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Pourquoi les Bad Boys n’auraient pas gagné de titres sans Bill Laimbeer

Joueur central de l'équipe la plus détestée de l'Histoire, Bill Laimbeer n'en est pas moins un joueur légendaire et attachant.

S’il y avait un classement des équipes les plus détestés de l’histoire de la Grande Ligue, les Bad Boys de Detroit auraient de solides arguments pour revendiquer la première place. A la fin des années 80, cette équipe pratiquait un jeu rapide et efficace en attaque caractérisé par son back-court de poche. En défense les Pistons du coach Hall of Famer Chuck Dally pratiquait un jeu rude et viril caractérisé par une pléthore de joueur musculeux facilement assimilables à des « bouchers ».

Au milieu de cet alliage redoutable, un joueur servait de lien. Aussi bien à l’aise en attaque, avec un shoot à 3 points et un touché bien supérieur aux autres pivots, qu’en défense ou le « Prince of Darkness » ( le prince des ténèbres) était un défenseur très craint et respecté malgré sa piètre mobilité. Il compensait ce désavantage par ses 2m11, une intelligence et une science du jeu très développée et surtout par des gestes extrêmement virils voire même violents. Cette attitude détestable était fondamentale dans la réussite de l’équipe de Chuck Daily, tellement qu’il est possible de dire que les Bad Boys n’auraient jamais été champion en 1989 et en 1990 sans leur grand pivot.

Dans les années 80, pour espérer avoir une chance pour le titre il fallait au minimum un pivot dominant dans son effectif. La ligne à trois points n’ayant fait son apparition qu’en 1979, le shoot longue distance n’est pas encore rentré dans les mœurs tactiques et le jeu passe donc par la raquette. Offensivement, Bill Laimbeer n’était pas de la trempe des Kareem-Abdul Jabbar, Moses Malone, Patrick Ewing ou des Twin Towers de Houston mais il était indispensable au jeu offensif des Pistons. En effet Laimbeer avait une qualité rare pour un pivot de l’époque, il était capable de shooter à trois points avec efficacité. Avec une moyenne de 37,6% de réussite derrière l’arc lors de la saison 1991-1992, le grand Bill permettait de créer des espaces dans la raquette adverse, fondamentaux pour ses coéquipiers Isiah Thomas, Joe Dumars ou Vinnie Johnson. « His Heinous » (son audieuseté) était aussi un excellent rebondeur offensif avec des pointes à plus de 4 par match en 1984 ce qui permettait aux Pistons d’être l’une des équipes les plus dangereuses sur les deuxièmes chances et surtout, de limiter le nombre d’attaques en transition de leurs adversaires. En attaque, Bill Laimbeer était un joueur complet, utile et indispensable à l’équipe car il permettait à l’attaque des Pistons d’être létale avec une simplicité et une efficacité rare qui ont fortement contribué au succès de l’équipe de coach Daily.

Un joueur indispensable des deux côtés du terrain surtout à cette époque

« The street thug » (le voyou de la rue) était encore plus indispensable de l’autre côté du terrain, défensivement il était le plus indispensable de son équipe en étant un très bon rebondeur et excellent contreur malgré une détente et une mobilité plus que réduite. Cependant, le pivot originaire de Chicago compensait avec une envie et une combativité folle ainsi qu’une science du jeu rare pour un pivot. Mais la grande force de Bill Laimbeer en défense était la peur qu’il suscitait chez ses adversaires à cause d’une attitude défensive rugueuse et violente. Comme lors du 19 avril 1990 ou après une altercation avec Rick Mahorn, il en vint aux mains avec Charles Barkley.

Une des nombreuses bagarre de l’époque provoquée par Bill Laimbeer qui n’écopa que d’un seul match de suspension comme Barkley, une autre époque vraiment.

Cette attitude couplée à une pratique du flopping poussée au rang d’art comme lors de ses nombreuses confrontations avec les Chicago Bulls de Bill Cartwright qu’il fit exclure plus d’une fois. La rivalité qu’entretenait « the ax meurderer » (le meurtrier à la hache) et les Pistons avec les Bulls est surement l’une des plus grandes de l’histoire de la Ligue. Une chose est sûre, elle est l’une des plus violente. Avec leur « Jordan Rules » orchestré par le grand Bill, les Pistons ont réussi à battre par trois fois de suite les Bulls de Michael Jordan en playoff. Cette attitude et cette rivalité avec le joueur et l’équipe les plus populaires de la ligue ont fait de Bill Laimbeer le joueur le plus détesté de la NBA à son époque. Il était tellement haï par la communauté NBA que Bill ne sera jamais intronisé au Hall of Fame malgré des statistiques et un palmarès lui permettant, en temps normal, de rentrer aisément au panthéon du basket nord-américain. « His Heinous » fut plus qu’un joueur important d’une grande équipe, il en était le symbole, l’âme et surtout il fut indispensable dans la conquête des deux titres successifs de la franchise de Motor City.

Bill Laimbeer mettant en œuvre les « Jordan Rules » (crédit: gettyimages)

L’incarnation de ces Pistons et de la ville de Detroit

Quand le 65ème choix de la draft de 1979 débarque à Detroit lors de la saison 1981- 1982, il est un role-player besogneux avec des statistiques des plus banales. Cependant son arrivée dans la Michigan le fait changer de dimension et il devient All-Star dès la saison suivante. L’histoire d’amour entre Bill et tout Detroit est lancée pour le meilleur. Lui, le fils de bonne famille de la riche banlieue chicagoane a rendu fier Detroit la déshéritée en s’opposant aux équipes des arrogantes villes des côtes qui ont longtemps méprisé la cité industrielle désormais ruinée. « The ax murderer » n’était pas que la brute épaisse permettant de faire expulser la star adverse. Il fut l’âme de cette équipe portée par toute une ville. C’est à son arrivée que le génial coach Chuck Daily eu l’idée de faire de son équipe un groupe rugueux, fourbe et létal en ajoutant année après année à un effectif déjà composé d’Isiah Thomas et Joe Dumars des joueurs comme les ailiers Dennis Rodman et Adrian Dantley ou le meneur Vinnie Johnson. Bille Laimbeer aimait ce statut d’homme détesté de tous, il était celui qui prenait la foudre pour toute son équipe quand les critiques pleuvaient. Par son attitude et sa stature il permit à un groupe composé de très forts caractères de rester solide et concentré sur l’objectif commun qu’était la conquête du titre. Malgré des joueurs meilleurs techniquement que Laimbeer, il restait le leader du vestiaire incontesté avec Isiah Thomas et le symbole d’une ville de Detroit fière et valeureuse. Contrairement aux autres mâles alpha de la ligue, le grand pivot n’était pas le leader technique d’une équipe mais le leader moral d’une ville tout entière poussant comme un seul homme derrière l’équipe qui lui redonnait un honneur perdu à cause des faillites industrielles et des nombreuses humiliations nationales causé par les politiques issus des grandes villes côtières.

Bill Laimbeer, le soir de son premier titre avec les Pistons le 13 juin 1989 ( crédit: espn)

Sans Bill Laimbeer, les Detroit Pistons n’auraient pas gagné les titres de 1989 et de 1990 et ils n’auraient, d’ailleurs, gagné aucun titre à cette époque. Bill Laimbeer était crucial sur le terrain car il était l’élément principal de la si bonne et légendaire défense des Bad Boys. Un bad boy, Bill Laimbeer en était un sur le terrain, toujours à bon escient et pour le bien de l’équipe. La réussite collective, était la principale motivation du leader Laimbeer qui permit par ses performances et son attitude que les petits Bad Boys au grand cœur ramènent un back to back dans le Michigan au milieu de la décennie la plus iconique de l’histoire. Cette consécration aurait été impossible si Laimbeer avait été remplacé par un joueur de même calibre statistique, car Bill Laimbeer avait quelque chose en plus, et ce quelque chose était obligatoire dans la réussite des Bad Boys.

La détestation qu’éprouvent certains pour Bill Laimbeer est complètement compréhensible. Cependant, il est impossible de ne pas reconnaître ses qualités de basketteur. Lorsque l’on connaît son dévouement à Detroit, son palmarès et ses qualités de leader il semble inadmissible de penser que les Pistons auraient gagné sans lui. Il est encore plus injuste et injustifié que Bill Laimbeer ne soit pas déjà parmi ceux de son espèce, les Hall of Famers.

Et pour vous est-ce légitime que le Chicagoan ne soit pas déjà au Hall of Fame ?

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