Évènements indissociables des sports aux États-Unis, les drafts sont le moteur du renouvellement perpétuel des grandes ligues sportives nord-américaines. Coup de théâtre, coup du destin, déceptions, interrogations… Les drafts sont des éléments essentiels de la culture sportive américaine. La reprise NBA ne fait désormais plus aucun doute. Les officiels ont ciblé la date du 16 octobre 2020 pour organiser la draft. L’occasion pour le CCS de se mobiliser pour vous proposer un profil détaillé des meilleurs prospects du pays. Sans hiérarchie particulière, vous trouverez ici toutes les informations nécessaires pour connaître les futurs rookies, voire même les futures stars de la NBA.
ANTHONY EDWARDS

Date de naissance : 5 août 2001 – Classe : Freshman
Université : Georgia Bulldogs (SEC) – Bilan 2019/2020 : 16v/16d
Poste : Arrière (#5)
Mensurations*
Taille : 196 cm – Poids : 102 kg – Envergure : 205,7 cm
(source : sports-reference.com)
Statistiques saison
32 matchs joués // 19,1 pts // 5,2 reb // 2,8 ast // 1,3 stl // 0,6 blk
33 minutes joués/match // 40,2% FG // 29,4% 3Pts // 77,2% FT // 2,7 Tov // 2,2 PF
PROFIL
CONTEXTE D’ÉQUIPE
La saison 2019-2020 rime une nouvelle fois avec déception et amertume pour les Bulldogs de Géorgie. Les années honorables de Mark Fox, à la tête du programme entre 2009 et 2018, paraissent bien lointaines et la reconstruction peinent à prendre forme sous les ordres de Tom Crean. Après une première saison difficile conclue par un bilan de 11 victoires pour 21 défaites, l’ancien coach de Marquette et d’Indiana hérite d’un effectif complètement déstructurer puisque pas moins de 10 joueurs ont quitté le programme au cours de l’intersaison 2019. Si Nicolas Claxton est le nom le plus évocateur parmi les partants (drafté en 31ème position du second tour par les Nets), les autres départs sont essentiellement des étudiants de dernières années ayant terminés leur cursus. Les Bulldogs ont ainsi perdu la majorité de leurs joueurs d’expérience et un renouvellement de l’effectif était indispensable. Six recrues et un transfert, voilà avec quoi doit composer Tom Crean pour cette saison 2019-2020. Comme toujours, avec des équipes si jeunes, la hype est au rendez-vous et les partisans des Dogs’ espèrent que l’école retrouve enfin le NCAA Tournament et pourquoi pas les sommets de la SEC. Le début de saison de Georgia semble confirmer ses prédictions. Lors des matchs hors-conférence, les Bulldogs enchaînent les bons résultats et terminent avec un ravissant bilan de 10-3 après une belle victoire contre la tête de série n°9, Memphis. Seules ombres relatives au tableau, les trois défaites plutôt attendues contre Dayton, Michigan State et Arizona State. Pour la première fois depuis novembre 2011, les Bulldogs sont sur le point d’être classés dans le Top 25 AP. Malheureusement, la suite de saison prend un tout autre tournant. Début décembre, Tom Crean suspend l’intérieur Amanze Ngumezi pour “son manque de conscience personnelle et à l’attitude attendue d’un joueur de basket-ball du Georgia Bulldog“. Une perte préjudiciable dans la peinture de Georgia qui doit désormais donner davantage de responsabilités au surprenant Rayshaun Hammonds. Même s’il réalise une fin de saison très honnête, l’ailier-fort n’est pas en mesure d’endiguer la mauvaise période des Bulldogs : 10 défaites en 12 matchs. Une terrible série qui a laissé les autres programmes de la SEC prendre largement les devants au classement. Georgia parvient tout de même à arracher des victoires de prestige contre Tennessee ou Texas A&M mais surtout face aux Tigers d’Auburn et à Vanderbilt, après un buzzer beater de Tyree Crump. Les Bulldogs terminent ainsi la saison avec un bilan de 15-16 dont un triste mais encourageant 5-13 au sein de la SEC. La pandémie de Covid-19 a suspendu les compétitions universitaires après le premier tour du tournoi de la SEC, laissant le temps à Georgia de s’imposer face Ole Miss, 81-63. Certes, c’est une nouvelle saison décevante pour les Dogs, mais avec la révélation du meneur Shavir Wheeler, la confirmation de Rayshaun Hammonds et le prometteur Toumani Camara, le programme peut espérer gravir de nouvelles étapes la saison prochaine. Bien évidemment, tous les yeux étaient braqués sur un seul joueur : Anthony Edwards.
PARCOURS
Anthony Edwards est un produit 100% Géorgie. Né à Atlanta, Edwards fait ses premières armes sportives dans le football américain où il évolue à différents postes. Aux alentours de ses 10 ans, il est reconnu comme l’un des meilleurs running back de l’état de Géorgie. Sous l’influence de ses frères, Anthony Edwards se lance dans le basket sous la houlette de l’ancien joueur universitaire Justin Holland. Grâce à un sens du jeu rapidement développé et un physique déjà impressionnant, Edwards fait des malheurs sur les parquets de Géorgie en AAU avec les -15 de l’Atlanta Xpress. Au sein de ce championnat estival, Edwards tourne en 21,4 points, 5,9 rebonds, 2,1 passes décisives et 1,8 contres par match. En 2016, le service de recrutement Rivals lui accorde la note de 4 étoiles pour la classe 2019 alors qu’il évolue dans le lycée Therell, toujours à Atlanta. Anthony Edwards prend ensuite la direction de l’école préparatoire de Holy Spirit qui participe au championnat privé Georgia Independent School Association (GISA). Au cours de la saison 2017-2018, Edwards conduit son lycée au titre en s’imposant sur Heritage School. Dans sa dernière année de lycée, Holy Spirit s’incline en finale du championnat dans la revanche face à Heritage School et ce, malgré les 27 points d’Edwards. Au cours de sa saison senior, il affiche des statistiques impressionnantes : 25,2 points, 9,6 rebonds et 2,7 passes décisives par match. Grâce à ses performances, Anthony Edwards est invité aux grands événements de l’été 2019 mettant en valeur les meilleurs prospects du pays : Ballislife All-American, McDonald’s All-American et la Jordan Brand Classic où il inscrit 21 points. Celui que porte le surnom de “Ant-Man” depuis ses 3 ans est reconnu à l’unanimité par les principaux services de recrutements (247Sports, ESPN, Rivals) comme une recrue 5 étoiles. Logiquement, Anthony Edwards reçoit de nombreuses offres de programmes prestigieux comme Kentucky, UNC, Kansas et surtout Florida State qui semble avoir une longueur d’avance sur ses concurrents. Mais voilà, avec tel attachement à son état natal, Edwards choisit de rester en Georgie et s’engage avec les Bulldogs. Il déclare dans une interview accordée à The Undefeated en janvier dernier : ” Jouer avec votre maison [état] sur votre poitrine, avec la famille dans la foule. Vous pouvez les regarder, ils sont là, ils sourient à chaque fois que vous faites quelque chose.” Autre argument en faveur de Georgia, la présence du coach Tom Crean qui a développé deux des joueurs les plus respectés par Edwards : Victor Oladipo avec Indiana et un certain Dwayne Wade du côté de Marquette. Deux arrières avec lesquels “Ant-Man” est souvent comparé… En choisissant Georgia, Anthony Edwards devient la recrue la plus prestigieuse du programme depuis l’ère moderne et est également, la troisième recrue 5 étoiles après Lou Williams et Kentavious Caldwell-Pope. Au cours de son unique saison en NCAA, Edwards confirme les attentes placées en lui, passant de potentiel Top 5 de la draft 2020 à first pick presque incontestable. Il dépasse régulièrement les 20 points par match et franchit la barre des 30 points à trois reprises avec un season high à 37 points contre Michigan State. Élu freshman de l’année en SEC, il est également nommé dans la première équipe de la conférence tout comme dans celle regroupant les meilleurs joueurs de première année de la SEC. Sans contestation possible, Anthony Edwards arrive en tête de la majorité des big boards des médias spécialisés. Pourtant, quelques interrogations subsistent sur son développement potentiel. Des interrogations qui révèlent le niveau général de cette cuvée.
DESCRIPTION DU JOUEUR
Comme à l’habitude, commençons cette section par un focus sur les aptitudes physiques de notre prospect. Dans le cas d’Anthony Edwards, peut-être plus que pour n’importe quel autre prospect, il est indispensable de prendre conscience de sa force physique et de son athlétisme. D’abord, l’arrière de Georgia est construit comme un “pitbull” : un corps large, des épaules larges et un cou large. Il a renforcé ce cadre entre sa dernière année de lycée et son entrée en NCAA. Selon certains observateurs, le garçon aurait prit près de 13 kilos en une année. Du muscle, beaucoup de muscle, qui explique assurément la réussite d’Edwards dans le football chez les jeunes. Avec ses 102 kilos dans un corps d’1 mètre 96, “Ant-Man” agrémente le tout avec une très belle longueur de bras et ses 2 mètres 05 d’envergure. Si ses dimensions naturelles sont évidemment avantageuses pour un arrière, toute la particularité de ce prospect repose sur son incroyable dimension athlétique. Anthony Edwards est, déjà, sans contestation possible un athlète élite. Que ce soit sur deux ou un pied, Edwards contrôle toujours aussi bien son corps. Son temps de réaction est rapide tout comme ses mouvements du corps : mains et rotation des hanches rapides. Ses déplacements latéraux sont tout aussi impressionnants, surtout lorsqu’il défend sur le porteur de balle. Vous l’aurez compris, en terme d’athlétisme et surtout dans sa maîtrise, Anthony Edwards est le prospect le plus talentueux de cette cuvée.
En attaque, “Ant-Man” est perçu comme un véritable scoreur. Avec ses 19,1 points par match et ses pointes au-delà des 30 points, Edwards a entretenu cette réputation qu’il a acquise lors de ses années lycéennes. Sa principale force ? Une agressivité qu’il exploite à merveille grâce à un premier pas terriblement explosif. Avec à sa puissance, il est redoutable dans les dépassements, la déstabilisation des défenses et évidemment en transition. Mais attention, tout n’est pas rose chez Anthony Edwards, loin de là, beaucoup de domaines sont perfectibles. Au niveau de la finition, “Ant-Man” est un bon finisseur mais pas élite et ne semble pas exploiter au maximum ses capacités physiques. Il arrive facilement à se frayer un chemin vers le cercle mais doit encore apprendre à utiliser davantage son corps pour libérer de l’espace sous le cercle ou finir avec contact. En revanche, Edwards possède d’excellentes capacités de cutter, exploitant très bien les portes ouvertes sur le terrain. Près du cercle, il a un très bon toucher même si sa main droite semble plus développée que la gauche. Cette habilité main droite se retrouve dans sa conduite de balle. Edwards possède un beau handle sans pour autant être élite. Il possède une belle variété de mouvements, un bon contrôle du ballon lors de ses accélérations et utilise très bien les hésitations. “Ant-Man” sait également très bien se servir des feintes notamment pour exploiter les pick-and-roll. Si sa conduite de balle est plutôt sûre pour son âge et son poste, ses capacités de passeur interrogent davantage. Edwards a été très responsabilisé dans l’organisation et la création du jeu cette année avec les Bulldogs. Peut-être trop. Il rate des passes simples, ne saisi pas le bon moment pour donner le ballon à ses coéquipiers… En gros, sa vision du jeu n’est pas optimale et cela vient en grande partie du fait qu’il se concentre un peu trop sur sa propre création. Nous en parlerons davantage dans quelques instants.
En ce qui concerne le tir, c’est peut-être le secteur qui interroge le plus les observateurs. Difficile d’être enthousiaste lorsque l’on constate qu’Anthony Edwards n’a pas terminé une seule saison au-dessus des 50% depuis le parking. Ce n’est pas un tireur d’élite, mais les plus optimistes s’accordent sur le fait que l’on puisse faire confiance dans son potentiel de tir. Sa mécanique est plutôt bonne, avec une belle forme et un relâchement propre. Son jump est bon avec une bonne utilisation de la puissance dans le bas du corps et un point de libération très élevé qui rend son tir très difficilement contestable. En catch-and-shoot, en sortie de dribbles (dribbles basiques), en sortie d’écrans… Dans toutes ces situations, Anthony Edwards est capable de rentrer son tir en conservant toujours la même mécanique avec la même fluidité. Son potentiel de scoreur sur les trois niveaux est presque certains mais tout dépendra d’un paramètre : sa sélection des tirs. C’est le gros point d’interrogation qui l’entoure. Cela semble inconcevable qu’un joueur avec une telle puissance physique prenne plus des 2/3 de ses tirs en jump-shot sur demi-terrain. Avec plus de 7,7 tirs longues distances tentés par match, pour une réussite de 29,4%, nous sommes en mesure de nous questionner sur cet important volume et sa projection en NBA. Mais voilà, beaucoup d’éléments doivent être pris en compte pour relativiser ces statistiques peu reluisantes. Sur ses 154 jump-shot tentés cette saison, seulement 38 sont des catch-and-shoot. Un chiffre indiquant qu’il n’y avait pas de réel créateur à ses côtés chez les Bulldogs. De même, si Edwards semble avoir des œillères, il faut souligner que ses coéquipiers à Géorgia n’ont tiré qu’à 29% à 3pts lors des matchs de conférence. Edwards seul créateur ? Seul tireur ? Donc seule véritable cible pour les défenses adverses… Si les doutes sont légitimes, il est juste de les mettre en perspectives avec le contexte d’équipe dans lequel il évolue.
Enfin en défense, Anthony Edwards possède toutes les armes pour être un défenseur sur l’homme, au poste 1 et 2, de niveau élite. Physique, mains, rapidité… Mais “Ant-Man” doit développer son QI basket pour être plus efficace collectivement. Edwards a montré de véritables éclairs en défense avec de belles coupes de passes et de superbe sorties sur les écrans grâce à son premier pas explosif. Sur l’homme il a un réel potentiel en lien avec ses capacités de mobilité physique, mais le tout manque de cohérence et parfois même d’investissement. Loin de l’action, il est trop souvent captivé par le ballon et a tendance à perdre son homme. L’impression de nonchalance est partagée par un grand nombre d’observateurs. Edwards ne semble pas fournir les efforts suffisants pour suivre son joueur, traverser les écrans ou même contester les tirs. Si Anthony Edwards tombe dans une équipe avec des leaders offensifs déjà établis, il sera davantage responsabilisé en défense. Tout reste à savoir s’il sera capable de s’investir suffisamment…
Phénomène physique, scoreur potentiel de très haut niveau, un plafond défensif très intéressant… Autant de qualités qui font d’Anthony Edwards l’option numéro 1 pour serrer la main d’Adam Silver en premier le 16 octobre prochain. L’exploitation de son talent dépendra beaucoup de la franchise qui le draft et du rôle qui lui sera attribué. S’il est sélectionné par une équipe avec un meneur gestionnaire et quelques bons shooteurs extérieurs, il pourra vraisemblablement s’imposer comme un merveilleux joueur NBA. Un franchise player ? C’est une autre question. Mais attention, dans un climat non-adapté, il peut tout à fait mettre beaucoup plus de temps à faire émerger son talent… Coucou RJ Barrett.
✔️ FORCES
- Athlète élite.
- Puissance bas et haut du corps.
- Premier pas explosif.
- Long et fort.
- Pénétration.
- Potentiel scoreur trois niveaux.
- Belle mécanique, point de libération élevé.
- Rapidité latérale.
- Gros moteur, belle endurance.
- Bon handle.
- Création pour lui-même.
- Défenseur sur l’homme.
- Agressivité.
- Facilement coachable.
- Très jeune, classe 2020.
❌ FAIBLESSES
- Sélection des tirs.
- Vision du jeu.
- Finition avec contact.
- Investissement défensif.
- Défense off-ball.
- Interrogation sur rôle en NBA.
- Capacité à être la première option d’une équipe ?
- Faiblesse finition main gauche.
PRÉDICTION DRAFT 2020
Premier tour (Top 3)
Hypothèse : #1 – Golden State Warriors
Avec le potentiel first pick, les Warriors pourraient bien être la franchise ayant le privilège de sélectionner Anthony Edwards. Pas uniquement parce qu’il est le meilleur prospect de cette cuvée, mais parce que son potentiel et son talent peuvent s’exprimer dans la Baie. Avec un meneur de jeu créateur à ses côtés et d’excellents shooteurs capables d’espacer le jeu, “Ant-Man” aura l’occasion de faire parler sa puissance physique dans l’attaque du cercle. Son potentiel défensif peut également être davantage mis en lumière dans un backcourt avec Steph Curry sur certaines séquences. Mais pour GSW, beaucoup de questions entourent ce potentiel premier choix : vont-ils le conserver ? Vont-ils l’échanger pour récupérer une superstar à l’intérieur ? Ou alors, vont-ils miser sur un joueur style James Wiseman, pour apporter du potentiel dans la raquette ? Beaucoup d’interrogations qu’il faut ajouter à l’incertitude de la loterie… Dans l’idéal, si le destin s’emmêle, ce serait une très belle histoire de voir Anthony Edwards sélectionné par les Hawks d’Atlanta. Un backourt Trae Young/Edwards serait terriblement excitant en plus d’être bien complémentaire !
NOTE DU CCS

Avec l’exportation de LaMelo Ball et les déboires de James Wiseman, Anthony Edwards s’est imposé comme le first pick indiscutable de la prochaine draft. Mais en cette année si particulière et avec les nouveaux pourcentages de la lotterie, la destination d'”Ant-Man” est plus qu’approximative. Pourtant, le climat dans lequel il va atterrir sera déterminant. Edwards doit jouer avec un meneur de jeu gestionnaire pour exploiter au mieux son potentiel. Difficile, pour l’instant, qu’il sera le créateur numéro 1 de son équipe. Pour autant, il n’y aucun doute sur le fait qu’il aura un impact important dès ses premiers matchs en NBA. Avec son style de jeu agressif et ses capacités au scoring, les comparaisons avec Donovan Mitchell ou Oladipo, même avec Dwayne Wade par moment, sont plutôt légitimes. Reste à voir quelle trajectoire il prendra…
Retrouvez ici les derniers profils de la Draft NBA 2020 :