C’est deux jours après une belle victoire que l’on discute avec Pierre Mounal. À 27 ans, le rugbyman français fait le bonheur des Hong Kong Scottish, qui se sont imposés 36-22 sur la pelouse du Valley RFC, où ils n’avaient jusque-là jamais connu le succès. Comment un Auvergnat se retrouve-t-il à près de 10 000 km de chez lui pour jouer au rugby ? Entretien passionnant avec un globe-trotter de l’ovalie.
Peux-tu nous présenter ton parcours ?
J’ai commencé le rugby en jeunes à Vichy. Après j’ai joué avec la section sportive d’Issoire au lycée. Je suis ensuite parti à Montluçon, qui avait une belle équipe en Fédérale 1 à l’époque. J’étais l’Université à Clermont et pendant ma première année j’ai été repéré pour aller à Montpellier en Reichels donc j’y suis allé. Là-bas, j’ai eu une blessure au ligament croisé. J’ai pu bien rebondir au Stade Aurillacois où on a été génial avec moi. J’y ai joué une saison et demie puis il y a eu une réforme des catégories, je ne pouvais plus évoluer en Espoirs et on ne m’a pas proposé de contrat professionnel. J’ai rejoint les Glasgow Hawks. À l’époque c’était le Premiership, un championnat semi-professionnel. Maintenant ça s’appelle le Super 6 et c’est 100% professionnel. Je jouais à Glasgow et je continuais mes études en parallèle. Je jouais n°10 et n°15 et ça s’est bien passé là-bas, j’ai fait de belles rencontres et c’est là que j’ai découvert la filière Scottish, qui m’a permis d’évoluer aujourd’hui aux Hong Kong Scottish. J’ai fait mon Master en Italie et j’ai joué là-bas en Serie A. Ça s’est très bien passé aussi. Une fois diplômé de mon Master, j’ai voulu tenter un peu plus loin. J’ai joué un peu en Australie. Là c’est ma 3e saison à Hong Kong et je m’y plais. C’est donc un club partenaire des London Scottish, qui jouent en D2 anglaise. On a 4 joueurs écossais et les fondateurs du club sont britanniques, ils sont nombreux à Hong Kong comme c’est une ancienne colonie.
Qu’est-ce qui te pousse à franchir les frontières ? Si tu te retournes vers ton parcours, tu dirais que c’est avant tout une suite logique dans tes projets ou à un moment c’est quand-même le goût de l’aventure qui prime ?
Quand j’ai quitté les Espoirs d’Aurillac, je n’avais pas de contrat et je n’avais pas forcément l’envie d’aller en Fédérale ni de faire un Master en France. Il faut savoir que mes parents sont profs d’anglais, ils m’ont toujours parlé anglais depuis petit donc je connaissais assez bien la langue. J’avais un agent à l’époque mais il ne m’a pas servi beaucoup donc j’ai sondé à droite et à gauche et j’ai vu qu’il y avait une opportunité en Écosse, qui me permettait en plus de continuer les études. J’aurais pu rester en Écosse une année ou deux de plus mais le club n’était pas prêt à payer mes études. Au Royaume-Uni, un Master coûte environ 15 000 € et ma famille ne pouvait pas se le permettre. Donc je suis parti en Italie, il y avait une convention entre le club et l’université pour couvrir les frais de scolarité donc c’est bien tombé. Après, une fois diplômé en Italie c’est plus le goût de l’aventure oui.
« On avait perdu la finale du championnat de Hong Kong et une semaine plus tard, je jouais la première journée du championnat australien. C’était assez intense. »
Je me suis dit soit je rentre en France et j’essaye d’avoir un contrat quelque part, soit je tente ailleurs. Et donc j’ai eu l’opportunité via la filière Scottish de venir ici et comme la saison ne dure que 6 mois, la première année j’ai fait 6 mois ici (août/février) et j’ai enchaîné directement sur un contrat en Australie à Canberra (mars/juillet). On avait perdu la finale du championnat de Hong Kong et une semaine plus tard, je jouais la première journée du championnat australien. C’était assez intense.
On a parlé sur notre site de la faible tendance qu’avaient les rugbymen français à s’expatrier. Est-ce que tu partages ce constat ? Comment tu l’expliquerais ?
Il est vrai qu’on croise beaucoup de joueurs britanniques ou sud-africains mais que les Français s’exportent mal ! Déjà, on n’est pas vu comme les meilleurs rugbymen du monde, dans pas mal de pays et par pas mal de coachs. Notre problème principal, c’est qu’on ne parle pas forcément bien anglais. Dans les championnats de très haut niveau comme le Super Rugby, la Currie Cup en Afrique du Sud ou même la Major League Rugby américaine, il y a toujours une préférence nationale. Ils ne ciblent que les postes où ils sont faibles et là ils peuvent mettre le paquet pour avoir une pointure. Peu de Français sont vus comme des références mondiales à leur poste. Tout le monde commence à parler d’Antoine Dupont donc peut-être que lui aura une offre en Angleterre ou ailleurs.
Dupont en Super Rugby, ça serait chouette non ?
Oui c’est sûr ! Mais le problème c’est que les joueurs dans le Super Rugby sont beaucoup moins payés qu’en Europe, notamment en France où on est extrêmement bien loti. Même si tu descends dans les 4e, 5e, 6e divisions françaises… en Fédérale t’as des joueurs qui touchent des sous. Ça ne changera pas tant qu’on ne sera pas vu comme des références mondiales à certains postes. Les Géorgiens sont vus comme des gros piliers, les Sud-Africains comme de très bons flankers. Les 10 anglais sont vus comme les meilleurs du monde, les ailiers fidjiens, etc. Personne ne dit « Il nous faut absolument un centre français ! ». Mais on a de très bons 9 français par exemple et ça commence à se savoir. Et au niveau en-dessous, on s’expatrie moins parce qu’on est moins employables sur le marché avec la barrière de la langue. Je l’ai constaté quand je suis allé en Australie. Mon coach était français, c’est lui qui m’a fait venir et pour négocier ma venue il a dû assurer aux dirigeants que je savais jouer au rugby !
Donc les Français ne sont pas si casaniers, c’est juste qu’on ne veut pas d’eux ?
Il faut dire qu’il y a pas mal de Français qui ont de grosses exigences. Comme ça fait plusieurs années que je suis à l’étranger, j’ai pas mal de gens qui m’écrivent et qui me disent « Je veux jouer dans un autre pays, comment t’as fait ? ». Et je dois leur dire « Le club va peut-être te payer un logement mais pas plus, ou des primes de match. Tu peux jouer à un super niveau et avoir un contrat assez faible ». T’as des joueurs qui vont être professionnels pluriactifs (dont le rugby n’est pas la profession exclusive, ndlr) en France, en Pro D2 ou en Fédérale 1, et qui vont pas forcément vouloir jouer pour moitié moins à l’étranger.
Vous êtes donc peu nombreux à l’étranger, est-ce qu’il y a une communauté de Français, vous communiquez entre vous ?
Je ne me sens pas trop dépaysé. Il y a 35 000 Français à Hong Kong. Il y a plein de restaurants, de bars, et d’hôtel qui recréent l’ambiance française, et avec l’Ambassade il y a toujours des événements comme des tournois de pétanque. Je m’entends bien avec Paul Gualino qui était au Stade Toulousain en jeunes et qui joue à Hong Kong, l’année dernière avec Simon Bienvenu on essayait de se voir. Sinon je connais un peu Nicolas Kraska qui joue au Japon. Il faut un passeport asiatique pour jouer au Japon et Nicolas est Franco-Thaïlandais donc il a pu y rester. Patrice Olivier a aussi joué au Japon et joue maintenant à Marcq-en-Barœul. Il a un passeport philippin grâce à ses origines et il y a joué un certain temps (7 saisons, ndlr). J’espère que le Japon attirera un jour des stars françaises, mais il faut être prêt à faire des compromis. Je ne sais pas si le Top 14 est le meilleur championnat du monde, il n’en est pas loin. Mais en tout cas c’est celui où l’on est le plus choyé. Les clubs prennent vraiment soin de leurs joueurs.
Le climat à Hong Kong depuis début 2019 est plutôt tendu, avec d’importantes manifestations (on se souvient notamment de la polémique autour de Daryl Morey, expliquée ici, ndlr) Pour ne rien arranger, 2020 : pandémie mondiale. Comment tu vis cette situation qu’on imagine pesante ?
Le style de vie me convient. Mais la saison dernière a été perturbée avec tous cés événements. Tu te souviens que pendant la Coupe du Monde au Japon il y avait des typhons en plus de ça ? On a eu des matchs annulés. J’ai hâte que la crise sanitaire s’arrête, comme tout le monde. Ici on a été des précurseurs, ça fait quand-même un an qu’on l’a ! On était à huis clos dès le mois de février mais on a quand-même pu finir le championnat. On a commencé la nouvelle saison à huis clos avec des tests pour les joueurs. Après quelques semaines, la situation sanitaire s’est amélioré et on a pu autoriser les supporters dans les stades et la reprise du rugby jeune et féminin. Là a priori la situation s’est à nouveau dégradée donc la saison risque de finir à huis clos mais on nous a promis qu’elle irait à son terme.

Contrairement à vous, on n’a pas été assignés à résidence. Pas de confinement mais tout était fermé. Quand on a eu de nouveau accès aux infrastructures sportives, on a eu 8 semaines de return to play (réathlétisation, ndlr). On devait respecter ce délai et on ne pouvait même pas faire de matchs amicaux durant ce protocole. Ça a été très compliqué pour le recrutement et les besoins de l’équipe n’ont pas forcément été comblés, comme il y avait des restrictions pour les voyages et les visas. Mais tu as entendu le capitaine argentin ? (Pablo Matera, ndlr), il a dit qu’ils s’étaient tous préparés dans leurs appartements et ça ne les a pas empêchés de battre les Blacks ! Concernant les manifestations, c’est un bras de fer interminable. Hong Kong va donc redevenir Chinois en 2047. Les gens s’insurgent car ils aimeraient être indépendants comme Taïwan ou Macao. Ça pose une question au niveau du Comité Olympique par ailleurs. Hong Kong est indépendant au niveau sportif, les athlètes ne concourent par pour la Chine mais pour HK. Est-ce qu’il en sera de même quand HK sera rattaché à la Chine ? Ou ce sera juste une province ? La question se posera.
Quel est ton rôle au sein du club ? Tu es donc joueur et préparateur physique. À quoi ressemble une journée type de Pierre Mounal ?
Je suis buteur, plutôt arrière ou ouvreur mais ça fait 2 saisons que je suis isolé sur l’aile. Sur la feuille de match, il faut que 14 joueurs soient éligibles pour l’équipe nationale. Comme le n°10 et le n°15 le sont, on m’a mis à l’aile. J’ai un contrat pluriactif, je suis aussi préparateur physique dans une salle de sport car ça correspond à mes études. En soi, je pourrais me concentrer exclusivement sur la pratique du rugby comme le font la plupart de mes coéquipiers. Mais on ne s’entraîne pas 2 fois par jour sur des séances de 4h comme on le fait en France… donc je préfère quand-même faire quelque chose à côté. Le matin, avant d’aller m’entraîner moi-même, je vais prendre quelques clients que j’ai en préparation physique. Ensuite je vais au stade taper des coups de pied. Le soir on a soit un entraînement, soit une séance vidéo, sinon des skills (ateliers de technique individuelle, ndlr). J’essaye de voir 5 ou 6 clients en préparation physique par jour et je m’entraîne le reste du temps. J’ai à peu près 30 heures de travail dont 12h d’entraînement.
On sait que derrière la locomotive japonaise, Hong Kong est peut-être la plus grande fédération de rugby asiatique. Comment tu décrirais son évolution ? Et au niveau du rugby de clubs, comment s’organisent les championnats ?
À 7 malheureusement la sélection a perdu contre la Corée du Sud, donc c’est eux qui vont aller aux Jeux Olympiques. Le Japon a maintenant 2 ligues professionnelles. Par exemple l’équipe japonaise des NTT Shining Arcs a le même sponsor qu’une équipe hongkongaise. Ils avaient fait un match amical il y a deux ans et il y a un bon niveau d’écart. Forcément, ils attirent certains des meilleurs joueurs du monde dans leur championnat. Nous, on est je dirais une grosse Fédérale 1 ou une petite Nationale. On a 35 joueurs sous contrat dont 13 sous contrat fédéral. Le reste de l’effectif est un brassage culturel mais surtout des anglo-saxons néo-zélandais et sud-africains. Le coach, le staff, tout le monde est anglophone. L’exemple du Japon est bon à suivre. Ça a boosté les choses en Asie car beaucoup se sont dit qu’ils pouvaient faire pareil. Kenki Fukuoka, Yu Tamura ou l’emblématique Shota Horie ont brillé pendant la Coupe du Monde, tout le monde soutenait le Japon ici et ça a fait une superbe publicité pour le rugby asiatique. Maintenant, les clubs japonais ne recrutent des joueurs étrangers qu’aux postes où ils sont vraiment faibles. Le système universitaire est bien huilé, mieux qu’à Hong Kong même si les choses vont dans le bon sens.
« On est très professionnels sur de nombreux points et très amateurs sur d’autres. On est équipés de GPS pendant les matchs et les entraînements mais nos poteaux de rugby sont sans cesse démontés et remontés. »
Ici, il y a une sélection professionnelle, un autre groupe professionnel qui s’appelle Elite Rugby Program, 20 contrats à 7 et une sélection féminine à 7 elle aussi professionnelle à 100%. Notre championnat est composé de 6 équipes qui se jouent une fois à domicile, une fois à l’extérieur et une fois sur terrain neutre puis des phases finales. Il manque certaines infrastructures car Hong Kong est un petit territoire et il y a beaucoup d’équipes dans beaucoup de sports donc tout le monde doit se partager les terrains. On fait comme on peut mais on est très professionnels sur de nombreux points et très amateurs sur d’autres. On est équipés de GPS pendant les matchs et les entraînements mais nos poteaux de rugby sont sans cesse démontés et remontés. La Fédération Hongkongaise est l’une des plus riches au monde car elle organise le Hong Kong Sevens qui est l’étape la plus importante du circuit à 7. Ce tournoi génère d’énormes rentrées d’argent pour la fédération et lui permet d’avoir un groupe professionnel pour leur sélection nationale et de présenter une équipe dans le Rapid Rugby. Il y a certains joueurs dans notre championnat qui sont sous contrat fédéral et la sélection a un staff professionnel à temps plein. On a des entraînements de muscu le matin. On fait un travail de skills qu’on fait individuellement comme la course et jeu au pied… on a des entraînements collectifs 3 fois par semaine le soir.
Le Hong Kong Sevens, ça a l’air d’être quelque chose de très important.
Il y a un engouement général oui ! Le stade ferme ses portes dès 7 heures du matin. Tu rentres dans le stade avant 7 heures et après tu fais la fête toute la journée…
Et en marge de ce tournoi, vous pratiquez le rugby à 7 dans la saison ?
En marge du tournoi de Sevens, il y a le plus grand tournoi de rugby à X du monde, le GFI HKFC Rugby Tens. On a une équipe, le HK Scottish Exiles. Notre saison à XV se termine en février, le tournoi a lieu en avril. On s’entraîne pendant plusieurs semaines pour préparer ce tournoi et ensuite on essaye de participer à d’autres tournois en Asie avec cette équipe des Scottish Exiles. Il y a plusieurs tournois de rugby à X assez compétitifs là-bas. Par exemple, le Valley RFC est un club à moitié français. Il est sponsorisé par la Société Générale et il est partenaire du Biarritz Olympique. L’équipe Gavekal, le sponsor du BO, participe chaque année au Hong Kong Tens et le Valley RFC leur prête des joueurs (c’est dans ce tournoi que Nick Smith et Gavin Stark ont été repérés par le BO et recrutés, ndlr). La Fédération met toutes ses forces dans le développement du rugby à XV mais le 7 génère beaucoup d’argent. Une fois que les joueurs ont été capés en sélection hongkongaise, c’est rare qu’ils s’expatrient eux aussi. C’est difficile de renoncer au confort que procure un contrat fédéral. Nous on a des échanges avec le club des London Scottish en D2 anglaise donc certains joueurs transitent entre les deux clubs.
Depuis ton arrivée, tu perçois des signes de progression dans le rugby hongkongais ?
Il y a des signes de progression oui. Depuis que je suis arrivé, la Western Force a quitté le Super Rugby (en 2017, ndlr). Le patron de la Western Force qui est un millionnaire australien a décidé de créer le Rapid Rugby et Hong Kong a intégré une franchise dans ce championnat. Ça a attiré de meilleurs joueurs. Dans notre championnat à 6 équipes, les meilleurs vont être sélectionnés avec la franchise de Rapid Rugby, où s’applique aussi la préférence nationale. Les objectifs des joueurs hongkongais sont de faire la meilleure saison possible pour postuler à la fois à la sélection nationale et à un contrat en Rapid Rugby. Hong Kong va pouvoir s’améliorer par de meilleurs résultats chez les -18 et les -20 ans. Ils sont assez performants dans le Rugby Trophy mais n’ont pas encore battu de grosses équipes. Le travail de formation des jeunes qui a débuté il y a une dizaine d’années va devoir porter ses fruits et le Rapid Rugby ne doit surtout pas faire une banqueroute car il ne repose que sur l’investissement d’un seul homme. Le Hong Kong Sevens doit continuer à bien tourner car s’il ne tourne pas, la fédération perd une grande partie de son budget et ne peut plus payer certains salaires, logiciels et infrastructures. Il faudra passer cet épisode Covid et espérer que le Hong Kong Sevens ait lieu, que le Rapid Rugby reprenne, et le rugby hongkongais se développera à tous les étages.
Étant donné le bassin démographique, c’est déjà un petit miracle de se développer aussi vite.
Oui c’est certain ! Je crois que rien qu’à Tokyo il y a 80 millions d’habitants (43 millons, ndlr). Hong Kong c’est 7 millions donc à peu près comme Paris, mais c’est déjà plus qu’un pays comme l’Écosse donc en soi il y a peut-être les moyens de faire aussi bien ?
Ce n’est pas la même culture. En Écosse le rugby est une tradition ancestrale.
C’est vrai. Surtout qu’ici les parents poussent leurs enfants à faire de longues études. C’est le modèle chinois, les études passent avant le sport. Mais les gens commencent à comprendre que le rugby permet de gagner un peu d’argent et d’ouvrir des portes.
Tu t’établis dans une nation émergente du rugby, où il y a presque tout à faire. C’est quelque chose d’excitant de voir un rugby se développer de l’intérieur ?
Très ! Car chaque année tu te rends compte que le niveau augmente. Tu te rends compte aussi que les arbitres font beaucoup d’efforts de leur côté. Tout le monde essaye de se professionnaliser. Chaque année le niveau est plus élevé. Chaque année ça attire de meilleurs joueurs. Chaque année il y a un peu plus d’exposition tant médiatique qu’au niveau des sponsors. Chaque année les salaires sont à la hausse. Tout le monde a envie de progresser. Nous les joueurs étrangers, on est recrutés pour coacher les jeunes aussi. C’est dans notre contrat, on a des obligations et ça ne nous dérange pas. Ça permet d’apporter sa pierre à l’édifice dans le développement du rugby local. Recevoir mais aussi donner, c’est quelque chose de gratifiant. C’est agréable de pouvoir donner quelques conseils à un jeune et qu’il progresse dans ses habilités, ses aptitudes.
Comment tu imagines l’avenir ? Rester à Hong Kong, ajouter un nouveau pays à ton palmarès ou enfin rentrer au bercail ?
Pour le moment, je ne me m’imagine pas rentrer en France. Peut-être quand je ne serai plus joueur et que je serai investi à 100% dans la préparation physique. Je pourrai envisager d’intégrer un staff. On va voir comment on va finir la saison, si j’ai des offres, etc. Mais c’est assez difficile d’être loin de ma famille. Ça fait un an que je ne suis pas rentré donc ce n’est pas facile. La saison se termine en mars, je vais voir si on peut prolonger mon contrat jusqu’en juin. Après on verra pour l’année prochaine.
On dit que les voyages forment la jeunesse. Découvrir de nouvelles cultures, de nouvelles visions du rugby, ça t’a fait mûrir en tant que joueur et en tant qu’humain ?
Ça a fait de moi un homme. Quand j’ai quitté les Espoirs d’Aurillac, je n’avais jamais joué un match de séniors de ma vie. Quand tu vas dans un autre pays, tu te rends compte que les types jouent tous à 18 ans. Que ce soit en équipe première ou en équipe 2, ils sont directement dans le grand bain. Est-ce que c’est mieux ou moins bien ? Je ne sais pas. J’ai forcément grandi puisque j’ai vu différents systèmes de jeu, qu’ils soient plus pragmatiques ou au contraire beaucoup plus ouverts. J’accumule tout ce que je peux ici. J’essaye de me souvenir des combinaisons, j’ai progressé aussi en changeant de poste. Je n’ai pas à me plaindre !
Lucien Mias disait « Le rugby est le seul sport dans lequel les hommes se rencontrent. Ailleurs, ils se croisent. » Tel un ballon de rugby, Pierre Mounal s’applique à rebondir là où on ne l’attend pas et, au gré de ses pérégrinations, à faire vivre cet adage.
Bravo Pierrot tu es un porte drapeau du rugby Français à Hong Kong! bonne chance et bon courage pour la suite de la saison à bientôt à Vichy!