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WFLA: Quatre Molosses à l’assaut des USA (Partie 1)

Le 6 mai 2021 va être lancé aux USA la quatrième ligue professionnelle de football américain féminin. La WFLA (Women’s Football League Association), c’est son nom, est une ligue d’athlètes féminines professionnelles. Elle se compose de 2 conférences, les Western et Eastern Conference, elles-mêmes divisées en 4 divisions de 4 franchises. C’est donc 32 franchises qui composent la WFLA soit le même modèle qu’en NFL. Tous les matchs sont prévus le mercredi et après un système de playoffs, la saison se clôturera par le Diamond Bowl ! Le CCS est allé à la rencontre de quatre championnes du club des Molosses d’Asnières qui partent rejoindre les Phoenix Red Tails en Arizona. Elisa de Santis, Laura Roussel, Marine Urie et Melissa Zandu reviennent pour nous sur leur parcours.

CCS : Comment êtes-vous arrivées à jouer au football américain, ce sport méconnu en France, et depuis combien de temps jouez-vous ?

Laura : J’entame ma 3è année. Pour ma part, j’ai tout bêtement regardé du football américain à la télé et j’ai vu un joueur exceptionnel, Odell Beckham Jr qui joue aujourd’hui à Cleveland. Du coup je me suis dit tiens, pourquoi pas me laissé tenter par ce sport que je ne connais pas forcément. J’ai fais des recherches sur internet et je suis tombée sur l’équipe des Molosses. J’ai appelé le club, demandé quand étaient les entraînements pour pouvoir m’y présenter. Je suis tombée raide dingue de ce jeu.

Melissa : Et pour la découverte, réponse insolite, j’étais avec ma meilleure amie, on cherchait à rejoindre un club de volley-ball. Elle avait reçu un flyer qui présentait le club des Molosses en football américain. On s’est dit bon, on ne connaît pas, on va squatter, on va voir ce que ça donne, on fait le début de saison et ensuite on retourne jouer au volley, on va bien trouver un club avec des places disponibles. On a commencé et… on n’a jamais arrêté, ça fait maintenant 6 ans !

Laura Roussel

Elisa : Alors j’ai commencé le football américain parce que je voulais jouer au soccer. Dans mon école primaire, il y avait un club de flag football, j’ai cru que c’était du football classique donc j’ai fait des années de flag et quand j’ai eu l’âge, je suis passée au football américain. J’en suis à 20 saisons de flag et 7 saisons de football américain !

Marine : Alors c’est tout simplement un ami qui jouait chez les Molosses qui m’a invité à participer à un entraînement. Du coup j’ai testé, c’était un entraînement garçons et filles et au début j’ai dit NON, je ne veux pas, parce que je n’aime pas courir pour rien. Mais mon ami m’a dit non, t’inquiète pas, le prochain training ce sera qu’avec les filles, tu vas grave kiffer. Du coup, je me suis rendue à l’entraînement suivant le lundi d’après et j’avoue que je suis tombée amoureuse et maintenant ça fait 8 ans !

Melissa Zandu sous les couleurs des Molosses d’Asnières

CCS : Y a-t-il des différences flagrantes avec le football pratiqué par les hommes ?

Melissa : Selon mon expérience, la différence la plus flagrante est au niveau du coaching. Il est assez pauvre au niveau des sections féminines. On a moins de coachs, on a moins de personnes derrière nous et ça c’est visible dans n’importe quel club.

Laura : La différence c’est que le football masculin est beaucoup plus intense. Donc c’est plus intense dans les matchs, dans les coups, dans la vitesse de jeu, dans l’intensité des entraînements. Le football américain est beaucoup plus montré en fin de compte que le féminin. J’ai l’impression que nous les filles on est un peu caché !

CCS : A quelles postes jouez-vous ? Les avez choisis ou vos coachs qui vous ont orienté de par vos qualités athlétiques et techniques ?

Marine : Pour ma part j’ai commencé comme Free Safety, et 4 ans plus tard j’ai découvert le poste de Running Back. Du coup oui, c’est plutôt les coachs qui m’ont dirigé vers ce poste. C’est vrai qu’ils te demandent ton avis mais c’est surtout selon tes capacités, ta taille, ta rapidité, ta force, etc.

Marine Urie au poste de Running Back pour les Molosses d’Asnières
Crédit: Diane Event Photo

Laura : Je joue receveur, comme OBJ, mon idole au masculin ! J’ai fait du soccer pendant 13 ans (NDLR: Laura a joué pour le PSG en U19 National, elle a fait partie de la sélection des 12 meilleures joueuses Ile de France et a fait les sélections pour Clairefontaine) et j’étais milieu gauche. Le poste que je recherchais c’était un poste de vitesse. Du coup j’ai été orienté par les coachs et les joueuses.

Melissa : Pour ma part, j’ai commencé en défense en tant que Corner Back. Ensuite, on a vu que j’avais des mains donc je suis passée très rapidement receveur !

Elisa : Alors le poste par lequel j’ai commencé c’est receveur, je joue encore régulièrement receveur. En foot US j’ai fait pas mal de saisons en tant que QB également. En flag je joue toujours en général à la fois receveur et à la fois safety.

CCS : Quelles sont, selon-vous, les qualités les plus importantes à votre poste ?

Melissa : A mes yeux, les principales qualités d’un receveur sont agilité, explosivité, des mains sûres et une bonne vision du jeu !

Elisa : Agilité des mains et des pieds, et une excellente lecture du jeu pour voir les trous et anticiper.

Elisa De Santis

Laura : Vision du jeu, vitesse, anticipation, agilité, être acteur et surtout, ne jamais rien lâcher !

Marine : Pour les 2 postes auxquels je joue: agilité, rapidité, être réfléchie, savoir lire le jeu, avoir de la force et de la patience. Il faut aimer le contact aussi ! 

CCS : Qu’est ce qui vous fait le plus kiffer à votre poste ? Avez-vous des plays/formations/courses favorites ?

Melissa : Alors mon tracé préféré, je dirais post, ouais post j’aime beaucoup ! Mon jeu préféré ce serait la sweep, donc la course du receveur extérieur avec une motion, j’adore, j’adore !

Elisa : Ce que j’aime le plus en tant que receveur je pense, c’est vraiment la sensation au moment où j’attrape le ballon, la sensation du catch ! Même dans la vie quotidienne, j’aime bien attraper les choses. Quand quelqu’un doit me passer quelque chose je lui dis “vas-y lance !”

Un de mes tracés préféré ça doit être hook & go !

Laura : Alors en formation j’aime bien faire les formations où il y a de la sweep, j’aime trop la sweep ! Et en tracés, je dirais corner, j’aime beaucoup ce tracé ! Et ce que je préfère faire à mon poste c’est tout ce qui est feinte, accélération ! Mettre l’adversaire dans le vent, c’est mon kiff !

Marine : Ce qui me fait le plus kiffer en tant que running c’est le contact avec la défense, le fait de porter la balle et que tu peux courir très rapidement. Tout ça réunit en un seul poste, c’est un pur bonheur.

En défense ce que j’aime c’est que le Free Safety est souvent oublié, très très souvent oublié. Du coup que ce soit pour les receveurs ou même pour un running, ils se disent c’est bon, le Free Safety je vais lui mettre un vent, mais en fait non, je suis là et je te boîte !! Donc c’est très intéressant !

Mon jeu préféré, je dirais Dav Option et sinon tout ce qui est course dans la boîte c’est-à-dire courses internes et en défense, j’ai pas de préférences au niveau des jeux, j’aime bien rentrer dedans !

CCS : Le Challenge Féminin (nom du Championnat de France Féminin) a été créé en 2015, vous jouez pour les Molosses d’Asnières qui ont remporté les 4 premières éditions. Est-ce que vous avez rejoint l’aventure dès le début ?  Qu’est-ce que cela vous a apporté de jouer là-bas ?

Melissa : Moi j’ai intégré les Molosses dès 2015 donc dès la création du Championnat.

Elisa : J’ai rejoint les Molosses dès la création de la section féminine, j’étais déjà aux Molosses longtemps avant ça car j’ai rejoint le club quand j’avais 16 ans quand je suis passée des moins de 15 ans aux Seniors. Et oui, la section féminine je l’ai rejoint dès le début. Il n’y avait pas encore de championnat féminin au début, pendant 1 ou 2 ans donc on faisait que s’entraîner.  

Jouer pour les Molosses ça m’a apporté je pense un cadre dans la vie, des objectifs a réaliser, une combativité, plus d’assurance dans la vie probablement.

Laura : Alors moi non, je n’ai pas commencé l’aventure au tout début des Molosses, j’y suis que depuis deux ans. Je pense avoir la chance de faire partie de cette équipe qui a un très gros potentiel car ça m’a permis d’apprendre vite et bien, c’est toujours mieux d’apprendre avec plus fort que soi.

Marine : Pour ma part, j’ai commencé le foot US un an avant le Challenge. Donc l’année précédente on avait fait 2 matchs dont un en Pologne contre les Sirènes de Varsovie. C’était une super expérience, on s’était déplacé en car, on avait fait plus de 28H de car sur le week-end, pour moi c’était vraiment une expérience de dingue. Un 2nd match quelques semaines après contre les Vikings de Villeneuve d’Asq. Je m’en rappelle car c’était vraiment les 2 premiers matchs des Molosses.

C’est un honneur de jouer dans une équipe qui excelle dans son domaine. Les Molosses ont une chance inouïe d’avoir des athlètes de très haut niveau mais aussi d’avoir un coaching staff qui nous a permis d’évoluer dans de très bonnes conditions. Etre championnes 4 fois, ça peut être un poids, on ne peut pas se relâcher, on n’a pas le droit à l’erreur. A chaque entraînement on doit se donner à 2000% parce qu’on est l’équipe à battre !

CCS : Avez-vous joué ailleurs qu’à Asnières ? Si oui, c’était comment ?

Elisa : Oui, l’année dernière je suis partie en Australie avec un visa Working Holiday et j’en ai profité pour faire une saison là-bas à  Sydney. Le football était assez similaire sauf que je dirais qu’on avait un peu plus de connaissances footballistiques en France. Sinon au niveau des joueuses, ils avaient des joueuses très puissantes, issues du rugby !

Niveau flag, chaque année, je joue en Sicile durant l’été et le début de l’automne. Au niveau du flag, c’est vrai qu’ils ont une vision très différente. En France, on a des habitudes de jeux de base qui sont totalement différents, c’est le cas pour la défense également.

Melissa : J’avais pour habitude de jouer uniquement aux Molosses au foot US et comme Elisa, je suis partie en Australie et j’ai intégré une équipe à Sydney. Niveau jeu en Australie, je les trouvais moins avancées qu’en France, il y a moins de joueuses sur le terrain. Après en terme de compétences des joueuses, je rejoins les propos d’Elisa, on avait des profils rugby donc des filles puissantes, des filles qui allaient vraiment à l’impact donc ça se vaut au final parce qu’il y avait vraiment des bonnes joueuses.

Melissa Zandu sous les couleurs de Southern Sydney

Laura : Je devais le faire cette année en fin de saison avec l’Allemagne mais au vue des circonstances, cela a été annulé…

Marine : Je n’ai pas joué vraiment avec une équipe étrangère mais j’ai eu la chance de m’entraîner avec d’autres équipes dans le but de les intégrer. Je devais jouer avec une équipe allemande à la fin de la saison 2020 mais la COVID a tout bloqué. L’année dernière j’étais partie à Los Angeles pour un camp, j’avais été invité par une équipe pour voir si je pouvais intégrer la team. Tout était ok mais malheureusement, les conditions financières de leur côté et pour des raisons familiales de mon coté, le projet n’a pas pu aboutir.

La vision du jeu là-bas est complètement différente, ce sont des jeux plus rapides aux Etats-Unis, on est beaucoup plus dans les détails en France, eux sont plus dans le résultat ! En Allemagne, ils sont un peu comme nous mais plus exigeants encore je trouve. Il y a un bon niveau athlétique là-bas, on voit qu’ils sont habitués à faire du sport tout le temps donc ça se voit tout de suite quand tu es avec eux !

Clique ici pour la suite de l’interview de Elisa, Marine, Laura et Melissa

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