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Comment Carlo Ancelotti a relancé James Rodriguez ?

Devenu un paria, un boulet traîné par le Real Madrid depuis quelques saisons (au point de le lâcher pour 0€), James renaît à Everton. En retrouvant son mentor, Carlo Ancelotti, le colombien retrouve son football. En partie parce qu’Ancelotti est l’un des seuls à le saisir, son football. L’Italien a donc mis en place une équipe capable de placer son meneur de jeu dans les meilleures conditions. Résultat, Everton réalise son meilleur début de saison en Premier League depuis 1969/1970, une année où les toffees ont raflé le titre du championnat d’Angleterre.

Avant-propos : toutes les stats proviennent de Stats Bomb ou Opta. Elles comprennent les 3 premières journées de Premier League et le match de Cup contre West Brom. Le match contre Brighton (4e journée), n’a pas été pris en compte.

Certains soulevaient des questions quant à son niveau de jeu, d’autres quant à sa capacité à exister dans le défi physique de la Premier League. Aujourd’hui, après seulement 4 matches joués, plus personne ne se pose de questions. Et pour cause, James a été nommé parmi les potentiels joueurs du mois en Premier League, aux côtés de Dominic Calvert Lewin. De quoi couronner un bon début de saison et un niveau retrouvé.

Un faux poste d’ailier

Aligné en 4-3-3, avec une pointe basse, les Toffees jouent avec 2 milieux axiaux, Doucouré et Gomes. James, Calvert-Lewin et Richarlison forment la ligne d’attaque, se complétant l’un et l’autre par leurs profils et leur aptitudes. Doucouré évolue du côté de James, en étant un véritable box-to-box, offensif. Le français prend même, de temps à autre, la place du Colombien sur le côté, afin de laisser l’ex-madrilène évoluer dans l’axe. Cette association permet de combiner dans les petits espaces, de libérer le couloir pour Coleman, ou de renverser le jeu quand l’adversaire a été attiré du côté droit. Dans ce cas, la qualité de passe de James est très importante, afin de gâcher très peu de ballons même après des passes longues.

James et Richarlison, la touche Sud-Américaine chère à notre Ousmane Dembélé. (Crédits : Getty Images)

De l’autre côté, Gomes ne monte pas et vient se placer aux côtés d’Allan, dans un rôle de plaque tournante. Les espaces sont attaqués par Digne, qui monte très haut pour centrer, et Richarlison, dans le demi espace gauche, qui s’occupe à la fois de couper les centre et de provoquer balle au pied. Calvert Lewin lui, navigue de gauche à droite afin de pouvoir être une solution en appui, mais aussi et surtout de suivre les frappes, d’être une menace constante dans la surface.

Le triangle inversé Coleman-Doucouré-James

Carlo Ancelotti le sait : James est un artiste, pas un marathonien. Il a donc construit un 11 capable de maximiser ses qualités. En plaçant le très endurant Doucouré, et son attirance vers le but, et Seamus Coleman, lui aussi au coffre important aux côtés du colombien, les défauts de son dernier sont masqués. C’est alors un triangle qui se créé constamment entre les trois. Généralement, James se retrouve dans l’axe du terrain, Coleman le long de la ligne afin de pouvoir centrer et Doucouré cherchant à se rendre disponible. Mais ce schéma n’est pas figé.

Cette recherche de triangle est une constante du jeu des toffees. permettant d’attirer la pression afin de pouvoir renverser le jeu, mais aussi de créer des espaces du côté droite afin de trouver un angle de centre.

Grâce à cette animation, James est aujourd’hui l’un des meilleurs créateurs de Premier League. Il est par exemple, le deuxième joueur de Premier League participant à des actions menant à un tir (17 actions), et le 4e du championnat le plus impliqué dans des actions menés à un but avec 4 buts. Et ce, avant le match face à Brighton, ou le Colombien a délivré 1 passe décisive et inscrit 2 buts.

Le premier but de cette action est encore un triangle, avec une énième passe clé de James, lui qui en donne 3 par match environ, soit le 5e total de Premier League.

L’éloge du meneur de jeu excentré

Avec ces différents triangles, James se retrouve souvent déporté dans le coeur du jeu. Une volonté des toffies, afin de pouvoir profiter de la qualité de passe de l’ex-madrilène. En se retrouvant en faux pied à l’intérieur du jeu, il peut distribuer les ballons, notamment à Lucas Digne de l’autre côté, ce qui fait du français un des plus gros centreurs du championnat anglais. Généralement, le n°19 des toffees rentre dans l’intérieur en reculant balle au pied de quelques mètres afin de se donner du temps et de l’espace, et d’évaluer les risques.

James est l’un des joueurs qui fait le plus progresser le jeu : dans le top 5 des joueurs jouant le plus vers l’avant, il est aussi l’un de ceux qui réussit le plus de place dans le dernier 1/3 du terrain, de même dans la surface. Pour autant, son coach, Carlo Ancelotti, souligne surtout la justesse de ses choix : “C’est ce que chaque joueur doit faire. Utiliser ses qualités quand on a de l’espace. Jouer simple lorsque l’on n’en a pas.

Contre Tottenham, l’ex-munichois a impressionné par sa disponibilité. Tant et si bien qu’il a été le seul joueur du onze à avoir échangé des passes avec chacun de ses coéquipiers. Sa qualité de passe a illuminé la rencontre, avec 11/12 passes longues réussies.

Mais si le nouvel arrivant en Angleterre aime régaler ses coéquipiers, il aime aussi être l’artilleur. Avec déjà 3 buts en 4 journées, le meilleur buteur de la coupe du monde 2014 prouve aussi sa qualité de frappe.

La touche technique

C’est ce que cherchait Carlo Ancelotti en ramenant son meneur de jeu préféré. Cette capacité à déséquilibrer par la passe, à donner dans l’espaces. Et son protégé le lui rend bien, en régalant chaque semaine les spectateurs des toffees.

Encore une fois, face au Tottenham (mais toutes les rencontres qui ont suivies ont été du même acabit), le néo-evertonian a été magistral. Touchant le plus de ballon, dribblant le plus (hormis Richarlison) parmi les hommes de Carlo Ancelotti, l’ex monégasque n’as perdu qu’un seul ballon, loupé qu’un seul contrôle. La touche technique apportée par James n’est pas utile qu’en possession. Durant les contres attaques, James attire la pression. les défenseurs adverses, effrayés de sa qualité de passe, le pressent. Les espaces se créent, et le colombien peut alors remettre, via une passe simple, le ballon à un joueur face au jeu, pouvant alors profiter des espaces libérés.

Le côté affect de la relation Ancelotti-James, souligné par le journaliste Walid Acherchour.

Avec sa performance d’hier, James a déjà été impliqué directement dans 5 buts, en 5 matchs (buts ou passes décisives). Soit plus que lors de la dernière saison, ou il était impliqué sur 3 buts en 14 apparitions. Avec l’affection de Carlo Ancelotti et la mise en place d’un système qui lui sied, le toffee est complètement intégré et peut donc pleinement vivre, respirer son football, notre football.

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