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Le Giromètre du CCS : Une bataille de génération

La deuxième semaine n’a finalement pas été de tout repos pour les coureurs admis à courir. Deux équipes ont du quitter le Giro en raison de trop nombreux cas de COVID. Beaucoup de coureurs ont demandé à stopper la course entre le problème de la pandémie et une météo difficile mais l’organisation tient tant bien que mal. Sur la route, les coureurs luttent contre les éléments et essayent de nous offrir du beau spectacle. Les favoris expérimentés se cassent les dents sur la jeunesse qui prend le pouvoir lors de cette année 2020. Ce Tour est décidément rythmé par les rebondissements. Top, flops, surprises, voici le Giromètre de la deuxième semaine du Giro.

Le coup de coeur de la semaine

L’équipe Ineos-Grenadier

Depuis le début du Giro, Ineos a remporté 5 étapes. Trois pour le seul Filippo Ganna. Après l’abandon de Geraint Thomas, l’équipe aurait pu se déliter et traverser le Tour. Mais comme au TDF, l’équipe a relevé la tête et les Ineos se glissent quasiment tout les jours dans des échappées. Si bien qu’un tiers des étapes sont tombées dans l’escarcelle de l’équipe et qu’un bon nombre de belles places d’honneur viennent compléter le tableau. Et pour couronner le tout, Tao Geoghegan Hart, grâce à son show du jour s’est replacé au général passant de la 11ème à la 4ème place. Il est en mesure de jouer le podium ce qui serait inespéré pour sa formation. Il a l’occasion de montrer à son équipe qu’il peut être un leader sur un GT, à lui de ne pas laisser passer sa chance. L’équipe est également en tête du classement par équipe avant d’attaquer la troisième semaine.

Corentin

Les belles performances

Team Sunweb

Époustouflante sur les routes du Tour, la formation Sunweb (dont on avait fait le portrait suite à son brillant TDF 2020) l’est tout autant sur ce Giro 2020. Hier dans l’étape menant à Piancavallo, l’équipe Allemande a fait forte impression autour de son leader Wilco Kelderman. Dans la dernière ascension du jour, elle a imprimé un rythme d’enfer pour faire craquer le leader de la course Joao Almeida. Hindley, Hamilton, Oomen et consorts ont mis sur orbite leur grimpeur Néerlandais. Au final, il finit au porte du maillot rose et pointe à 15 secondes d’Almeida avant les ultimes étapes de montagne. De bonne augure pour Kelderman qui semble avoir autour de lui l’une des équipes les plus costauds de ce Tour d’Italie. Après Dumoulin en 2017, la Sunweb va t’elle regagner le Giro ?

Lucas

Filippo Ganna, Ineos Grenadier

Le coureur italien est l’une des grandes satisfactions de cette saison 2020, et par extension de cette édition du Giro d’Italia. Il a gagné le premier contre-la-montre à Palerme. Il a ensuite empoché l’étape en ligne, entre Mileto et Camigliatello-Silano, après un numéro de grande classe. Finalement, il s’est de nouveau signalé ce week-end en s’imposant sur les 34,1km d’exercice solitaire vers Valdobbiadene. Impressionnant de puissance sur un profil mal plat, et notamment dans ce mur d’un kilomètre qui n’aura pas fait obstacle à sa supériorité. Filippo Ganna est invaincu cette saison sur les chronos auxquels il a pris part. Et il est désormais triple vainqueur d’étape sur le Giro 2020. Il mérite son top du CCS.   

Gino

Wilco Kelderman, Team Sunweb

Depuis ses débuts dans les rangs professionnels en 2008, Wilco Kelderman ne s’est imposé qu’une seule fois. C’était en 2013, en remportant le général du Tour du Danemark. Et même s’il n’a pas encore eu l’occasion de lever les bras sur le Giro 2020, le grimpeur néerlandais semble le mieux placé pour glaner la tunique rose. Auteur d’une deuxième semaine quasi-parfaite, le leader de la Sunweb n’a pas quitté le top 20 une seule fois. Mieux, il a repris du temps sur de nombreux adversaires lors du contre-la-montre samedi. Wilco Kelderman a profité du dernier round de cette quatorzaine pour asséner un coup presque fatal à de nombreux concurrents. Le tout sans attaquer. Leader le mieux épaulé avec Hindley, Oomen et Hamilton, il a repris du temps à Joao Almeida, le maillot rose, au sommet de Piancavallo ce dimanche. A une semaine du terme, Wilco Kelderman pointe à 15 secondes de ce qui serait la plus belle victoire de sa carrière.

Maxime

Le parcours de la troisième semaine du Giro

Difficile de savoir qui va remporter le Giro. A l’image de la troisième semaine du Tour de France, celle du Giro va être déterminante. Un tiers de la distance totale doit être parcourue lors de cette semaine, presque 130km de plus qu’en deuxième semaine alors que les organismes sont déjà bien entamés. Surtout, 3 des 6 étapes de haute montagne de ce Giro sont présents lors de cette semaine. Trois arrivées au sommet dont la dernière la veille du CLM final. 15000m de dénivelés positifs, presque 200km d’ascension, c’est l’enfer qui attend les coureurs. Il faudra être très costaud pour ne pas sombrer et il ne serait pas surprenant de voir des défaillances. Almeida qui semble déjà usé par les deux premières semaines pourra t’il résister à ses poursuivants qui ont les dents longues. Finalement personne n’est vraiment lâche dans le TOP15 et des retournements de situation sont à prévoir avec peut être à la clé, un vainqueur final inédit.

Corentin

Les déceptions

Jacob Fuglsang, Astana

Je l’avais dans les coureurs qui doivent rebondir en précisant qu’il l’avait peut être déjà fait la veille de l’étape de repos. Mais il a sombré lors de cette fin de deuxième semaine. A l’image des favoris de l’ancien monde, il a perdu beaucoup de temps (1’42 exactement) sur Almeida et les autres prétendants à la victoire finale lors du contre le montre. Hier, il est resté avec Nibali et n’a pas pu suivre les jeunes loups dans l’ascension perdant à nouveau du temps. Il est sorti du TOP10 au soir du CLM. Le Danois accuse un retard un retard de 5’07 sur le leader, 4’52 sur Kelderman, 2’10 sur le vainqueur de dimanche Tao et 1’38 sur Nibali. Loin d’être rédhibitoire mais entre l’attitude qu’il montre depuis le début du Giro (il tient un journal de bord qu’il publie dans un journal Danois) et son incapacité à suivre les meilleurs jusqu’à maintenant, difficile d’imaginer que Fuglsang puisse prétendre à un podium. Pour autant le Giro nous a toujours habitué à des retournements de situation donc pourquoi pas à nouveau cette année.

Corentin

Le manque de concurrence pour les sprints

Arnaud Demare survole les sprints massifs lors ce Giro. 4 victoires d’étapes, il égale Bernard Hinault et aura l’occasion de le dépasser lors de la 19 étape promise aux sprinteurs. Son seul vrai concurrent cette année c’est Peter Sagan qui sort d’une Grande Boucle un peu décevante où il a perdu son maillot vert. Mais celui ci n’est plus aussi impérial sur les arrivées massives. Michael Matthews a du se retirer à cause du COVID. Fernando Gaviria n’a pas fait mieux que 2 top 10. Hodeg est un peu tendre. On a hâte de voir Démare dans un sprint avec Ewan, Van Aert, Ackerman.. Il a le talent pour se frotter à cette concurrence et un Grand Tour se doit d’avoir un plateau de sprinteurs bien fourni

Corentin

Les surprises

Jai Hindley, Team Sunweb

Sans faire de bruit, Jai Hindley s’est invité sur le podium du Giro après deux semaines de course. Toujours aux côtés de son leader, Wilco Kelderman, le grimpeur australien est le dernier rempart de la muraille Sunweb. Et si après 15 étapes il accuse presque 3 minutes de retard, c’est en uniquement dû aux contre-la-montre. Une preuve qu’il fait partie des meilleurs grimpeurs de ce Giro 2020. Pourtant, cela ne l’empêche pas de remplir son rôle d’équipier à merveille. Toujours placé dans le final, le coureur de 24 ans sacrifie ses chances pour Wilco Kelderman. A tel point que personne – hormis Tao Geoghegan Hart – ne lui a résisté au sommet de Piancavallo, ce dimanche. Son relai sur les dernières pentes du col italien a fait craquer les Nibali, Majka, Fuglsang, Almeida et consorts. Et sans hésiter, il s’est écarté à quelques mètres de l’arrivée pour laisser filer son leader. Le tout en donnant l’impression de pouvoir le distancer quelques kilomètres plus tôt. Des performances qui le replace sur la 3è marche du podium de ce Giro 2020. Mais en cas de craquage de Wilco Kelderman sera-t-il sacrifié ou deviendra-t-il leader dans l’inconnue d’une troisième semaine ?

Maxime

Tao Geoghegan Hart, Ineos-Grenadier

La première chose que l’on remarque chez ce coureur c’est son nom peu commun – Tao signifie « Tom » en gaélique irlandais. Il est pourtant bien possible qu’il faille s’habituer tant le Britannique se montre à son avantage sur le Giro, à un niveau encore jamais atteint auparavant. Hart a des références chez les espoirs (podiums à Liège). Et sa courbe de progression est constante : 2ème du Tour de Savoie Mont Blanc 2016 (UCI Europe Tour, cat. 2.2) derrière un certain Enric Mas – une course qui titrera Egan Bernal l’année suivante. On note ensuite, par exemple, une 5ème place au Tour de Californie en 2018. Il termine l’année suivante second du Tour des Alpes (anciennement Tour du Trentin) et 5ème du Tour de Pologne. Sur ce Giro 2020, il est en grande forme et semble avoir passé un nouveau cap. Il a remporté la 15ème étape à Piancavallo. Seul à pouvoir accompagner les 2 Sunweb (Hindley et Kelderman) dans la montée finale, il les a ensuite réglés au sprint pour empocher la victoire. Surtout, il est désormais 4ème au classement général, à 2’57 de Joao Almeida mais une seule petite seconde derrière Jai Hindley, troisième. Avec le podium en ligne de mire, celui qui était venu pour aider Geraint Thomas est une belle surprise.  

Gino

Ils doivent rebondir

Joao Almeida, Deceuninck-Quick Step

Joao Almeida est à un excellent niveau depuis le début de ce Tour d’Italie. Prenant la place du leader du classement général dès la troisième étape qui a mené le peloton du côté de l’Etna, il a depuis fait de son mieux pour faire honneur à la tunique rose. Avec une belle Deceuninck Quick Step et notamment le duo Fausto Masnada – James Knox, le Portugais est bien entouré. Il s’applique aussi à grignoter les bonifications dès qu’il le peut. Almeida a profité du contre-la-montre de samedi pour reprendre du temps sur ses adversaires. Dimanche dans l’arrivée à Piancavallo, il a montré ses faiblesses et n’a plus que quelques secondes d’avances sur la grande menace Wilco Kelderman. De ce fait, un rebond est attendu du côté du leader de la course dans cette dernière semaine montagnarde qui s’annonce diablement difficile. Ne s’est-il pas essoufflé à force de défendre son maillot rose depuis la 3ème étape et de s’évertuer à prendre les secondes de bonification ?

Lucas

Vincenzo Nibali, Trek-Segafredo

On connait le requin de Messine, déjà vainqueur sur le Giro en 2013 et 2016. Un des rares coureurs à pouvoir se vanter d’avoir remporté les trois grands tours si on y ajoute le Tour en 2014 et la Vuelta en 2010. On sait qu’il a de la ressource, et qu’il jouit notamment d’une grande résilience sur le plan mental. Déjà pas à son avantage sur le chrono samedi, il perd pourtant encore beaucoup de temps dans l’étape de Piancavallo dimanche – il finit à 1’36 de Hart avec Fuglsang et Bilbao. Du ressort mental, il va donc lui en falloir pour se refaire, d’autant plus que son coéquipier Ciccone, précieux en montagne, a abandonné victime d’une bronchite. Avec ce coureur, on a envie de croire au sursaut d’orgueil. On gardera un œil dessus. 

Gino

La deuxième semaine a permis à Wilco Kelderman de faire son retard sur Almeida malgré un bon contre la montre du Portugais. Les jeunes ont pris le pouvoir fasse aux anciens mais tout reste à faire. Avec ce qu’il reste de montées dans la semaine à venir, il ne faudrait pas que certains est surestimé leurs capacités. Jusqu’à l’arrivée de Sestrières samedi, il peut se passer beaucoup de choses et se sera le coureur le plus frais qui pourra prétendre à la victoire. Espérons que la journée de repos ne mettra pas des nouveaux leader au tapis après les tests COVID afin que le final du Giro soit le plus passionnant possible. La jeunesse des Almeida, Hindley, Geoghegan Hart. est rafraîchissante mais saura t’elle tenir fasse à l’expérience d’un Nibali en position de chasseur ? Réponse dimanche avec d’ici la de belles passe d’armes à venir.

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