Souvenez-vous, c’était il y a quatre ans, à la maison. Au terme d’un match totalement fou face à la Russie, les Françaises sont sacrées championnes d’Europe pour la première fois de leur histoire. Si des joueuses avaient confirmé leurs performances, d’autres s’étaient totalement révélées. Après un mondial 2019 à Tokyo totalement manqué, les Bleues comptent bien sur l’Euro pour de nouveau briller sur la scène internationale. Alors, à une semaine de la compétition, quelles sont les ambitions et les atouts d’Olivier Krumbholz et ses dames.
Une ambition à l’image du palmarès
« On souhaite tous ensemble ne pas reproduire les erreurs du Japon, afin d’être de nouveau conquérants pour se réimposer dans le contexte international » Olivier Krumbholz.
L’image est à redorer oui. Le mondial 2019 et la piètre treizième place des Bleues doivent servir de leçon. Mais c’est sans langue de bois que l’on peut dire que l’objectif premier de cet Euro est de le remporter, de conserver le titre si cher à ces dames. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les Françaises semblent prêtes. Les championnes d’Europe en titre nous l’ont montré lors de l’étape danoise de la Golden League début Octobre. Deux victoires en trois matchs et une défaite face à la Norvège 29-28. Mais au-delà du résultat, les françaises ont affiché le visage d’une équipe qui ne lâche rien et qui se bat pendant soixante minutes. Après la victoire 29-13 (premier match de la golden League) face au Monténégro, Olivier Krumbholz avait déclaré : « Ce soir, il y a eu du bon, du très bon et encore un peu de maladresse. Je retiens que la volonté est là. » La Golden League fut séduisante et le coaching de Krumbholz astucieux. L’effectif a beaucoup tourné et à l’image de Chloé Bouquet, élue MVP face au Monténégro avec 6 buts, chaque joueuse a pu apporter sa pierre à l’édifice.
Des cadres et des jeunes, le parfait équilibre
Nous l’avons évoqué plus haut, Olivier Krumbholz a montré lors de la Golden League, la densité de son effectif. Et pour cet Euro ce sont 35 joueuses qui s’envoleront au Danemark la semaine prochaine. On retrouve un groupe très hétérogène, mêlant joueuses d’expérience et nouvelles venues. Un savoureux mélange qui ne peut que fonctionner.
De l’expérience et des joueuses capées
Que serait l’équipe de France de handball sans ses cadres ? Des joueuses performantes, et qui pour la plupart jouent dans les plus grands clubs d’Europe. Dans les buts, nous aurons le plaisir de retrouver notre doudou nationale Amandine Laynaud, épaulée par Cléopâtre Darleux et Laura Glauser. Ensuite, la révélation de l’Euro 2018, Orlane Kanor aura de nouveau l’occasion de nous impressionner avec son Jump. L’arrière gauche de Metz, affiche d’incroyables statistiques et tourne généralement autour des 100% de réussite au shoot. La capitaine des Bleues et joueuse de Bucarest, Siraba Dembélé sera bien entendu du voyage, tout comme Laura Flippes (Issy Paris 92), Estelle Nze Minko (Györ), Grace Zaadi (Rostov-Don) ou encore Béatrice Edwige (Györ) et Camille Ayglon-Saurina (Nantes). Enfin, l’expérimentée Alexandra Lacrabère (Fleury Loiret) et son bras gauche donneront tout pour gonfler un peu plus son palmarès et son compteur de buts : 723 buts marqués depuis 2006 en équipe de France.
Mais parmi les filles qui nous ont fait rêver il y a quatre ans, deux ne seront malheureusement pas du voyage… Il s’agit d’Allison Pineau, forfait à cause d’une fracture du nez lors d’un match de Ligue des Champions la semaine dernière. L’autre grande absente de ce tournoi c’est Manon Houette, victime d’une rupture des ligaments croisés il y a quelques mois.
La fougue de la jeunesse
On le sait et ce n’est plus un secret, depuis plusieurs années, Olivier Krumbholz mise sur la nouvelle génération. La relève des championnes du monde n’est pas évidente tant le noyau est fort. Mais qu’importe, pour le voyage au Danemark, le sélectionneur a ravi sept jeunes joueuses, appelées pour la première fois en équipe de France : la gardienne de Bourg-de-Péage Coralie Depuiset, l’ailière gauche de Nantes Marion Maubon, l’arrière gauche de Dijon Claire Vautier, les pivotes Adja Ouattara (Issy Paris 92) et Maëlle Faynel(Bourg-de-Péage), l’ailière droite de Brest Alicia Toublanc ainsi que Claire Vautier. Si certaines vont connaître leur première compétition de taille avec les Bleues, d’autres peuvent en profiter pour confirmer leurs quelques belles apparitions. Le CCS a fait une petite sélection de jeunes joueuses à suivre dans cette compétition :
- Pauletta Foppa, 20 ans, pivot (Brest). Présente lors du précédent Euro, la jeune Bretonne n’avait bénéficié que de quelques minutes de jeu. Mais cette année, les choses pourraient changer. En effet, meilleure buteuse française face à la Norvège en Golden League, Pauleta Foppa est monté en puissance. Avec 18 buts à son actif depuis le début de saison, la pivote se hisse parmi les meilleures buteuses de son équipe. Même si le poste de pivot des Bleues et déjà bien garni : Béatrice Edwige et Astride N’Gouan comme réelles guerrières, Pauletta a toutes les cartes en main pour s’imposer dans cet effectif.
- Méline Nocandy, 22 ans, demi-centre (Metz). Locataire de la maison jaune et bleue depuis ses années de formation, Méline Nocandy s’est imposée à Metz comme une demi-centre solide et capable de déclencher le shoot à n’importe quel moment. Les atouts de Méline sont similaires à ceux d’Orlane Kanor, mais dans un style différent. Le jump et l’intelligence de jeux sont les deux principaux atouts de Méline Nocandy. La vraie carte à jouer de la Messine est de profiter de l’absence d’Allison Pineau pour s’imposer en doublure de Grace Zaadi.
- Océane Sercien-Ugolin, 22 ans, arrière droite (Krim Mercator). Heureuse du turn-over d’Olivier Krumbholz lors de la Golden League, Océane a pu profiter de quelques minutes de temps de jeu pour se faire plaisir. En Slovénie, la jeune française a su se faire un nom : 36 buts depuis de début de la saison.
Les JO en ligne dans le viseur
Le double titre de championne du monde (2003 et 2017) et le titre de championnes d’Europe de 2018 font de l’équipe de France de handball, une des équipes les plus titrées au monde. Mais à contrairement à leurs homologues masculins, les françaises n’ont jamais pu aller chercher l’or aux JO. Seul l’argent avait été remporté en 2016 à Rio. Mais cet Euro 2020 est l’opportunité de se rassurer avant Tokyo l’été prochain. Si les Bleues se sont déjà qualifiées pour les Jeux de 2021, l’heure est à l’expérimentation. Olivier Krumbholz doit se servir de cet Euro pour trouver l’équipe et le plan de jeu parfait. Jongler entre joueuses d’expérience et jeunes pousses n’a jamais été une tache facile. Et pour certaines joueuses, cet Euro fait office de reconquête. Après le Mondial manqué de 2019, les places des joueuses cadres ont été remises en question. Pour Camille Ayglon 35 ans comme pour Siraba Dembélé 34 ans, l’Euro doit leur permettre de garder une place dans la tête de Krumbholz en vue des Jeux. Avec plus de 250 sélections chacune, les deux françaises sont les joueuses en activité les plus capées de l’équipe de France féminine de handball. Leur place n’est pas à prendre, non, mais Olivier Krumbholz compte sur elles pour se maintenir au niveau jusqu’à l’été.
Les ambitions des Bleues pour cet Euro au Danemark sont à la hauteur de nos espérances. Conserver le titre de championnes d’Europe et rien d’autre. La détermination d’un groupe victorieux et toujours plus soudé peut leur permettre d’accomplir de belles choses. Rendez-vous le 4 décembre à 18h15 face au Monténégro pour le premier match des Françaises dans cet Euro.