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Sean McVay, le génie offensif qui a changé le visage des Los Angeles Rams

Le 12 janvier 2017, Sean McVay est nommé à la tête des Los Angeles Rams. En devenant d’abord le plus jeune coach principal de l’histoire moderne de la NFL, puis le plus jeune HC à atteindre un Superbowl, le coach a fait une arrivée remarqué en NFL. Le natif de Dayton dans l’Ohio, obtient là une des 32 places les plus convoitées après 4 années passées à appeler les jeux offensifs de l’équipe de Washington sous la direction de Jay Gruden. Rien ne laissait présager qu’il allait transformer la franchise et en faire une équipe qui gagne. En effet, avant sa nomination les Rams restent sur 12 saisons de suite avec un bilan négatif dont 5 sous l’air Jeff Fisher. Après un déménagement de Saint-Louis à Los Angeles l’année dernière, la franchise s’offre un nouveau départ. McVay est-il lancé dans une longue série de saisons avec bilan non négatif comme Mike Tomlin actuellement ?

Oct 20, 2017; London, United Kingdom; Los Angeles Rams coach Sean McVay (left) and offensive coordinator Matt LaFleur react during practice at the Pennyhill Park Hotel & Spa. Mandatory Credit: Kirby Lee-USA TODAY Sports

Une attaque métamorphosée

Lorsque Sean est nommé, il dispose d’un QB sophomore : Jared Goff. Celui ci a été pris en première position de la draft 2016 en échange de beaucoup de picks. Jeff Fisher l’a lancé dans le grand bain après une victoire de l’équipe en Week 9 2016 mais le QB, mal entouré va se noyer et perdre les 7 matchs qu’il débute avec des statistiques inquiétantes. 

A peine arrivé, McVay nomme Matt LaFleur comme OC et a un plan en tête. Il souhaite imposer une attaque dynamique autour de sa formation de prédilection qui utilise le personnel 11 (1 RB, 1 TE et 3 WR) avec des joueurs interchangeables. Les quatre axes de l’attaque de McVay sont le No Huddle, la Play Action, les screens pass et les formations de receveurs particulières (Stacks : receveurs très rapprochés entre eux, Bunch : receveurs très rapprochés de la OL). A partir de cette formation unique, il cherche à créer des matchup avantageux pour ses joueurs. Par exemple, un receveur qui sera couvert par un linebacker aura l’avantage de vitesse.

Il va d’abord chercher le receveur Robert Woods lors de la Free Agency qui sort de 4 saisons moyennes à Buffalo. Il choisit Gerald Everett le TE, Cooper Kupp et Josh Reynolds les WR lors de la draft 2017. Ils viennent compléter l’escouade offensive composée de Todd Gurley, Sammy Watkins et Tyler Higbee. Il ajoute également du talent dans la ligne offensive avec la signature d’Andrew Whitworth au poste de Tackle.

Au cours de la première année, McVay utilise le « personnel 11 » environ 80% du temps. Alors que la moyenne NFL est de 72% de passes avec cette formation, les Rams ne lancent que 63% du temps. Gurley fait sa meilleure saison avec 2093y en cumulé courses/passes et inscrit 19 TD. Goff semble métamorphosé dans ce nouveau système et effectue une bonne saison (28TD, 7 inter, rating de 100,5). Los Angeles finit premier de division avec un bilan de 11V-5D mais échoue en Wild Card contre les Falcons. 

Sean McVay est nommé Coach of The Year, Aaron Donald DPOY et Gurley OPOY preuve que la culture a bien changé dans cette équipe. L’équipe est passée de pire attaque en 2016 à 10ème attaque de NFL.

A deux doigts du graal

Exit Sammy Watkins décevant qui signe aux Chiefs, McVay va chercher Brandin Cooks aux Patriots contre un 1rst round pick. Le coach veut ajouter une cible profonde afin de garder le milieu du terrain plus ouvert pour Woods, Kupp et les TE. L’attaque a perdu son OC Matt LaFleur parti aux Titans et aucun OC n’est nommé pour cette saison. Zac Taylor, l’actuel HC des Bengals, est le coach QB et encadre Jared Goff.

L’utilisation du personnel 11 se confirme et passe à 89% des jeux de l’équipe cette année la. 60% de passes (49% de success rate) et 40% de run (59% de success rate). Gurley confirme et même s’il engendre moins de yards que l’année précédente (1831y en scrimmage), il marque 21 TD. Jared Goff réalise quand à lui sa meilleure saison avec 4688y, 32 TD et 12 interceptions avec malgré tout une fâcheuse tendance à perdre ses moyens contre des bonnes défenses.

Les Rams finissent 2ème meilleure attaque de la NFL lors de cette saison 2018 et avec le 2ème meilleur bilan de la NFL (13V-3D). Ils battent les Dallas Cowboys en Divisional Championship, puis les Saints lors d’un NFC Championship qui provoque encore des cauchemars chez les fans des Saints.

Après avoir dominé toute l’année, l’attaque de Los Angeles s’écrase finalement sur le mur dressé par Brian Flores et Bill Belichick lors du Superbowl 53. Dans une finale très défensive, l’équipe de McVay ne marque que 3 points. Les Lions et les Bears avaient montré la voie pendant la saison, les Patriots ont trouvé la solution. Goff était à 26 TD et 6 interception avant le match contre les Lions, Il finit avec 6 TD et 6 interceptions sur les 5 derniers matchs. Grâce à une défense dont le front 7 est aligné en 6-1 avec un backfield en homme à homme sur les receveurs Californien, ils annihilent totalement Todd Gurley et forcent le QB Rams à lancer sous pression. L’équipe doit abandonner certaines courses et forcer Goff à lancer plus ce qui n’est pas toujours gage de réussite. Sean McVay vient de prendre une leçon, il va en tirer des enseignements.

Vidéo explicative de la stratégie qui a mis à mal l’attaque de Los Angeles

Une année en fin de cycle

McVay a permis à des Rams perdus dans une spirale de la loose d’accéder à un SuperBowl en 2 ans. Il est convaincu que son système est le bon mais il doit ajuster des choses afin de faire progresser son équipe. Il décide de jouer plus de formation 12 (2 TE). Il va pouvoir mixer davantage les alignements de son personnel éligible. Les WR sont parfois alignés en TE, les TE en slot ou receveur extérieur.

L’année commence bien et l’équipe enchaine 3 succès de suite malgré des performances limites de leur QB. Mais finalement, c’est sans surprise que les Rams enchainent par 3 défaites de rang. Les défenses adverses reprennent les recettes des Patriots et imposent à la fois de la pression à Goff ainsi qu’une couverture en homme à homme sur les receveurs. Le QB touche une nouvelle fois son plafond de verre et montre son incapacité à gagner des matchs contre des bonnes défenses. 

Utilisation par les défenses adverses de la recette mise en place par les Patriots

La gestion de Gurley, blessé à un genou, a été compliqué et il termine l’année avec moins de 1000y. Le jeu à la course est par conséquent moins productif cette année, faisant reposer davantage l’attaque sur son Quarterback. Brandin Cooks va passer une bonne partie de sa saison à l’infirmerie mais Cooper Kupp et Robert Woods vont tout les deux finir à plus de 1000y. L’attaque va finalement plutôt bien avancer mais Goff va se rendre responsable de trop de turnovers (16 interceptions et 5 fumbles). Malgré des ajouts de grands noms en défense, l’équipe de Los Angeles va perdre des matchs importants en encaissant beaucoup de points et finir l’année avec un bilan de 9-7. Il est temps d’apporter du sang neuf pour le Head Coach et de nouvelles idées.

Un nouveau déclic intervient lors du match contre les Ravens en Week 12. Les Rams implose littéralement face à l’attaque imprévisible de Greg Roman. McVay va dès lors intégrer les motions à son attaque afin de la rendre plus imprévisible pour les défenses adverses. Son attaque, pourtant dans le top 10 de la NFL, semble plus facilement lisible et fait moins de ravage, il va lui redonner un coup de boost.

Se réinventer avec du sang neuf

Les premiers ajustements se font au niveau du staff. Wade Phillips est débarqué de son poste de coach défensif. Le coach des équipes spéciales, John Fassel part aux Cowboys également. Les Rams embauchent un disciple de Vic Fangio, Brandon Staley au poste de DC, Kevin O’Connell en OC (poste inoccupé depuis le départ de LaFleur) avec McVay qui appelle toujours les jeux.

Brandin Cooks et Todd Gurley sont libérés. Le backfield offensif reposera sur 3 coureurs différents. La défense est rajeunie et les Rams décident d’acheter Jalen Ramsey à prix d’or. McVay ne dispose donc encore pas de 1rst round lors de la draft 2020. Au 2nd tour, il prend Cam Akers et Van Jefferson, deux joueurs qui sont bien adaptés à son système offensif. 

Le trio de running back des Rams en 2020 : Malcolm Brown, Cam Akers et Darrell Henderson

L’attaque va être à nouveau basé sur les mêmes formations mais il y aura plus de motion et plus de courses de la parte des receveurs (les Jet Sweep). Ce genre d’attaque nécessite une précision d’horloger Suisse.

Jared Goff, qui a pris conscience cet été qu’une bonne hygiène de vie était indispensable pour durer, a semblé plus en forme en début d’année et enchaînait les bonnes performances. L’ offense déroule bien et est plus équilibré que jamais grâce à un jeu de course basé sur les trois coureurs de l’équipe efficient : 54,2% de jeux de course (1er de la NFL), 140y/game (même moyenne que dans les meilleures années de Gurley), presque 10 first down par match. L’équipe confirme une plus grande utilisation des motion pré-snap (33% du temps contre 18% en 2019) et joue sur les tempo différents afin de perturber les défenses adverses.

Malheureusement les Rams viennent de retrouver une vieille connaissance dimanche dernier et tout a déraillé : Brian Flores, devenu Head Coach de Miami. Les Dolphins, en pleine reconstruction viennent de lancer Tua Tagovailoa dans le grand bain dimanche. La défense concocté par Flores a fait ressortir les vieux démons de l’équipe et de son QB Jared Goff. Si l’attaque des dauphins a été dans le dur, la défense a formidablement alterné entre grosse et fausse pression grâce à toute sorte de blitz forçant le QB à prendre de mauvaises décisions (sa première interception par un homme de ligne intérieur parti en zone est le parfait exemple d’une fausse pression d’un DL qui finalement se retrouve à couvrir et peut intercepter le QB qui n’a rien vu).

Jared est maintenant à un bilan de 11V-12D lorsqu’il lance au moins 1 interception alors qu’il a un bilan de 16V-1D lorsqu’il prend soin du ballon. Les receveurs ont du mal à créer de la séparation lorsqu’ils sont couvert en man. Ce match a de nouveau mis en lumière les difficultés de Jared mais aussi de McVay à s’ajuster aux défenses qui imposent une pression importante (Goff est à 1-4 quand il est attaqué plus de 20 fois). Lors de sa draft en 2016, un des points faibles noté par les scouts concernant le QB Californien était sa difficulté à faire face à cette pression des défenses. Dans ses situations, sa mécanique de lancer est affecté et s’en suivent souvent des interceptions. Il a peu progressé sur ce point qui peut devenir problématique pour gagner des matchs importants à court et moyen terme.

Comme à son habitude le coach a pris la défaite pour lui se refusant à pointer du doigt son Quarterback. Nul doute que ce génie de jeu d’attaque va trouver de nouvelles solutions, mais l’équipe doit réussir à élever son niveau de compétition surtout dans une division aussi compétitive que la NFC West. Goff n’est pas le seul fautif même s’il a fait beaucoup d’erreurs sur ce match. L’équipe doit continuer à se construire autour de son jeu au sol porté par son nouveau trio et mettre son QB dans un rôle de game manager comme Ryan Tannehill aux Titans par exemple.

Les Rams ont une attaque très explosive, interchangeable et visuellement agréable à regarder. Malheureusement l’équipe de Sean McVay paye également un manque d’investissement sur la ligne offensive ainsi que les difficultés chroniques de son jeune QB à s’écrouler contre les bonnes défenses. Jared Goff n’a encore que 26 ans et tout l’avenir devant lui à condition qu’il réussisse à retrouver son niveau de 2018 et trouve la solution pour être meilleur sous pression. Lors de son match contre les Bears en semaine 7, il a complété 5/5 passes pour 83y en dehors de sa poche et était à 79% de complétion en dehors de sa poche depuis le début de la saison. Nul doute que son coach saura tirer des enseignements du match de dimanche comme il l’a fait par le passé. McVay doit continuer d’améliorer son attaque s’il veut envisager une place en playoffs cette année.

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