Ces derniers temps, l’horizon Lyonnais ne fait que s’assombrir. Entre résultats et fond de jeu tous deux inexistants, le week-end dernier a pourtant été une petite éclaircie. Tandis que l’équipe première remportait le derby, le club en entier fêtait une autre victoire. Florent Da Silva, énorme talent du centre de formation, signait, d’après l’Equipe, son premier contrat pro. De la même génération, les 2003, Malo Gusto pourrait très vite l’imiter. Le latéral de 17 ans a d’ailleurs été appelé plusieurs fois avec le groupe pro. De quoi entrevoir un bel avenir ?
Avant tout, petit point présentation. Formé à l’AS Villefontaine puis au FC Bourgoin-Jallieu, Malo rejoint l’OL en 2016. Le franco-portugais est alors un milieu de terrain au bagage physique et technique déjà bien développé. A l’OL, il est replacé latéral droit, après que les coachs aient décelés chez lui une véritable aptitude défensive jusqu’ici sous-exploitée. Surclassé en U19 l’an dernier, il a aussi évolué avec la N2 cette saison, avant d’apparaître dans le groupe pro suite aux différentes absences (Covid-19, blessures, suspensions) ces dernières semaines. Maintenant que les présentations sont faites, intéressons-nous à son profil technique et la possibilité de le voir évoluer en équipe première. A plus ou moins long terme.
Une supériorité physique avec des limites ?
La vague de départs des latéraux cette saison à l’Olympique Lyonnais aura été bénéfique. Exit les Tete, Rafael, Koné et autres Marcal, bonjour les Cornet (oui oui), Bard et De Sciglio. Et peut-être Malo Gusto. Le natif de Décines-Charpieu a su tirer son épingle du jeu avec l’équipe réserve en ce début de saison. On pouvait même lire dans Le Libéro il y a quelques semaines : “Le latéral droit Malo Gusto s’est lui aussi instantanément mis au niveau physique requis pour jouer contre des adultes, avec une intensité et une envie toujours impressionnantes.” Et c’est ce qui marque en premier lorsque l’on voit le latéral Lyonnais. Sa saison en U19 a été aussi réussie en partie en raison de son bagage physique. Et Rudi, par “bagage physique”, on est d’accord que l’on entend pas “musculature”?

Le premier point fort de Malo est sa capacité de course. Toutes proportions gardées, le gone est à l’image d’un Alphonso Davies. Une bombe, qui brille tant par son accélération sur quelques mètres que sur sa vitesse sur des longues courses. Et, comme le canadien, cette folle capacité à répéter les courses sans cesse. Et avec intensité, toujours. En U19, l’international U18 Français était aussi brillant dans les duels, ou sa carrure couplée à sa détermination lui permettaient de souvent sortir vainqueur. Une qualité qu’il a aussi su montrer en N2, face à des adultes. Ses grandes enjambées montrent aussi qu’il reste un joueur agile, explosif capable d’éliminer son adversaire. Une qualité qui rappelle, ecnore une fois, Alphsonso Davies.
Un sens tactique de milieu défensif et une technique d’ailier
Puisque le parallèle est lancé entre le lyonnais et le joueur du Bayern, autant continuer. Les similarités entre les deux sont telles que le jeu de la comparaison n’est, pour une fois, ni nocif ni galvaudé. Pour cause, si les deux brillent, c’est aussi en raison de l’attaque des grands espaces. S’ils sont capables (notamment le Lyonnais, on y reviendra), d’occuper et de jouer dans les petits espaces, là n’est pas leur force principale. Très souvent, Gusto a su être un véritable poison pour les défenses adverses. Avec une belle protection de balle, et cette volonté de toujours se mettre dans le sens du jeu, il est aussi capable de sortir le bon geste technique. Des qualités similaires à un ailier, qui laissent présager potentiellement un avenir à un autre poste que latéral, tant son jeu est complet et varié.

Sa bonne prise d’info et sa vitesse d’exécution à son poste sont au-dessus de la norme. Deux aptitudes qui s’expliquent de plusieurs manières. D’abord, il est vrai, sa formation comme milieu de terrain, permettant de comprendre d’autres problématiques dans le jeu. Mais là n’est pas la seule raison : le joueur sponsorisé par Adidas a aussi bénéficié de la formation Lyonnaise. Sur ce sujet, l’excellent article du Café du Commerce permet de comprendre pourquoi. Premièrement, la pratique du futsal, qui permet de réfléchir et d’agir plus vite, l’une des qualités du latéral lyonnais. Deuxièmement, la flexibilité et la compréhension de la tactique. “C’est important qu’on forme les joueurs à être autonomes et à jouer différents types de jeu. La meilleure façon de s’adapter c’est comprendre le jeu et de pouvoir être autonome à la fois dans sa personnalité que dans sa conscience du jeu.”
Comment (et pourquoi) l’intégrer à l’équipe première ?
On l’a encore vu hier soir avec la France, Dubois possède énormément de carences défensives. Une tendance qui, en plus, n’est pas compensée par son apport offensif. La pauvreté globale de ses centres, de ses déplacements et de sa capacité d’élimination nourrissent beaucoup de frustrations chez les supporters Lyonnais. A tel point que l’on imagine Matteo De Sciglio être le sauveur … Mais ici, on croit plus en Malo Gusto, et ce pour plusieurs raisons. Déjà, toutes les qualités évoquées plus haut, mais aussi sa qualité de centre. En effet, grâce ses qualités techniques et physiques, Gusto se retrouve souvent dans des positions préférentielles de centre, ayant le temps et l’espace de trouver les joueurs lancés dans la surface.
Autre point important : sa qualité défensive. Avoir un joueur capable de défendre correctement un 1v1 avec un bon recul frein, et très bon dans le positionnement. Capable d’apporter de la largeur en tant que piston, d’occuper une place dans une défense à 4. Capable même de rester derrière si le latéral opposé monte, comme il l’a fait avec les U19. Un joueur qui sait défendre ET attaquer, et qui a la fibre Lyonnaise. C’est un fait : les joueurs issus du centre de formation parlent le même football. La facilité avec laquelle ils se trouvent et se comprennent sur le terrain est largement visible et surtout, exploitable. Quelques questions sur la dimension physique de son jeu et l’intensité du niveau professionnel peuvent cependant se poser : sera-t-il capable de proposer des courses à si haute fréquence ? A répéter ces courses ? Quid de son jeu aérien face à des joueurs plus âgés ?
Bien que le portrait dressé de Malo soit très positif, il faut aussi souligner quelques défauts encore corrigibles : certains retards sur des temps de pressing, des choix encore maladroits et trop précipités dans les 30 dernières mètres, etc. Mais qu’importe. Juninho semble croire en lui, poussant en interne afin de le faire signer pro. Et Rudi Garcia semble y croire aussi, promettant un bel avenir à son joueur: « Il a besoin de progresser, il est tout jeune. Si on le fait bien travailler et s’il confirme ce qu’on pense de lui, ça peut devenir un très bon joueur professionnel de l’Olympique lyonnais.” Pour le coup, désolé Rudi, mais on espère que ça sera sans toi.