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Débrief tactique : le Bayern à l’expérience mais sans briller

Deux équipes aux parcours diamétralement opposés se retrouvaient ce soir pour rejoindre le PSG en finale de la Ligue des Champions. Tombeurs de Manchester City, les Lyonnais refusaient jusque là toute pression, mais espéraient secrètement renouveler l’exploit. De leurs côtés, les joueurs du Bayern Munich sortaient d’une démonstration face à un faible Barça. Dans un match au rythme lent, ce sont les expérimentés Bavarois qui ont imposé leur logique supériorité. Sans paillettes, mais en champions.

Les compos : « Des changements ? Pourquoi faire ? »

Quatre jours après son succès aussi inattendu que mérité face à Manchester City, l’Olympique Lyonnais s’attaque à un autre gros morceau. Pour essayer de rivaliser avec le multiple champion d’Allemagne, Rudi Garcia a décidé de reconduire exactement le même Onze que face au club de Pep Guardiola. Léo Dubois, malgré des difficultés évidentes lors des derniers matchs conserve sa place de titulaire grâce à son influence positive sur le groupe et à la faible concurrence à ce poste. La création est confiée au duo Aouar-Caqueret, très en vue depuis la reprise de la Ligue des Champions. Enfin, Karl Toko-Ekambi conserve sa place aux côtés de Memphis en attaque, et ce même si Moussa Dembélé a brillé face à City. Ces choix, Garcia les explique par les différentes options tactiques que lui offrent ces 11 joueurs. Au 3-5-2 initial, peut succéder un 4-1-4-1 plus stable.

Rudi Garcia compte sur les mêmes soldats pour gagner une bataille de plus (Image : Twitter OL)

A l’instar de Rudi Garcia, Hans-Dieter Flick ne touche pas au Onze titulaire face au FC Barcelone malgré le retour de blessure de Benjamin Pavard notamment. Confiance est maintenue en la jeunesse bavaroise : Davies, Goretzka et Gnabry conservent leur place sur le terrain, tout comme les vétérans Neuer, Boateng et Müller. Un équilibre et une harmonie qui confère au Bayern Munich un force mentale hors norme. S’il n’y a pas de relâchement au cours d’un match du Bayern, c’est autant dû à la fougue des jeunes joueurs qu’à l’expérience des vieux briscards. Tactiquement, la paire Alcantara-Goretzka est alignée pour distiller des ballons précis tout en assurant une présence physique forte. Devant, Robert Lewandowski tentera de faire croître un peu plus ses statistiques affolantes de la saison.

Côté rouge, rien ne bouge (Image : Twitter Bayern Munich)

L’histoire était trop belle

Le plan de jeu lyonnais est clair dès le début. En évitant de jouer trop bas, et en privilégiant une ligne défensive positionnée à plus de trente mètres de ses buts, l’objectif est de récupérer le ballon et d’immédiatement lancer une transition rapide pour trouver un attaquant en deux passes maximum. Et le premier quart d’heure donne raison à Rudi Garcia ! L’entame de match est à l’avantage des Gones qui se procurent une première grosse occasion par l’intermédiaire de Memphis. Le capitaine lyonnais, idéalement lancé par Maxence Caqueret tente de contourner Neuer qui reste bien sur ses jambes afin de gêner le Hollandais. Le ton est donné. S’en suivent plusieurs occasions pour les Lyonnais, mais ni Maxwell Cornet ni Memphis ne parviennent à matérialiser cet ascendant.

Le tournant de la première mi-temps intervient à la 17ème minute lorsque Toko-Ekambi déborde Davies et Alaba sur son côté droit. Sur le même plan de jeu que face à City, à savoir profiter d’un ballon long dans le dos d’une défense haute , il se retrouve face à Manuel Neuer en pleine surface mais ne peut que trouver le poteau… Dans la continuité, Serge Gnabry lancé par Kimmich réalise un exploit individuel conclut par une frappe limpide qui se loge dans les filets d’un Anthony Lopes impuissant. Dès lors, les velléités offensives des Lyonnais s’amenuisent pour laisser le Bayern maîtriser le ballon et enfoncer sereinement le clou un quart d’heure plus tard, encore par le biais de Serge Gnabry.

Les amateurs de FIFA auront reconnu « La cuillère dans le pot » (Image : Goal.com)

Un Bayern létal, peu contrarié après la pause

Au retour des vestiaires, les Lyonnais n’ont pas abandonné leurs bonnes intentions, mais le Bayern a gagné en confiance et en maîtrise. Si Lyon exploite toujours autant les espaces laissés dans le dos de Davies, Karl Toko-Ekambi se montre trop maladroit. Memphis puis Dembélé ne profitent que trop peu des occasions du Camerounais. Dans une rencontre sans rythme, l’OL ne peut que constater la supériorité froide du champion d’Allemagne. Sans briller, les Bavarois mènent. Les mêmes joueurs rentrent sur la pelouse côté lyonnais, mais rien n’y fait. Le système à géométrie variable de Rudi Garcia n’est au final pas bouleversé, et le 3-5-2 lyonnais bien que volontaire se révèle inefficace. Au milieu de terrain, la paire Thiago-Goretzka n’aura pas eu son rendement habituel et n’aura que trop peu trouvé ses offensifs, mais le bloc collectif a dégagé une impression de puissance et de domination difficilement contestable. En étouffant un Houssem Aouar moins en vue, les Allemands se sont assurés une fin de match tranquille.

Lyon n’avait jamais été mené au score depuis la reprise des matchs officiels. Pour être précis, ils ont été menés face à la Juve, mais étaient tout de même en position de qualification avec le score de 1-2. Manque d’expérience ? Fatigue physique ? Simple maladresse ? Les hypothèses sont nombreuses, et c’est sûrement un mélange des trois qui a donné lieu à un second acte approximatif au cours duquel le Bayern n’a pas semblé inquiété un instant. Malgré les largesses défensives de Davies, malgré la sortie de Boateng à la mi-temps, malgré la discrétion de Müller, Lyon n’a pas su saisir sa chance. Finalement, c’est l’inévitable Robert Lewandowski qui vient clore le succès des Allemands à la 88ème minute. Sans être exceptionnel, le Bayern s’impose. Qui aurait cru il y a quelques mois que l’Olympique Lyonnais nourrirait des regrets en demi-finale de Ligue des Champions face au Bayern ?

Déséquilibre physique dans l’entrejeu entre Maxence Caqueret et Leon Goretzka (Image : RTL)

Les clés du match

La différence s’est faite à l’expérience et au talent intrinsèque des attaquants. Ou plutôt d’un attaquant : Serge Gnabry. Unique buteur lors de la première mi-temps, l’ailier allemand de 25 ans à illuminé la soirée bavaroise par une frappe magistrale à la 18ème minute de jeu. L’aspect physique a également été très important. Alors que Rudi Garcia prévenait en avant match au micro d’RMC Sport : «  Le Bayern a un jeu plus physique que Man City, moins de jeu à l’intérieur et plus de débordements », les Lyonnais n’ont pas pu rivaliser 90 minutes avec les joueurs bavarois. A l’image d’un Memphis toujours en reprise, d’un Caqueret encore frêle, ou d’un Guimaraes peu inspiré, les Gones ont payé leurs exploits passés. Les Lyonnais auront au moins réussi une mission de taille : prouver que ce Bayern a des failles et peut être mis en difficulté.

Mais ce Bayern a surtout des forces. Comme toute grande équipe, le Bayern Munich peut compter sur ses individualités lorsque le collectif tourne moins bien. De plus, la défense, bien que bousculée en début de partie, s’est montrée hermétique. Manuel Neuer n’a pas encaissé de buts, et a surtout réalisé quelques parades inspirées, notamment devant Karl Toko-Ekambi. Il faudra se montrer réaliste pour les Parisiens.

Ce sera donc une affiche Bayern-PSG en finale de Ligue des Champions dimanche prochain. Une affiche que d’aucun qualifierait de logique aux vues du déroulement de ce Final 8. Sans donner leurs pleines mesures lors de ces demi-finales, ces deux équipes se battront pour remporter cette édition si spéciale de la Coupe aux grandes oreilles. Les Lyonnais n’ont pas a rougir de leur parcours, mais ils nourriront tout de même quelques regrets sur ce match. Le Bayern était plus fort, plus solide…

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