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Roland-Garros (3è tour): frissons, interruptions & émotions

Une semaine est passée depuis que les joueurs et joueuses du circuit mondial ont retrouvé la terre battue parisienne. Après deux tours aux surprises toutes relatives, les athlètes arrivaient aux portes des huitièmes de finale, véritable cap symbolique des quatre épreuves du Grand Chelem. Malgré la pluie, intermittente, et le seul toit du court Philippe Chatrier, tous les affrontements de ce troisième tour ont rendu leurs verdicts. Fortunes diverses et réelles sensations au programme.

(Image de couverture : Eurosport)

Le moins que l’on puisse dire sur ces Internationaux de France, c’est qu’ils tiennent pour le moment leurs engagements. Protection des joueurs et des joueuses, accueil du public, beaux matchs… Il n’y a pour l’instant pas grand-chose à reprocher aux organisateurs de Roland-Garros. En assurant l’isolement des participants aux tableaux du tournoi, les dits-organisateurs permettent à la quinzaine parisienne de tenir son rang. Rien ne laisse présager que la situation puisse changer par la suite, c’est déjà une réussite.

Savoir rompre avec le passé

S’il y a bien quelque chose à retenir de ce début d’édition 2020, c’est que ce Roland-Garros n’a, par certains aspects, rien à voir avec ses aînés. Le contexte ambiant peut refroidir. La météo aussi. Il fait plutôt froid pour un mois de septembre. Et la pluie, habituellement rare au début de l’été, l’est bien moins à l’aube de l’automne. Ces précipitations entraînent inévitablement des interruptions, sauf sur le court central, couvert depuis peu. Ces temps-morts sont-ils la cause des méformes de certains ? Peut-être. Mais il faut faire avec. En ces temps bien particuliers, il faut savoir s’adapter. A la fin, les meilleurs seront récompensés. A ce que l’on voit pour le moment, il se pourrait bien que la hiérarchie soit un peu bousculée. Une chose est sûre : la grandeur du passé, peut être balayée d’un revers… longue ligne.

Ils sont nombreux à avoir été éliminé de ce troisième tour alors qu’ils nourrissaient des ambitions bien plus élevées. Anciens vainqueurs, ici-même, à Roland-Garros, ils sont sortis avant de débuter la seconde semaine de compétition, comme un symbole. Jelena Ostapenko, la Lituanienne titrée sur la terre battue parisienne en 2017, avait bien entamé son tournoi. Après avoir sorti Madison Brengle et Karolina Pliskova (tête de série n°2), elle a buté sur Paula Badosa Gibert, et ne verra donc pas les 1/8è de finale. Tout comme elle, l’Espagnole Garbine Muguruza lauréate en 2016 s’est vue privée de deuxième semaine. Face à Danielle Collins, la onzième joueuse mondiale n’a pu qu’empocher la seconde manche, laissant les deux autres à son adversaire.

Garbine Muguruza et Jelena Ostapenko, deux anciennes lauréates éliminées de ce Roland-Garros (Image : WTA)

Même si l’on a brillé par le passé sur les courts de Roland-Garros, rien n’est acquis. Demandez donc à Stan Wawrinka. Tombeur d’Andy Murray puis de Dominik Koepfer, le Suisse avait de quoi espérer passer outre la menace Hugo Gaston. 222 places au classement ATP ainsi que 15 ans séparent les deux hommes. Mais sur le court, ces différences n’existaient plus. En un peu plus de trois heures de jeu, le jeune Français créait la surprise de ce troisième tour, allant même jusqu’à coller une bulle au vainqueur de 2015 dans l’ultime manche de ce match. Virevoltant, audacieux, téméraire, Hugo Gaston a osé. Des amortis, des changements de rythme, des passings… C’était trop pour « Stan the Man » : 2-6, 6-3, 6-3, 4-6, 6-0.

« Une poignée d’irréductibles gaulois… »

Ils n’étaient pas nombreux à défendre les couleurs bleu-blanc-rouge après les deux premiers tours de ce Roland-Garros. En effet, seul Hugo Gaston était présent dans le tableau masculin côté français. Ses homologues féminines triplent le chiffre : Caroline Garcia tient son rang et monte en puissance, Clara Burel se révèle aux yeux du grand public français, et Fiona Ferro confirme ses belles prestations de l’année en cours. Deux jours après le début des hostilités, 75 % du contingent français accède aux huitièmes de finale. La qualification la moins surprenante est sûrement celle de Caro Garcia. Opposée à Élise Mertens, vingtième joueuse mondiale, Caro a su s’accrocher à son ambition après une première manche inquiétante. Sur le court central, la Française remonte la pente et triomphe : 1-6, 6-4, 7-5.

Visage juvénile, coup-droit ravageur et talent débordant… Maintenant vous connaissez Hugo Gaston (Image : Eurosport)

Fiona Ferro quant à elle, enchaîne face à Patricia Maria Tig une dix-huitième victoire consécutive depuis le déconfinement. La Française n’a pas connu la défaite depuis le mois de février. Clara Burel n’a pas eu la même réussite. Face à Shuai Zhang déjà tombeuse d’Alizée Cornet, Clara Burel a failli. Une première manche perdue au tie-break, une seconde presque identique, et un succès de la Chinoise 7-6, 7-5. Très déçue à la sortie du court, la jeune tenniswoman française n’a pas grand-chose à regretter sur ce tournoi. Après une saison 2019 largement amputée pour une blessure au poignet, elle a brillamment laissé éclater son talent aux yeux du maigre public admis à Roland-Garros. Dernier représentant français, Hugo Gaston a lui éliminé Stan Wawrinka, comme dit précédemment, et retrouvera le récent vainqueur de l’US Open Dominic Thiem ce dimanche.

Et à part ça…

Une certaine forme de logique subsiste tout de même à Paris. Parmi les survivants à cette première semaine parisienne, il n’est pas surprenant de retrouver les principales têtes de série. Par exemple, Simona Halep, numéro 1 mondiale et tenante du titre, continue son parcours sans faute. En 3 parties, la Roumaine n’a toujours pas perdu la moindre manche et n’a passé que 3 heures et 44 minutes sur les terrains. Comme elle, Petra Kvitova poursuit sa route. Enfin, nos Françaises auront fort à faire : Caroline Garcia affrontera Elina Svitolina (5ème mondiale) tandis que Fiona Ferro sera opposée à Sofia Kenin (6ème mondiale). Enfin, Kiki Bertens complète le tableau des principales candidates à la victoire finale. La Néerlandaise semble avoir récupéré de son match éprouvant face à Sara Errani, après lequel elle était sortie sur un fauteuil roulant, percluse de crampes.

Que peut-il arriver à Rafael Nadal ? Depuis le début de la compétition, l’Espagnol n’a pas encore rencontré d’adversaire à sa hauteur. Ni Gerasimov, ni McDonald, ni Travaglia n’ont inquiété Rafa, et on peine à croire que Sebastian Korda puisse y parvenir. A l’instar du Majorcain, Novak Djokovic ne s’éternise pas sur les courts. 9 sets remportés, aucun concédé, le Serbe a à cœur de faire oublier son US Open manqué et de remporter un dix-huitième tournoi du Grand Chelem. Face à Karen Kachanov, il trouvera une opposition sérieuse, mais néanmoins abordable pour Nole. Enfin, Alexander Zverev, Stefanos Tsitsipas et Dominic Thiem sont encore en lice, tout comme Diego Schwartzman et Andrey Rublev.

La quinzaine parisienne suit son cours. Entre les gouttes et les nuages, les joueuses et les joueurs proposent un tournoi intéressant et, dans une certaine mesure, imprévisible. Si des ultra-favoris surnagent tout de même, tous les adversaires doivent être pris au sérieux, sur tous les tableaux. Il est trop tôt pour l’heure des bilans, mais à dire vrai, ce Roland-Garros 2020 est particulièrement attractif. Côté français, le public a trouvé de nouvelles coqueluches. Fiona Ferro, Caroline Garcia et Hugo Gaston auront derrière eux tout le public tricolore admis dans les enceintes de la porte d’Auteuil.

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