Le 25 décembre prochain, à l’heure où nos chères petites têtes blondes ouvriront leurs merveilleux cadeaux, les meilleurs jeunes talents du hockey mondial seront en piste pour le coup d’envoi de la 45ème édition du Championnat du monde junior de hockey (CMJ). Évenement indissociable des fêtes de fin d’année, le CMJ 2021 a longtemps été incertain en raison de la crise sanitaire mais tiendra son rang dans la bulle d’Edmonton au Canada. Avant l’ouverture de cette compétition très attendue, le CCS se focalise sur les cinq nations favorites pour le podium. Aujourd’hui, place à la Russie, médaille d’argent en 2020.
Fonctionnement du CMJ
Officiellement la première édition du Championnat du monde junior de hockey date de 1977. Organisé par la Fédération Internationale du Hockey sur glace chaque année, ce tournoi a pour objectif de donner un espace de visibilité et de compétition pour les meilleurs joueurs de moins de 20 ans. Avec 18 médailles d’or, le Canada domine cette compétition internationale qui représente un pilier de la culture hockey depuis les événements de Piestany en 1987, une histoire que le CCS vous a raconté récemment.
Le tournoi principal organisé à Edmonton cet année concerne 10 équipes nationales, les mieux classées au monde, évoluant dans la “Division Élite“. Il existe trois autres groupes inférieurs, portant respectivement le nom de “Divisions I, II et III”. Ces nations s’affrontent dans des tournois propres à chaque division dans des lieux différents afin de déterminer qui sera promu dans le groupe supérieur ou relegué dans la division inférieur.
Les 10 équipes de la Division Élite sont réparties en deux groupes de 5. Les quatre premiers sont qualifiés pour les quarts de finale, alors que les derniers de chaque groupe s’affrontent dans une série au meilleur des trois matchs afin de déterminer qui descendra dans la division inférieure. Voici la composition des deux groupes de la Division Élite pour le CMJ 2021 :

CMJ 2020 : une médaille d’argent amère pour les Russes
Défait 4 à 3 lors du match d’ouverture contre la République Tchèque, le pays hôte, la Russie n’a pas connu des phases de poules paisibles lors du Championnat mondial junior 2020. Pourtant au second match, les jeunes russes ont surpri leur monde en délivrant une prestation parfaite face à l’ogre canadien, une victoire 6-0 tonitruante. Bien emmenée par l’ailier repêché en 15ème position par les Panthers de Floride en 2018, Grigori Dennisenko et le défenseur très prometteur des Canadiens de Montréal, Alexandre Romanov, la Russie devient rapidement une candidate sérieuse à la médaille. Après une défaite 3-1 contre les États-Unis, les Russes terminent avec une victoire sur l’Allemagne et une 3ème place dans le groupe B.

Vainqueur facile des Suisses en quart de finale, la Russie rencontre un adversaire d’un tout autre calibre en demie : la Suède. Dans un match épique de très haut-niveau, la formation de Valeri Bragin s’impose en prolongation 5-4 sur un but d’Egor Sokolov, sélectionné en 61ème position au dernier repêchage par les Sénateurs d’Ottwa. En finale, les Russes retrouvent le Canada. Devant 3-1 au début du dernier tiers, la Russie a cédé sous la révolte canadienne amorcée par le capitaine Barrett Hayton. Le Canada inscrit alors 4 buts sans réponse, amenant le score à 4-3 en sa faveur et remporte ainsi la 18ème médaille d’or de son histoire. L’argent est amère pour les Russes, tout comme la nomination de Romanov dans l’équipe-type du tournoi. La Russie revient donc cette année avec un esprit vengeur, une effectif remanié sur comme en dehors de la glace.
🗡️ Attaque : alliance entre puissance & technique
La liste définitive des joueurs ne sera dévoilée que le dimanche 13 décembre pour la majorié des nations participantes. En nous basant sur la séléction préliminaire de l’équipe junior de Russie, nous pouvons tout de même tirer plusieurs constats. Sur les 28 noms annoncés, seuls 3 ont participé à la dernière campagne mondiale, dont deux attaquants : Maxim Groshev et Vasili Podkolzin. Une inexpérience claire qui sera le défi principal du nouvel entraîneur de la sélection, le membre du Temple de la Renommée, triple vainqueur de la Coupe Stanley, Igor Larionov. Il devra user de son leadership pour trouver des rotations intelligentes et complémentaires dans cet effectif dépourvu d’expérience.

Larionov a affiché ses ambitions dès sa nomination en indiquant en juin dernier “Nous commençons notre chasse à l’or“. Pour cette “chasse”, il peut compter sur une attaque équilibrée et renforcée par de nouveaux talents à l’image des choix de première ronde 2020, Rodion Amirov (15ème choix – Toronto) et Yegor Chinakhov (21ème choix – Columbus). Les deux joueurs ont récemment impressioné : Amirov a inscrit 3 buts en 3 matchs lors la Coupe Karjala, remportant le titre de meilleur attaquant du tournoi (compétition internationale européenne) et Chinakhov lui, a inscrit 3 points lors de cette compétition, et sort d’une saison à 15 points en 27 matchs professionnels en KHL.
Agiles et bons finisseurs, les deux attaquants seront assurément dans le top 6 de la formation russe en compagnie d’autres talents comme Mikhail Abramov, centre évoluant du côté des Tigres de Victoriaville en LHJMQ. Amirov est un excellent joueur bidirectionnel capable d’être utilisé comme point d’ancrage de l’attaque russe. Chinakhov et Abramov sont des joueurs plus habiles avec leurs bâtons et seront très complémentaires d’un des deux joueurs qui revient dans la sélection : Vasili Podkolzin. Il mesure 192 cm pour 92 kg. Une armoire russe repêchée en 10ème position par le Lightning en 2019 qui a éprouvé quelques difficultés en KHL avec seulement 6 points en 24 matchs et surtout un différentiel de -13… En revanche, il sort d’une Coupe Karjala convaincante avec 5 points en 3 matchs. A ses côtés, le second revenant, Maxim Groshev semble avoir sa place assurée, tout comme l’autre golgoth russe : Yegor Afanasyev (191cm/92kg), 45ème choix du repêchage 2019, auteur de 2 buts et 2 assistances lors de la dernière Coupe Karjala.

Derrière ce top 6 quasi certain, les places pour compléter les lignes offensives sont plus confuses. On peut penser que les deux joueurs sélectionnés en deuxième ronde cette année, Vasily Ponomaryov et Marat Khusnutdinov, seront de la partie. Notons aussi que l’amoire Ilya Safonov et le joueur de l’Université du Connectivut, Vladislav Firstov auront probablement leurs places.
Évalutation du CCS

Une note un peu au-dessus de la moyenne pour l’attaque russe qui souffre d’inexpérience par rapport aux autres équipes favorites et de leader identifié sur les premières lignes. Bien évidemment, rien d’alarmant, mais il sera nécessaire qu’un joueur comme Amirov ou Chinakov passe un cap pour faire de l’attaque russe une force pronfonde de ce mondial 2021.
🛡️ Défense : un renouveau énigmatique
La ligne bleue russe arrive avec beaucoup moins de certitudes que l’année dernière. La raison est simple, la classe d’âge 2001 manque de défenseur vedette alors que lors du dernier championnat, la défense était presque exclusivement composée de 2000. Surtout, la perte du pilier défensif de la formation, Alexandre Romanov, auteur de 14 points en 14 matchs au cours de deux derniers mondiaux juniors, est irremplaçable.

Le défenseur russe numéro 1 devrait être le choix de première ronde des Devils du New-Jersey, Shakir Mukhamadullin. Du haut de ses 18 ans, il est seul joueur né en 2002 à avoir disputé quelques rencontres avec la sélection russe. Bien que Mukhamadullin manque de force physique, il reste un défenseur affichant une redoutable combinaison physique/rapidité avec une qualité de passe élite. Il a inscrit 2 buts pour 9 points en 30 matchs de KHL cette saison.
Derrière, c’est plus compliqué. Le talent est là, mais il est très difficile de juger ces jeunes russes en raison de leur inexpérience cumulée. Le talent des Predators de Nashville, Semyon Chistyakov est considéré comme le défenseur russe le plus talentueux par le journaliste de The Athletic, Scott Wheeler. Bien qu’il ait des dimensions physiques en dessous de la moyenne habituelle (180cm/81kg), sa mobilité et son sens du jeu sont impressionants. Le reste de la défense est plus énigmatique avec des joueurs comme Roman Bychkov, Yan Kuznetsov ou encore la force naturelle du jeune Daniil Chayka, considéré comme la meilleure perspective russe 2021.
Évalutation du CCS

L’inexpérience de la défense russe est probablement le point faible de la formation. Des joueurs peuvent se révéler lors de ce tournoi, mais à l’heure actuelle, difficile de dire qui, comment et surtout quand. Si la ligne bleue russe était une grande force l’année dernière, il se peut que cette année le gardien ait plus de tir à arrêté. Heureusement, ils ont l’homme de la situation.
🧱 Gardien : Askarov, le meilleur portier du tournoi
Pour ceux et celles qui apprécient les jeunes talents du hockey mondial, ce nom vous dit certainement quelque chose : Yaroslav Askarov. Nous parlons tout simple d’une gardien de 18 ans sélectionné en 11ème position par Nashville lors du dernier repêchage, soit le gardien repêché le plus haut depuis Carey Price en 2005.

Il sera l’une des grandes vedettes de ce mondial junior. Prodige, admiré en Russie, Askarov aura la lourde tâche de porter l’équipe russe sur ses épaules, notamment avec cette défense annoncée comme défaillante. Askarov a disputé cinq matchs au tournoi de l’année dernière à 17 ans, affichant une moyenne de 2,71 buts alloués et un pourcentage d’arrêts de .877. Des chiffres médiocres bien loin de ses standards, il faut l’avouer. Mais cette saison, Askarov semble avoir franchit un nouveau pallier affichant 0,96 buts alloués et .962 au sauvetage en sept matchs pour le SKA St. Petersburg en KHL. La pression est forte sur Askarov mais avec sa taille (190cm) et sa mobilité impressionante, il est capable de tirer la Russie vers les sommets.
Derrière lui, on retrouve le choix numéro 106 du repêchage 2020, Arthur Akhtyamov. Sélectionné par les Leafs, le gardien a disputé la majorité de ses matchs en VHL (seconde ligue professionnelle russe) avec Bars Kazan. Il a affiche de bons résultats avec une moyenne de 1,58 buts alloués et un pourcentage de sauvetage de .935.
Évalutation du CCS

Avec Yaroslav Askarov dans les filets, c’est une assurance plus que nécessaire pour la Russie qui devra impérativement passer par un gros tournoi de sa vedette pour briller cette année à Edmonton. Le CMJ 2021 est l’occasion rêvée pour Askarov de prouver à tout le monde qu’il peut incarner l’avenir d’une franchise NHL.
Prédictions du CCS : Podium
Médaille de Bronze
Attaque

Défense

Gardien

Contrairement aux années précédentes, la Russie n’affiche pas l’un des effectifs les plus prometteurs du tournoi. L’attaque est bien équilibrée avec des joueurs comme Amirov à surveiller, mais il manque encore un véritable leader. On le sait, c’est le collectif qui assure la réussite des Russes donc ce constat ne devrait pas poser problème. En revanche, la défense très inexpérimentée donnera l’occasion à Askarov de briller. Avec un tel gardien, tout est permis pour la Russie dans cette compétition mais la concurrence sera rude. Les espoirs de médaille sont réels si Askarov se montre à la hauteur de son talent.