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Le VfB Stuttgart et son génial Matarazzo

Le 12 décembre dernier, Silas Wamangituka et ses coéquipiers, ont précipité la chute de Lucien Favre en infligeant un 5-1 au Borussia Dortmund. Derrière ce très beau résultat, il y a un cerveau : Pellegrino Matarazzo. Arrivé il y a presque un an – le 30 décembre 2019 -, l’Américain d’origine italienne a réussi à faire remonter le VfB Stuttgart en Bundesliga. Depuis le début de saison, lui et ses hommes déjouent les pronostics en affichant, à la trêve, une belle septième place. Mais alors qui est cet entraîneur inconnu du grand public et quelle est la recette de son succès ?

Historiquement, le VfB Stuttgart est un des plus grands clubs d’Allemagne. Cinq fois titré, dont le dernier remonte à 2007 – on se souvient tous de l’immense Cacau -, Die Roten ont également remporté la Pokal à trois reprises. Sur le plan européen, c’est un club qui a disputé deux finales (perdues), la première en C3 en 1989 et la seconde en C2 neuf ans plus tard. Seulement ce palmarès plus qu’honorable semble appartenir à une autre époque, car depuis la saison 2013-2014, Stuttgart n’a plus disputé de coupe européenne. Pire encore, la dernière participation du club à la Ligue des Champions remonte à la saison 2009-2010 – saison où les 1/8e de finale avaient été atteint.

Sami Khedira face à Lionel Messi lors du match aller des 1/8e de finale de Ligue des Champions, le 23 février 2010. (Crédits : stuttgarter-zeitung.de)

Sur le plan national, Die Schwaben sont descendus en deuxième division à deux reprises depuis 2015-2016. L’objectif est donc de se stabiliser de nouveau au sein de la Bundesliga. Objectif qui semblerait sur la bonne voie si l’on tente d’observer comment fonctionne le club depuis la saison dernière. Le 12 février 2019, Thomas Hitzlsperger – ancien joueur du club de 2005 à 2010 et directeur du centre formation jusqu’alors – est devenu le directeur général du VfB Stuttgart. Deux mois plus tard, c’est Sven Mislintat – ancien responsable du recrutement d’Arsenal et du Borussia Dortmund -, qui arrive au club. Ils n’arrivent pas à empêcher le club de descendre en mai et nomment Tim Walter au poste d’entraîneur pour espérer remonter. Le 30 décembre 2019 donc, Matarazzo prend sa place alors que l’équipe pointe à la troisième place du championnat. Le choix s’avère payant, puisque six mois plus tard, Stuttgart parvient à finir deuxième, synonyme de promotion.

Nous voulons réussir à court terme, affiner davantage notre profil footballistique et faire en sorte que la porte de l’équipe professionnelle soit toujours ouverte à nos jeunes joueurs à l’avenir. Avec Pellegrino Matarazzo comme entraîneur-chef, nous nous voyons très bien positionnés pour tous ces défis.

Thomas Hitzlsperger en décembre 2019

La nomination de Matarazzo fut réflechit et lui-même s’est inscrit parfaitement dans le projet que porte ses dirigeants. En regardant évoluer ses joueurs sur le terrain depuis le début de saison, on perçoit un club qui travaille très bien.

À Pellegrino Matarazzo, nous avons nommé un entraîneur qui correspond parfaitement à notre philosophie du football. Pellegrino a fait du bon travail ces dernières années dans la transition entre les jeunes et la première équipe et dans le développement individuel des meilleurs talents, nous pourrons donc poursuivre vigoureusement notre politique de liaison étroite entre l’académie et la première équipe du VfB.

Sven Mislintat en décembre 2019

Matarazzo, ancien adjoint de Nagelsmann à Hoffenheim

Pellegrino Matarazzo naît à Wayne dans le New Jersey le 28 novembre 1977. Milieu défensif, il joue chez les Lions de Columbia de 1995 à 2000 puis décide de s’envoler vers l’Allemagne où il réussira, au mieux, à jouer deux saisons en troisième division. De 2006 à 2010, il joue dans la réserve de Nuremberg et y termine sa carrière. Mais c’est aussi là-bas qu’il débute sa carrière d’entraîneur, puisqu’il décide de s’asseoir directement sur le banc en devenant l’adjoint. Il y reste sept ans et c’est alors qu’Hoffenheim vient le chercher pour le propulser à la tête des U17. Un poste qu’un certain Nagelsmann a occupé de juillet 2011 à décembre 2012.

Pellegrino Matarazzo lors de son passage en tant qu’adjoint à Hoffenheim. (Crédits : eurosport.de)

À peine six mois après son arrivée, sa carrière prend un nouveau tournant puisqu’il intègre, le 8 janvier 2018, le staff de Julian Nagelsmann. Pellegrino Matarazzo devient donc un des adjoint et le reste jusqu’à la fin du mandat de l’Allemand, c’est-à-dire jusqu’au 30 juin 2019. C’est alors qu’Alfred Schreuder arrive – il est depuis devenu l’adjoint de Ronald Koeman au Barça -, et Matarazzo est conservé. Le début de saison est bon jusqu’au moment où il voit son travail récompensé : les dirigeants du VfB Stuttgart viennent le chercher et l’aventure démarre. Au total, il aura assisté Julian Nagelsmann durant 59 matchs et Alfred Schreuder durant 19 rencontres.

Stuttgart version 2020-2021, une équipe très offensive

Lorsque l’on regarde un match du VfB, on se rend bien compte que Pellegrino Matarazzo a côtoyé Nagelsmann. Cette saison Stuttgart est la cinquième meilleure attaque de Bundesliga à égalité avec le Borussia Dortmund, est également l’équipe la plus dribbleuse avec 12,4 dribbles effectués par match, est la deuxième formation, ex-aequo avec le Bayern et Leipzig à tenter le plus de tirs par rencontre : 14,8. Toujours dans les statistiques, le VfB est la 3e équipe à avoir récolté le plus de cartons jaunes : 30, à égalité avec le Werder. En terme de pourcentage de duels aériens gagnés, Stuttgart se situe cinquième avec un taux de 52,3 % de réussite. La première impression qui se dégage est celle d’une équipe très agressive, capable de livrer des matchs très intenses.

Silas Wamangituka, actuel meilleur buteur du VfB depuis le début de saison avec 8 en 14 matchs toutes compétitions confondues. (Crédits : afriquesports.net)

Plus précisément, l’équipe de Matarazzo joue avec un bloc haut et tente d’apporter perpétuellement le danger dans la surface adverse. Lorsqu’un de ses joueurs est en position de frappe, il tire. C’est assez significatif, car cela se remarque très rapidement lorsque vous assistez à un match du VfB. Très bonne en transition – comme beaucoup d’équipes de Bundesliga -, l’équipe est efficace sur contre-attaque (on a pu le constater face à Dortmund). Bons dans le jeu court – 86,6 % de passes courtes réussies, 6e à ce classement -, les joueurs arrivent à se trouver dans les petits espaces aux abords de la surface et y sont toujours en très grand nombre. Enfin, sur l’aspect mental, les hommes de Pellegrino Matarazzo font preuve d’un esprit vraiment combattif, car ils ont réussi plusieurs fois à revenir au score, on pense notamment au match nul 2-2 arraché dans les derniers instants face à l’Union Berlin le 15 décembre dernier.

Autre très bon début de saison, celui d’Orel Mangala au milieu de terrain. Il est le cinquième joueur le plus utilisé par Matarazzo. (Crédits : echo24.de)

Enfin, la grande force de cette équipe est la jeunesse, l’effectif est l’un des plus jeunes de Bundesliga et Pellegrino Matarazzo est habitué à entraîner ce genre de groupe. Certains ont un gros potentiel et apportent la fougue nécessaire pour déployer leur jeu très agressif. Cette jeunesse se ressent aussi dans certaines individualités. On pense notamment au jeune Tanguy Coulibaly, le seul Français de l’effectif, qui s’est très bien acclimaté à son environnement. Le joueur formé au PSG a vite acquis la confiance de son entraîneur et cela se ressent sur le terrain. Trois autres jeunes joueurs méritent d’être mentionnés et quelque chose nous dit qu’il va falloir garder un œil attentif sur eux, il s’agit de Nicolás González, de Sasa Kalajdzic et de Borna Sosa.

La philosophie de jeu de Matarazzo se rapproche vraiment de celle de Nagelsmann, notamment sur la propension de faire jouer les jeunes. Le parallèle est d’autant plus intéressant que les deux hommes vont se retrouver le 2 janvier prochain pour la reprise du championnat, puisque le RB Leipzig va se déplacer sur la pelouse de la Mercedes-Benz Arena. La recette magique de Pellegrino Matarazzo réside sûrement dans cette belle alchimie trouvée entre les jeunes et les plus expérimentés, à l’image des méthodes de certains entraîneurs allemands actuels…

(Crédits photo de couverture : giessener-allgemeine.de)

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