Le Heat et les Lakers sont les deux finalistes de cette inhabituelle saison 2019-20. Une confrontation que peu de gens pouvaient prédire, surtout du côté de Miami. Quelles sont donc les clés de la série ?
Nous y sommes enfin. Onze mois après le début de la saison, deux franchises vont se disputer le titre de champion NBA 2019-20. Une saison atypique pour une finale assez inattendue, presque déséquilibrée pour certains. Pourtant, c’est une véritable bataille qui va se dérouler durant les jours à venir. Preuve en est le parcours impressionnant des deux équipes. Les Lakers n’ont pas fait dans la dentelle, affirmant leur statut de favoris pour le titre. Portland, Houston et Denver n’ont pu que subir la loi dictée par le groupe de Lebron James, malgré quand même quelques trous d’air. De son côté, le Heat n’a pas non-plus fait de sentiments. Un sweep infligé aux Pacers, un match seulement lâché contre les Bucks du double MVP, et une série brillamment remportée devant Tatum et les Celtics (4-2). Dans toutes ces séries, Erik Spoelstra a adapté son système de jeu afin de contrecarrer les plans adverses. Il doit faire de même face aux Lakers de Frank Vogel, qui les ont dominés pendant la saison régulière.
Un avertissement en saison régulière
Comme face à beaucoup de franchises, les Angelinos sont sortis vainqueurs des matchs de saison régulière contre le Heat. Deux matchs se sont disputés, en novembre et en décembre. Pour le premier, Miami avait pourtant utilisé une de ses armes fétiches : la défense en zone, beaucoup utilisée dans la série face aux Celtics notamment. Sauf que contrairement aux hommes en vert avec Theis, Los Angeles possède Anthony Davis. Un pivot qui sait shooter et qui surtout possède une bonne vision de jeu. Il permet à ses coéquipiers de trouver des solutions, de garder un jeu de mouvement et donc de trouver la faille. Même si les Lakers sont de mauvais tireurs longue distance, ils gardent un collectif fort et un jeu de passe alléchant.
Avec ce contrôle offensif, et surtout une défense de fer (seulement 80 points pour Miami), c’est finalement sans trembler que Vogel et ses hommes l’emportent (95-80). Le second match est plus serré, mais ce sont encore une fois Lebron et ses soldats qui remportent la mise. Pourtant, dans l’antre de l’America Airlines Arena, les locaux n’ont pas encore connu la défaite en ce début de saison. Une domination nette du Heat est balayée par un run immense infligé en seconde période (26-6). Malgré une tentative pour revenir dans le match, ce sont bien les Angelinos qui battent Butler et les siens pour la première fois de la saison à domicile.
Mais depuis décembre, beaucoup de choses ont changé à Miami. Le retour de Gorgan Dragic au dépend de Nunn, les arrivées de Crowder et Iguodala, mais aussi la confiance de joueurs comme Adebayo, Herro et Robinson, voire la confiance globale du groupe. À noter que lors des deux matchs, Meyers Leonard était titulaire, pour tenter de contenir un temps soit peu Anthony Davis. Les faiblesses récentes des Lakers devraient être décryptées par Spoelstra afin d’établir un plan d’action. Pour cela, il faut que le Heat se concentre sur les forces des Lakers pour les limiter.
Comment le Heat peut-il contenir les Lakers ?
Au-delà du bon jeu collectif que nous montrent Los Angeles cette année, ce serait mentir de dire que l’historique franchise ne se repose pas principalement sur deux hommes. Lebron James et Anthony Davis sont les deux joueurs que vont cibler le Heat. Pour le premier, les floridiens ont des armes pour se battre défensivement. Crowder, Butler et Iguodala (qui a déjà prouvé contre Lebron en 2015) seront là pour contester la domination de sa majesté. Comme face à Antetokounmpo, ce ne sont pas 1, mais 2 voire 3 joueurs qui seront impliqués lorsque l’ancien de la maison aura la balle en main. La preuve en est les images des matchs de saison régulière entre les deux équipes.
Difficile tout de même d’imaginer Lebron en difficulté durant tous les matchs, même pendant un match entier. Grâce à son fort QI basket, il est capable d’adapter son jeu en fonction de la défense. S’il est pris par plusieurs joueurs, il saura passer la balle là où il faut et quand, il le faut. Comprendre la défense pour mieux la défaire, c’est d’ailleurs son atout majeur finalement. Imaginer Lebron pris à 3, c’est aussi imaginer Anthony Davis avec de l’espace, et ça peut aussi faire (très) peur.
Déjà, le secteur défensif intérieur est le gros point noir du Heat. Preuve en est l’impact qu’à eu un Daniel Theis lors de la finale de conférence. Il a d’ailleurs été reproché aux Celtics, même si équipe plutôt extérieure, de ne pas avoir assez appuyé sur ce secteur qui fait mal. C’est d’ailleurs pour ça que la défense en zone est tant utilisée par Spoelstra : outre Bam Adebayo, 4ème du dernier DPOY, le Heat manque d’intérieur dominant. Et face à Davis, qui reçoit très souvent la balle au poste et qui sait écarter le jeu, la partie semble compliquée. Le Heat a donc tenté Meyers Leonard en saison régulière, mais la bête de muscle n’a pas eu l’impact escompté et s’est vite retrouvé dominé dans le jeu.
Il y a alors la solution de la prise à deux, efficace mais la défense de Miami risque d’être déjà débordée avec Lebron James. Et comme rappelé plus tôt, Davis pourrait se retrouver avec de l’espace à exploiter. S’il est lui aussi pris à plusieurs, le Heat va beaucoup se dépenser en défense, tout en laissant les « autres » joueurs ouverts. Reste alors la défense en zone, qui pourrait être reconduite afin de masquer les lacunes intérieures de Spoelstra et ses hommes. Une partie d’échec sera donc au centre de cette série, ou les changements de systèmes risquent d’être légions.
La réussite au tir, le salut floridien ?
Le Heat doit couvrir ses points faibles, mais aussi appuyer sur ses points forts. Défensivement, Miami se montre très solide malgré cette fébrilité intérieure. La défense extérieure est un de leurs axes de succès depuis le début des playoffs. Aussi, la fiabilité au shoot est la grosse force du côté des hommes de l’Est. La contribution des rôle-players dans cet aspect du jeu y est d’ailleurs pour beaucoup de choses. Crowder, Dragic, Robinson, Herro, tout ce beau monde peut artiller à 3pts. Même Iguodala, Kelly Olynyk et Meyer Leonard (soyons fous) peuvent prendre leur shoot. Iguodala d’ailleurs a gagné beaucoup de minutes lors de la série contre Boston, peut-être que l’ancien warrior aura un rôle important dans cette finale, en face de Lebron.
Autre joueur attendu dans cette confrontation, le rookie Tyler Herro. Époustouflant face aux Celtics de part sa fiabilité au tir, son culot et sa clutchitude. Il prend aussi de plus en plus confiance dans ses drives, n’hésitant plus à aller au cercle ou même pull-up à mi-distance. En sortie de banc, les Lakers devront trouver qui peut le contenir afin de ne pas subir un coup de chaud. Kentavious Caldwell-Pope ou Alex Caruso devraient s’y coller. Le second a montré qu’il peut défendre sérieusement et intelligemment.
Toutefois, si la réussite est du côté du Heat, se sont de gros runs qui pourraient être orchestrés autour de ces gâchettes. Bien huilée collectivement et organisée autour de Butler et Adebayo, la franchise de Floride est capable de faire craquer toutes les défenses du pays. Et ce ne sont pas les Bucks du DPOY Giannis qui vous diront le contraire. Pour cela, il faut que Miami garde cette confiance qui porte l’équipe depuis le début des playoffs et qui pourrait l’emmener vers un sacre inattendu.
C’est ce soir qu’a lieu la première manche de la série de Finals entre le Heat et les Lakers. Une série où les hommes de Vogel sont logiquement favoris mais voient arriver sur eux un collectif soudé et confiant. Entre bataille tactique, intelligence de jeu et sang-froid, cette série peut donner lieu à un beau spectacle et à une guerre féroce.