Après une première partie sur comment on cherche à recruter un nouveau joueur, il est temps de regarder ce qui se passe dans l’arrière-cour du football. Recherches peu approfondies, arrangements douteux, argent qui disparait, les dérives sont nombreuses, mais aussi normales dans un monde qui voit circuler autant de fonds en période de transferts. Le sport-business, ce n’est pas seulement la disparition de la première partie de ce mot valise, c’est aussi parfois la mafia qui met ses mains dans le milieu.
Les transferts faits à l’arrache
Le niveau 1 de la fainéantise en transferts, c’est tout simplement de recruter un joueur sans l’étudier. Ou du moins pas assez. Choisir un joueur à la va-vite sans faire attention à tous les détails qui indiquent un échec potentiel. Ces dernières années, le terme anglophone de panic buy s’est démocratisé pour désigner les transferts faits en catastrophe en fin de mercato. Bien sûr, c’est une source importante d’erreurs, mais ce n’est pas exclusif. Certains clubs travaillent tellement mal qu’ils ne prennent même pas la peine de regarder l’historique de blessure d’une recrue. On peut aussi citer l’exemple farfelu de Nicolaj Thomsen, un danois arrivé au FC Nantes à l’été 2016. Le staff s’est rendu compte au moment de la visite médicale que le joueur était borgne. 6 mois et 15 matches plus tard, le voici rentré au pays.
Le niveau supérieur, c’est de passer par les agents. Pourquoi bosser pour étudier un joueur alors qu’il suffit de passer un appel à un copain pour qu’il nous trouve un joueur dont on a besoin ? C’est ce que font malheureusement bien trop de clubs, surtout français, en période de transferts. Comme dans tous les domaines, le sport fait la part belle au copinage, et les relations surpassent le travail. En soit, cela n’est pas forcément repréhensible de demander conseil, si ce n’est de rendre inutile la cellule de recrutement du club. Cela devient critiquable quand ces amis cherchent juste à placer leur poulain, pour le relancer ou prendre une commission. Et encore plus quand le seul mobile est financier …

Le business des mandats
Les commissions sur les transferts sont un incontournable du cirque de ce milieu. Elles sont obligatoires et le pourcentage varie selon l’accord passé. Les agents de joueur en reçoivent une lorsque l’un de leur joueur est transféré, mais aussi lorsque son contrat est prolongé. On peut supposer que plus le joueur est important au sein de l’effectif, plus la part du représentant est élevée. Autrement dit, cela fait beaucoup d’occasions de plumer les caisses d’un club. Romain Molina en parlait récemment, certains s’en sont fait une spécialité. On remarque notamment le LOSC qui la saison passée a déboursé plus de 23 millions d’euros uniquement en commissions d’agent ! Pas mal pour un club endetté et en manque de liquidités. Le total des dépenses destinées aux agents ne cesse d’augmenter depuis plusieurs années.
On le sait peu, mais lorsqu’un club décharge le recrutement d’un joueur à un agent, il peut le faire légalement en lui confiant un mandat. Les mandats existent aussi pour les joueurs, et consistent à donner une mission ponctuelle à un représentant. Et là c’est la foire. Certains n’hésitent pas à créer des faux mandats pour s’arroger les droits pour les joueurs. D’autres cas mettent aux prises plusieurs agents différents qui en ont chacun obtenu un, à raison. Comment savoir qui dit la vérité ? En payant tout le monde, un problème en moins pour les clubs, un zéro de plus au compte des profiteurs. Mais le chef d’œuvre de la magouille, c’est quand plusieurs agents, associés ou amis, obtiennent les mandats de toutes les parties impliquées dans le transfert : vendeur, joueur et acheteur. Et oui, c’est déjà arrivé et ça arrive encore. Imaginez une entité qui négocie des millions d’euros complètement à sa guise, mais avec le compte en banque d’autres personnes. A la fois brillant et machiavélique.
Malheureusement les dérives, dont nous n’avons cité qu’un échantillon ici, sont plus que courantes surtout dans un univers qui brasse autant d’argent que le foot. On aurait aussi pu citer les mouvements d’argent qui vont directement dans la poche des directeurs sportifs, ou les échanges de joueurs qui servent à camoufler des mauvais bilans comptables. Et pas sûr qu’une limitation des salaires ou des montants des transferts régule la situation.