Nouvel épisode de l’analyse de but de notre bonne vieille Ligue 1, un championnat ou les constructions sont courtes et le nombre de buts sur coups de pied arrêtés nombreux (36 sur 101), ce qui ne rend pas évident de chercher à les analyser en détail. Cette semaine nous revenons sur le but d’Angers lors du déplacement à Montpellier (défaite 4-1), où malgré le résultat, le SCO a pu montrer qu’il détenait des joueurs de talent avec le ballon, bien trop souvent cantonnés à défendre.
Le contexte : le MHSC est aligné dans son traditionnel 3-4-1-2 très travailleur, et mène 1-0 depuis quelques minutes. En face, Stéphane Moulin a innové avec un 3-4-3, qui permettait initialement de cadrer individuellement les joueurs adverses.
L’action commence par une séquence de possession angevine en défense. Le schéma défensif des Héraultais se contente de poser un bloc au niveau de la ligne médiane. Malgré cette avancée et le surnombre de la défense à 3 qui permettrait de créer un décalage, Pavlovic choisit l’option de la passe rapidement. Bobichon se propose alors en décrochant, mais ce serait infructueux étant donné le carré de montpelliérains qui l’entourent. Pavlovic décale alors sur son côté gauche vers Thomas Mangani, le milieu expérimenté s’étant écarté de la trop grosse densité de l’entrejeu.
Il a alors l’option du jeu long sur l’aile vers Capelle (invisible sur l’image), vouée à l’échec vu le 1 contre 2, ou à destination de Bahoken dans l’axe, là aussi mauvaise, mais l’appel de l’attaquant va permettre de faire reculer légèrement la défense adverse. Mangani va alors utiliser ici le “troisième homme”. Ce principe consiste lorsque l’on veut transmettre le ballon à un autre joueur de s’appuyer sur un tierce (par un une-deux, une déviation, une course) pour s’ouvrir le chemin de passe. Ici, le troisième s’appelle Fulgini. Il reçoit le ballon dos au jeu et n’a d’autre choix que de remettre, mais il attire par la même occasion deux adversaires.
L’étau s’est desserré après ce une-deux. Mangani peut transmettre le ballon à Bobichon. Trois joueurs du MHSC sont éliminés en une passe. Sur les quatre joueurs qui formaient un carré, seul Le Tallec peut intervenir désormais, mais avec un temps de retard.
La passe de Mangani n’arrive pas dans les pieds mais légèrement sur la droite du destinataire. Bobichon réalise un bon contrôle orienté et peut progresser.
C’est désormais un 3 contre 2 qui se joue sur le côté, mais l’animation défensive des Héraultais leur fait défaut à ce moment. En choisissant un marquage individuel, Souquet (latéral droit) se concentre sur son duel direct avec Capelle, et Congré (défenseur central), sur Fulgini, qui a décroché plus bas. Ce dernier a anticipé le contrôle réussi de son partenaire et lancé sa course. On se retrouve donc avec un Congré (DC de 35 ans) à la course avec un temps de retard sur son adversaire. Tandis que Souquet est sur le reculoir, face à un Angevin avec le ballon et ses deux possibilités de passes. Il choisit alors de bloquer l’opportunité intérieure, ce qui ouvre un boulevard sur l’aile.
Pendant ce temps, Stéphane Bahoken dans l’axe va parfaitement jouer le coup malgré la solitude. Grâce à ses coéquipiers, il est déjà libéré de Pedro Mendes qui va vers la droite, ce qui ouvre un espace dans l’axe. Pour l’agrandir, il va se diriger vers sa droite, entre Cozza et Ristic. Le défenseur central s’écarte, agrandissant la brèche. Bahoken n’a plus qu’à effectuer un contre-appel dans le trou maintenant qu’il a un temps d’avance. Il est intéressant de voir qu’il coupe sa trajectoire à l’exact moment où Bobichon passe à Fulgini.
L’international Espoirs a tout le temps de lever la tête pour analyser la situation. Il voit son coéquipier, l’espace devant, et transmet. Comme il est large, il joue au sol pour augmenter ses chances de réussite.
Malgré le retour de Cozza, Bahoken a le temps de faire quelques petits pas pour ajuster sa position. Il choisit de tirer de son mauvais pied, le gauche, mais c’est pour placer dans le côté fermé. Omlin est un peu trop dans l’axe, il commet une faute de main et le ballon termine au fond.
Par ses décrochages et l’absence de passe inutile, le SCO est parvenu à mettre à défaut la défense montpelliéraine, qui s’incline déjà pour la 5ème fois de la saison. En seconde période, le trio d’attaque du MHSC a fait le travail, pour porter le total de buts marqués du club à 10 en 4 matches, mais cela ne doit pas éclipser la belle action collective angevine, preuve du talent qui devrait leur permettre une nouvelle fois de se maintenir en Ligue 1 sans trop de souci.