Site icon Café Crème Sport

Ski Alpin – Nicolas Raffort et Nils Allègre : « Objectif Mondiaux ».

A une semaine du début de leur saison à Val d’Isère, nous avons pu nous entretenir avec Nils Allègre (26 ans), auteur de sa meilleure saison en Coupe du Monde l’an passé, avec des 16e et 21e places aux classements du Super-G et de la descente, et Nicolas Raffort (29 ans), 27e la saison dernière au classement de la descente, et qui reste sur une belle 9e place lors de sa dernière course. La 65e édition du Critérium est marquée par le retour des épreuves de vitesse masculine dans la station Alpestre, après quatre ans d’absence, avec une descente prévue samedi, et un Super-G dimanche. Et ce, pour le plus grand plaisir de nos descendeurs, privés de compétitions depuis le mois de mars, pandémie oblige. L’occasion pour le CCS de revenir sur leurs préparations perturbées par la Covid-19, et d’évoquer leurs ambitions pour cette nouvelle saison de Coupe du Monde.

On vous avait quitté le 7 mars à Kvitfjell (Norvège), Nicolas avec une neuvième place sur la descente, et Nils qualifié pour les finales de Cortina (Italie). Comment avez-vous vécu l’arrêt de la saison ?

Nicolas : « La saison s’est arrêtée prématurément, on était un peu tous choqué ! Même si pour moi, la saison était terminée (il manquait 3 points à Nicolas pour se qualifier parmi les 25 meilleurs pour les finales), j’aurai bien continué encore un peu, mais je suis parti de là-bas avec de la confiance avec mon meilleur résultat de la saison ».  

Nils : « C’était une énorme déception, j’étais qualifié pour les finales pour la première fois de ma carrière, dans deux disciplines en plus (descente et Super-G), ce qui récompense tout le travail de la saison. Si je ramène ça à ma petite personne, c’est sûr que ça fait chier, mais quand on pense à ceux qui ont été privé de JO cet été par exemple, on se dit qu’on a eu de la chance de ne manquer qu’un week-end de course ».

Nicolas Raffort lors de la dernière descente de Coupe du Monde organisée à Val d’Isère en 2016. Crédit : Agence Zoom

Comment vous êtes-vous occupés pendant le confinement ?

Nicolas : « Le printemps est toujours la période ou l’on se repose après les dernières courses de la saison, même si là c’était un repos quelque peu forcé. J’ai vécu un confinement comme tout le monde, c’était difficile et le manque d’air s’est vraiment fait ressentir ». 

Nils : « J’ai toujours besoin de couper complètement trois semaines/un mois à la fin de la saison, j’en ai profité pour terminer ma Licence STAPS que j’avais commencé en parallèle. Je n’avais pas assez de matériel pour bien m’entraîner, donc j’ai rien fais et j’ai choisi de reprendre complètement plus tard. Quand j’ai vu 90 kg sur la balance j’ai eu peur, et je me suis dit que ce serait bien de s’y remettre (rires).

Comment se sont passés la préparation physique et l’entrainement cet été ?

Nicolas : « On a pu reprendre la prépa’ assez tôt, on a fait des gros blocs physiques, plus que les autres années… On a également beaucoup plus skié, dans des conditions exceptionnelles, avec un vrai travail sur la longueur en descente et en Super-G, c’était hyper qualitatif et on est content de notre prépa’ ».

Nils : « J’ai repris l’entraînement tous seul le 1er mai pendant deux semaines et demi, et j’ai rejoint le groupe une semaine après tout le monde. J’ai préféré attendre les retours des autres sur les conditions d’entraînements, voir comment ça se passait avec les restrictions sanitaires avant d’y retourner. Et comme l’a dit Nico, on a eu des supers conditions tout l’été que ce soit aux 2 Alpes au mois de juin, ou en Suisse ces dernières semaines, on a pu faire du bon ski !

Nils Allègre lors du Super-G de Kitzbühel en janvier dernier. Crédit : Paul Gaillardot

Crise sanitaire oblige, vous n’avez pas pu partir au Chili en septembre comme vous le faites les autres années, vous pensez que ça peut se reproduire dans le futur ?             

Nicolas : « Oui d’habitude on part toujours parce que les conditions sont tops, mais on s’est rendu qu’ici c’était pas mal aussi ! Il faudra voir entre les problèmes de budget, de neige et les restrictions sanitaires… Mais il faut aussi prendre en compte la dimension physique : enchaîner les entraînements sur une longue période sur des glaciers, comme on a pu le faire ces dernières semaines, ça génère de la fatigue, en tout cas moi je me sens plus fatigué ».                                     

Nils : On a longtemps espéré pouvoir partir mais ce n’était pas possible, dans notre malheur on a eu de la super neige, c’était la bonne année ! Pour moi, on peut se passer du stage au Chili. Par contre, le stage de trois semaines que l’on fait d’habitude à Copper Mountain (USA), (avant la tournée américaine qui a été annulé cette saison), je le trouve primordial. On a toujours des conditions de ouf, avec une piste équipée et sécurisée. C’est l’occasion de faire des bons tests de matériel et je trouve que ça manque cette saison. Je n’ai pas la même sensation de l’intensité qui monte comme les autres années, c’est un rythme totalement différent.

Nicolas nous a confié qu’il se sentait plus fatigué que les autres années, est-ce que tu as le même ressenti ? 

Nils : « L’avantage au Chili, c’est que la piste est au pied de l’hôtel ! Alors que là, tous les matins, on a 30-35 minutes de marche avec les chaussures et les différentes paires de skis sur les épaules. Ça peut paraître con, mais cette accumulation va générer des douleurs et de la fatigue ».

Est-ce que tu penses que c’est un avantage pour certains descendeurs de s’être aligné sur des géants, avant le début de la saison en vitesse ? On pense à Vincent Kriechmayr ou Matthias Mayer notamment.

Nils : « Oui je pense que c’est bien pour eux, c’est toujours positif de faire des courses et de se remettre dans le rythme avec un vrai week-end et tout ce que cela implique. On avait prévu de faire des FIS pour se remettre dans le bain mais ça n’a finalement pas été possible… »

Quelles sont les consignes à respecter pour cette saison perturbée par la crise sanitaire ? 

Nils : « On aura un test à effectuer 72h avant chaque course, si on est positif on ne pourra pas se rendre sur le site et on manquera donc la course. On doit également remplir un questionnaire tous les jours, indiquer ou on a dormi, si on a de la fièvre etc… Même si on a l’habitude avec les tests anti-dopage, ça rajoute encore quelque chose ».

Qu’est-ce que vous pensez de la piste de Val d’Isère ?

Nicolas : « J’ai déjà fait une coupe du monde et plusieurs coupes d’Europes là-bas, on va retrouver des conditions assez similaires à celles qu’on a connu ces dernières semaines. Ça va être de la neige à canon assez dure, il va surtout falloir s’habituer à la lumière qui est faible à cette période de l’année. C’est un tracé avec pas mal de vitesse, de la courbe, je pense qu’on a toutes nos chances, et on est hyper impatient ».

Nils : « Ça va être ma première Coupe du Monde là-bas, c’est une belle piste variée, il y a un peu de tout. On va voir comment sera le tracé, mais je pense que le Super-G sera magnifique. Je suis content d’y aller et j’ai hâte ».

Nicolas, tu n’as pris part qu’à seulement deux Super-G la saison dernière, c’était lors de la tournée américaine en début de saison à Lake Louise et Beaver Creek, est-ce que tu espères en faire plus, ou vraiment te concentrer sur la descente ?

« Oui j’ai vraiment de bonnes sensations en Super-G, je me sens bien ! J’espère que les coachs le verront, mais dans un groupe aussi dense que le nôtre, il faut faire sa place ». On rappelle qu’à chaque manche de coupe du monde, chaque nation a un nombre limité de place, et tous les athlètes ne peuvent pas prendre le départ. Une sélection est souvent opérée lors des entraînements et en fonction de la forme de chacun pour déterminer les partants.  

Embarquez pour un run de Super-G avec Nicolas Raffort à Cervinia. Crédit : Instagram Nicolas Raffort

Quels sont vos objectifs pour cette saison particulière marquée par les Mondiaux ?

Nicolas : « Je progresse gentiment, bien sûr que le gros objectif est d’être aux mondiaux, mais pour ça il faut être performant en Coupe du Monde. Je vais me concentrer sur ma régularité, essayer d’être le plus souvent dans les 15, dans les 10, et de me rapprocher petit à petit du podium ».

Nils : « Comme Nico, le gros objectif est les mondiaux (qui se dérouleront du 8 au 21 février prochain à Cortina d’Ampezzo en Italie), mais il n’y a que quatre places par nation dans chaque discipline. J’espère continuer de progresser comme je le fais depuis trois ans maintenant et rester sur la même dynamique. Je ne fais pas de gros coup d’éclats comme certains, mais je suis patient dans ma manière de faire ».

Après les épreuves de Val d’Isère, nos bleus enchaineront avec les classiques Italiennes sur la Saslong à Val Gardena et le Stelvio à Bormio. Ils devront ensuite affronter les monuments de janvier que ce sont la descente du Lauberhorn de Wenger, de Kitzbühel sur la terrible Streif, et de Garmisch, avant les Championnats du Monde au mois de février.

Quitter la version mobile