À Bordeaux, la recrue néo-zélandaise commence à prendre ses marques dans une équipe à son image : puissante et joueuse.
Au fil des semaines, Ben Lam s’affûte, et ça se voit. La recrue phare du mercato bordelais se montre décisive ces derniers temps avec une UBB pourtant en légère difficulté en championnat. Contre Toulon ce week-end, le puissant allier (1m94, 114kg) a usé de son talent pour débloquer la situation par deux fois et permettre à son équipe de l’emporter (31-18). Lam et l’UBB sont désormais 8èmes du championnat, à l’issue de la phase aller, avec un match en retard à jouer contre Clermont à Chaban-Delmas.
Une arrivée sur la pointe des pieds
Ben Lam décisif, « ce n’est pas trop tôt » ne s’empêchent pas de dire certains observateurs. L’UBB avait pourtant misé gros sur le Néo-Zélandais, venu pour pallier le départ de Semi Radradra, un des meilleurs joueurs du monde actuellement, parti à Bristol. Une lourde tâche pour Lam, qui n’avait jamais joué en Europe et qui doit encore s’adapter à son nouveau mode de vie. L’ancien des Hurricanes découvre le continent, cela se sent. En plus de ça, il est sûrement arrivé en France à court de forme en début de saison.
Manque de vitesse, d’automatismes, pénalisé à de nombreuses reprises, et surtout peu en vue, le natif d’Auckland n’a pas séduit les observateurs et les supporters de l’Union. Des fans à qui on avait vendu un joueur exceptionnel, capable de faire gagner un match à lui tout seul. Mais Lam est resté en début de saison un joueur lambda, loin du niveau qu’il affichait en Super Rugby les années d’avant. L’intéressé est lui conscient qu’il n’était pas à son niveau, et qu’il lui fallait du temps :
« Ca m’a pris un peu de temps pour être à l’aise. C’est toujours dur de s’adapter à un nouveau style de jeu, un nouvel entraîneur et de nouveaux joueurs. Pendant un moment, j’étais perdu pendant certaines périodes au milieu du match, où les gars étaient sous pression et commençaient à parler en français et je perdais quelques éléments dans la traduction. »
Ben Lam sur son début de saison compliqué
Un essai et tout est relancé
Malgré ça, Christophe Urios a continué de faire confiance à son ailier, en le titularisant quasi-systématiquement en Top14. Lam a, en plus, profité de l’absence de Santiago Cordero, parti au Rugby Championship avec les Pumas, pour garder sa place sur l’aile gauche. Mis dans de bonnes dispositions par ses coéquipiers, le neveu de Pat Lam prend en confiance au fur et à mesure des sorties. Un élément va ensuite le libérer, son premier essai avec l’UBB, à Jean-Bouin contre le Stade Français. Malgré la défaite (26-16), Ben Lam prend un grand bol d’air et se rassure quant à son niveau de jeu.
Dès lors, tout va mieux pour le colosse. Une semaine après, Bordeaux se déplace à Montpellier avec la ferme intention de faire oublier la défaite parisienne. Menés de 6 points à trois minutes de la fin du match, les Bordelais héritent d’un ballon de relance sur les 40m montpelliérains. Romain Buros sent le coup et écarte sur son ailier néo-zélandais, qui a encore tout à faire. Lam fait alors la différence en solitaire, à la manière d’un autre ailier néo-zélandais, de la fin des années 90. En alliant ses atouts, la vitesse et la puissance, il mystifie Arthur Vincent avec un cadrage débordement avant de franchir la ligne en puissance, résistant au plaquage de Vincent Martin. Ce succès important à l’extérieur, c’est donc lui qui l’offre au club.
Avec cet essai, Lam montre ce dont il est capable offensivement et offre à l’UBB ce pourquoi il a été recruté : une victoire et un exploit personnel.
Sur sa lancée
« On est content parce qu’on l’a quand même fait venir pour ça. Je ne suis pas sûr qu’il y en ait beaucoup qui puissent marquer cet essai. Il est dangereux », déclarait Christophe Urios après le match contre les Cistes. L’entraîneur de l’Union a dû être d’autant plus ravi que la progression de son joueur ne s’est pas arrêtée là. Avec Cordero, ils forment une paire d’ailiers qui se complète. L’un apportant ses crochets dévastateurs, et l’autre sa puissance. Le tout avec de la vitesse bien sûr. En confiance, Lam enchaîne et se signale beaucoup plus sur le terrain. Il créé maintenant des différences à tous les matchs ou presque et amène le danger dans les défenses adverses. Bien sûr, tout n’est pas parfait, notamment concernant son indiscipline et sa défense.
Mais comme le dit Urios, Lam est surtout là pour ce qu’il peut apporter offensivement. Et après un bon match contre les Dragons en Coupe d’Europe, ponctué d’un essai et de plusieurs franchissements, le Néo-Zélandais a encore montré son talent contre Toulon le week-end dernier, en guidant ses coéquipiers vers la victoire. Il offre d’abord le premier essai du match à Cameron Woki, après avoir éliminé trois Toulonnais, puis récidive 50 minutes plus tard avec une autre action de grande classe. Lam enchaîne cadrage débordement et passe au cordeau, le tout en cassant 3 plaquages, pour servir idéalement Buros qui file inscrire l’essai de la victoire bordelaise.
Les Bordelais croient maintenant dur comme fer en leur ailier, qui est engagé jusqu’en 2023 avec le club. Ses récentes performances sont peut-être les prémisses d’un début d’histoire d’amour avec l’UBB, toujours en quête des phases finales après la déception de l’année passée. Et si Ben Lam devenait le facteur X de cette équipe, qui possède déjà beaucoup de talent.
De décevant à décisif il n’y a qu’un pas, Ben Lam vient de le prouver. La nouvelle attraction de ce Top14 est de plus en plus à l’aise dans le jeu. S’il continue de se montrer décisif sur le terrain et de faire gagner des matchs, peut-être pourra t’il remplacer Semi Radradra dans le cœur des supporters bordelais. Nous n’en sommes pas encore là, mais l’avenir est plein de promesses pour le Néo-Zélandais. Déjà titularisé 13 fois sous le maillot bordelo-bèglais, il doit continuer d’aider le presque champion de l’année dernière à s’en sortir et à accéder à ses premières phases finales depuis sa remontée.