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Marcus Rashford, l’activiste du football anglais

Au moment du confinement, plusieurs footballeurs ont tenté de nouvelles choses. Certains se sont mis à de nouveaux sports, d’autres se sont essayés à la cuisine… Pourtant, un footballeur en particulier à attiré l’attention durant cette période : Marcus Rashford. En effet, l’attaquant de Manchester United s’est engagé pour lutter contre la pauvreté infantile durant la période du Covid-19. Un combat intensément mené qui lui vaut, aujourd’hui, cette figure d’activiste du football anglais.

Tout commence au mois de mars dernier. Alors que le Covid-19 fait de plus en plus de ravage en Angleterre, Marcus Rashford décide de se lancer dans la lutte contre la pauvreté infantile. Rapidement, il parvient à récolter 20 millions de livres pour financer des repas pour les personnes défavorisées du pays. Un investissement en parallèle d’un autre. En effet, le gouvernement britannique décide, de leur côté, de mettre en place un programme qui offre des repas gratuits aux enfants défavorisés. Ce programme s’effectue au même moment où les écoles sont contraintes de fermer et où des dizaines de milliers d’élèves se retrouvent dans une situation précaire. Malheureusement, ce programme ne souhaite pas être prolongé par les décideurs politiques durant la période estivale…

De la même manière que sur un terrain de football, c’est à ce moment-là que Rashford entre en jeu. Opposé à l’idée que ce programme prenne fin au début de l’été, le numéro 10 des Red Devils va s’adresser au gouvernement par une lettre ouverte publiée sur ses réseaux sociaux. Il va également expliquer son engagement dans une tribune du journal The Times. Il insiste sur le fait qu’il est possible de faire machine arrière sur une décision, même pour une décision politique. Avec le hashtag #MakeTheUturn (faire demi-tour), Rashford parvient à faire reculer le gouvernement en moins de 24h. En effet, le 16 juin dernier, le gouvernement Johnson décide de prolonger le programme durant l’été, en débloquant un fond alimentaire de 120 millions de livre sterling (133 millions d’euros) sous forme de bons d’achat. Marcus Rashford remporte sans doute là, l’une de ses plus belles victoires, football confondu.

L’expérience du passé

Si ce combat Rashford a décidé de le mener, c’est qu’il sait très bien de quoi il parle. Élevé seul par sa mère dans un foyer pauvre à WythenShawe, au sud de Manchester, Marcus Rashford se dit lui-même très concerné par ce qu’il se passe. Le jeune attaquant ne s’y trompe pas, il est persuadé que « le système britannique n’a pas été bâti pour permettre à des familles comme la mienne de réussir ». Il met alors en avant la communauté dans laquelle il a pu vivre, pleine d’humanité et de bienveillance. Dans sa lettre adressée aux parlementaires, il écrit « Sans la gentillesse et la générosité de ma communauté, le Marcus Rashford que vous voyez aujourd’hui, un jeune homme noir de 22 ans qui a la chance de faire carrière dans le sport qu’il aime, n’existerait pas. »

Un héritage personnel qui l’a amené naturellement vers ce combat contre les inégalités sociales. Le joueur de 22 ans s’est engagé auprès de l’organisation caritative FareShare. Cette dernière lutte contre la pauvreté et le gaspillage alimentaire. Un investissement public et affiché qui lui permet de recevoir plusieurs récompenses… Et pas n’importe lesquelles ! En effet, la reine d’Angleterre a décidé de faire Marcus Rashford, membre de l’Ordre de l’Empire britannique ainsi que 1 495 autres personnes, connus ou anonymes, pour leur engagement lors de cette crise sanitaire. Le joueur de Manchester United a également obtenu un doctorat honorifique de la part de l’Université de Manchester. Plus jeune personne à recevoir cette récompense, elle distingue la campagne du joueur menée contre la pauvreté des enfants ainsi que ces performances sportives.

Le nouveau super-héros d’outre-Manche

Une journée. C’est ce qu’il a fallu à Boris Johnson et son gouvernement pour revenir sur leur décision. Un retour en arrière louable qui soulève néanmoins une question : les choses se seraient-elles déroulées de la même manière sans l’appui massif de Marcus Rashford ? Certainement que non. En effet, de plus en plus de sportifs se servent de leur notoriété pour véhiculer leurs engagements. Une utilisation positive qui résonne (plus) rapidement aux yeux d’un monde attaché aux réseaux sociaux où des milliers de « j’aime » et de « partage » permettent d’être très influent.

« Je veux que mes enfants grandissent dans un monde où, quelle que soit la couleur de votre peau, vous avez les mêmes chances de réussir dans la vie »

Marcus Rashford

En septembre dernier, Marcus Rashford faisait la Une du magazine Vogue dans une édition spéciale sur le thème de Black Lives Matter. Un mouvement contre le racisme et les violences policières qu’un grand nombre de sportifs ont défendu publiquement. Sur cette couverture, Marcus Rashford apparaît aux côtés de la militante de la santé mentale et mannequin, Adwoa Aboah et figure comme un des « visages de l’espoir » avec 40 autres militant.es. Ce dernier déclarait « Je suis un homme noir issu d’une famille noire et j’aurai éventuellement des enfants noirs. Je veux que mes enfants grandissent dans un monde où, quelle que soit la couleur de votre peau, vous avez les mêmes chances de réussir dans la vie. »

Une prise de position que les footballeurs hésitent de moins en moins à affirmer. Son coéquipier en sélection, Raheem Sterling a fait de même. Engagé contre les inégalités raciales, il a exprimé son soutien aux manifestations contre le racisme qui se sont répandues aux États-Unis et en Europe. Le célèbre entraîneur de Manchester City, Pep Guadiola, avait même félicité les deux joueurs pour avoir utilisé leur réputation pour défendre des causes justes. Une manière de se détacher de cette image du footballeur souvent « passif ».

Marcus Rashford, aux côtés de Adwoa Aboah, pour la couverture du magazine Vogue du mois de septembre (Crédits: fr24news)

Une nouvelle fois, Marcus Rashford n’a pas raté sa première. Cette fois-ci, c’était bien Boris Johnson qui en avait fait les frais. Engagé auprès des enfants défavorisés durant le confinement, et même après, l’attaquant vedette des Red Devils figure désormais comme l’un des porte-parole contre les inégalités sociales en Angleterre.

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