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Stade Rennais : Doku peut-il remplacer Raphinha ?

Pour moi, ça doit être l’un des meilleurs transferts de l’été sur la scène Européenne.” Roberto Martinez est élogieux à l’égard de Jérémy Doku, tout jeune international Belge. L’engouement autour du néo-rennais est palpable, et les rumeurs font état d’une certaine colère à Anderlecht quant à son départ. En tout cas, en Bretagne, l’excitation de son arrivée font un peu oublier la déception d’avoir laissé partir Raphinha. Désormais, la question est de savoir si Doku pourra faire oublier son prédécesseur, et on tente d’y répondre.

Lors de la conférence de presse d’introduction de l’ex-mauve, Florian Maurice a décrit sa nouvelle recrue comme ayant “des caractéristiques très fortes dans le un-contre-un, de percussion, d’élimination et de finition, avec encore plein de choses à travailler.” Un bon résumé des forces de Doku, qui montre d’immenses qualités techniques, mais quelques limites dans la distribution du ballon à certains moments, avec aussi cet entêtement des dribbleurs (qu’on aime ou qu’on déteste) à parfois un peu trop porter le ballon.

Doku, un des meilleurs dribbleurs Européens

«Je pense que c’est un futur crack, il a des qualités de dingue en un contre un, de grandes qualités d’explosivité et de dribbles aussi. Il peut prétendre au top 20 mondial.»

Samir Nasri dans Ouest France.

On ne va pas se mentir, c’est ce qui saute aux yeux en premier : sa qualité de dribbles. Capable d’éliminer plusieurs joueurs d’affilée, sans perdre de vitesse balle au pied, le belge est un immense dynamiteur de défenses. Pour preuve, ses 12,5 dribbles tentés par 90 minutes, avec 7,4 dribbles réussis par 90 minutes. Des statistiques affolantes, qui ne possèdent qu’un seul équivalent en Europe : Adama Traoré. Seul l’Espagnol possède des stats de dribbles tentés/réussis supérieurs au néo-rennais. Nasri, qui l’a côtoyé lors de son passage à Anderlecht, confirmait cette tendance dans Ouest France : “Il a des qualités de dingue en un contre un, de grandes qualités d’explosivités et de dribbles aussi.” A titre comparatif, Raphinha ne tentait que 6,5 dribbles par 90 minutes, avec environ 50% de réussite.

L’ensemble des dribbles tentés par Doku en 2019/2020, avec une forte tendance à repiquer dans l’axe qu’aux abords de la surface. (Crédits : BelgianFoortballAnalysis)

S’il est vrai que le joueur de 18 ans a parfois tendance à s’entêter dans ses dribbles, sa percussion est beaucoup plus souvent un atout pour créer de l’espace. En éliminant des joueurs, Doku force les autres défenseurs à dézonner, lâcher leur marquage, et laisser les autres attaquants profiter de l’espace libéré. Si Florian Maurice soulignait sa finition, c’est en grande partie parce que Doku se montre réaliste devant le but : selon Fbref.com, le belge possède 0.40 buts par tir cadré, ce qui représente une belle habileté devant le but. Raphinha tourne lui autour de 0.30, donc un peu moins que son remplaçant. Mais si les qualités intrinsèques de la recrue Rennaise semblent tout à fait adéquates, qu’en est-il de son intégration dans le 11 Rennais ?

Adapter son système ou formater Doku afin de l’intégrer?

C’est le dilemme auquel doit aujourd’hui se confronter Julien Stéphan. Celui que l’on sait très polymorphe dans son plan de jeu doit désormais trouver le moyen de s’adapter à sa nouvelle recrue. Jusqu’ici, Stéphan s’est toujours adapté aux joueurs en présence afin d’en tirer le meilleur collectivement. C’est pour cette raison que la question se pose sur l’utilisation de l’ancien d’Anderlecht. Celui-ci possède, par exemple, une forte tendance à occuper les ailes, sans beaucoup décrocher pour se retrouver dans le coeur du jeu, ce qui est une des composantes du jeu de Raphinha. D’autant plus quand le système Rennais accorde une si grosse importance aux latéraux, qui se doivent de coller la ligne tandis que les ailiers attaquant l’espace entre le latéral et le défenseur central afin de créer de la confusion. Cela laisse le couloir libre pour le latéral, ou un même pour un milieu qui dézone comme Camavinga pouvant attaquer l’espace.

Julien Stéphan devra trouver la clé afin d’installer son nouvel arrivant. (Crédits : hommedumatch.fr)

L’exemple d’Ismaïla Sarr, au profil d’ailier similaire à Doku dans le sens de joueur collant à la ligne peut donner des idées. Stéphan avait réussi à magnifier le Sénégalais en s’adaptant à ses qualités. Mais certaines qualités du néo-international Belge peuvent laisser présager à une adaptation. Par exemple, il a su démontré à plusieurs reprises la capacité à venir chercher le ballon plus bas afin de distribuer le jeu, ce que Raphinha faisait beaucoup. Une qualité pouvant s’avérer utile, notamment lorsque les ailiers se proposent en décrochant afin que les défenseurs centraux puisse casser une ligne sans passer par le milieu, notamment Aguerd qui aime beaucoup ces passes verticales. C’est un véritable casse-tête pour l’entraîneur Rennais, qui possède un joueur qui comprend le jeu et qui l’applique à merveille. A Anderlecht, sa tendance à coller la ligne est autant un trait de personnalité qu’une véritable demande tactique de son entraîneur.

Les différences à tout prix

C’est ce qu’on lui demande, et c’est ce qu’il fait le mieux. Jérémy Doku est un joueur de différences, comme le souligne son formateur, Stéphane Sassin, chez France Football : “A Anderlecht, on a formé beaucoup de bons joueurs mais c’est le meilleur dribbleur que l’on ait vu. Dès fois, il faisait même preuve d’arrogance en catégories jeunes. Il éliminait un, deux joueurs, puis au lieu d’aller au but, il mettait le pied sur le ballon pour attendre ses adversaires et refaire la même chose.” Outre cette qualité de dribble évidente, c’est surtout cette capacité à être juste : trouver la solution par la passe dans les situations de supériorité, et trouver une autre par le dribble en situation d’infériorité, qui impressionne.

Rapide et véloce, Doku est un bel alliage entre souplesse, agilité et puissance. (Crédits : Foot01)

Un des petits reproches adressés à Doku reste ses centres, qui souffrent pourtant de belles stats : 5,2 centres par match, avec 1,4 centres réussis. Un pourcentage de 40%, qui reste améliorable tant certains de ses centres sont réalisés en bout de course, après un effort individuel intense. Reste aussi en suspens la question de son association avec les latéraux Rennais, ayant à Anderlecht des latéraux bien moins impliqués offensivement qu’à Rennes. Pourra-t-il gérer l’équilibre demander dans les pieds-appeler dans la profondeur si important dans le collectif rennais afin d’étirer les lignes adverses et d’ouvrir les espaces ?

Quoi qu’il en soit, la perspective de voir Jérémy Doku mettre le feu dans les défenses de Ligue 1 reste très enthousiasmante, tout comme la manière dont Julien Stéphan saura mettre en exergue ses qualités. Le profil très explosif du néo-rennais a de quoi mettre le feu au Roazhon Park, peut-être encore plus que Raphinha n’a su le faire. En attendant, entre Camavinga, Doku, Soppy and co., la jeunesse est toujours mise en avant en Bretagne, et on s’en félicite.

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