Hockey

Les Canadiens de Montréal : Kotkaniemi – Suzuki, le futur duo gagnant ?

21 août 2020, Toronto, Scotiabank Arena. Les Fyers de Philadelphie valident leur qualification pour la demi-finale de conférence en éliminant les Canadiens de Montréal 4 victoires à 2. Un sentiment d’échec, de déception envahit les esprits des partisans en premier lieu mais cela ne dure pas longtemps. L’espoir et l’excitation d’un retour dans les hautes sphères de la ligue sont de retour. Les Habs peuvent avoir de l’ambition sur le long terme, la relève semble prometteuse et a fait ses premières preuves en éliminant les Penguins de Pittsburgh de Sidney Crosby et Evgeni Malkin lors du tour préliminaire. Cet espoir renaissant repose en partie sur deux jeunes joueurs qui ont épaté par leurs performances au sein de l’attaque du Canadien cet été : Nick Suzuki et Jesperi Kotkaniemi.

NICK SUZUKI : UNE VISION DE JEU EXCEPTIONNELLE

Né le 10 août 1999, originaire de London en Ontario, Nick Suzuki est repêché en 2015 par les Owen Sound Attack en 13ème position afin d’évoluer au sein de la OHL (Ontario Hockey League). Il réalise deux saisons solides dont la deuxième se solde par un total de 96 points (45 buts et 51 aides). Cela lui permet d’être repêché en 13ème position par les Golden Knights de Las Vegas en 2017. Il continue son apprentissage au sein de la OHL toujours chez les Sound Attack puis passe ensuite par le Storm de Guelph au milieu de la saison 2018/2019 et remporte la Coupe J. Ross Robertson, remise aux champions de la OHL. Lors des séries éliminatoires, Suzuki compile 16 buts et 26 aides en seulement 24 matchs, remporte le Trophée Gretzky 99 récompensant le joueur le plus utile des séries. En 251 matchs de saison régulière il amasse la bagatelle de 328 points dont 141 buts et 187 aides.

« Il peut mettre la rondelle au fond du filet comme personne d’autre ne sait le faire. Si vous regardez les buts qu’il a marqués dans la OHL, vous remarquerez qu’il peut faire scintiller la lumière rouge à partir de n’importe quel endroit sur la patinoire.», « C’était vraiment spécial de jouer avec lui durant toutes ces années parce qu’il est capable de tout faire sur la glace. » Sean Durzi, espoir des Kings de Los Angeles et ancien coéquipier

Avec son total de 42 points lors des séries dans la OHL en 2019 il rejoint un groupe prestigieux de joueur à avoir dépasser les 40 points: Connor McDavid (49 points en 2015), Mitch Marner (44 points en 2016), Mark Scheifele (41 points en 2013) et Matthew Tkachuk (40 points en 2016). Rien que ça !

Nick Suzuki sous le maillot du Storm de Guelph – Crédits: The Athletic

Une tête bien faite, ses parents ayant privilégié ses études, il obtient de bons résultats scolaires à la London Wharf School, école sans programme pour futurs sportifs de haut-niveau, et développe son côté artistique en se mettant à la peinture. Il joue également au football (soccer) à un bon niveau jusqu’à ses 14 ans.

« Je pense que toutes ces formes d’art que j’ai étudié aident mon cerveau à réfléchir rapidement et avec précision », « Le soccer aide beaucoup. Au soccer, tu dois être en mesure de lire le jeu avant même d’avoir le ballon. Cet aspect du jeu se transpose sur la glace. Je pense que je suis en mesure de voir des lignes de passe que d’autres joueurs ne voient pas », « Tu dois t’habituer à distribuer le ballon dans des zones précises du terrain, même si tu es entouré de joueurs adverses. »

Son ancien entraîneur au Storm de Guelph George Burnett nous explique qu’il « comprend le jeu extrêmement bien. Il excelle dans les cercles de mises au jeu, il écoule des punitions en désavantage numérique et il bloque des tirs. C’est un joueur complet avec un bel avenir devant lui ». « Il est très facile à diriger. Je n’ai jamais eu à critiquer son éthique de travail ou sa préparation. Il veut être utilisé dans toutes les situations. Il est un fier compétiteur et travaille très fort »

DALLAS, TX – NOVEMBER 2: Nick Suzuki #14 of the Montreal Canadiens skates against the Dallas Stars at the American Airlines Center on November 2, 2019 in Dallas, Texas. (Photo by Glenn James/NHLI via Getty Images)

Faisant partie de la transaction qui envoie l’ancien capitaine Max Pacioretty à Las Vegas en échange de Tomas Tatar, de lui-même et d’un choix de deuxième ronde, il fait ses premiers pas en NHL lors de la saison 2019/2020 et récolte 41 points en 71 matchs (13 buts et 28 aides). Ce centre de taille moyenne (1,80m ou 5 pieds 11 pouces pour nos amis québécois) surprend par son intelligence et sa vision de jeu lors de la saison régulière à tout juste 20 ans. Ses performances lui ont permis d’être dans la discussion au trophée Calder récompensant la meilleure recrue de l’année (trophée remporté par) et est nommé dans l’équipe-étoile des recrues. Il épate encore plus en séries éliminatoires en finissant meilleur pointeur à égalité avec Jonathan Drouin (7 points – 4 buts et 3 aides) en 10 matchs et réussit à obtenir un ratio ± de 0 face aux trios de Sidney Crosby et Claude Giroux.

JESPERI KOTKANIEMI : UN ATHLETE EN QUETE DE MATURITE

Né le 6 juillet 2000 à Pori en Finlande, Jesperi Kotkaniemi, surnommé « KK » par les partisans du Canadien, commence sa carrière professionnelle dans la Liiga avec son club d’enfance de Porin Ässät à seulement 17 ans. Il compile 29 points en 57 matchs (10 buts et 19 aides) faisant de lui un des espoirs les plus convoités lors des repêchages de 2018. Il est finalement choisi par le CH en 3ème choix et confirme les espoirs placés en lui en remportant le Championnat du Monde U18 en 2018 aux côtés entre autres de Kaapo Kakko. Il finit dans les meilleurs pointeurs (9 points en 7 matchs – 3 buts et 6 aides) de la compétition et offre le but de la victoire à son coéquipier Nicklas Nordgren en finale face aux Etats-Unis de Jack Hughes (victoire 3-2).

Jesperi Kotkaniemi sous le chandail du CH – Crédits: The Athletic

KK entame sa carrière dans la NHL lors de la saison 2018/2019 et réalise une saison convaincante pour un jeune joueur de 18 ans, enregistrant 34 points en 79 matchs (11 buts et 23 aides), et devenant la meilleure recrue depuis P.K. Subban en 2010/2011. A noter une deuxième partie de saison plus délicate, le rythme de 82 matchs pesant dans l’organisme du finlandais. Il y a de grandes attentes pour sa deuxième saison mais Kotkaniemi rencontre plus de difficultés, il n’enregistre que 8 points en 36 matchs (2 buts et 6 aides) et est réassigné en LAH (Ligue Américaine de Hockey) au Rocket de Laval en février 2020 juste avant l’arrêt de la saison à cause de la pandémie du coronavirus. Cependant lors de la bulle de Toronto au mois d’août, le finlandais retrouve un niveau très intéressant et marque 4 buts en 10 matchs. Beaucoup plus présent et affirmé défensivement, il donne du fil à retordre aux trios de Evgeni Malkin ainsi que celui de Sean Couturier et réalise pas moins de 36 mises en échec. Il raconte en riant que « c’était pour le plaisir. Ça fait partie du jeu et ça me tenait bien éveillé. C’est parfois agréable de jouer plus physique. »

Avec son grand gabarit, Jesperi Kotkaniemi (1,88m ou 6 pieds 2 pouces) possède un potentiel physique où il est en capacité de peser sur les défenses tant offensivement que défensivement à l’image d’un Jack Eichel à Buffalo. Il a travaillé sérieusement pendant le confinement et s’est épaissit. Marc Bergevin a remarqué ce changement lors de son retour pour rentrer dans le groupe en vues des séries éliminatoires : «Dès le jour un du retour à l’action, il est arrivé avec un état d’esprit complètement différent. Je veux être très clair sur le point qui suit : ce n’est pas grâce à Marc Bergevin, Claude Julien ou Joël Bouchard que Kotkaniemi a autant élevé son jeu. C’est grâce à lui et seulement lui. Et je veux lui donner tout le crédit qui lui revient. C’est important. », «Il avait à être meilleur et il l’est devenu. On voit présentement le potentiel que nous avions vu en lui lorsque nous l’avons repêché. Il a un beau futur devant lui. »

« C’est une question de maturité. Il reste une excellente personne, il l’a toujours été. Mais sur la patinoire, il est plus sérieux dans son jeu. Ca fait partie de la prise de maturité de tout jeune joueur. Au début, les jeunes ont le grand sourire, tout est beau, ils sont enthousiastes d’être ici. Mais ensuite, ils réalisent que ce n’est pas un travail facile. Avec la maturité, tu comprends quand c’est le temps d’avoir du plaisir et quand il faut être sérieux. »

Claude Julien, La Presse

Jesperi Kotkaniemi est conscient de la progression qu’il doit avoir afin de devenir dominant sur la glace : « Je reste aussi un jeune joueur, je viens tout juste de célébrer mes 20 ans. Je dois m’améliorer dans plusieurs aspects. Je veux devenir un meilleur joueur. »

QUEL AVENIR POUR LE CH ?

Les Canadiens de Montréal ont gagné en pouvoir d’attraction grâce, entre autres, aux performances de ses centres que sont donc Suzuki, Kotkaniemi et le vétéran Philip Danault. Le recrutement de Tyler Toffoli en est la preuve et nous l’explique : « Le niveau d’aptitudes qu’ils ont montré en séries a été impressionnant », « Le fait que j’aurai l’occasion de jouer avec un des trois a été un facteur déterminant dans la décision que j’ai prise de choisir les Canadiens ». Toffoli s’est dit prêt à aider sur le flanc gauche, si on le lui demande.

Le CH possède son meilleur trio de centres depuis très longtemps, ce qui était sa faiblesse est devenue sa force et permet d’anticiper l’avenir avec plus de sérénité. Les adversaires ne peuvent plus concentrer leur défense sur un seul trio dorénavant et cela peut changer la donne pendant les matchs. L’annonce à venir d’une division canadienne pour la saison 2020/2021 permettra de voir les progressions de ses jeunes talents.

« Je pense qu’ils vont faire plaisir à beaucoup de partisans cette année. Ils n’auront plus les Bruins dans leur face, donc ils vont peut-être pouvoir prendre leur rythme », « Le Canadien s’est excessivement amélioré et j’ai toujours trouvé que le Canadien était une équipe difficile à affronter en raison du rythme rapide qu’il impose à un match »

Antoine Roussel pendant l’émission “On jase” sur RDS

Avec le soutien de vétérans tels que le capitaine Shea Weber, Carey Price, Jeff Petry ou Brendan Gallagher, les deux jeunes centres mais aussi le défenseur russe de 20 ans Alexandr Romanov, repêché en 2018 et fraîchement arrivé ce mois ci, et le gardien Cayden Primeau vont apprendre au fur et à mesure de la saison et développer leurs capacités ainsi que leurs ambitions. A Claude Julien de faire confiance cette saison en ses jeunes et leur donner du temps de jeu peut-être au détriment d’autres joueurs plus expérimentés.

« Marc a confiance en nous. J’aimerais aussi jouer très longtemps avec Nick. Il trouve toujours des façons de créer des jeux quand il se retrouve sur la patinoire. C’est agréable de le regarder jouer et j’aime passer du temps avec lui. »

Jesperi Kotkaniemi

Nick Suzuki et Jesperi Kotkaniemi, de par leur jeunesse et les espoirs placés en eux, sont l’avenir de la franchise. Les Canadiens de Montréal peuvent espérer les garder dans leur rang une dizaine d’années et attendre patiemment qu’ils atteignent leur plein potentiel. Ce duo de centres pourraient devenir une des plus grandes menaces de la ligue et remettre le CH comme franchise prétendante à la Coupe Stanley. La route est encore longue, les qualités sont à perfectionner, les défauts à gommer et la pression de résultat du Centre Bell sera exponentielle. Les partisans sont prévenus, l’avenir est prometteur, l’attente se fait sentir depuis 1993 et, qui sait, verra t’on un jour les deux comparses soulever la Coupe avec le chandail bleu-blanc-rouge. Go Habs Go !

Alignement potentiel pour la saison 2020/2021 (effectif connu au 19/12/20)

  • Gardiens: Price – Allen
  • Défenseurs: Chiarot – Weber (C) / Edmundson – Petry / Romanov – Kulak
  • Attaquants: Drouin – Suzuki – Anderson / Tatar – Kotkaniemi – Gallagher (A) / Toffoli – Danault – Armia / Lehkonen – Weal – Byron (A)

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