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Course aux playoffs – Les Blazers en mission rattrapage

Ce n’est plus un secret pour personne : la NBA est de retour. Le 31 juillet prochain, 22 équipes disputeront 8 matchs de classement in the House of Mickey Mouse, à Orlando. L’objectif est simple : établir une hiérarchie pour les dernières places qualificatives aux Playoffs. À l’Est, seuls les Wizards de Washington peuvent bousculer les plans du Magic et des Nets. À l’Ouest, l’équation est bien plus complexe. Les Grizzlies de Memphis tiennent la 8ème place de la Conférence depuis l’arrêt de la compétition le 12 mars dernier. Derrière, 5 équipes peuvent encore espérer décrocher le dernier spot pour les Playoffs : Portland, New Orleans, Sacramento, San Antonio et Phoenix. Face à cette situation inédite, le CCS vous propose d’évaluer les chances de qualification de toutes ces franchises en course pour les Playoffs. Aujourd’hui, place à l’une des équipes les plus décevantes de la saison régulière, 9ème à l’Ouest : les Trail Blazers de Portland.

PORTLAND TRAIL BLAZERS

SAISON RÉGULIÈRE

“Souviens-toi l’été dernier”… Au printemps dernier, Portland termine la saison à la 3ème place de l’Ouest, 53 victoires au compteur et un statut d’outsider pour les PlayOffs. La suite, toute la planète basket s’en souvient. Le tir assassin (encore) de Damian Lillard face à OKC, une série en sept match contre Denver avec un CJ McCollum de gala et une première Finale de Conférence depuis 2000. L’aventure s’est terminée brutalement par un sweep face aux Warriors, mais les observateurs, les joueurs et les dirigeants se sont montrés très optimistes pour le futur de Portland. Évidemment, nous nous attendions à une saison 2019-2020 plus faible que la précédente pour les Blazers, notamment vis-à-vis du renforcement des franchises de l’Ouest, mais au point d’être hors du Top 8 ? Certainement pas.

Avec un pourcentage de victoire de 43,9% à l’arrêt de la saison régulière, la version 2019-2020 des Trail Blazers est clairement décevante. Lorsque l’on réfléchi aux raisons de cet échec, le premier argument qui nous vient à l’esprit est évidemment les blessures. Une véritable hécatombe. Tout commence le 25 mars 2019. Ce soir là, Portland, assuré du podium à l’Ouest, affronte Brooklyn. Deuxième overtime, il ne reste que quelques minutes à jouer, le score est de 134-132. Jusuf Nurkic s’étire au dessus de la défense des Nets, tente un lay-up et s’effondre sur la réception. L’image a horrifiée la planète basket, le bilan est sans appel : double fracture tibia-péroné. Outre une absence évidente pour les PlayOffs, c’est sa prochaine saison qui est compromise. Une absence que les Blazers ont cherché à compenser en signant Hassan Whiteside durant l’été. Un triste épisode qui n’est que le début d’une longue série pour Portland. Dès le début de la saison 2019-2020, c’est le si précieux jeune intérieur Zach Collins qui se luxe l’épaule. Il ne dispute que 3 matchs cette saison. Début décembre, c’est au tour de l’arrière Rodney Hood d’être contraint d’abandonner ses coéquipiers : rupture du tendon d’Achille. Portland perd ses lieutenants et s’enfonce dans les profondeurs de l’Ouest, mais ces coups du sorts n’auraient jamais eu le même impact sans une intersaison hasardeuse.

Jusuf Nurkic à terre face aux Nets le 25 mars 2019 (Crédits : RDS.ca)

Les blessures sont probablement l’arbre qui cache la forêt dans l’Oregon. Au cours de l’été, les Blazers se débarrassent d’un grand nombre de lieutenants qui ont largement participé à la réussite de la franchise durant la campagne de PlayOffs 2019 : Al-Farouq Aminu, Seth Curry, Enes Kanter, Moe Harkless, Meyers Leonard, Evan Turner et Jake Layman. Une longue liste. Trop longue, surtout lorsqu’on observe la liste des arrivées : Kent Bazemore, Anthony Tolliver, Mario Hezonja, un vieillissant Pau Gasol et deux rookies Nassir Little (#25) et le français Jaylen Hoard. Les deux premiers sont si décevants qu’ils sont échangés en janvier contre Trevor Ariza, Caleb Swanigan et Wenyen Gabriel. Pour les autres, le bilan n’est guère mieux. Seul Hezonja dispute plus de 15min/match et le rookie Nassir Little, bien que pourvu d’un talent évident, ne semble pas être encore prêt à performer en NBA. Portland se retrouve ainsi avec un effectif très inexpérimenté pour entourer le duo Lillard/McCollum.

Rapidement, on s’aperçoit que la saison de Portland sera une véritable galère. Le mois de Novembre est une véritable catastrophe pour les Trail Blazers qui termine avec un bilan de 5-10, dont une terrible 2-7 à l’extérieur. Il faut attendre le mois de Janvier pour espérer voir Portland s’accrocher au wagon des playoffables. Grâce à un Damian Lillard exceptionnel, les Trail Blazers réalise enfin un mois en positif avec un bilan de 8 victoires pour 7 défaites. “Dame” DOLLA est tout simplement intouchable avec 6 matchs à 48,8 points, plus de 10 passes et un terrifiant 57% à 3pts. Malheureusement, dès la fin du coup de chaud de Lillard, les Blazers replongent dans leurs travers avec une lourde défaite contre Denver, 127-99. La suite se résume avec 9 défaites en 15 matchs, dont notamment 6 défaites en 7 matchs autour du All-Star Break… Grâce aux exploits offensifs de leur franchise player, les Blazers sont restés dans le Top 10 en matière d’efficacité offensive cette saison et sont aussi la meilleure attaque contre les 10 meilleures défenses de la ligue. Malheureusement, la perte des role players, notamment sur les ailes, a fragilisé la défense des Blazers qui termine la saison dans le Top 5 des pires défenses.

Dans ce marasme, il existe quelques satisfactions en dehors des saisons étincelantes de Lillard et McCollum qui réalisent tous les deux leur meilleure saison au scoring avec, respectivement, 28,9pts et 22,5pts par match. Dans le backcourt, derrière eux, les deux jeunes poussent Afernee Simmons et Gary Trent Jr. ont montré de très belles choses cette saison. Le premier dans la gestion et la fluidification du jeu avec la second unit, le deuxième en attaque avec notamment une très belle réussite extérieure et ses 38,8% à 3pts. Terry Stotts n’avaient guère le choix de leur faire confiance et les deux jeunes extérieurs se sont montrés à la hauteur de leurs responsabilités. Tout reste à confirmer dans la dernière ligne droite. Enfin, comment ne pas parler du retour de l’indésirable de la NBA : Carmelo Anthony. 35 ans, qualifié “hors de forme”, Melo pensait ne plus jamais fouler un parquet. Et pourtant, face à la disette sur les ailes, Portland le signe pour un contrat d’un an non-garanti. Après des débuts difficiles, Melo a prouvé qu’il avait sa place dans une équipe NBA en retrouvant le sens panier au psote d’ailier-fort. Le 23 février, Anthony inscrit 32 points face aux Pistons, la première fois depuis 2017 qu’il passe la barre des 30 points.

La saison des Blazers rime avec déception et concours de tristes circonstances. Un marché des transferts mal géré, avec un grand nombre de role players pas remplacés, des blessures et des rotations hasardeuses. Si Lillard et McCollum n’avaient pas élevé leur niveau de jeu, Portland ne serait probablement pas en mesure de jouer la dernière place qualificative pour les PlayOffs.

SITUATION À LA REPRISE

29 victoires et 37 défaites, c’est décevant mais avec le format instauré par la NBA pour une reprise du championnat, Portland est pour le moment en mesure de se qualifier pour les PlayOffs en jouant la 8ème place dans un play-in tournament contre Memphis. Portland ne compte que 3,5 matchs de retard sur les Grizz’. Mais les Blazers sont également à égalité avec les Pelicans et les Kings en terme de rating. Attention aussi aux Spurs et aux Suns qui ne lâcherons rien pour une place dans les 8 premiers de l’Ouest. Voici les 8 matchs qui attendent les Blazers :

Au niveau des affrontements directs :

Memphis: D 104-111

Boston : D 106-118

Houston : D 108-132, V 117-107, V 125-112

Denver: D 100-108, D 99-114, D 99-127

LA Clippers : D 101-107, D 97-117

Philadelphie : D 128-129

Dallas : V 121-119, D 112-120, D 125-133

Brooklyn : D 115-119

Aïe, aïe… Si le bilan général des Blazers peut vous décevoir, que dire de celui face aux équipes qu’ils vont rencontrer dans la bulle d’Orlando ? 3 victoires pour 12 défaites ! Parmi cette poignée de victoire, deux ont eu lieu contre Houston. Une équipe toujours hantée par le fantôme des séries de 2014. Une petite victoire contre Dallas et tout le reste… Ce sont des défaites. Outre ce bilan désastreux, il faut aussi regarder la difficulté du calendrier à venir : les Blazers ne joueront aucun match contre des équipes hors d’un Top 8 de l’Est ou de l’Ouest. Selon The Ringer, Portland devra faire face au 3ème calendrier le plus difficile de cette reprise ! Évidemment, les matchs les plus importants seront contre Memphis d’abord, concurrent direct pour la 8ème place, mais aussi face à Houston et Brooklyn. Si en regardant dans le rétroviseur les Blazers semblent bien mal embarqués, il faut aussi prendre en compte le fait qu’ils présentent un effectif bien différent de la saison régulière avec le retour de blessure de plusieurs cadres. S’il y a bien une équipe qui sort renforcée de cette triste période de la Covid-19, c’est bien Portland.

Les deux intérieurs, Nurkic et Collins, seront de retour pour les Blazers (Crédits : Blazer’s Edge)

LES SECTEURS CLÉS

✔️ Un retour salvateur des blessés ?

L’efficacité offensive du duo Lillard/McCollum n’est plus à prouver. En revanche, en défense, Portland a montré de réelles difficultés cette saison avec l’absence de nombreux lieutenants. Dans cette situation, le retour de Zach Collins est une excellente nouvelle pour les Blazers. On se souvient de sa très bonne campagne de PlayOffs au printemps dernier, notamment dans la série face aux Nuggets où il avait fait déjouer Jokic en tête de raquette. Comment ne pas souligner également l’importance du retour de Nurkic. Outre son rôle de protecteur de raquette comblé en parti par la présence de Hassan Whiteside, c’est son apport offensif sous le panier et à mi-distance qui peut aider les Blazers. L’année dernière, Portland était la 17ème équipe NBA en terme de points inscrits dans la raquette (48,4 par match). Cette année, sans Nurkic, la franchise de l’Oregon se classe 27ème avec seulement 44,4 points dans la raquette par match. Le retour de Collins et de Nurkic pourrait donc renforcer la défense bancale des Blazers et la répartition du scoring. Portland débarque à Orlando avec un tout autre visage, reste à savoir si ça sera suffisant pour décrocher la dernière place qualificative pour les PlayOffs.

❌ Une profondeur d’effectif qui interroge

Toujours la même rengaine, toujours le même argument que nous vous évoquons depuis le début de cet article : la perte des role players au cours de l’été est très contraignant pour Portland. Globalement, Terry Stotts a joué avec 6 joueurs de manière régulière cette saison : Lillard, McCollum, Anthony, Whiteside et le jeune backcourt remplaçant Simmons/Trent Jr. Ajoutons les deux revenants Collins et Nurkic et vous obtenez une rotation de 8 joueurs. Les lignes arrières sont chargées, tout comme l’intérieur mais quid du poste 3 ? Melo ne semble plus être en mesure de tenir ce poste et s’épanoui davantage en ailier-fort. Hezonja ? Trop court, notamment en défense. Avec de tels profils, on peut s’attendre à un sérieux déséquilibre ou un manque de lien entre l’intérieur et l’extérieur. Terry Stotts devra faire preuve d’imagination pour mettre en place des rotations efficaces sans exposer son équipe sur l’aile. Bon courage.

🕵️ Le facteur X : comment faire jouer Nurkic et Whiteside ?

Conséquence directe des deux points évoqués précédemment : comment articuler une raquette entre deux pivots de métier ? Selon les dernières informations dévoilées par Terry Stotts et les deux intérieurs, il semble que Nurkic et Whiteside soit destiné à jouer ensemble. Le pivot bosniaque a déclaré : “Quand je vais revenir, je serai toujours un pivot. Mais oui, j’ai parlé au coach, et je vais certainement un peu jouer au poste 4.” Quant à Whiteside il semble convaincu par cette idée : “Quand on sera en match, je pense qu’on pourra jouer ensemble avec Jusuf, et ensuite sortir à tour de rôle.” Les Twin Towers de Portland devraient donc bien jouer ensemble. Cette association questionne sur plusieurs points : le spacing d’abord avec comme clé, la capacité de Nurkic à s’écarter. Autre point : la vitesse. Comment être suffisamment efficace en transition avec deux géants aux pieds bétonnés et un Anthony qui n’est pas de première jeunesse ? De même, comment défendre sur les transitions adverses ? Ce sera très difficile pour une telle de raquette de défendre sur des équipes rapides comme Memphis ou même une équipe focalisée sur tir extérieur comme Houston.

CHANCES DE QUALIFICATION

Avec un effectif presque neuf, ou du moins considérablement renforcé par le retour des blessés, Portland arrive à Orlando avec de véritables chances d’accéder à la 8ème place à l’Ouest. Mais de nombreuses interrogations demeurent. Le calendrier reste très difficile et il faudra du temps pour que l’effectif retrouve ses automatismes. Il est indécent de penser que Memphis s’écroule et c’est pour cela qu’un play-in tournament entre les Blazers et les Grizzlies est parfaitement envisageable. Dans ce cas, l’expérience de Lillard pourrait bien faire la différence.

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