Crise sanitaire oblige, le monde du tennis à du s’adapter de différentes façons. Les spectateurs ne sont plus de la partie sur un certain nombre de tournois, certains ne peuvent avoir lieu. A différentes échelles cette crise se fait ressentir. Des personnes de l’ombre sont elles aussi impactées, comme par exemple les juges de lignes, qui ont disparu de certains tournois au profit de l’arbitrage vidéo. Mais est ce que un tel changement peut se perpétuer dans le temps ?
Les réformes spéciales Covid
En effet, depuis maintenant le début de la saison l’ATP a autorisé les différents tournois a recourir à l’arbitrage vidéo. Cette technique a été inaugurée pendant le Masters Next Gen, tournoi qui réunit les 8 meilleurs jeunes de la saison et qui sert également à tester de nouvelles règles. Par exemple pas de juges de lignes, pas de let, set en 4 jeux etc. L’ATP a donc décidé, à titre provisoire, d’autoriser les différents tournois à opter pour l’arbitrage vidéo plutôt que des juges de lignes. Une décision que la plupart des tournois ont choisie comme Singapour ou encore Rotterdam. Mais cette mesure a surtout été acceptée sur le premier Grand Chelem de la saison, l’Open d’Australie. Le seul tournoi à ne pas avoir pris cette décision, sur surface dur, est celui de Montpellier. La France étant très réputée pour la qualité de sa formation. Au vu des résultats encourageant on est en droit de se poser la question sur l’avenir de cette réforme. Restera dans le temps ou uniquement transitoire ?
Le fonctionnement
L’arbitrage vidéo existe déjà dans le tennis, plus connu sous le nom de Hawk-eye ou lorsqu’un joueur dit “challenge”. Le système fonctionne grâce à une dizaine de caméras « high speed » (ultra rapide) réparties autour du terrain et chacune reliée à un ordinateur, ce qui permet de retracer la trajectoire de la balle en 3 dimensions. En plus des trajectoires, il peut calculer le point d’impact d’une balle. Du coup dans notre cas plutôt que le joueur demande son challenge, tout le terrain est arbitré par l’arbitrage vidéo. Lorsqu’une balle est faute des voix enregistrées à l’avance annonce un “faute” ce qui met fin au point.

Les limites de l’arbitrage vidéo
Toute nouvelle technologie possède ses limites. Le Hawk-eye est un coût important, en effet l’installation du dispositif, l’installation des écrans et du système sons pour les voix couterait environ 70 000 € par court et par semaine. On peut alors se poser la question de n’équiper que les courts principaux mais dans ce cas tous les joueurs ne serait pas traités de la même façon. L’équité sportive serait alors remise en cause. Il semble également compliqué que des tournois plus petits puissent s’offrir le luxe d’avoir l’arbitrage vidéo complet. De plus est ce que retirer des juges de lignes ne retirerait pas un certains “charme” au tennis ? Le tennis ne serait-il pas trop robotisé ? L’arbitre de chaise ne servirait-il pas “juste” à compter les points ?
Des joueurs déjà favorables…
Certes l’arbitrage vidéo est un coût mais les bénéfices pourraient éviter des décisions éronnées des juges de lignes qui engendrent des décisions parfois litigieuses. Comme savoir si un point doit se rejouer ou si le joueur à vraiment remporté le point. Avec cette technologie les points ne seraient plus interrompus. L’idée d’un tennis sans erreurs séduit forcement les principaux protagonistes. Le numéro 1 mondial, Novak Djokovic, est quant à lui déjà conquis. Il s’est exprimé une première fois sur le sujet pendant Roland Garros. La deuxième fois c’était ce jeudi. Avant d’aller jouer le tournoi de Vienne il a tenu une conférence de presse à Belgrade où il s’est exprimé de nouveau en faveur de l’arbitrage vidéo.
“Avec tout le respect que j’ai pour la tradition et la culture que nous avons dans ce sport, la technologie est si avancée en ce moment qu’il n’y a aucune raison de garder les juges de ligne”
Novak Djokovic en conférence de presse à Roland Garros
“Nous avons expérimenté cette technologie pour la première fois à New York et ça s’est bien passé. Il n’y avait pas de place à l’erreur humaine” Quand on lui pose la question du devenir des juges de lignes il rétorque “Pour les bénévoles qui officient en tant que juges de ligne, nous trouverions d’autres rôles en rapport avec l’organisation des tournois”
Novak Djokovic en conférence de presse à Belgrade
Mais ce n’est pas le seul à s’être exprimé à ce sujet lors de Roland Garros. En effet Krisitina Mladenovic victime d’une faute d’arbitrage, pendant le tournoi parisien, est aussi de cet avis.
“Ce serait génial qu’on instaure l’arbitrage vidéo dans le tennis. Cela nous éviterait tous les scénarios tristes comme celui que j’ai vécu”
Kristina Mladenovic en conférence de presse à Roland Garros

… D’autres de plus en plus septique
Si au début de nombreux joueurs étaient réceptifs à cette réforme. Depuis la reprise de la saison certains joueurs ont commencé à émettre des réserves comme par exemple Gilles Simon.
“Le problème principal, c’est que ce n’est pas précis. A Melbourne on voit bien les traces. Mais étonnamment les joueurs préfèrent une erreur de machine qu’une erreur d’arbitre parce qu’ils ont l’impression que c’est personnel. Avec une machine, on n’arrive pas à pousser la parano.”
Gilles Simon au sujet de l’arbitrage vidéo
Mais le Français n’est pas le seul avec cette opinion. En effet, Alizé Cornet, plutôt adepte de cette réforme au début, est en train de revoir sa position.
“Au début, je trouvais ça super, c’est de l’énergie en moins de dépensée. Mais au fur et à mesure, je trouve que ça déshumanise le tennis. Bientôt, on aura des machines à balles à la place des ramasseurs. Il n’y aura plus de juge de chaise et on sera tout seul.”
Alizé Cornet qui s’exprime sur la “disparition” des juges de lignes.

En ce qui concerne Pierre-Hugues Herbert il est plutôt mitigé.
“Moi, être arbitré par une machine, ça ne me plaît pas forcément. Il y a un côté moins spectacle. Même pour l’arbitre, on a le sentiment qu’il ne fait que compter les points. Il n’y a plus de problèmes d’arbitrage.”
L’avis de “P2H” sur l’arbitrage vidéo
Faire du profit avec l’arbitrage vidéo ?
En ces temps compliqués, les directeurs de tournois essayent d’avoir le moins de dépenses possibles. En effet, puisque les tournois ne font plus d’argent avec la billetterie, il faut trouver d’autres solutions. Il se pourrait même que les tournois puissent rentabiliser l’installation de l’arbitrage vidéo en décidant de monétiser les annonces. C’est lors d’une interview pour le quotidien The Age que Ben Figueiredo, l’une des têtes pensantes du Hawk-Eye, propose de remplacer la voix par le nom de sponsors. Une décision qu’Alizé Cornet aurait du mal à vivre.
“Mon Dieu, vous rigolez ? Je ne sais pas si je serais capable de bien le vivre. Il faut me laisser digérer cette information.”
Alizé Cornet lorsqu’on lui évoque le fait de monétiser la voix du Hawk-Eye
L’avis de la rédac
Alors pour on contre le remplacement des juges de lignes par l’arbitrage vidéo ?
Juliette : Alors moi pas forcément pour. Je trouve que ça enlève un charme au jeu. Les juges de ligne ont toujours été là et les enlever, ça enlèverait quelque chose. Ça pourrait effacer certaines erreurs d’arbitrage, mais je n’ai pas l’impression qu’il y en ait tant que ça non plus dans le tennis. Et tous les tournois ne pourraient certainement pas l’acquérir du coup ça ferait des différences. Si on se lance dans cette logique, bientôt il n’ya plus d’arbitre et les joueurs peuvent s’autogérer pour jouer, ça enlèverait beaucoup au tennis.
Lucie : Je suis plutôt mitigée. D’un côté, je suis contre, car l’idée de remplacer un/une juge de ligne par une vidéo me dérange, mais dans les faits, c’est beaucoup plus précis et elle serait au profit des joueurs ainsi que des arbitres de chaises.
Robin : Moi je suis totalement contre. Pour avoir pu être juge de ligne à Roland Garros notamment, cela enlèverai beaucoup au tennis. Tout d’abord par son charme, mais aussi avec cette sensation pour les juges de lignes de pouvoir arbitrer les meilleurs mondiaux. Les joueurs ont déjà le challenge à utiliser quand ils le souhaitent, après il est évident que les dernières erreurs seraient supprimées. Ici l’arbitrage vidéo ne serait pas en plus mais à la place des arbitres ce qui ne me plaît pas.
Maxime : Supprimer des emplois, écarter une école d’arbitrage renommée, investir dans des équipements coûteux, les entretenir… Vous l’aurez deviné c’est un grand NON pour moi. Les juges de ligne ont leur place sur les courts, au même titre que l’arbitre de chaise. Remplacer ces juges, déshumaniser le sport, ça ne fait pas rêver. Les avancées technologiques sont précieuses et doivent venir suppléer les arbitres. En tant que fervent défenseur de l’aide vidéo à l’arbitrage, je suis pour voir ces innovations sur le circuit, mais comme un outil, pas une figure d’autorité.
Si la question de l’arbitrage dans le tennis s’est souvent posé, les technologies n’ont jamais été aussi importante que maintenant. Après plusieurs essais, surtout en compétition officielle, ainsi que la demande de certains joueurs d’adopter l’arbitrage vidéo, l’ATP semble ne jamais avoir été aussi proche de mettre cette innovation sur le circuit. Contrairement à l’arbitrage vidéo des autres sports, ici elle remplacerait des arbitres au lieu d’être une aide supplémentaire. Et vous, pour ou contre le remplacement des juges de lignes par l’arbitrage vidéo ?
Le système actuel me va très bien .Les juges prennent leurs responsabilités ,les joueurs peuvent challenger .La présence humaine ,de tradition dans ce sport ,ne doit pas être supprimée. Le cout du tout vidéo est trop lourd pour les petits tournois .Je suis pourtant pour le progrès qui doit aider l’homme mais ne pas le supprimer partout .Je suis fan de rugby ,la vidéo y est devenu indispensable .Je suis contre les anti-évolution tels les footeux qui font tout pour empêcher leur sport d’évoluer ,notamment en trainant des pieds sur la problématique video.