Au sein d’une division très relevée, les Bruins et les Flyers ressortent comme les deux formations les plus équipées pour réaliser une saison performante. Entre un premier exercice réussi à Philadelphie sous la direction d’Alain Vigneault et une équipe de Boston encore et toujours dans les favorites pour atteindre la finale de la Coupe Stanley, les duels vont être d’un niveau très intéressant. Opposés à Washington, Pittsburgh ou les deux formations de New York, Bruins et Flyers auront de gros clients à affronter pour parvenir à leurs fins.
QUI A BOUGÉ ?
Les Bruins, entraînés depuis cinq saisons maintenant par Bruce Cassidy, ont réalisé un exercice 2019/2020 de bonne facture, mais, dans une Nouvelle-Angleterre des Celtics, Red Sox ou Patriots, une franchise qui n’arrive pas en finale n’est pas une saison réussie. Les Bruins n’échappent pas à la règle. La franchise du Massachussetts termine avec un total de 100 points en régulière (en 70 matchs, rappelons le) et un bilan de 44 victoires, 14 défaites et 12 en prolongations. La première place dans la Division Atlantique est validée ainsi que dans l’Association de l’Est, du solide. Les Carolina Hurricanes sont éliminés 4-1 au premier tour (Boston était exempté de tour préliminaire). La demi-finale de conférence s’est jouée face au Lightning de Tampa Bay (futur champion) et s’est arrêtée sur une défaite quatre victoires à une.
Boston a vu deux éléments importants de sa défense partir d’un côté vers les Blues de St. Louis pour Torey Krug et de l’autre vers les Capitals de Washington pour Zdeno Chara. Krug a profité de son statut de joueur autonome pour signer chez les champions 2019 et le géant slovaque de 43 ans n’a pas trouvé de terrain d’entente avec sa direction pour continuer son aventure chez les noirs et or.
Craig Smith arrive des Predators de Nashville pour trois ans et 9,3 millions de $ tandis que Joakim Nordström est parti chez les Flames de Calgary et Maxime Lagacé chez les Penguins de Pittsburgh. Matt Grzelcyk a resigné pour quatre ans ainsi que Jake DeBrusk, Jakub Zboril, Karson Kuhlman pour deux ans et Kevan Miller un an.
Les Flyers ont bouclé la saison régulière à la seconde place de la Division Métropolitaine et à la quatrième place de l’Association de l’Est avec un total de 89 points avec 41 victoires, 21 défaites et 7 en prolongations. Ils remportent le « Round Robin Tournament », réservés aux quatres premiers de l’Est, face aux équipes du Lightning, des Capitals et des Bruins. Grâce à ces trois victoires contre ces derniers, ils rencontrent le Canadien de Montréal au premier tour et l’emportent quatre victoires à deux puis sont éliminés à la surprise générale par les Islanders de New York au septième match.

Au niveau des départs Philadelphie a vu Derek Grant partir aux Ducks d’Anaheim, Nate Thompson aux Jets de Winnipeg, Tyler Pitlick aux Coyotes de l’Arizona. On note dans le sens inverse les arrivées du défenseur Erik Gustafsson en provenance des Flames de Calgary et de Derrick Pouliot des Blues de St. Louis. Philippe Myers a quant à lui resigné pour trois ans. Chris Stewart a pris sa retraite ainsi que le défenseur Matt Niskanen. Ce dernier a surprit son monde explique son dorénavant ex-coéquipier Travis Sanheim au Philadelphia Inquirer : «Nisky était une grosse partie de notre équipe la saison dernière. Quelqu’un sur lequel nous pouvions nous appuyer. Évidemment, c’est dommage qu’il ne revienne pas. C’était sa décision. Je ne lui souhaite que le meilleur pendant sa retraite. C’était une perte immense pour nous.»
FORCES ET CARENCES
Finaliste du Trophée Vézina, Tuuka Rask (33 ans) a encore une fois réalisé une excellente saison : 26 victoires, 8 défaites et 6 en prolongations, le tout avec un ratio de 2,12 buts alloués (le meilleur) à 92,9 %. On se souvient de son départ de la bulle qui a fait jaser mais, rappelons le, il l’avait fait pour rejoindre sa fille qui éprouvait des soucis de santé. Une absence totalement compréhensible malgré certains donneurs de leçons… Rask a toujours le soutien de son entraîneur et de sa direction et commencera au poste de titulaire. Le numéro deux sera toujours Jaroslav Halak (35 ans) qui avait pris le relai lors des séries. Lui aussi a réalisé une saison de qualité en tant que remplaçant : 18 victoires, 6 défaites et 6 en prolongations avec un ratio de 2,39 buts alloués à 91,9 %. A noter que les deux joueurs entreront dans le statut de joueur autonome à la fin de la saison.

Devant le filet à Philadelphie, Carter Hart, a tout juste 22 ans, a éclaboussé de son talent lors de sa première saison pleine. Il a terminé avec un ratio de 2,42 buts alloués à 91,4 % pour 24 victoires en 43 rencontres (40 titulaire). Il réussit même à augmenter ses chiffres lors des séries éliminatoires : 2,23 buts concédés à 92,6 % ! Ses performances lui permettent d’asseoir sa position de gardien titulaire pour l’exercice à venir. Il sera toujours secondé par Brian Elliott, de 13 ans son aîné, qui a effectué des séries éliminatoires sérieuses (2,15 buts alloués à 91,1% en 3 matchs).

Au niveau de la ligne bleue des Bruins la politique est claire, on fait confiance aux jeunes ! Exit donc Torey Krug et Zdeno Chara, le leader des lignes défensives sera à partir de cette saison Charlie McAvoy. Ce dernier a réalisé un total de 32 points (5 buts et 27 aides) mais a également bloqué 131 tirs et réalisé 131 mises en échec, un rendement plus que mature pour un joueur de 23 ans. Il est celui qui a eu le plus de temps sur la glace sur les deux dernières saisons (22’10’’ puis 23’10’’). Matt Grzelcyk (26 ans) resigné quatre ans aura sa place dans les deux premier duos ainsi que Brandon Carlo (24 ans) qui pourra apporter toujours de la dureté, 126 mises en échec en 67 rencontres. Afin de compléter les lignes, Cassidy aura le choix entre Jérémy Lauzon (23 ans), Connor Clifton (25 ans), Kevan Miller (33 ans), John Moore (30 ans), Jakub Zboril (23 ans) ou Urho Vaakanainen (22 ans). En étant la meilleure défense de la ligue avec seulement 2,39 buts concédés, la défense de la saison dernière a placé la barre haute, à celle de cette année de répondre présente.

Philadelphie possède trois lignes défensives solides qui ont permis de finir 7ème défense à 2,77 buts pris, néanmoins des doutes subsistent sur les performances depuis deux saisons de Shayne Gostisbehere. De 2017/2018 à 2019/2020 son nombre de points a chuté de 65 à 12, il a également subi une opération sur chaque genou en 2020, ceci explique peut-être cela. Les Flyers, dont le DG Chuck Fletcher, espèrent un regain de forme, surtout après avoir appris la retraite de Matt Niskanen. Ivan Provorov a bloqué 111 tirs ce qui fait de lui le leader dans cette catégorie chez les Flyers alors que Robert Hagg a réalisé 136 mises en échec et Justin Braun a effectué un exercice complet avec 84 tirs bloqués et 91 mises en échec. Erik Gustafsson tentera quant à lui de faire aussi bien que Niskanen (84 tirs bloqués et 124 mises en échec) qui, on le comprend, est une perte conséquente pour la ligne bleue pennsylvanienne.

L’attaque de Boston a été performante la saison dernière avec 3,24 buts marqués et une 9ème place dans la ligue. Les trois leaders offensifs ont été David Pastrnak avec 95 points (48 buts et 47 aides), Brad Marchand avec 87 points (28 buts et 59 aides) et Patrice Bergeron avec 56 points (31 buts et 25 aides). Problème pour la franchise du Massachussets, Pastrnak (23 ans – hanche) et Marchand (31 ans – hernie) ont chacun subi une intervention chirurgicale au mois de septembre et on ne verra pas le premier avant le mois de mars et le second avant le mois de février. Pour pallier à ces absences Bergeron (35 ans) devrait commencer sur le premier trio en compagnie de Jake DeBrusk (24 ans) et Ondrej Kase (25 ans) ou Craig Smith (31 ans). Le jeu de puissance des Bruins a été un des meilleurs, seul les Oilers ont fait mieux. Avec une réussite de 25,2 %, les situations en Avantage Numérique ont été un atout indéniable dont le tchèque Pastrnak qui a inscrit 20 de ses 48 buts sur ces actions de jeu. A noter que l’absence de Torey Krug dans ces situations sera à combler car le défenseur possède des aptitudes uniques sur la deuxième vague.

Les lignes offensives des Flyers ont été productives la saison dernière, l’attaque s’est classée 7ème de la ligue avec 3,29 buts marqués par match. Les leaders ont été Travis Konecny avec 61 points (24 buts et 37 aides), Sean Couturier avec 59 points (22 buts et 37 aides), Jakub Voracek avec 56 points (12 buts et 44 aides) et Claude Giroux avec 53 points (21 buts et 32 aides). Grâce à un jeu basé sur une solide défense, laissant le puck aux adversaires et imposant un faux rythme tout au long des matchs, les lignes offensives ont moins l’occasion de se montrer que d’autres équipes qui basent leurs jeux sur la vitesse. Ce système a trouvé ses failles face à une vaillante équipe des Islanders. Les situations en Avantage Numérique ont un taux de 20,8 % ce qui est respectable et les a classé 14ème de la ligue. A noter dans les bonnes nouvelles un retour au jeu du jeune centre de 22 ans Nolan Patrick, victime de migraines chroniques pendant toute la saison passée.

LES BLESSURES VONT-ELLES FAIRE LA DIFFERENCE ?
GARDIENS : Avantage BRUINS
Le duo Rask-Halak est tout bonnement le meilleur tandem devant le filet de toute la ligue. Difficile de faire mieux en terme de statistiques combinées. De plus les deux joueurs passeront en statut de joueur autonome à la fin de la saison. A respectivement 33 et 35 ans, le finlandais et le slovaque n’ont plus beaucoup de temps pour remporter la Coupe Stanley (Rask l’a déjà soulevé en 2011). Du côté de Philadelphie, Carter Hart, dont son style est inspiré de son idole Carey Price, confirme sa saison passée, les Flyers peuvent voir venir à l’image du dernier exercice. Si le jeune gardien de 22 ans connaît une saison difficile ou sur courant alternatif, il n’est pas certain que Brian Elliott puisse tenir un niveau aussi élevé que son comparse.

DEFENSE : Avantage FLYERS
Le style de jeu défensif des Flyers est un jeu solide basé sur un top 6 très complet qui a pour leader le jeune Ivan Provorov avec pour acolytes Justin Braun, Robert Hagg ou bien Philippe Myers. La seule question est celle d’un possible retour en forme de Shayne Gostisbehere ? Si cela s’avère positif ce sera bien diffcile de percer la muraille pennsylvanienne. La défense des Bruins, et en particulier le DG Don Sweeney, mise sur la jeunesse avec en tête de gondole Charlie McAvoy. Il faut espérer que cette jeunesse ne regrettera pas le départ de Torey Krug et du supra-vétéran Zdeno Chara, et qu’elle a emmagasiné le maximum d’expérience aux côtés d’eux.

ATTAQUE : Avantage BRUINS (au complet!)
Un vrai dilemme ! David Pastrnak a fini meilleur buteur de la ligue avec Alexander Ovechkin en scorant chacun 48 buts (17,2 % de réussite au lancer pour le tchèque). Brad Marchand est toujours aussi énervant qu’efficace face à ses adversaires mais les deux joueurs Etoiles ne joueront pas avant la période février-mars minimum. C’est une moins-value conséquente pour la ligne offensive bostonienne, Patrice Bergeron, nouveau capitaine, se sentira peut-être seul… Une alchimie sera à trouver entre Jake DeBrusk, Ondrej Kase, et Craig Smith pour pallier aux absences. Côté Philly, la régularité d’un Travis Konecny, d’un Sean Couturier, la belle saison de Kevin Hayes et l’apport offensif d’Ivan Provorov de la ligne bleue seront autant d’atout qui peuvent permettre aux Flyers de répéter leurs prestations de la dernière saison. A voir également les productions de Claude Giroux qui est passé de 102 points en 82 matchs en 2017/2018 à « seulement » 53 points en 69 matchs en 2019/2020. Affaire à suivre.

Le duel entre deux des meilleures formation de cette division risque d’être dantesque. Ajoutez à cela la présence des Capitals, des Penguins, des Rangers et des Islanders et vous parvenez à un casse-tête incroyable ! L’absence de Marchand et Pastrnak peut (et va) ralentir la marche à suivre des Bruins de Boston, à Bruce Cassidy de trouver les ressources nécessaires dans les autres trios. Les Flyers de Philadelphie d’Alain Vigneault, quant à eux, s’ils restent sur les mêmes valeurs de la saison passée et se fixent comme objectif le niveau de jeu qu’il ont eu lors du « Round Robin Tournament », ils pourront s’imposer comme favori de la poule mais comme l’ont dit : « Le plus dur reste à venir ! »