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Le retour au ciel du Dieu du Football

Nietzsche avait tort. Dieu n’est pas mort à son époque mais bien aujourd’hui, en ce funeste 25 novembre 2020. Le cœur de Diego Armando Maradona s’est arrêté après 60 ans à battre à un rythme effréné, plus fort, plus vite que le reste des mortels.

Car El Pibe de Oro était bien plus qu’un être humain. C’était une figure christique, une icône. Les Napolitains, qui ont pu voir les gestes insensés de Diego au San Paolo entre 1984 et 1991, en ont fait une religion : l’église Maradonienne. Car ce n’était pas possible de voir une personne comme eux accomplir autant sur une pelouse. Il fallait trouver une logique. Comment cet homme pouvait exister ? Comment autant de vitesse, de qualité technique, de grinta, d’inventivité, de sauvagerie, de charisme pouvait contenir dans ce petit corps d’un mètre 65 ? Le talent ? Evidemment ! Le culot ? Encore plus. Une force supérieure ? Qui sait ?

Mais plus qu’être le plus divin des hommes, Maradona était le plus humain des dieux. Car s’il pouvait résister aux plus violents des tacles, s’il a pu marquer de la main en toute impunité en plein quart de finale de Coupe du monde, s’il a pu être le seul à regarder le Roi Pelé et lui dire « Je suis meilleur que toi », cela ne l’empêchait pas de succomber aux plus grandes bassesses de l’être humain. L’alcool, la coke, les femmes, les dictateurs, la célébrité, le monde du spectacle, le public, tout devait se faire dans la démesure, car rien n’était trop grand pour Diego Maradona.

Mais à courir aussi vite, on finit épuisé. Et si les cœurs des Argentins se sont déjà arrêtés plusieurs fois suite aux nombreuses hospitalisations du plus grand joueur de tout les temps, on sentait quand même bien que Diego n’était plus très loin de retourner là où était sa place : parmi les Dieux.

C’est donc aujourd’hui, quelques semaines après avoir eu espoir de le revoir sur pied après une opération du cerveau, que le pied gauche le plus génial de l’histoire a décidé de franchir les portes du paradis. Il laisse derrière lui des millions de souvenirs. Des milliers de chevilles de défenseurs brisées en deux, des milliers d’additions dans les bars les plus douteux de la planète, des étoiles dans les yeux de millions d’enfants et d’adultes, mais surtout Diego Armando Maradona laissera derrière lui le sentiment que Dieu existait peut-être, et qu’il portait des crampons pour jouer sous la tunique d’Argentinos Junior, de Boca Junior, de Barcelone, de Naples, de Séville ou encore bien sûr de l’Albiceleste. N’en déplaise à Nietzsche.

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