Après plusieurs années au sommet de la conférence Ouest, les Sharks ont connu une saison difficile. Depuis leur finale perdue contre les Penguins lors de la saison 2015/2016, les Sharks n’ont cessé d’enchainer les déceptions dans les séries avec une énième déconvenue en finale de conférence contre les Blues de Saint-Louis lors des séries en 2019. Cette défaite a signé la fin du cycle des Sharks. Lors de la saison 2019/2020, ils n’ont jamais été à la lutte pour les séries. Entre les blessures et les contre-performances des joueurs, l’équipe a terminé à la dernière place de la division pacifique derrière des franchises comme les Ducks et les Kings. Une surprise alors que les deux autres franchises californiennes sont en pleine reconstruction. Les mauvais résultats ont amené la direction à licencier Peter DeBoer, entraineur de la franchise depuis 2015. Son remplaçant par intérim, Bob Boughner n’a pas réussi à remettre l’équipe sur le droit chemin. Il est difficile de juger son bilan tant l’équipe avait abandonné tout espoir de se qualifier pour les séries. La direction de la franchise a d’ailleurs décidé de poursuivre l’aventure avec l’ancien entraineur des Panthers. Il va pouvoir travailler avec son équipe en entier et recommencer un nouveau cycle autour de sa paire défensive. Reste à savoir si la franchise se dirige vers un long processus de reconstruction ou peut-elle retrouver au plus vite le haut du classement de la conférence Ouest?
2018/2019: les Sharks font tapis pour gagner
Les Sharks sont loin d’être une équipe dépourvue des talents. Il suffit de regarder la première ligne défensive des Sharks composée de Karlsson et Burns, deux des meilleurs défenseurs de la ligue. Le défenseur suédois est arrivé en provenance des Senators en 2018 pour permettre d’apporter cette Stanley Cup qui manquait à la franchise de San José. Son association avec Burns sur la première ligne faisait des Sharks une équipe redoutable sur le plan offensif avec deux défenseurs portés sur l’attaque. Lorsqu’il arrive en Californie, Karlsson est dans la dernière année de son contrat et rien ne garantit sa prolongation chez les Sharks. Ce mouvement apparaît alors comme une tentative de dernière chance pour ramener la Stanley Cup.

Les Sharks ont attaqué la saison 2018/2019 avec un des effectifs les plus impressionnants de la ligue. Déjà prétendant à la Stanley Cup les saisons précédentes, l’arrivée de Karlsson fait de la franchise californienne une prétendante sérieuse au titre. En attaque, la franchise fait peur à ses concurrents. Avec des joueurs comme Kane, Pavelski, Couture, Meier, Hertl ou encore Labanc, la franchise possède de nombreuses menaces offensives sur les deux premières lignes. Ajoutons à cela Joe Thornton qui, malgré les saisons, continue à être précieux sur la glace pour son équipe. Contrairement à ce qu’on pouvait espérer, la franchise a mis du temps à prendre ses marques. Il suffit de voir le début de saison délicate de la franchise. Sur les 20 premiers matchs, les Sharks ne sont parvenus qu’à l’emporter à 10 reprises. Il faudra attendre la fin de l’année pour voir les Sharks montrer leur puissance. Ainsi entre le 27 décembre et le 12 mars, la franchise californienne a remporté 24 matchs sur 32. Une période impressionnante alors que Karlsson n’a joué que 15 matchs sur cette période à la suite d’une blessure à l’aine. A la suite de cette période, les Sharks ont faibli avec trois victoires sur les douze derniers matchs. Cette baisse de résultat ne s’est pas fait ressentir sur leur classement avec une deuxième place de division accrochée. La saison régulière reste réussie pour la franchise de San José qui a montré sa puissance offensive en terminant deuxième meilleure attaque avec 289 buts inscrits à égalité avec les Flames de Calgary. Ainsi, la franchise compte huit joueurs ayant terminé à plus de 50 points auxquels il faut ajouter Erik Karlsson qui termine la saison avec 45 points inscrits en 53 matchs.
L’équipe a montré son potentiel sur la saison régulière, il faut désormais réitérer ses performances lors des séries contre leurs nouveaux rivaux: les Golden Knights. Les Sharks arrivent au premier tour avec un esprit revanchard après leur élimination lors des séries de la saison 2017/2018 en six matchs contre la franchise de Las Vegas. Pour affronter leurs rivaux, la franchise californienne pouvait compter sur le retour de son défenseur star Erik Karlsson. La série est intense entre les deux équipes mais dans un scénario renversant, les Sharks sont parvenus à l’emporter en sept matchs après avoir été menés 3/1 dans la série. Un retour inespéré qui a lancé définitivement les Sharks dans leur rêve de Stanley Cup. Après avoir passé avec difficulté l’Avalanche du Colorado en sept matchs, les Sharks font face aux Blues de Saint-Louis en finale de conférence, la surprise de ces séries. Alors qu’on pensait les Sharks renforcé par leurs deux victoires en sept matchs lors des tours précédents, les Blues ont réussi à ruiner les espoirs de Stanley Cup de la franchise de San José. Une nouvelle déception pour la franchise qui a payé ses difficultés défensives avec 23 buts concédés en six matchs. Un chiffre trop élevé pour une équipe prétendante au titre.
A la fin de cette saison, il est difficile de savoir quel sera l’avenir des Sharks. Entre les fins de contrats à gérer et le manque d’espace dans la masse salariale, la direction de la franchise devait faire des choix pour la saison 2019/2020.
2019/2020 : Une saison cauchemardesque
L’intersaison 2019 a été importante pour la franchise. Avec des limites salariales, les Sharks ont fait le choix de prolonger Erik Karlsson pour 8 ans et 92 millions de dollars, faisant de lui l’un des joueurs les mieux payés de la ligue. Avec ce contrat, les Sharks sécurisent leur première ligne défensive sur le long terme, Burns étant sous contrat jusqu’en 2025. Cette prolongation a eu raison de plusieurs joueurs dont Joe Pavelski qui signa le 1er juillet 2019 un contrat de 3 ans et 21 millions de dollars avec les Stars. Le départ du capitaine, sélectionné en 2003 par les Sharks, est un véritable séisme en Californie. Après 13 saisons passées en Californie, le joueur avait besoin de changer d’environnement. Les Sharks ont préféré prolonger Timo Meier pour 4 ans et 24 millions de dollars. Le directeur général Doug Wilson a reconnu la difficulté de faire des choix dans ce genre de situation:
‘Vous avez un coeur, vous avez une tête et vous comprenez que ces décidons doivent être faites et elles sont faites. Vous avez des émotions mitigées. Très excité pour Timo, très excité pour les opportunités qui arrivent pour le reste de l’équipe. Mais vous aimez ce que Joe Pavelski et Sara ont apporté à cette organisation pendant tant d’années. C’est la réalité du business et de ce système. Cette partie ne facilite pas les choses’
Doug Wilson

Avec une masse salariale déjà bien remplie, la franchise a dû laisser partir Gustav Nyquist libre. Le joueur, arrivé lors de la date limite des transferts, n’a évolué que quelques mois en Californie mais aura été précieux durant les séries avec 11 points inscrits en 20 matchs. Un départ difficile pour la franchise qui a dû se tourner vers des vétérans pour compléter ses lignes offensives. Ainsi, la franchise a enregistré le retour de Marleau chez l’équipe qui l’avait sélectionné en deuxième position lors des repêchages de 1997. La franchise voit aussi le retour de Thornton qui prolonge pour une nouvelle saison.
Malgré quelques départs, l’équipe reste solide et apparaît comme prétendante pour la Stanley Cup. Mais contrairement à ce que l’on pouvait imaginer, la saison ne s’est pas passée comme prévu. La franchise ne parvient pas à lancer sa saison. Elle fait preuve d’une irrégularité surprenante qui amène la direction des Sharks à faire le choix de se séparer de Peter DeBoer le 11 décembre 2019 après un bilan de 15/16/2. Il est remplacé par un de ses assistants, Bob Boughner. L’ancien entraineur des Panthers se retrouve entraineur principal par intérim. A ce moment-là, on se dit que la franchise peut espérer remonter au classement mais malheureusement pour les fans de San José, l’équipe ne connaît pas plus de réussite. Les Sharks terminent derniers de la conférence Ouest derrière les Ducks et les Kings. Une saison compliquée pour la franchise qui n’a pas été épargnée par les blessures. La franchise a dû se passer des services de Logan Couture, Erik Karlsson et Tomáš Hertl une bonne partie de l’année en raison des blessures. Ces absences ont mis fin aux espoirs de qualification pour les Sharks. Pour la première fois depuis la saison 2014/2015, les Sharks manqueront les séries. Au-delà de cette non-qualification pour les séries, c’est le classement le plus bas pour la franchise californienne depuis la saison 1996/1997. L’attaque, qui avait été si impressionnante la saison précédente, a perdu de son efficacité avec les blessures de ses cadres. Ainsi, aucun joueur n’est parvenu à inscrire plus de 50 points sur la saison, Timo Meier terminant meilleur marqueur avec 49 points. La franchise a rapidement abandonné tout espoir de qualification, décidant de se séparer de certains joueurs pour récupérer des tours pour les repêchages. Ainsi Patrick Marleau, dont le retour fut court, est envoyé à Pittsburgh en échange d’un troisième tour 2021, Brenden Dillon s’envole pour Washington contre un deuxième tour 2020 et un troisième tour 2021. Enfin Barclay Goodrow quitte la Californie pour la Floride et Tampa Bay en échange d’un premier tour 2020. Des échanges intéressants permettant à l’équipe de préparer l’avenir sur le long terme.
Après cette saison, il est nécessaire pour les Sharks de faire des choix au sein de leur effectif. Certes l’équipe n’a pas été aidée par les blessures de ses cadres mais il n’en reste pas moins que le secteur défensif est une priorité à renforcer. Pour Doug Wilson, l’objectif sera d’attirer un gardien de renom mais aussi de prolonger les nombreux agents libres. La tâche s’annonce difficile avec la limite de la masse salariale.
Une intersaison de transition pour retrouver les sommets ?
Les Sharks ne sont pas sur un plan de reconstruction. Du moins ils ne peuvent pas se le permettre avec l’effectif qu’ils ont. La franchise californienne a les joueurs pour retrouver les sommets de la ligue. Le principal objectif pour Doug Wilson est l’acquisition d’un gardien pouvant être numéro 1. Pour l’instant la franchise possède Martin Jones en tant que gardien numéro 1 et Aaron Dell, le gardien remplaçant. L’ancien gardien des Kings est encore sous contrat pour 4 saisons avec un salaire annuel de 5,750 millions de dollars tandis que Dell est en fin de contrat. Il devrait probablement poursuivre sa carrière hors de San José, permettant à Doug Wilson de chercher un nouveau gardien. Le directeur général des Sharks a annoncé ses intentions aux médias cette semaine concernant le poste de gardien:
‘Tout dépend du coût pour l’acquérir, mais idéalement, nous ajouterions un vétéran qui était un gardien numéro 1 et qui veut se battre pour un poste, a dit Wilson. Il y a beaucoup de gardiens disponibles, qu’ils soient des joueurs autonomes potentiels ou des acquisitions potentielles dans un échange. Nous avons évalué toutes ces options et fait beaucoup de recherche sur les gardiens qui compléteraient bien notre groupe.’
Doug Wilson
Dans une intersaison comptant de nombreux gardiens en fin de contrat, Doug Wilson et Evgeni Nabokov, l’entraineur des gardiens des Sharks, ne devraient pas avoir de mal à trouver leur bonheur. Parmi les gardiens qui pourraient arriver en Californie, on retrouve Brayden Holtby, Cam Talbot, Jacob Markstrom ou encore Anton Khudobin. Le directeur général des Sharks pourrait aussi être tenté de récupérer un gardien comme Fleury ou Murray par l’intermédiaire d’échange. Une possibilité mais qui n’est pas l’option numéro 1 pour Doug Wilson, le directeur général préférant conserver ses tours de repêchages. Certes il ne dira pas non à une offre intéressante pour un gardien encore sous contrat mais Doug Wilson aimerait conserver ses tours pour récupérer des jeunes joueurs. Il espère y trouver des joueurs capables de renforcer les différents secteurs de jeu de l’équipe.

Outre le poste de gardien, le directeur général a de nombreux joueurs en fin de contrat à gérer. Parmi les joueurs à prolonger on retrouve Kevin Labanc, Melker Karlsson ou encore Jacob Middleton. Des joueurs qui devraient être prolongés par la franchise. Pour ce qui est de Joe Thornton, on sait que le joueur veut remporter la Stanley Cup. Il est toujours possible de le voir continuer chez les Sharks mais la franchise n’est pas sur de jouer les premiers rôles pour la Stanley Cup. Il pourrait alors décider d’aller chez un prétendant au titre. Dans tous les cas, le centre canadien aura le dernier mot sur sa prochaine destination. Pour ce qui est des agents libres, les Sharks resteront à l’affut de bonnes affaires. Le principal inconvénient est le manque de place dans la masse salariale après les différentes prolongations. Les Sharks semblent alors privilégier l’arrivée de jeunes joueurs avec les repêchages. Il ne faut pas oublier que les Sharks ont les choix numéro 31, 34 et 56. Avec la profondeur attendue lors de ces repêchages, la franchise Californienne pourrait trouver des joueurs pouvant évoluer sur les lignes trois et quatre de l’attaque.
La franchise a les armes pour jouer les premiers rôles dans la division pacifique. Il faudra voir dans quelle forme Erik Karlsson arborera cette saison après deux saisons entachées par des blessures. Le défenseur suédois est la clé de la réussite des Sharks. Les fans californiens espèrent qu’il pourra éviter les blessures et jouer une saison complète avec son équipe. Il faudra observer les retours de Logan Couture et Tomáš Hertl qui ont terriblement manqué à leur équipe la saison passée. Le nouveau capitaine des Sharks aura la lourde tâche de remplacer Pavelski dont l’absence s’est fait ressentir la saison précédente. On surveillera le travail de Bob Boughner qui a été nommé entraineur principal de la franchise. Il pourra poursuivre son travail avec le retour de ses cadres. Tout semble réuni pour voir les Sharks plus réguliers que la saison dernière.
Les Sharks ne sont pas forcément dans l’obligation de gagner la Stanley Cup dès l’année prochaine. La franchise californienne va surtout espérer être à l’abri des blessures. Avec des joueurs sécurisés sur le long terme, la franchise peut privilégier l’intégration de ses jeunes joueurs pour créer un vrai collectif. Dans une saison qui pourrait être de transition, les Sharks ne seront pas les favoris mais il ne faudra pas les sous-estimer.