Victorieux à Agen le week-end dernier, Toulon se montre de plus en plus convainquant. Des automatismes sont trouvés dans ce groupe qui mêle jeunes talentueux et internationaux expérimentés.
Toulon est-il enfin à l’endroit ? En reconstruction depuis 2018 et l’arrivée de Patrice Colazzo à la tête de l’équipe, le RCT semble enfin trouver un semblant de dynamique. Articulés autour d’un groupe jeune et talentueux, les Varois sont 4èmes du championnat après 7 journées. Un classement qui reflète certaines certitudes, à domicile notamment. Toulon est invaincu à Mayol depuis septembre 2019. Une série mise à mal cette saison par Montpellier, mais Parisse et ses coéquipiers ont réussi à trouver une force mentale considérable pour résister au retour surpuissant du MHR (25-21).
Du renouveau, enfin
Une solidité à domicile qui met encore plus en avant les problèmes qu’ont les Rouge et Noir à s’exporter. La victoire acquise à Agen samedi dernier (9-38) est la première du RCT loin de ses bases depuis 1 an ! De quoi souffler un bon coup, d’autant plus que le bonus offensif récompense ce succès. Autre statistique réconfortante pour les toulonnais, c’est la première fois que le club remporte 4 matchs à la suite depuis 2017, année de sa dernière apparition en finale. Avec une journée de retard sur La Rochelle, actuel leader, et deux sur Toulouse, deuxième, les toulonnais sont en très bonne position dans ce championnat quelque peu chamboulé. C’est en tous cas la première fois depuis l’arrivée de Patrice Colazzo que Toulon montre les crocs, et surtout, une certaine identité.
La nouvelle dynamique des varois s’appuie surtout sur de nouveaux noms, et sur un effectif qui commence à trouver des automatismes. C’est le cas notamment de la charnière Serin-Carbonel qui est de plus en plus complémentaire. Les deux joueurs sont même appelés ensemble en Équipe de France, en tant que doublure de la charnière toulousaine Dupont-Ntamack. Serin et Carbonel sont surtout les fers de lance de la jeune ligne de ¾ à Toulon. Symbole de cette ligne arrière qui fonctionne, Gabin Villière (24 ans), qui enchaîne les matchs et les bonnes performances cette saison. Sa vitesse et ses crochets font la différence, au point d’être appelé pour la première fois en Bleu, en novembre.

Lui aussi proche de l’équipe de France, Gervais Cordin (21 ans)revient en forme après une grosse blessure à la main. Titulaire à l’arrière, il a inscrit deux essais cette saison et garde surtout la confiance de son coach vis-à-vis de son jeu offensif, qui prône le risque et la relance. La confiance, c’est aussi ce qu’est en train d’acquérir le jeune Erwan Dridi (20 ans) qui trouve du temps de jeu avec notamment deux titularisations sur les deux derniers matchs de championnat, et 3 essais lors de ces deux rencontres. Le jeune ailier a tout pour s’imposer : polyvalent, il doit se montrer performant sur la longueur pour prétendre à une place de titulaire indiscutable.
Dans cette (très) jeune ligne de 3/4, Duncan Paia’aua (25 ans) et Daniel Ikpéfan (27 ans) feraient presque mine d’anciens aux côtés d’Isaia Toeava (34 ans). L’australien Paia’aua impressionne depuis le début de la saison. Décisif, il fait partie de ces joueurs avec un sens du jeu hors du commun, capables de faire basculer un match. Titulaire 10 fois déjà depuis septembre, le centre est déjà indiscutable dans un effectif plein de promesses. Des jeunes talentueux derrière donc, qui feraient presque oublier l’absence d’Anthony Belleau, blessé gravement au genou. Enfin, on pourrait aussi parler de la charnière débutante Théo Dachary-Simon Moretti. Mais comme dans toute équipe de rugby, les ¾ ne seraient rien sans le travail des avants.
La puissance sereine des avants
Et les avants à Toulon sont plus que talentueux, ils sont reconnus. Avec notamment un vivier d’internationaux français : le capitaine Charles Ollivon, les piliers Emerick Setiano, Sébastien Taofifenua et Jean-Baptiste Gros, les talonneurs Anthony Etrillards et Christopher Tolofua et le deuxième ligne Romain Taofifenua. Un huit de devant très solide qui se démarque par son âpreté et son sens du combat. Au-delà des noms, il y a surtout un équilibre de trouvé entre l’expérience, la jeunesse et le talent. Le tout mène à la performance. Le talent, c’est aussi celui du grand Eben Etzebeth, poutre centrale de la conquête du RCT. Le grand deuxième ligne bonifie le jeu et rend meilleurs ses coéquipiers autour de lui.
Dominateur, le pack toulonnais regorge aussi de bonnes surprises. Patrice Colazzo en est adepte et ose faire des choix forts, comme le repositionnement de Masivesi Dakuwaqa en 3ème ligne. Peu commun lorsqu’on sait que le fidjien est un ailier de formation. Mais le match contre Agen lui donne raison. Auteur d’un essai et d’une grosse activité sur le match, le nouvel avant impressionne, à tel point qu’on ne le voit pas repartir avec les ¾ de si tôt. Entouré des expérimentés Raphaël Lakafia, Sergio Parisse et Facundo Isa, il profite de nombreux conseils, au même titre que Swann Rebbadj, qui alterne entre 2ème et 3ème ligne.
Les papas du RCT
Pour encadrer tout le monde, Sergio Parisse (37 ans) fait donc logiquement office de papa des avants. Capable de tout faire, à l’image de son jeu au pied qui a tant fait parler contre Brive il y a deux semaines, il est l’âme de ce 8 de devant. Son expérience et son QI rugbystique sont des atouts majeurs pour le club qui doit s’appuyer sur ce type de joueurs pour faire la transition et passer un cap. Si Parisse est le papa des avants, Ma’a Nonu devient celui des ¾. Le centre néo-zélandais, double champion du Monde avec les All-Blacks revient sur la Rade pour palier aux blessures de Belleau et Hériteau.
Deux ans après avoir quitté le club, il est titulaire surprise dès son arrivée, lors du match contre Agen. Et encore une fois, Colazzo a vu juste. Nonu éclabousse le match de son talent et se montre décisif, bien qu’encore en manque de rythme, ce qui est normal. Avec notamment ce jeu au pied rasant sur l’essai de Dakuwaqa, le centre a marqué de son empreinte son retour. Nul doute que son expérience et ses conseils seront extrêmement précieux pour cette jeune ligne arrière citée précédemment. Quoi qu’il en soit, il fait partie des raisons pour lesquelles Toulon à toutes les cartes en main pour progresser et redevenir un prétendant au Brennus dans les années qui arrivent.