Le 18 décembre dernier à Ramsau am Dachstein, en Autriche, s’est déroulée la première Coupe du Monde de combiné nordique féminin de l’histoire ! C’est le seul sport d’hiver qui restait exclusivement réservé aux hommes au niveau international. La création de cette Coupe du Monde féminine, 37 ans après les hommes, marque donc une belle évolution, tant d’un point de vue égalitaire, que sportif.
Le combiné nordique apparait comme véritable discipline à fin du XIXe siècle en Norvège. Déjà à l’époque, le vainqueur est celui qui se montre le meilleur sur le cumulé des deux épreuves : le ski de fond, et le saut à ski (dans cet ordre avant une inversion du programme en 1952). Dès la première édition des Jeux Olympiques d’hiver, qui ont lieu à Chamonix, le combiné nordique est présent, et se conclu (déjà) par un quadruplé norvégien !
Une reconnaissance tardive
Depuis la saison 2018, les femmes peuvent s’affronter sur un circuit officiel, la Continental Cup (l’équivalent de l’IBU Cup en biathlon, ou de la Coupe d’Europe en ski alpin). Ce fut le premier grand pas, d’une reconnaissance internationale lente et progressive. La même année, elles sont également invitées à participer au traditionnel Grand Prix d’été, également jusque-là, réservé exclusivement aux hommes. Mais en cette saison 2020/2021, le combiné nordique féminin se voit franchir un nouveau cap, avec la création d’une Coupe de Monde, et son intégration aux Championnats du Monde, qui se tiendront à Oberstdorf (Allemagne) du 22 février eu 7 mars.
Tara Geraghty-Moats : « un sentiment incroyable »
Grande favorite pour cette première, l’américaine de 27 ans, Tara Geraghty-Moats, a parfaitement assumé son statut. 4e après le saut, la multiple vainqueur, et double tenante du titre de la Continental Cup, a parfaitement géré sur les skis pour rattraper son retard, et devenir la première femme à remporter une épreuve de Coupe du Monde de combiné nordique. Au terme des cinq kilomètres, elle devance la norvégienne Westvold Hansen, et la japonaise Nakamura.

Après sa victoire, l’américaine nous a fait part de son émotion et de sa fierté, « j’ai dû surmonter beaucoup d’épreuves pour être au départ de cette compétition, alors gagner était un vrai rêve, je suis tellement heureuse ! La FIS a donné l’opportunité aux femmes de courir au plus haut niveau, et c’est juste incroyable d’être la première femme de l’histoire à gagner une Coupe du Monde de combiné nordique. C’est un sentiment incroyable de réaliser quelque chose qui n’avait jamais été fait auparavant ».
L’olympisme comme aboutissement
La suite de la saison s’annonce délicate après les annonces d’annulation des épreuves de Lillehammer (Norvège) et Otepää (Estonie). Pour garder le rythme avant les Championnats du Monde, les femmes pourront s’aligner sur les courses de Continental Cup (si les conditions le permettent). Cette année de lancement, même contrariée par la crise sanitaire, va servir de base pour les prochaines saisons, avec pour objectif, l’intégration au programme olympique. Une demande de la FIS avait été faite pour voir le combiné nordique féminin dès Pékin en 2022, mais le Comité International Olympique (CIO) a refusé, laissant cette discipline comme la dernière non mixte présente aux Jeux d’hiver, pour encore une édition. D’après la Fédération Internationale de ski (FIS), il y a un bon espoir de voir arriver le combiné féminin aux JO de Milan en 2026, plus d’un siècle après les hommes…
Léna Brocard, 20 ans et seule française engagée, s’est classée 22e de cette première manche de Coupe du Monde en Autriche. Vous aurez l’occasion de la découvrir à travers un entretient que nous avons réalisé, et qui sera disponible dimanche prochain.