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Graham Potter, le nouveau magicien anglais

Il ne lui a fallu qu’un an dans le Sussex avant qu’il séduise tout son monde. Pourtant, Graham Potter n’en est qu’à sa troisième saison anglaise en tant qu’en entraîneur. Après s’être expatrié en Suède pour sa première expérience, il est revenu en Angleterre plein d’idées. Quinzième à l’issue de la saison 2019-2020, Brighton veut se maintenir, mais Potter vise plus haut, en témoigne son plan de jeu ambitieux. Quel est donc le secret de son coup de baguette magique ?

Graham Potter fait partie de ces jeunes entraîneurs qui incarnent des idées de jeu bien précises. Il entraîne au plus haut niveau depuis peu et cela ne l’a pas empêché de se démarquer. Lorsqu’il arrive à Swansea, fraîchement relégué en Championship, en juin 2018, il ose entreprendre ce qu’il pense du football malgré une faible légitimité. Oui, il a surpris le monde du football et surtout celui en Suède, en faisant passer l’Östersunds FK de la quatrième division à la première en six ans (2010-2016), mais en prime, il a remarquablement fait bien jouer son équipe.

Pour sa première expérience en tant qu’entraîneur, Graham Potter a placé Östersunds sur la carte de l’Europe. (Crédits : independant.co.uk)

Un Anglais en Suède, ca se remarque, d’autant plus lorsque tu fais gagner une Coupe de Suède (2017) pour la première fois de l’histoire de ton club. C’était donc logique qu’il retourne sur ses terres d’origine, quand on sait qu’il a éliminé Galatasaray et le Hertha Berlin pour atteindre les seizièmes de finale de la Ligue Europa 2017-2018. Malgré une élimination face à Arsenal, Graham Potter s’est envolé pour le pays de Ryan Giggs le cœur léger.

Qui est (brièvement) Graham Potter ?

Il est né le 20 mai 1975 à Solihull, dans les Midlands. Formé à Birmingham City, il n’y reste pas longtemps, malgré quelques apparitions premières apparitions professionnelles. Nous sommes en 1993 et Potter, jeune défenseur, va devoir faire ses preuves s’il veut devenir un grand joueur. Malheureusement, il ne va jouer qu’une seule saison en Premier League, à Southampton durant la saison 1996-1997. Durant sa carrière, il passe par des clubs comme Stoke City en D2, West Bromwich Albion en D2, où il joue peu. C’est au début des années 2000 qu’il s’impose en tant que titulaire… en D4, dans des clubs tels que York City ou Macclesfield Town.

Graham Potter sous le maillot de Southampton, durant un match de pré-saison en août 1996. (Crédits : swanseacity.com)

Il prend alors sa retraite à 30 ans, et retourne sur les bancs de l’école, tout en gardant comme objectif de vouloir devenir entraîneur. C’est ainsi qu’il parvient à obtenir un master à la fin de la décennie 2000. Il fait partie de ces entraîneurs, à l’image des Portugais (notamment Miguel Cardoso), qui ont appris davantage le métier par des lectures et des leçons, que par le terrain. Cela ne l’empêche pas en 2007 et 2008 d’occuper des postes de directeur technique et sportif, et même d’entraîneur-adjoint, au sein des équipes de l’Université de Hull et de l’équipe féminine du Ghana.

En décembre 2010, après avoir travaillé sa pensée footballistique, Östersunds le recrute, ne sachant pas une seule seconde qu’il s’agira du plus grand entraîneur de leur histoire…

Comment joue son Brighton & Hove ?

Dans une Premier League très hétérogène, Brighton fait partie des équipes plaisantes à regarder jouer. Depuis son arrivée dans le sud de l’Angleterre, Graham Potter a essayé beaucoup de systèmes, notamment le 4-4-2 la saison dernière, mais cela semble être différent depuis le début de saison 2020-2021. Il s’appuie maintenant sur une défense à 3 qui est efficace aussi bien avec que sans ballon. Très complémentaire, elle mêle l’expérience à la jeunesse prometteuse. Ben White, le plus jeune des trois, revient de prêt – il était avec Bielsa à Leeds -, et représente le futur. À côté de lui, il y a Adam Webster et Lewis Dunk qui ont progressé depuis que Potter est là. Cela fait quelques matchs que les 3 répondent parfaitement à ses attentes. C’est-à-dire, savoir défendre haut, avoir un très grand sens de l’anticipation et surtout, pouvoir participer au jeu en étant techniques. Ils sont accompagnés de deux pistons très bons jusqu’alors : Tariq Lamptey et Solly March. Le premier très prometteur, le second ne fait que progresser depuis l’arrivée de Graham Potter.

Solly March, à droite aux côtés de Neal Maupay face à Newcastle le 20 septembre dernier, est sûrement le meilleur défenseur des Seagulls depuis le début de saison. (Crédits : malaymail.com)

En fonction de l’adversaire, Graham Potter décide s’il veut jouer avec deux ou trois milieux. Pour l’instant, il s’est appuyé sur Yves Bissouma, Steven Alzate et Adam Lallana qui arrive en provenance de Liverpool dont sa plus-value est évidente. Chacun tient son rôle et les trois répondent parfaitement aux attentes de leur entraîneur. Bissouma est le box-to-box par excellence tout en étant technique. Les deux autres sont davantage des joueurs portés vers l’offensive, mais pourtant, ils réussissent à repondre au défi physique imposé par Potter, un pressing de chaque instant.

Yves Bissouma peut vraiment passer un cap cette saison sous Graham Potter. (Crédits : brightonandhovealbion.com)

Enfin, les attaquants, tantôt au nombre de 3, parfois au nombre de 2, ils occupent un rôle prépondérant dans le système de Graham Potter, celui de devoir étouffer l’adversaire. Pour le moment, Neal Maupay et Leandro Trossard semblent être les premiers cochés sur la feuille de match, mais Aaron Connolly – jeune irlandais né en 2000 -, est sans aucun doute très prometteur et est amené à beaucoup jouer. Les trois profils se complètent une nouvelle fois. Neal Maupay est celui qui travaille le plus sans ballon, grâce notamment à son gros volume de jeu, mais participe beaucoup au jeu. Il sait être technique aux abords de la surface. Leandro Trossard est sûrement le plus talentueux techniquement. Ailier de formation, il sait faire parler sa vitesse en jouant dans la profondeur lorsque que son équipe enclenche le contre-pressing. Enfin, Connolly représente le renard des surfaces, celui que personne n’attend, mais qui a déjà marqué un but en championnat.

Neal Maupay a déjà inscrit 4 buts en 4 matchs cette saison en championnat. (Crédits : sportingnews.com)

En somme, Brighton & Hove est une équipe très joueuse. Toujours dans l’effort et l’intensité permanente, Graham Potter demande à ses joueurs de presser et défendre très haut, pouvant alors être dangereux lors de la récupération de balle. Par ailleurs, lorsque son équipe a le ballon, il n’hésite pas à prôner le jeu court, permettant de faire parler la technique de certains joueurs dans les petits espaces. Voulant s’offrir une gamme offensive complète, les milieux de terrains tirent régulièrement de loin à la manière des joueurs de l’Atalanta. Yves Bissouma a, par exemple, marqué un très beau but ce samedi 3 octobre face à Everton. Enfin, l’autre très grande qualité des hommes de Potter est la faculté de pouvoir utiliser la largeur du terrain à la perfection. C’est dans ce cadre précis que les pistons sont presque destructeurs tant ils font la différence sur leurs ailes respectives. Ils se projettent et centrent énormément. Ils apportent donc le danger à chacune de leurs remontées de balle.

Graham Potter a mis sur pied une équipe qui maximise la prise de risque. Très agressive, le spectateur ne s’ennuie jamais. Par moments, Potter montre qu’il s’est grandement inspiré d’un entraîneur comme Pep Guardiola. Seulement, il n’a pas ses individualités, et même si son collectif semble très bien huilé, l’entraîneur des Seagulls devra, quand il le faudra, se montrer prudent. En attendant, espérons pour le football qu’il puisse se maintenir le plus vite possible, afin d’admirer son équipe toute la saison.

(Crédits photo de couverture : 3.24naijamuzic.com)

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