Biathlon Sports hiver

Anaïs Chevalier-Bouchet, un retour remarqué

On l’avait quitté sur une très belle saison 2018-2019, ponctuée de trois podiums et d’une vingtième place au classement général de la Coupe du Monde. Un an et demi et un enfant plus tard, Anaïs Chevalier-Bouchet n’a pas vraiment changé. Toujours souriante, Anaïs continue de nous impressionner avec un retour fracassant à Kontiolahti, ponctué de trois top 10 dont une superbe deuxième place lors du sprint du 3 décembre. Retour sur l’itinéraire particulier de la jeune iséroise.

Anaïs Chevalier-Bouchet a débloqué le compteur de podium de l’équipe de France pour la saison 2020-2021

Une progression très rapide grâce à sa polyvalence

Anaïs Chevalier est née le 12 février 1993 à Saint-Martin-d’Hères. Elle intègre à 17 ans l’IBU Cup, le niveau en-dessous du circuit coupe du monde, lors de la saison 2010-2011, en parallèle de très belles performances dans les catégories Jeune et Junior. Elle est notamment vice-championne du monde du sprint de ces deux catégories. Ses premiers podiums en IBU Cup, elle les partage avec ses compagnons du relais féminin et du relais mixte (dont un certain Antonin Guigonnat). Mais c’est bien lors des championnats d’Europe 2013 à Bansko qu’Anaïs se révèle. Elle obtient son premier titre individuel sur l’épreuve du même nom, une médaille de bronze sur la poursuite et un titre en relais mixte avec notamment un certain Quentin Fillon-Maillet. Ces performances lui ouvrent les portes du circuit coupe du monde pour la saison 2013-2014 à seulement 20 ans.

Anaïs Chevalier-Bouchet remporte son premier titre continental à Bansko à seulement 20 ans (Crédit : dauphinordique.com)

Anaïs mise sur sa polyvalence : si elle n’est pas spécialiste du tir ou du ski, elle ne possède pas vraiment de point faible, ce qui lui permet de s’assurer très souvent une place dans trente premières d’une course. Si l’Individuelle est la course où elle est le moins à l’aise, Anaïs va obtenir la plupart de ses bons résultats en Sprint et en Poursuite.

Un parcours semé d’embûches

Ses premières performances sont encourageantes, Anaïs signe plusieurs top 20 donc une huitième place en fin de saison 2013-2014 à Kontiolahti. En dehors du coup pour ses premiers JO à Sotchi, Anaïs brille en relais, obtenant notamment une troisième place à Hochfilzen.
La saison suivante lui offre son premier succès en coupe du monde en relais mixte avec Anaïs Bescond et les frères Fourcade. Malheureusement, une blessure au dos vient la couper dans son élan, l’écartant des pistes près d’un an et demi. Une épreuve aussi bien physique que mentale.

J’ai mis un an et demi pour me reconstruire. Cela a été compliqué, mais je suis contente d’avoir gagné la bataille. »

Anais Chevalier-Bouchet le 15 avril 2017

Cette première difficulté va finalement devenir une force pour l’Iséroise. Obligée de repasser par la case IBU Cup au début de la saison 2015-2016, elle obtient plusieurs podiums dont une victoire en sprint, ce qui lui permet de retrouver très vite le circuit coupe du monde. Si ses performances individuelles sont tout à fait honorables (top 30 de chaque épreuve des championnats du monde), c’est une nouvelle fois grâce au relais qu’Anaïs Chevalier Bouchet va progresser et emmagasiner de la confiance. Elle remporte avec le relais féminin la médaille d’argent aux championnats du monde d’Oslo.

Anaïs Chevalier-Bouchet (deuxième en partant de la droite) remporte avec les relais féminin la médaille d’argent aux championnats du monde 2016 à Oslo en Norvège (Crédit : L’Express)

La saison 2016-2017 est celle de la confirmation. Anaïs continue de performer en relais et y ajoute à présent d’incroyables performances individuelles. Elle signe son premier podium individuel en coupe du monde à Nove Mesto avec une deuxième place sur le sprint, avant de glaner son premier succès sur la poursuite du lendemain, devant Dorothea Wierer, excusez du peu. Elle continue d’engranger podiums et victoires en relais et signe sa première médaille individuelle en championnats du monde à Hochfilzen avec la troisième place du sprint. Elle finit la saison à la septième place du classement général de la Coupe du Monde, dans le top 15 de chaque spécialité, réalisant ses meilleures performances au tir à ce jour (88% de précision sur la saison). C’est la consécration après deux années de galère. On pourrait lui reprocher de ne pas avoir progressé en ski, mais sa blessure au dos le justifie pleinement.

Anaïs remporte sa première victoire individuelle lors de la poursuite de Nove Mesto en 2016

Malheureusement, quelques mois plus tard, la brutalité de la vie rattrape Anaïs, puisqu’une voiture la renverse lors d’un stage avec l’équipe de France à Antibes, lui causant une fracture de la clavicule…
La jeune Iséroise se remet de cette blessure qui va tronquer son début de saison 2017-2018, année olympique. Anaïs connaîtra tout de même le bonheur en fin de saison, avec une première médaille olympique grâce au relais féminin terminé à la troisième place, ainsi que des podiums individuels et en équipes, dont la victoire de l’équipe de France de relais à Tyumen, pour la dernière course de Marie Dorin-Habert.

Anaïs (à gauche sur la photo) remporte avec Marie Dorin-Habert, Justine Braisaz et Anaïs Bescond la médaille de bronze aux Jeux Olympiques de Pyeongchang en 2018 (Crédit : Dailymotion)

Anaïs Chevalier-Bouchet continue de progresser et signe son meilleur début de saison en carrière en 2018-2019, occupant un temps la quatrième place du général à la faveur d’une très belle régularité dans le top 10. Elle finit la saison à la vingtième place et annonce mettre en parenthèse sa carrière pour accueillir son premier enfant.
En octobre 2019, elle et son mari Martin Bouchet, entraîneur de biathlon, annoncent l’arrivée d’Emie.

Un retour au premier plan en 2020

Forcément, on pouvait émettre des doutes sur le niveau de performances d’Anaïs pour son retour à la compétition, un accouchement étant tout sauf un parcours de santé.  Pourtant, ses premières courses à Arçon pour les championnats de France donnent le ton. Vainqueur du sprint devant sa sœur Chloé et de la poursuite, elle porte son total de titres nationaux à quatorze et clame ses ambitions de victoire sur le circuit.

“Oui, le goût de la victoire me manque, c’est un des objectifs de cette année, je ne vais pas m’en cacher, je ne vais pas revenir en coupe du monde pour faire 30e ! Oui je veux regoûter à la victoire !”

Anaïs Chevalier-Bouchet le 10 juin 2020 dans Nordicmag

Anaïs retrouve également un entraîneur de tir qu’elle connait bien, en la personne de Jean-Paul Giachino, qui a remplacé Franck Badiou. Les conditions sont donc réunies pour que son retour sur le circuit soit réussi. Et cela n’a pas raté ! Après un bon premier week-end marqué par deux top 12, elle obtient une superbe deuxième place lors du second sprint de Kontiolahti grâce à un sans-faute au tir… Un podium dès sa troisième course !

A gauche, Anaïs fête son premier podium de la saison (Crédit : Sud Radio)

Sur ses trois premières courses, les statistiques d’Anaïs sont impressionnantes : seulement quatre fautes sur quarante balles tirées et surtout des temps de ski nettement en hausse par rapport aux saisons précédentes ! Elle représente la principale satisfaction dans le camp des féminines en ce début de saison. Si ses résultats individuels paraissent étonnants, son apport en relais n’est plus à prouver. Meilleure française le samedi avec un très bon temps de ski et seulement une pioche, Anaïs Chevalier-Bouchet a grandement contribué au premier podium en relais des Bleues de la saison, derrière la Suède.

Avec Anais Chevalier-Bouchet (deuxième en partant de la fauche), le relais féminin reprend ses bonnes habitudes de podium à Kontiolahti (Crédit : France TV Sport)

Qui pourrait alors lui en vouloir pour sa mauvaise performance en poursuite dimanche dernier ? Pénalisée par un mauvais tir (sept fautes en vingt balles), Anaïs a pu mesurer l’écart, notamment au niveau de l’approche psychologique des confrontations directes, qui la sépare encore de cette régularité qui caractérise les toutes-meilleures de son sport. Qu’à cela ne tienne, le vrai objectif d’Anaïs sont les JO 2020. Chaque bonne performance sur ce chemin lui permettra d’emmagasiner de la confiance.

Ralentie plusieurs fois au cours de sa carrière, Anaïs Chevalier-Bouchet a parfaitement commencé sa saison de reprise, signant d’entrée un podium et plusieurs belles performances. Sixième du classement général, en forme sur les skis et au tir, elle confirme pour l’instant son énorme potentiel entrevu de 2013 à 2019. Magnifique relayeuse, polyvalente, Anaïs pourrait bien se révéler comme une chef de file d’une jeune équipe de France féminine qui cherche le successeur de Marie Dorin-Habert. C’est tout ce qu’on souhaite à cette biathlète si attachante, dès aujourd’hui lors du Sprint d’Hochfilzen.

Si cet article vous a plu, voici quelques portraits qui pourraient également vous intéresser :
Julia Simon
Quentin Fillon-Maillet
Simon Desthieux
Emilien Jacquelin

(4 commentaires)

Laisser un commentaire

En savoir plus sur Café Crème Sport

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading