Invaincu depuis 1987 à domicile le Boxing Day, Arsenal a rarement été dans la position du plus faible au moment de ce match tant attendu. Seulement, c’est le voisin Chelsea qui se pointe à l’Emirates Stadium et un fossé s’est creusé entre les deux formations. Chelsea, fort de son mercato onéreux, va vouloir se relancer de ses deux revers de rang à l’extérieur à Wolverhampton et Everton. Tandis que pour Arsenal, la relégation n’est pas si loin, avec trois points d’avance sur Fulham 18e, et obtenir quelque chose de ce match serait un bon moyen de se relancer. La dernière fois que les deux équipes se sont jouées, les hommes d’Arteta ont remporté la FA Cup sous les yeux de leur rivaux grâce à une masterclass tactique contre Franck Lampard. Désormais, les choses ont beaucoup changé. Arteta va devoir enfin s’adapter à la situation pour tirer quoi que ce soit de ce match tandis que Lampard va pouvoir se reposer sur des individualités en confiance et un système qui marche.
Les compositions d’équipes au coup d’envoi :

Place à la jeunesse! Premières titularisations de la saison en PL pour Emile Smith-Rowe et Gabriel Martinelli. En alignant aussi Saka, Arteta fait confiance à un jeune trio pour servir Lacazette en pointe. Aubameyang, en délicatesse avec son talon, est de retour sur le banc. Au milieu, retour de Xhaka après ses trois matchs de suspension et titularisation d’Elneny plutôt que de Ceballos. Gabriel (cas contact) est hors du groupe en défense et Mari le remplace dans une défense à 4 devenue classique.

Aucune surprise dans le onze de Lampard qui s’appuie sur ses hommes forts et aligne 9 des 11 titulaires que contre West Ham il y a 6 jours. Deux entrées dans le onze : James, de retour d’un problème au genou, et Kovacic, préféré à Jorginho.
Arsenal dominant, Chelsea perdu
Masterclass. Cette première mi-temps porte la patte d’Arteta de long en large dans la manière dont Arsenal écrase Chelsea. Willian et Luiz écartés du groupe pour leurs performances déplorables, la place faite à la jeunesse donne un souffle nouveau à toute l’équipe. Saka, positionné que très rarement à droite est virevoltant et Smith-Rowe, bien qu’un peu timide, est disponible et a peu de déchets. Martinelli apporte tout ce dont Arsenal manque, c’est à dire de la profondeur, des appels, du coeur à l’ouvrage au pressing, des échanges avec le latéral et un positionnement de qualité. Les latéraux des Gunners brillent de mille feux grâce au manque de repli de Pulisic et Werner tandis que ceux de Chelsea sont étouffés par les efforts défensifs de Martinelli et Saka. Lacazette apporte cette touche de maturité et le point d’appui parfait pour que les jeunes Gunners puissent exploser autour de lui.

En face, Chelsea semble sans solution. Leur première ligne de pressing, efficace en début de match, l’est devenu de moins en moins quand les Gunners ont compris l’effacer et s’ouvrir le jeu. Au milieu, seul Mount surnage et essaie, Kanté et Kovacic sont en-deçà à cause des énormes performances de Xhaka et Elneny à la relance comme défensivement.. Et que dire de Werner, qui transforme en balle perdue tout ce qu’il touche. Abraham et Pulisic n’ont pas de ballons car les latéraux de Chelsea ne peuvent pas combiner avec eux avec le retour des attaquants d’Arsenal. Défensivement, Chelsea est incapable de contenir Saka dans un rôle libre depuis la droit et inapte pour couvrir les montées tranchantes de Tierney et Bellerin. Lampard doit changer beaucoup de choses à la m-temps car, sinon, Arteta va lui infliger une nouvelle déroute tactique.
La balade des Gunners continue
Lampard a bien effectué des changements à la mi-temps en sortant le transparent Werner et le dominé Kovacic pour Hudson-Odoi et Jorginho. Seulement, des remplacements poste pour poste n’était clairement pas suffisant pour retourner le match tant Arsenal domine dans tous les aspects. Chelsea a décidé de jouer plus haut avec des latéraux qui ont profité d’une légère fatigue chez Saka et Martinelli pour enfin se montrer dans le camp adverse. Mais le pressing étouffant des Gunners continue pour obliger que la relance soit longue et vienne soit de Mendy soit de Zouma, les plus mauvais relanceurs identifiés par Arteta. De ce fait, Chelsea a continué à perdre nombre de ballons sans même apporté le moindre danger avec.

Et c’est en contre qu’Arsenal a puni une troisième fois Chelsea avec un coup de chance une inspiration fantastique du jeune Bukayo Saka qui loge le ballon dans la lucarne de Mendy. L’écart est fait et la fin du match semble écrite avec des assauts multiples de Chelsea qui se découvre et laisse des balles de contres à Arsenal. Chelsea a finalement trouvé la faille sur un tap-in d’Abraham suite à un centre d’Hudson–Odoi après avoir à plusieurs reprises évité le 4-0. Chelsea a eu une chance de 3-2 sur penalty mais Jorginho a préféré sauter en l’air que de s’appliquer sur sa frappe facilement repoussée par Leno. 3-1. Victoire des soldats d’Arteta et Chelsea dit un peu plus adieu à son objectif de titre.
Les onzes au coup de sifflet final :

Martinelli n’a pas encore 90 minutes dans les jambes et a été remplacé par Pépé à la 70e tandis que WIllock est entré pour le joueur offensif le moins en vue des Gunners : Emile Smith-Rowe (64e).

Les changements de Lampard à la mi-temps n’ont rien changé (CHO pour Werner et Jorginho pour Kovacic). Il a fallu attendre la sortie de Kanté (74e) pour Havertz pour retrouver un peu de folie dans le jeu des Blues.
Les clés du match
Les flops du match
Werner : Combien de matchs sans peser et sans marquer va-t’il falloir avant que Werner soit appelé un flop? Le retour sur investissement n’y est pas et sa première mi-temps est symptomatique de ce qu’est Werner depuis deux mois. Aucun impact, aucune envie et chaque ballon touché disparaît en touche, en six mètres ou dans les pieds adverses. Sur les 22 ballons qu’il a touché en 45 minutes, 14 ont été rendus à l’adversaire. Il finit son match sur un pauvre 57% de passes réussies (8/14) et un seul ballon touché dans la surface avant d’être remplacé par le bien meilleur Hudson-Odoi.
Kovacic-Kanté : Éteints par le duo peu clinquant Elneny-Xhaka, les deux Blues n’ont jamais trouvé la solution offensivement et seul Mount était capable de créer quoique ce soit. Kovacic a touché un famélique 22 ballons en 45 minutes tandis que Kanté n’a remporté que 40% de ses duels pourtant majoritairement face au jeune Smith-Rowe.
James : Aucun n’impact offensif en première mi-temps et un penalty provoqué face au danger incessant que Martinelli et Tierney apportait à cause de ses largesses défensives. On aurait presque dit que James était un Gunner tant sa première mi-temps les a aidé.
Les choix forts
Arteta : Voulant insuffler du nouveau dans un groupe sans aucune confiance, il a aligné des jeunes et écartés les dinosaures brésiliens que sont Luiz et Willian. Ses choix ont payé et son plan de jeu ficelé mêlant pressing haut, efforts défensifs des ailiers et disponibilité des latéraux en surnombre face aux ailiers Blues qui ne se replient pas permet à Arsenal de repartir sur de nouvelles bases. Habitué à dominer tactiquement Lampard, Arteta l’a à nouveau fait déjouer et l’entraîneur le plus en danger n’avait finalement peut-être pas un canon sur sa veste.
Lampard : Le manque d’efforts criant de ses joueurs, qui ont pourtant eu deux fois pus de repos que les Gunners, a crée des brèches dans lesquelles les Gunners se sont engouffrées sans que Lampard n’y fasse quoi que ce soit. Un double changement poste pour poste n’y a rien changé, Chelsea est resté sur les mêmes bases qui ont fait perdre leurs trois derniers matchs à l’extérieurs et qui mettent des doutes sur leurs chances de titres à terme.
L’homme du match
Bukayo Saka : Le choix est difficile pour l’homme du match côté Gunners. Lacazette a marqué et était présent dans l’effort et dans la conservation du ballon, Martinelli a pesé sur le côté droit de Chelsea et les latéraux comme les milieux des Gunners ont été bons. Mais c’est Saka qui a le plus brillé. Auteur d’un but sublime, de sortie de balle en dribble ou en passes de qualité et de déplacement ouvrant le jeu offensif d’Arsenal, Saka a permit cette performance d’ensemble des Gunners. Du haut de ses 19 ans, il a joué avec de l’intelligence et de la maturité, comme sur la faute qu’il provoque pour le coup-franc magistral de Xhaka. Un nouveau match plein pour l’un des meilleurs teenagers au monde.

Débuté sur les chapeaux de roue avec un superbe Leicester- Man Utd, ce Boxing Day continue de la même manière avec ce surprenant Arsenal-Chelsea. Arteta bat à nouveau Lampard et a peut-être lancé une nouvelle dynamique pour les Gunners tandis que Chelsea est englué à la 5ème place et dit sans doute adieu au titre.
Source de la photo de couverture : Getty Images.