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Draft 2020 : entre nuit et brouillard

Les playoffs NBA sont bien entamés, et un grand nombre de franchises sont déjà en vacances. Il est temps pour elles de préparer l’intersaison qui traditionnellement se déroule en deux temps forts : la draft et la free agency. La draft est par nature source d’incertitudes : recruter des jeunes joueurs qui peuvent réussir en NBA reste une science complexe et inexacte, malgré le travail des scouts Nba et des general managers. Elle est pour l’instant toujours programmée au 16 octobre 2020.

Un contexte flou

La NBA traverse elle aussi la zone de turbulences due à la pandémie de COVID-19. Il semble qu’il y ait des conséquences économiques même si on ne sait pas encore exactement à quelle échelle. Une réduction de salary cap serait une mauvaise nouvelle pour un tiers de la ligue qui est déjà au niveau du salary cap maximum prévu pour la saison 2020-2021 à savoir 116 millions de dollars.

 La NBA est aussi touchée de plein fouet par la révolte sociale aux USA, les joueurs ayant pris des positions très marquées sur les sujets sociétaux. Ils veulent des actions significatives tendant vers l’égalité que cela soit de la part des politiques mais aussi des propriétaires de franchises. Cet état de crise politique risque de durer au moins jusqu’aux élections présidentielles américaines prévues pour début novembre.

C’est dans ce contexte mouvementé que se déroulera la Draft 2020.

Une cuvée 2020 synonyme d’incertitude ?

Contrairement aux années précédentes, il est encore assez compliqué, un mois et demi avant, de dégager le Top 3 des joueurs qui seront sélectionnés en premiers. On peut présager que Lamelo Ball et Anthony Edwards seront dans le Top 3, mais qui pour les accompagner ?

Le pivot James Wiseman a joué 3 petits matchs de NCAA avec Memphis sous les ordres de Penny Hardaway.  Deni Avdija (pour une prononciation correcte prononcer le j comme un y), la sensation israélienne du dernier championnat d’Europe U20, a fini la saison avec le Maccabi Tel-Aviv en boulet de canon. Isaac Okoro, lui, est le prototype parfait du défenseur 2.0, l’ailier ultra athlétique d’Auburn pouvant défendre du poste 1 au poste 4.  Il n’est pas à exclure que le frenchie Killian Hayes s’invite dans ce trio : le protégé de Jaka Lakovic en Allemagne a impressionné par sa vision du jeu et semble programmé pour la NBA.

Anthony Edwards / Lamelo Ball source : thetylt.com

Cette incertitude concernant le haut de la draft pourrait faire penser que cette draft est faible (on l’entend et on le lit souvent) et que de fait, les picks de draft, cette année, auraient moins de valeur. La réalité semble un peu plus complexe.Tout d’abord il est assez difficile de déterminer ce qu’est une bonne cuvée de draft. Tout dépend en fait des critères que l’on choisit et de ce que l’on attend d’une draft. Si on espère voir plusieurs joueurs all star dans les années à venir (voir prétendant au hall of fame, soyons fou), la draft 2020 risque de décevoir (il est peut-être bon de rappeler que les cuvées 2003 et 2018 restent des exceptions). A contrario, si les critères choisis sont le fait de durer dans la ligue même avec un role plus limité, alors cette draft devient franchement intéressante. En effet, cette cuvée s’annonce avec une belle profondeur, un joueur sélectionné en début de second tour pourrait très bien avoir un impact dès sa première année. Cette draft semble contenir des profils au plafond limité mais avec un niveau plancher plutôt solide.  Le jugement d’une classe de draft se fait souvent trop tôt, et sur ses prétendus meilleurs éléments. Les prospects ont besoin de temps pour s’affirmer, on attendra donc raisonnablement 3 / 4 ans avant de se faire un avis plus catégorique.

Cette incertitude est aussi liée en partie à la pandémie. La March Madness est une occasion rêvée pour les prospects évoluant en NCAA de marquer les esprits ; malheureusement la grande messe du basket universitaire a été annulée. C’est probablement encore plus dommageable pour les prospects des petites facs qui auraient pu performer contre des programmes plus renommés et ainsi rassurer les observateurs.

Source : CBS Sports

Autres joueurs qui seront sans doute pénalisés, ce sont les profils athlétiques. Le draft combine n’aura pas lieu comme d’habitude (est évoqué un combine en vidéo…) alors qu’il permet aux scouts et GM de déterminer en partie le potentiel des prospects via leurs capacités physiques.

Les picks vont plus que les autres années, à la lumière du contexte économique et d’une free agency ultra limitée, garder de la valeur. Les picks de fin de premier tour et du second tour peuvent être un moyen d’équilibrer un roster au sens financier du terme. Donnée non négligeable à prendre en compte.

Draft 2020 une poudrière à trade

Plusieurs éléments amènent à penser que les rosters des franchises NBA peuvent radicalement changer dans la nuit du 16 au 17 octobre.

  • Trop d’atouts concentrés dans les mêmes mains

L’année 2019 a été marquée par des blockbusters trade qui ont engagé beaucoup de joueurs et de picks. Conséquences : Minnesota et New York auront 2 picks au premier tour alors que Boston en totalisera 3. Si on cumule premier et deuxième tour, Philly aura 5 picks, New-Orleans 4, Boston 4, Sacramento 4, Minnesota 3. Ces 5 franchises vont se partager un tiers des picks de 2020 !

Développer beaucoup de joueurs en même temps est problématique, certaines équipes n’auront aussi juste pas la place dans leurs rosters pour accueillir tous ces joueurs (Boston par exemple) donc des trades semblent presque obligatoires.

  • Des besoins, sur le papier, peu évidents

Certaines franchises n’ont pas de besoins réels sur cette draft. On pense tout d’abord à Golden State et son 2ème choix, mais aussi à Boston et ses 3 premiers tours. Ces deux équipes auront beaucoup d’ambitions pour la saison à venir, et il peu probable qu’ils souhaitent partir à la conquête du titre avec des jeunes joueurs. Certains dirigeants pragmatiques ont fait entendre qu’ils étudieraient toutes les possibilités, comme Rosas à Minnesota et Karnisovas à Chicago.

  • Une free agency très limitée

Il y a bien quelques noms clinquants lors de la free agency à venir mais la plupart de ces joueurs ont en réalité une player option que la majorité (pour ne pas dire tous) devrait activer. On pense à Gordon Hayward, DeMar DeRozan, Anthony Davis ou encore André Drummond. Coté UFA (Unrestricted Free Agent), la liste des joueurs fait moins rêver. Le joueur vedette se nommant Fred VanVleet, on y retrouve aussi des vétérans solides mais sur le déclin comme Paul Millsap, Marc Gasol et Serge Ibaka. Cette free Agency limitée en nombre et en talent pourrait inciter certaines franchises à monter des trades afin de renforcer leur roster et/ou dégager de la masse salariale en vue de la free agency 2021. Cette derniere s’annonce incroyable,  de nombreuses superstars seront sur le marché, avec évidemment un certain Giannis A. en tête de gondole.

C’est donc dans une ambiance agitée et hasardeuse que la draft 2020 va se dérouler. Les franchises seront balancées entre opportunités de se renforcer immédiatement et capacité à rester attractif financièrement dans un avenir proche. L’intersaison cette année sera riche en enseignements sur les choix stratégiques à court et moyen terme des franchises NBA. Comme chaque année, la draft amènera son lot de bonnes et mauvaises surprises, au front office de chaque équipe de se montrer rusé et inspiré.

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