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Débrief tactique : Paris est renversant

Après cinq longs mois d’attente, l’Atalanta Bergame, bourreau de Valence en huitièmes de finale (8-4 en cumulé), retrouvait enfin le Paris Saint-Germain, victorieux 3-2 de Dortmund en cumulé. Au Estadio da Luz de Lisbonne, c’est Paris qui est sorti victorieux de ce duel en bout de match face à une Atalanta qui semblait pourtant maîtriser son sujet pendant 80 minutes.

Les compositions d’équipes au coup d’envoi :

Du côté lombard, on retrouve la défense à trois classique de Gasperini malgré l’absence de Palomino. Les pistons et le double-pivot au milieu habituels sont présents. Offensivement, l’absence d’Ilicic pour des raisons personnelles enlève un attaquant de qualité des mains de Gasperini, qui l’a remplacé par le milieu offensif croate Pasalic, qui est là pour créer aux côtés de Gomez et en soutien de Zapata. Dans les buts c’est Sportiello qui remplace le titulaire Gollini, blessé.

Côté parisien, les absences de Verratti (blessé), Mbappé ( de retour de blessure, sur le banc) et Di Maria (suspendu) ont obligé Thomas Tuchel a improviser. Il a choisi un 4-4-2 en losange pour renforcer le milieu et faciliter la sortie de balle face au pressing étouffant de l’Atalanta. Son choix fort est de préférer Gueye et Herrera à l’argentin Paredes, sur le banc. Marquinhos est de retour en sentinelle devant une charnière Kimpembe-Silva. Bernat et Kerher sont les latéraux et Navas le gardien. En attaque, c’est le trio Neymar-Sarabia-Icardi qui sera chargé de porter le danger sur les buts de Sportiello.

Neymar seul contre tous

Cette première mi-temps a montré ce que les Parisiens redoutait. Neymar est le seul joueur créatif sur la pelouse pour l’équipe de la capitale et ça se sent. Tous les ballons transitent irrémédiablement par lui et il est le seul à créer quelconque différence. Seulement, le Brésilien pêche terriblement à la finition (4 tirs, 1 cadré à la mi-temps) et Paris n’arrive pas à se montrer dangereux. Les latéraux Bernat et Kehrer sont introuvables en attaque car Tuchel souhaite couvrir les montées tranchantes d’Hateboer et Gosens. De ce fait, Paris possède souvent que trois joueurs dans les 30 derniers mètres lombards, et un seul d’entre eux est disponible. Sarabia présente plus de passes en touche que de passes réussies et Icardi, comme à son habitude, a du mal à peser de quelconque manière sur la rencontre. Seul Navas et Marquinhos surnage dans l’effectif parisien, le premier en ayant effectué 3 arrêts décisifs et le second en contenant du mieux qu’il puisse Papu Gomez et en limitant les passes entre ce dernier et les attaquants de l’Atalanta.

Neymar vient de rater une occasion en or après trois minutes. Source : Newsbezer.

En face, les Bergamasques rayonnent. Papu Gomez, bien que marqué par Marquinhos, réussit à se montrer dangereux avec chaque ballon qu’il touche dans les 30 derniers mètres. Pasalic, récompensé par son but à la 27ème, a été juste et cohérent et a su tourner autour de Zapata avec intelligence. Sur les ailes, Gosens et Hateboer brillent et permettent aux bleus et noirs d’avoir toujours une solution pour écarter le jeu. Dans l’axe, le double pivot De Roon-Freuler a du mal à sevrer Neymar de ballons et sont les deux joueurs de la Dea les plus en difficulté. En défense, les trois lombards sont bien en place sur coups de pieds arrêtés mais ont du mal à suivre Neymar lorsqu’il arrive lancé. A la relance, Sportiello s’est fait peur un fois, contré par Neymar, tandis qu’Hateboer a offert une balle de but à ce dernier juste avant la mi-temps, que Neymar a envoyé dans le ciel lisboète. Gasperini a décidé de presser le PSG par vagues et laisse le ballon aux Parisiens dans les zones peu dangereuses. Le souhait de forcer au maximum Navas à jouer long se remarque (11 passes longues tentées sur 26 à la mi-temps) et les Lombards couvrent les possibilités de passes courtes en laissant Navas seul misant sur sa faiblesse sur le jeu au pied.

Un Paris gagnant

On a pris les mêmes et on a recommencé jusqu’à que la bataille des changements ne soient lancées. L’Atalanta a continué à se montrer plus dangereux au moment de la reprise face à un Paris toujours autant Neymar-dépendant. L’entrée de Mbappé pour Sarabia a commencé a dynamisé le jeu parisien et a amené une seconde menace qu’il manquait tant. Mais c’est lors de la sortie d’Icardi que les choses ont diamétralement changé. Le PSG est devenu plus pressant et le bloc est monté d’un cran. Et en face, par inexpérience ou par manque de talent, sans doute un peu des deux, l’Atalanta s’est mis à inexorablement reculer et à ne plus chercher à construire par les ailes ni par son numéro 10. Ainsi, ce qui devait arriver arriva et le PSG réussit à égaliser sur une belle ouverture de Choupo-Moting pour Neymar qui centre pour un Marquinhos à bout portant. Puis, alors qu’on pensait se diriger vers une prolongation, Neymar lance Mbappé dans la profondeur qui adresse le même ballon que deux minutes auparavant et Choupo-Moting est là pour pousser le ballon au fond.

Choupo-Moting sourire aux lèvres, vient de qualifier Paris. Crédits : Getty Images.

En deuxième mi-temps, le placement et le pressing qui font la force de l’Atalanta sont devenus de plus en plus brouillon au fur et à mesure et le bloc lombard a fini par devenir méconnaissable. L’appui apporté par Zapata, la touche de vista de Gomez, la menace Pasalic, les courses d’Hateboer et de Gosens, tout ces points positifs qui ont permis à l’Atalanta d’être devant ont disparu progressivement à partir de la sortie de Gomez à la 60ème. La fatigue peut-être, des mauvais changements surtout, c’est toute l’équipe qui s’est mis à renier son propre fond de jeu et à cherhcer à défendre un avantage d’un but face à Neymar et Mbappé.

Les onzes au coup de sifflet final :

La blessure de Navas a obligé Tuchel à faire entrer Rico, qui n’a rien eu à faire. Les autres changements de Tuchel ont eu pour but de faire basculer l’équipe dans un système plus habituel, le 4-4-2. Les entrées de Paredes pour mieux relayer le ballon au milieu, de Mbappé pour amener une seconde menace avec Neymar trop esseulé pendant 60 minutes et de Choupo-Moting à la place d’un Icardi fantômatique ont permis à Paris de trouver un second souffle. L’entrée de Draxler pour Herrera reste anecdotique tant l’Allemand n’a pas semblé dedans au moment de son entrée.

En face, Gasperini a enchaîné les mauvais choix. Sortir Gomez alors qu’il effectué un bon match, surtout avec Marquinhos sur le dos, pour faire rentrer Malinovsky ne s’est pas avéré payant. L’Ukrainien a été transparent en touchant seulement 14 ballons en 30 minutes de jeu. Les entrées de Muriel et Da Riva en pointe non pas non plus été fructueuses car il n’y a eu que du déchet avec les rares ballons qui sont parvenus à eux. L’entrée de Castagne pour Gosens n’a pas non plus été concluante puisque l’égalisation de Marquinhos vient du côté du piston belge.

Les clés du match

Les flops du match

Caldara : Le défenseur italien était déjà en difficulté en première mi-temps face à Neymar mais a été couvert par ses coéquipiers et aidé par la solitude du Brésilien. Mais dès l’entrée de Mbappé puis celle de Choupo Moting, Caldara a semblé avoir un retard chronique sur chaque action. Et au moment de l’égalisation parisienne, le tournant du match, c’est bien l’Italien qui couvre Neymar du hors-jeu sur l’ouverture de Choupo-Moting alors que l’alignement des autres défenseurs de la Dea est bon. Puis au lieu d’essayer de passer devant Marquinhos, il est là aussi en retard et préfère se dépêcher de réclamer un hors-jeu inexistant à cause de lui-même.

Sarabia/ Icardi : ils ont touché à eux deux 54 ballons en 140 minutes cumulées. Sarabia a réussi un famélique 57% de ses passes courtes tandis qu’Icardi n’a tenté qu’un dribble et n’a tiré qu’un fois au but. Ne participant que très peu au pressing, la tendance s’est inversée lorsque ces deux hommes ont quitté la pelouse.

Les choix forts

Tuchel : Faire entrer Choupo-Moting et passer en 4-4-2. Décisif, le Camerounais a apporté autant qu’Icardi en 90 minutes et s’est vu récompensé en s’incrivant le but de la qualification. Le passage tardif en 4-4-2 de Tuchel a débloqué le jeu parisien et a permis au PSG de se procurer les deux occasions qui ont menées aux deux buts.

Gasperini : Faire sortir Gomez et Djimsiti. Gomez était le coeur du jeu offensif de l’Atalanta. Auteur de 5 passes clés et d’un beau 4/12 aux centres, il a créé chaque occasion que la Dea a obtenu. Dès qu’il est sorti, l’Atalanta a manqué de cet élan de créativité. Quant à Djimsiti, c’est plutôt le fait que Caldara ne soit pas sorti alors qu’il était clairement le maillon faible de la défense qui fait passer son remplacement pour un mauvais choix que sa performance relativement normale.

L’homme du match

Neymar a été virevoltant toute la soirée. D’abord peu inspiré à la finition en première mi-temps, il a pu revenir dans un rôle plus créatif en seconde et avoir un petit peu moins le ballon dans ses pieds. et ainsi, il est impliqué sur les deux buts avec une passe décisive puis une avant-dernière passe pour Mbappé. Il finit le match avec 113 ballons touchés, 5 passes clés, 6 tirs, 9 fautes provoquées et un absurde 16 dribbles sur 20 réussis (tous records du match). Un but en première mi-temps aurait élevée encore plus sa performance mais le match qu’il a produit mérite déjà tous les éloges et est de bon augure pour la suite de la compétition pour le PSG.

L’Atalanta peut s’en mordre les doigts. Ayant mené pendant 60 minutes, les hommes de Gasperini n’ont pas su retenir les assauts parisiens et ont cédé par deux fois dans le temps additionnel. Cette élimination ne doit néanmoins pas faire oublier la saison exceptionnelle des Lombards qu’on espère retrouver à ce stade de la compétition l’an prochain. De l’autre côte, c’est des cris de joie et des soupirs de soulagement qui doivent s’échapper du vestiaire parisien. Cette qualification en demi-finales de Ligue des Champions est la première du PSG sous l’ère QSI et se doit d’être fêtée. Seulement, Paris va vite devoir se reconcentrer pour se préparer à affronter le vainqueur de Leipzig-Atlético avec Mbappé et Di Maria mais sans doute toujours sans Verratti et peut-être sans Navas.

Source de la photo de couverture : Sporting Life.

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