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Amandine Brossier: « Ce que je retiens surtout dans mes performances, c’est le partage avec mes proches »

À quelques mois du début des Jeux olympiques à Tokyo, Amandine Brossier a déjà pris rendez-vous. Championne de France en salle sur 200 m en 2018 (23’’44) et sur 400 m en 2020 (53’’84) , la native de la région d’Anjou espère bien défendre ses chances lors de ces premiers Jeux olympiques. En préparation du côté des îles Canaries, Amandine nous fait le plaisir de répondre à nos questions. Entre excitation et ambition, l’année 2021 est bel et bien lancée.

« L’ année 2020 s’est enfin terminée. Entre un premier confinement qui t’a obligé à rester loin des pistes et des compétitions annulées ou reportées (annulation des championnats d’Europe en France, report des JO), que retiendras-tu le plus de cette année si particulière ?

S’il y a quelque chose à retenir, c’est l’adaptation. J’ai dû, encore plus que d’habitude, m’adapter à un environnement qui était différent. C’est surtout ça. Après, tout le monde, pas seulement les athlètes de haut niveau, retiendra que cette année a été très particulière. Ça a été nouveau pour tout le monde. On était vraiment dans l’inconnu. Il fallait s’adapter à ce nouveau quotidien.

Avec ces situations extraordinaires que sont les confinements, comment est ce qu’un sportif modifie-t-il sa préparation ? Tout est à réorganiser non ?

Surtout, au niveau de mes lieux d’entraînement, ils ont été totalement modifiés. Notamment durant le premier confinement, je n’avais pas du tout accès à mes lieux d’entraînements habituels. Je devais trouver d’autres moyens pour pouvoir continuer à m’entraîner. Mais ce qui était surtout difficile, c’était d’être dans l’inconnu et de ne pas savoir si on allait avoir des compétitions, quand est ce qu’elles allaient avoir lieu et surtout comment ? C’est surtout ça qui était compliqué au début. 

Oui, les championnats d’Europe qui devaient avoir lieu en France ont été annulés et les JO ont été reportés à l’été prochain. Vous avez été mis au courant comme tout le monde de ces reports/annulations ?

Oui, on n’a pas reçu de messages en amont. On a vu les informations sur les réseaux, comme tout le monde.

En 2021, l’objectif, ce sont les JO de Tokyo. Comment te sens-tu dans ta préparation ?

Ça se passe bien. Après, pour nous en athlétisme, les Jeux sont encore loin. On prépare surtout la saison hivernale qui va bientôt commencer avec des compétitions fin janvier. Ça se profile comme ça jusqu’aux Jeux olympiques avec une petite pause fin mars/début avril. Mais pour l’instant, tout se passe très bien. J’espère pouvoir mettre un peu plus en application les progrès que j’ai pu faire l’année dernière.

Amandine Brossier, à gauche de l’image, lors de la 35e  édition des Championnats d’Europe d’athlétisme à Glasgow (Crédits: Ouest France)

Quelles sont les prochaines échéances ?

Normalement, c’est le 24 janvier à Nantes. C’est une compétition sur liste ouverte aux athlètes de haut niveau. Après, il y aura d’autres meetings qui sont maintenus. Les championnats de France sont mi-février et les championnats d’Europe en salle, début mars. Ça sera d’ailleurs mon gros objectif de la saison, en salle.

Tu préfères courir en salle ? Comme lors de ton titre sur 200 m durant les championnats de France, en 2018, et la victoire sur 400 m, l’année dernière ? 

Non, non [rires]. C’est vrai qu’on pourrait croire. C’est différent, mais j’aime bien les deux. Sur 400 m, en salle, il y a deux tours, j’aime bien être au coude-à-coude avec les filles. Mais on dit souvent que la saison estivale est plus importante. Il y a plus de monde et les grands championnats ont surtout lieu l’été. Mais j’aime bien les deux !

« J’ai jamais signé à l’athlé pour en faire mon métier ou en faire à haut niveau […] Mon objectif était de prendre plaisir, mais différemment »

Amandine Brossier

Jusqu’à tes 19 ans, tu pratiquais encore le basket-ball au May-sur-Èvre, une commune à côté de Cholet, ta ville natale. Qu’est-ce qui te pousse, du jour au lendemain, à te lancer dans l’athlétisme ?

J’avais déjà goûté à l’athlé quand j’étais plus jeune. Je faisais un peu de cross, j’avais déjà un peu cette rage de gagner et de faire des courses. J’ai continué à en faire un peu au collège et au lycée même si ce n’était pas de la « vraie » compétition en club. Lorsque je vais à Angers pour faire mes études, je décide de continuer le basket à Cholet. Je ne faisais qu’un entraînement le vendredi soir, et un match le dimanche. Et comme l’année d’après, mes copines partaient toutes, le challenge était soit de changer de club de basket et de venir à l’UFAB*, un gros club de basket du côté d’Angers, même si je n’avais pas le niveau pour être en équipe première. Soit de changer complétement, et penser un peu plus à moi cette fois-ci. Au basket, tout le monde me disait que je courrais vite, même si par rapport à des basketteuses, ce n’est pas très compliqué [rire] … Je me suis souvenue de mes années lycée où j’avais fait un peu d’athlé et ça me plaisait bien. Autant changer complétement donc. Même si, au début, j’ai jamais signé à l’athlé pour en faire mon métier ou en faire à haut niveau. Ce n’était pas mon objectif. Mon objectif était de prendre plaisir, mais différemment.

*Union féminine Angers Basket 49

(Crédits: Café Crème Sport)

Tu dis être née dans une famille de sportif. Est-ce que ça aide lorsque l’on envisage de devenir sportive professionnelle ?

Oui ça aide forcément. Même si ça dépend aussi beaucoup des familles. Dans certaines familles de sportifs, il y a des parents qui ont des attentes très précises de leur enfant. Moi, ça n’a jamais été le cas. Après, ça m’a beaucoup aidé dans le sens où ils m’ont soutenu dans mes démarches sportives, dans mes compétitions. Ça m’a permis de prendre confiance en moi et de me sentir soutenue dans mes projets. Quand je les vois se rassembler avec mes grands-parents pour me suivre à la télé… Ça me fait super plaisir, évidemment !

Qu’est ce que, selon toi, l’athlétisme possède de plus que tous les autres sports ?

L’athlétisme, c’est un peu la base de tout. C’est là où on apprend à courir. Dans les autres sports, que ce soit le basket par lequel je suis passée ou le football, on apprend pas véritablement à courir de cette manière. Alors que pourtant, c’est la base que l’on retrouve dans la plupart des sports. C’est aussi une manière de bien se connaître et de se recentrer sur soi. Réfléchir précisément à la manière dont je cours, dont je positionne mes bras, mes appuis… Ça permet vraiment de mieux se connaître !

Est-ce que pour toi, la qualité principale dans le sport de haut niveau reste incontestablement le mental ?

C’est difficile de retenir qu’une seule qualité principale, mais c’est vrai que si on enlève le mental, il ne reste pas grand chose. Si on n’a pas l’envie d’aller à l’entraînement, si on n’a pas des objectifs clairs et précis, le reste devient compliqué. Même avec le physique, si on n’a pas les capacités mentales pour réussir ou pour être respectueux envers ses adversaires … Donc oui, je rejoins cette idée. Psychologiquement, il faut être disponible et avoir envie de répondre aux attentes. C’est très important. 

À 25 ans, 26 ans au mois d’août prochain, est-ce que tu considères avoir franchit un palier au niveau de l’expérience ? 

Oui, mais pas par rapport à mon âge [rire]. Si on regarde mes adversaires, c’est vrai que ça fait pas si longtemps que je fais de l’athlétisme. Mais je réfléchis plus par rapport à mon expérience sur les pistes que mon âge. J’ai quand même déjà connu les championnats du monde, certaines compétitions internationales … Je sais comment les appréhender, je commence à mieux me connaître sur l’ensemble des séances que je fais au quotidien. Sur les événements aussi, comment réagir, etc… Avec l’expérience que j’ai acquise, je suis plus mûre et prête à tout affronter. 

En faisant un petit retour en arrière, quel serait pour le moment ton plus beau souvenir de carrière d’athlète ?

Pour l’instant, mon plus beau souvenir, même si c’est difficile à choisir, ce sont les championnats du monde universitaire à Naples. Je fais mon record sur 400 m. Il y avait 3 courses en 3 jours. J’étais toute seule, il n’y avait pas mon coach et ma famille n’avait pas fait le déplacement. Mais il y avait quand même beaucoup de beau monde. Je fais un podium alors que c’était imprévisible, et j’abaisse mon record d’une seconde et demie. C’est aussi mon plus beau souvenir parce que tout le monde avait pu me suivre à la télé. Tout le monde s’était connecté et avait payé une chaîne [rire]. À la fin, j’avais pu appeler tout le monde. Ce que je retiens surtout dans mes performances, c’est la manière dont je l’ai transmise à mes proches. Mais aussi comment, eux, il me l’a retransmette. Je me souviens, juste après ma course, avoir appelé mon coach, avoir partagé mes joies avec lui. Après, je garde en souvenir aussi mes titres de championne de France. Mes parents avaient fait le déplacement, mes amis aussi. Ce que je retiens surtout, c’est le partage avec mes proches et les joies de ces partages. »

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