Dans le football de club, la défense à trois axiaux est à la mode ces dernières années. Représenté par Antonio Conte, de plus en plus d’entraîneurs adoptent ce sytème de jeu, car il permet beaucoup de choses. Notamment l’utilisation de latéraux qui peuvent être encore plus offensifs, et donc décisifs, que dans un système à deux axiaux. Ce type de joueur possède un rôle prépondérant dans le football d’aujourd’hui. Parfois, ils sont désignés comme des numéros 10 par certains observateurs, car ces joueurs présentent des profils très créatifs, mais surtout, car ils touchent énormément de ballons par match. Leurs apports offensifs doivent donc être compensés par une défense axiale solide. Cependant, est-ce applicable aux sélections ?
Depuis hier, la trêve internationale d’octobre a commencé. Le temps est donc propice pour certaines interrogations footballistiques. Durant une semaine, nous allons être gâtés avec les barrages de l’Euro 2020 ainsi que les journées 3 et 4 de la Ligue des Nations 2020-2021. Ces matchs vont nous permettre d’observer les différents systèmes de jeu mis en place par les sélectionneurs. Certains sont rendus très attrayants par les joueurs alignés, notamment les sélections comme l’Ukraine, la Norvège ou encore le Danemark. La nouvelle génération de joueurs européens est très intrigante. Brillante en club, la voir évoluer au sein des sélections européennes redonne beaucoup d’intérêt au football de sélection.

C’est en partie pour cela qu’au CCS, nous nous sommes demandés si cette fameuse défense à trois pouvait être calquée sur le football de sélection. Avant toute chose, il est important de faire un état des lieux de ce système de jeu au sein des nations européennes. Pour cela, nous avons regardé attentivement les différentes compositions d’équipes auxquelles nous avons eu le droit d’admirer lors des deux premières journées de la Ligue des Nations au mois de septembre.

Après analyse, nous pouvons en tirer la conclusion suivante : 17 équipes des 55 présentes évoluent avec une défense à 3. Parmi elles, seules deux équipes ont gagné leurs deux matchs, il s’agit de la Belgique et de la France. Cela peut s’expliquer en grande partie par leurs grandes expériences et les bons sélectionneurs que sont Roberto Martínez et Didier Deschamps. Les équipes qui n’ont pas réussi à obtenir de bons résultats en utilisant ce système n’ont pas de grosses individualités qui peuvent compenser des collectifs pas assez organisés. Parfois, les joueurs ne présentent pas des profils idoines pour évoluer dans un 3-5-2, mais leur dénominateur commun est sans doute le manque d’automatisme. Notons que les équipes qui ont joué avec une défense à 5 n’ont pas gagné un match, sauf la Finlande.
Reverrons-nous le 3-5-2 ?
Depuis plusieurs saisons, la défense à 3 est en vogue, car elle favorise la prise de pouvoir du latéral, qui est d’ailleurs devenu un piston. La saison dernière, nous avons eu le droit à l’Inter de Conte, mais aussi au Dortmund de Favre. Les latéraux ont fait une excellente saison, en témoigne celle d’Achraf Hakimi à Dortmund, maintenant à… l’Inter. Mikel Arteta apprécie également ce système de jeu. Ces dernières semaines, il a gagné avec une charnière composée de trois défenseurs axiaux. Ainsi, cette vision du football se transpose progressivement au sein des sélections nationales.

Prenons exemple sur la soirée d’hier. Plusieurs amicaux intéressants ont eu lieu, mais là n’est pas le débat. Parmi ces rencontres, Malte, l’Allemagne, la Moldavie et la Suisse ont joué avec une défense à 3. Cela fait quatre équipes sur 32, une minorité à l’échelle d’une Coupe du monde. Les Maltais ont gagné face à Gibraltar, les Allemands ont fait match nul à domicile contre les Turcs, la Moldavie s’est fait écraser par l’Italie et la Suisse a perdu chez elle face à la Croatie. En somme, des résultats peu probants. Tentons, à présent, d’expliquer et de comprendre la mise en place de la défense à 3 en sélection nationale.

Le mot automatisme est sûrement le plus important afin de mener à bien ce débat. Il faut savoir que la génération actuelle de footballeurs a très peu joué avec une défense à 3, de ce fait, le faire en sélection, là où les repères sont moindres, n’est pas chose aisée. Les rassemblements ne sont pas assez longs pour permettre une refonte tactique sur le court terme. Cependant, si ce système perdure dans les prochaines années, la défense à 3 devrait devenir davantage efficace, en témoigne le football de club où Conte a obtenu des résultats avec ce plan de jeu. De plus, les joueurs devraient s’acclimater plus facilement sur le court terme, car les entraîneurs sont très nombreux à s’essayer au 3-5-2. Les divers profils des joueurs actuels se prêtent bien à la défense à 3. Les latéraux se transforment majoritairement en pistons et voudront jouer ainsi avec leurs sélections nationales. Vivement la prochaine Coupe du monde…
En somme, la défense à 3 se démocratise et le football de sélection n’y échappera pas. Cela ne deviendra peut-être pas l’idée dominante, mais les prochaines échéances internationales nous indiqueront la voie. Ce système avec trois défenseurs axiaux et deux latéraux offensifs peut être viable pour le football sélection, à une condition : que nous laissons le temps faire les choses. Le 3-5-2 bouscule les habitudes, attendons de voir ce que les sélectionneurs feront.
(Crédits photo de couverture : l’autre BBC, celle qui représente parfaitement la défense à 3. Source : espnfc.us)