A l'affiche Rugby

Nouvelle-Zélande, le choc des îles

Dans une saison internationale rendue chaotique par l’épidémie de Covid-19, la Nouvelle-Zélande va renouer avec son histoire le 5 septembre en organisant pour la 81e fois le match opposant l’île du Nord à l’île du Sud, classique parmi les classiques du rugby kiwi au XXe siècle.

La Nouvelle-Zélande va se faire un vrai petit plaisir vintage ce week-end avec le 81e « North vs South match » à Wellington. Une affiche d’un autre temps entre les joueurs qui ont éclos sur chacune des deux principales îles du pays. C’est en 1897 que la rencontre a eu lieu pour la première fois, à Wellington déjà, avant que ce rendez-vous devienne annuel à partir de 1902. Seules les deux guerres mondiales ont empêché la tenue du match (1915-1918, 1940-1942). Puis la création de la Coupe du monde en 1987 a mis fin a cette tradition née au siècle précédent. Depuis, le match Nord vs Sud a de nouveau eu lieu deux fois, en 1995 et en 2012, afin de lever des fonds.

Cette fois-ci, l’organisation de la partie revêt plus d’une logique sportive qu’économique. Alors que la Nouvelle-Zélande avait connu une longue période de 102 jours sans la moindre contamination au Covid, le pays a recensé de nouveau cas au mois d’août et la Première ministre, Jessica Ardern, a décidé de reconfiner la ville d’Auckland qui devait accueillir la rencontre. En conséquence, le match se disputera finalement à Wellington le 5 septembre (il devait initialement se jouer le 29 août) et à huis clos (à 9h10, heure française).

Alors forcément la fête ne sera pas totale, dans un stade vide et une ambiance pesante. Mais au pays du rugby, revoir les meilleurs joueurs nationaux s’affronter reste un événement exceptionnel. Surtout une année où les All Blacks n’ont toujours pas jouer le moindre match avec l’annulation de la tournée d’été et le report du Rugby Championship. Cette rencontre est aussi une occasion pour les Néo-Zélandais de voir où ils en sont, près d’un an après leur sèche élimination en demi-finale du Mondial nippon face à l’Angleterre (19-7), vécue comme un drame au pays.

Un choc de All-Stars

« C’est une chance pour les joueurs de faire partie de quelque chose de vraiment spécial, a déclaré le nouveau sélectionneur des All Blacks, Ian Foster, qui supervise ce rassemblement. C’est un match unique, les anciens leur ont expliqué à quel point c’était un événement mémorable. » Pour Foster, qui n’a pas encore eu l’occasion de jauger sa sélection en match officiel, la rencontre de samedi est une belle opportunité de savoir où en est le réservoir kiwi, même si plusieurs cadors manqueront à l’appel à cause de blessures : Dan Coles, Scott Barrett, Sam Cane, Ngani Laumape.

Annoncés il y a quinze jours, les deux groupes sélectionnés par Foster promettent une sacrée prise d’armes. Les joueurs ont été répartis au Nord ou au Sud selon le premier club dans lequel ils ont évolué au début de leur carrière professionnelle. Une disposition intéressante qui promet des duels fratricides, au sens propre avec Beauden Barrett face à Jordie par exemple, ou au sens figuré entre coéquipiers d’une même franchise.

Le nouveau sélectionneur des All Blacks, Ian Foster (à droite), avec la star néo-zélandaise, Beauden Barrett, lors de la dernière Coupe du monde au Japon. (Crédit photo : Le Figaro)

Les adjoints de Foster se chargeront de mener les deux formations au combat : John Plumtree (avants) et Scott McLeod (défense) encadreront le Nord, Brad Mooar (arrières) et Greg Feek (mêlée) le Sud. Ils pourront compter sur des hommes en forme puisque les joueurs ont participé au Super Rugby Aotearoa, organisé entre les cinq équipes néo-zélandaises cet été. « Les gars ont travaillé très dur et joué un rugby exceptionnel pendant le Super Rugby, s’est réjoui Foster. Nous sommes enthousiasmés par le nombre de talents dans tout le pays. Il va y avoir beaucoup de qualités sur le terrain et cela va être une merveilleuse célébration du rugby pour les supporters. »

Déplacer le curseur pour découvrir la sélection du Nord et la sélection du Sud.

Parmi les 56 joueurs sélectionnés, certains se sont révélés lors de la compétition, finalement remporté par les Crusaders. Le trois-quart des Hurricanes, Peter Umaga-Jensen (23 ans), neveu des légendes All Blacks Tana Umaga et Jerry Collins, a illuminé le jeu de son équipe et su concrétiser les mouvements offensifs (quatre essais en cinq matchs). Le flanker des Blues, Dalton Papali’i (23 ans), a pu faire profiter son pack de toute sa puissance et de sa défense saignante. « Nous sommes prêts à récompenser certains joueurs qui ont crevé l’écran cet été, a confirmé Foster. Des gars comme Will Jordan (22 ans, Crusaders) ou Caleb Clarke (21 ans, Auckland Blues), des jeunes joueurs excitants. C’est une chance de les faire évoluer dans un environnement complètement différent avec un nouveau challenge. »

Le jeune Peter Umaga-Jensen prend le meilleur sur son vis-à-vis Jack Goodhue lors de la victoire des Hurricanes contre les Crusaders (34-32), le 25 juillet. (Crédit photo : RugbyPass)

Crusaders-Blues, le remake ?

Pour encadrer cette jeune garde, les cadres des All Blacks seront bien présents : Ardie Savea, TJ Perenara, Aaron Smith, Beauden Barrett, Anton Lienert-Brown, Damian McKenzie (pour le Nord) ; Codie Taylor, Joe Moody, Richie Mo’unga, Jack Goodhue, Jordie Barrett (pour le Sud). Le sélectionneur Ian Foster a souhaité donner la responsabilité du capitanat à deux guerriers du rugby néo-zélandais : Patrick Tuipulotu (Nord) et Sam Whitelock (Sud). « Sam et Patrick sont deux joueurs spéciaux qui ont connu des saisons exceptionnelles. Ils mèneront leur équipe avec leur propre caractère, ce sont des leaders expérimentés. »

EquipesNordSudTotal
Crusaders11516
Blues11112
Hurricanes639
Highlanders4711
Chiefs628
Nombre de joueurs sélectionnés par franchise

L’Histoire penche pour le moment largement en faveur du Nord, vainqueur de 50 des 80 premiers matchs (pour trois nuls et 27 défaites). Mais avec une forte présence de Crusaders dans son groupe (quinze joueurs), le Sud a toutes ses chances de bousculer son adversaire, majoritairement composé de Blues (onze joueurs). Cela tombe bien, le choc entre les hommes de Christchurch (1er) et d’Auckland (2e) pour clôturer le Super Rugby le 16 août dernier n’avait pas pu se disputer à cause du confinement rétabli dans la plus grande ville du pays. L’occasion d’une savoureuse mise au point.

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