence, qu’il quittera rapidement en 2011 pour rejoindre le Bayer Leverkusen, le tout pour un montant avoisinant les 8 millions d’euros.

A Leverkusen, l’ailier va exploser. Sa capacité à finir les actions, une association de folie avec Stefan Kießling  et Gonzalo Castro, un talent indéniable qui se confirme : voilà ce qui peut résumer le passage de Schurrle au Bayer. Il marquera 14 buts et 9 passes décisives en 43 matches lors de la saison 2012-2013, suffisant pour pousser les Blues de Chelsea à s’offrir la promesse allemande du moment pour quelques 20 millions d’euros. Il passera deux ans à Stamford Bridge, avant de se voir laissé sur le banc lors de sa deuxième saison. Il retournera en Allemagne, à Wolsburg pour 32 millions d’euros, où malgré une saison en demi-teinte, il parviendra à signer à Dortmund pour 30 millions d’euros.

La compétition de sa vie : La Coupe du Monde 2014

Comment évoquer André Schurrle sans évoquer sa Coupe du Monde 2014 ? Si l’ailier n’était pas titulaire, sa place de joker de luxe lui convenait parfaitement. C’est lui qui a ouvert le score contre le difficile 1/8ème de finale contre l’Algérie, mais il faut aussi souligner ses deux buts extraordinaires lors de la fessée infligée au Brésil (7-1) en demie-finale. Enfin, comment oublier sa finale de Coupe du Monde : il « profite » de la blessure de Kramer pour entre en jeu, il déposera la défense argentine pour servir Mario Gotze, qui marquera le but de la victoire.

Andre Schurrle, Mario Gotze et Thomas Muller lors de la finale de la Coupe du Monde 2014.

L’agonie d’un champion

Schurrle ne s’imposera véritablement jamais à Dortmund, qui prêtera l’ex-talent allemand à Fulham et au Spartak Moscou. Ces deux prêts manqués conduiront Andre à dire stop, sans vouloir aller chercher un dernier gros chèque dans un championnat exotique ni retourner chez lui, à Mayence. Non, il veut jouer au haut niveau, ressentir la pression des gros matchs, se frotter à l’élite du football.

Cette décision, il choisit de la prendre tôt, à 29 ans. Pas banal pour un joueur de foot professionnel, mais comme un symbole pour celui qui n’a eu de cesse que de vouloir faire rêver de par son jeu. Ce choix est aussi celui d’un homme touché mentalement à la suite de la Coupe du Monde. Un coup de blues qui n’aura de cesse de s’accentuer quand Mourinho le mettra sur le blanc … des Blues la saison d’après. A cela s’ajoutent les blessures, qui ne l’auront jamais épargné, que ce soit au genou, à la malléole ou à la cuisse, l’Allemand n’a pas réellement pu se montrer et performer dans la durée.

Oui, André Schurrle est un de ceux qui ne cherchent pas obligatoirement à engranger de la monnaie, ni de s’exporter par tous les moyens à l’étranger. Il est ce joueur qui a pour objectif principal le plaisir de jouer et le plaisir qu’il peut donner à être regardé jouer. Voyant qu’il ne pouvait plus ressentir l’un ni offrir l’autre, l’homme dont tous les Allemands se souviendront pour son rush solitaire contre l’Argentine a décidé de rentrer aux vestiaires pour la dernière fois, non sans regret, pour celui qui incarna avec Mario Gotze, les plus gros espoirs du foot allemand et qui incarneront à jamais deux des plus gros gâchis de l’histoire du football.

Il ne quittera pas les terrains dans l’anonymat, son palmarès et ses statistiques parlent pour lui 110 buts en 420 matchs, le tout agrémenté de 22 buts en 57 sélections. Il aura gagné en Allemagne : deux coupes nationales, une avec Dortmund et une avec Wolfsburg. Il gagnera aussi une supercoupe d’Allemagne avec ces derniers. En Angleterre, il glane une Premier League. Enfin, il est aussi détenteur du plus beau trophée collectif de la planète : la Coupe du Monde.

La carrière de Schurrle est-elle pour autant ratée ? Non. Il aura connu les sommets, que ce soit en sélection ou en club, il aura toujours gagné. Son palmarès est important : il ne sera jamais un joueur banal, tant son talent a été remarqué par les plus grands entraineurs, comme Mourinho, Low ou Tuchel, qui auront aussi loué son état d’esprit. Jamais raleur, toujours travailleur, voila comment résumer la manière de penser d’Andre. Son pied droit qui aura tellement régalé ne sera jamais oublié.

Il restera un point positif à cette retraite prise à l’âge de 29 ans : Schurrle aura arrêté sa longue descente aux enfers avant qu’il ne soit trop tard, il n’aura pas à connaitre la douleur des blessures dues à l’âge, ni les protestations sur ses choix de carrière. Non, il part la tête haute. Il part sous les honneurs et les bravos, les bravos décernés au champion qui, faute d’être encore au niveau et lassé du football moderne, a préféré s’arrêter là.

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