Alors que la fin d’année approche tout doucement, la saison de Ligue 1 vient de s’octroyer une pause. “Bien méritée” diront certain.es. Débutée le 21 août dernier, par un morose Bordeaux-Nantes (0-0), le championnat français a pourtant réservé de belles surprises. Après 17 journées, la bataille en haut du tableau fait rage tandis que les lanternes rouges se rendent coup pour coup pour ne pas couler au classement. Mais alors, que retenir de cette première partie de saison ? Quelles sont les choses qui ont marqué ce début de championnat ?
L’OL, champion d’automne à l’arraché
Commençons par le côté sportif. Car c’est bien l’une des choses les plus importantes. Lors de la dernière journée de l’année contre Nantes, les joueurs de Rudy Garcia ont réussi à prendre la tête du championnat, juste devant Lille. Leader avec 36 points après 17 journées, les Lyonnais affichent leur meilleur total à ce stade depuis la saison 2007/2008. L’année de leur dernier sacre. Coïncidence ? Peut-être pas … Le PSG ne sera donc pas leader pour fêter les fêtes de fin d’année. Une première depuis la saison 2016/2017. Mais pas de quoi s’inquiéter pour le désormais ex-entraineur du PSG qui restait particulièrement confiant pour la suite du championnat. Après la victoire face à Strasbourg, l’entraîneur allemand déclarait au micro de Canal + “On ne doit pas perdre la tête. On a perdu des points, mais on va combattre jusqu’à la fin. Je suis confiant […]”. Pourtant, quelques heures après, on lui annonçait qu’il n’était plus l’entraîneur de club de la capitale …

Mais alors où en est Marseille ? Potentiellement leader virtuel, les joueurs de Villas-Boas ont connu un mois de décembre agité. Incapables de gagner contre Rennes, Reims puis Angers, les Marseillais sont désormais à 8 points du leader. Les deux matchs en retard leur permettraient de revenir à 1 point du PSG, encore faut-il les remporter. Surtout que derrière eux, Monaco, Lens, Montpellier et Angers poussent de plus en plus. André Villas-Boas ne s’en cache pas, les Marseillais ont raté leur fin d’année “On s’est effondré en fin d’année. Peut-être à cause de la fatigue, de la fatigue mentale. Mais on doit être plus concentrés”. À eux de reprendre le wagon du train, et démarrer cette année 2021 en beauté.
Les difficultés financières des clubs de Ligue 1
De toute évidence, c’est le gros point noir de ce début de saison. La crise du Covid-19 ajoutée à celle de Mediapro va laisser des traces … Des très grosses traces. Il y a quelques jours, Jean-Marc Mickeler, le président de la DNCG, dévoilait le déficit des clubs français au journal L’Équipe. “Structurellement déficitaire”, le championnat français s’enlise dans une crise sans précédent. À tel point que si rien n’est fait, la catastrophe ne pourrait être évitée.
” Dans leur budget initial, les clubs avaient estimé à 250 M d’euros leur pertes au terme de la saison en cours […] celles-ci seraient probablement plus proches de 800 M d’euros” – Jean-Marc Mickeler, au journal L’Equipe
Mais alors comment pallier des pertes estimées à 800 millions d’euros. Une seule solution semble convenir : une baisse drastique des salaires pour éviter de liquider la totalité des fonds des clubs. Si les salaires sont réduits d’environ 30 %, alors une sorte d’équilibre économique sera de nouveau trouvée. Une solution à court terme, qui ne réglerait pas certains problèmes de fond. Jean-Marc Mickeler en liste certains, comme celui de miser tout un budget sur les transferts. Aujourd’hui, ils génèrent entre 700 M et 1 milliard d’euros de plus valus. Malheureusement, ce revenu n’offre aucune garantie en période de crise financière. Aujourd’hui, le manque à gagner des transferts s’évalue autour de 300 M d’euros. Il est donc temps de réagir et revoir certaines bases du modèle économique. Et cela commence certainement par une prise de conscience collective.
La ligue des (jeunes) talents
Revenons à quelque chose de plus réjouissant. Depuis le début de saison, certains joueurs se sont mis en évidence, dont plusieurs jeunes. En témoigne le premier but de Pembélé avec son club formateur, le PSG, contre Strasbourg, mercredi dernier. Titulaire pour la première fois contre les Girondins de Bordeaux (2-2), le “titi” parisien a découvert le monde professionnel pour la première fois cette saison. Bien aidé par les blessures au sein de l’effectif parisien, le défenseur de 18 ans a su prendre sa chance pour s’inscrire dans le collectif de la capitale.

Au total, ce sont pas moins de 26 joueurs, nés en 2002 ou après, qui ont évolué en Ligue 1 Uber Eats 2020/2021. Ce sont 7 de plus que n’importe quel autre grand championnat (la Bundesliga en compte 19, la Serie A se retrouve juste derrière avec 14 joueurs). Edouardo Camavinga est le joueur ayant profité le plus de minutes avec 925 minutes joués, devant le Parisien Adil Aouchiche (838 minutes). Le jeune joueur du PSG est lui plus impliqué avec 2 buts marqués et 2 passes décisives délivrées. Au niveau européen, seuls Florian Witz et Giovanni Reyna font mieux. Costaud !
L’épuisement physique des joueurs
Qui dit trêve, dit quelques jours de repos. Et ce n’est pas de refus ! Notamment dans un championnat où l’intensité est élevée et où les duels sont importants. Dès le lancement de la saison, certains s’étaient indignés d’une reprise aussi précoce. La Ligue 1 était alors le seul championnat à reprendre aussitôt, dès le 22 août. Le PSG et l’OL avaient eux du reprendre un peu plus tard, puisque le Final 8 venait tout juste de se terminer. Conséquence, les clubs ont du quasiment faire une croix sur une préparation physique avant le début du championnat. Des solutions avaient alors été trouvées pour préserver l’intégrité physique des joueurs comme la possibilité d’effectuer 5 changements.
“C’est l’aberration d’un calendrier incroyable” – Christophe Galtier
Le désormais ex-entraîneur du PSG, Thomas Tuchel, avait été l’un des premiers à protester. “On doit dire qu’on tue les joueurs” avait-il déclaré au cours du mois de septembre. Avec 22 matchs disputés depuis le début de la saison, le PSG est l’une des équipes qui a le plus joué. Environ deux matchs par semaine. En soutien à Tuchel, d’autres entraîneurs avaient décidé de prendre la parole. Christophe Galtier regrettait le rythme infernal imposé aux joueurs en cette première partie de saison “c’est l’aberration d’un calendrier incroyable. Ceux qui ont fait ce calendrier international ont perdu tout repère de ce qu’est le football de haut niveau”. L’urgence d’une situation économique critique a pris le pas sur la protection des joueurs eux-mêmes. Ainsi, les blessures se sont accumulées dans pratiquement l’ensemble des clubs. Cette augmentation a aussi été constatée dans d’autres championnats. En Premier League par exemple, le nombre de blessures chez les joueurs a augmenté de 15 % par rapport à l’an passé. Malheureusement, ces faits resteront sans doute au stade du constat, puisque rien ne semble aller vers d’éventuelles modifications.
A quelques jours de la fin d’année 2020, la Ligue 1 Uber Eats se projette déjà sur 2021. Alors que la crise économique liée au covid-19 ou encore aux droits TV se fait de plus en plus pressante, de nombreuses réponses sont attendues. Au niveau du jeu, on ne peut que souhaiter une bataille dense en haut du tableau pour 2021.