Ce dimanche, le peloton entame le début d’un chapitre décisif de ce Tour de France 2020. Du Grand Colombier au chrono de la Planches des Belles Filles en passant par la terrible étape 17 menant au col de la Loze, voici le menu de cette consistante troisième semaine qui va nous donner le verdict de la 107e Grande Boucle de l’histoire.
De la haute montagne et un contre-la-montre décisif
Les spectateurs l’attendent avec impatience tandis que les grands favoris du peloton la redoutent sûrement. Cette troisième partie de Tour de France s’annonce dantesque. En sept petits jours, quatre belles étapes de montagne et un contre-la-montre individuel qui couronnera le futur vainqueur du Tour au sommet de la Planche des Belles Filles. Des indications ont été données sur l’état de forme des favoris dans les Pyrénées et au Puy Mary, mais les écarts entre les poids lourds du peloton restent encore assez faible.
Étape 15 : Lyon – Grand Colombier (174.5 km)
Première étape alpestre avec une arrivée au sommet du Grand Colombier. Après une première partie d’étape assez plate et un sprint intermédiaire placé au 58e kilomètre, la deuxième partie va fortement se corser. Le peloton entame la montée de la Selle de Fromentel (11,1 km à 8,1 %) et ses trois derniers kilomètres à plus de 10 %. Il va ensuite monter le court mais pentu Col de la Biche (6,9 km à 8,9 %). Après une longue descente, le plat de résistance est le Grand Colombier. Plus de 17 kilomètres à 7.1 %, un terrain très propice à faire des écarts. Sur le Tour de l’Ain, cette fin d’étape avait été réalisée et c’est le maillot jaune actuel Primoz Roglic qui l’avait emporté devant les Colombiens Bernal et Quintana.
Étape 16 : La Tour-du-Pin – Villars-de-Lans (164 km)
Après une journée du repos, retour aux affaires dès mardi pour les grimpeurs. Une étape moins dure que dimanche, mais qui reste un terrain propice pour faire des différences, notamment pour la constitution d’une échappée royale. La montée de Saint-Nizier-du-Moucherotte (11,1 km à 6,5 %) est un terrain de jeu propice pour s’extirper d’un groupe de costauds à l’avant de la course. La question qui subsiste reste l’attitude des favoris. Avant la terrible 17e étape, voudront-ils se lancer dans une bataille pour un gain qui peut s’avérer marginal ? En tout cas, il reste peu de jours avant l’arrivée à Paris et les retardataires seraient bien inspirés d’utiliser chaque opportunité qui leur est offerte.
Étape 17 : Grenoble – Méribel Col de la Loze (170 km)
C’est la grande étape de ce Tour de France 2020, celle qui va à coup sûr faire d’énormes différences. Durant 170 kilomètres : deux cols, hors catégories. Un mythe du Tour, le col de la Madeleine et ses 17,1 km à 8,4 %. Un nouveau, le Col de la Loze (sommet du Tour de France 2020) et sa montée de 21,5 km à 7,8 % se terminant par des passages pouvant atteindre 24 %. Ces deux sommets atteignent les 2000 m. Les défaillances seront interdites et le vainqueur sera un costaud du peloton. Une étape où deux semaines et demi de course parfaite peuvent s’écrouler, où un grand grimpeur colombien (mais lequel ?) peut s’envoler dans les pentes du col de la Loze. Beaucoup d’inconnus, beaucoup du suspens et une étape à ne surtout pas manquer !
Étape 18 : Méribel – La Roche-sur-Foron (175 km)
Le lendemain de la grande étape du Tour ne sera pas de tout repos pour le peloton. Un enchaînement de cols et un dénivelé positif total de 5 166 m (record cette année pour une étape du Tour). Il faudra être costaud et la terrible montée du plateau des Glières, un col hors-catégorie de seulement 6 kilomètres, mais à plus de 11 % de moyenne risque de faire d’énormes dégâts. Gare aux défaillances.
Étape 20 : Lure – La Planche des Belles Filles (36.2 km)
Un contre-la-montre individuel pour terminer le Tour ? Sympa. Qui se termine à la Planche des Belles Filles ? Royal. Après des journées montagneuses aussi éprouvantes les unes que les autres, dernier effort pour les favoris du peloton. Un effort individuel d’environ une heure sur un parcours qui se fera en deux temps : une première partie plutôt plate de 30 kilomètres et l’ascension de la Planche des Belles Filles (5,9 km à 8,5 %). Souvent empruntée par le Tour de France depuis sa première fois en 2012, elle risque de créer de gros écarts. Attention à en garder sous la pédale avant d’escalader cette montée courte mais difficile.
Le point sur la course
Deux semaines de Tour sont passées et la course nous a déjà donné quelques enseignements. Vendredi, la Grande Boucle arrivait au Puy Mary pour avec une dernière montée très difficile. Diminués, les Français Guillaume Martin et Romain Bardet ont perdu du temps. Victime d’une chute et d’une commotion cérébrale (il a tout de même fini l’étape), l’Auvergnat a dû abandonner. Martin est lui sorti du top 10 et voit ses espoirs de top 5 s’amincir. Les Français, si bien placés avant les Pyrénées, vivent des derniers jours compliqués.
La nation phare sur ce Tour, c’est la Slovénie. Pogacar et Roglic sont un cran au-dessus en montagne. Le premier est le grand dynamiteur de cette Grande Boucle et régale les téléspectateurs. Impressionnant dès que la route s’élève, il s’affiche comme le concurrent numéro 1 de Primoz Roglic. Le maillot jaune a lui aussi été très costaud vendredi et montre une facilité déconcertante. Le grand perdant du Puy Mary, c’est Bernal. Le Colombien ne semble pas – comme son équipe Ineos – au top de forme. Après avoir perdu 38 secondes, il devra montrer autre chose dès ce dimanche au Grand Colombier pour prouver à la planète cyclisme qu’il sera un candidat à sa propre succession jusqu’au bout.
Elle n’est pas l’équipe la plus clinquante mais elle est bien l’équipe “sexy” de ce Tour 2020. Vainqueur de deux étapes, la Team Sunweb nous régale. Après deux échecs (dont un numéro hallucinant sur l’étape de Laruns), le magnifique Marc Hirschi a trouvé la mire. Une juste récompense pour le jeune coureur qui devient le premier Suisse depuis Cancellara à lever les bras sur la Grande Boucle. Hier, la formation allemande a réalisé un final d’étape incroyable dans les rues de Lyon en montrant sa force collective avec Hirschi, Benoot et Kragh Andersen. Après de nombreuses attaques des puncheurs du peloton, Soren Kragh Andersen en a profité pour s’extirper lors d’un moment de flottement et lever les bras pour la première fois sur un grand tour.
Le Tour de France 2020 entame aujourd’hui un nouveau chapitre de son histoire. Après deux belles semaines qui nous ont offert du beau cyclisme, de la bagarre entre favoris et des français qui lèvent le bras, le menu se corse dès ce dimanche. Des étapes qui vont nous donner à coup sûr un super spectacle et accoucheront d’un très beau vainqueur au soir de l’arrivée sur les Champs – Élysées.