« J’ai l’impression que dans ce match la différence se fera en transition (contre-attaque) » ; « Je ne la sous-estimerais pas cette équipe, perso. Elle va vite dans les transitions de contre attaques » ; « Séville a deux visages possession et transition ou contre attaque et peu de possession, bravo pour le travail de Lopetegui » ; « Il est bon dans la configuration ”jeu de transition”, ”contre attaque” mais face à une équipe qui attend, il sert à RIEN, mais vraiment ». Voici quelques commentaires recueillis sur Twitter, ces dernières semaines, mélangeant les termes transition et contre-attaque. Et bien qu’il y ait un fond de vérité dans ces propos, une partie des suiveurs de football font encore la confusion entre les deux termes… et en soit, on peut les comprendre tant les médias “mainstream” parlent assez peu (voire pas du tout) de jeu, de tactique, etc.
Qu’est-ce qu’une phase de transition dans le football ?
Tout d’abord pour être bien au fait, qu’est-ce qu’une phase de transition ? En effet, ce terme est souvent utilisé à tort et à travers, notamment sur les réseaux sociaux et même parfois sur les plateaux TV sans forcément être bien compris par tous.
Pour faire simple il s’agit de l’instant où une équipe passe d’un instant où elle attaque à un instant où elle défend et vice-versa. Une phase de transition peut donc se diviser en deux séquences bien distinctes : “phase sans ballon” (ou phase de transition défensive) et “phase avec ballon” (ou phase de transition offensive). La première phase consiste alors à être le plus rapide possible dans sa transition pour éviter d’être débordé et de concéder des situations dangereuses, tandis que pour la seconde phase, on cherche l’opposé. Dans tous les cas, une phase de transition suit toujours une perte/récupération de balle.
Pour résumé, on peut donc dire qu’il y a autant de phase de transition dans un match que de pertes de balles. Cela dit, il faut garder en tête qu’une transition défensive ne dure que quelques instants (le temps de se replacer et/ou d’engager un pressing), tandis qu’une phase de transition peut durer bien plus longtemps.

Voici un exemple de transition : lors du match opposant Brest à Lorient pour le compte de la 4e journée de Ligue 1. Alors que Lorient est acculé dans sa propre surface par quatre brestois, le Lorientais en possession du ballon tente une passe compliquée pour l’un de ses partenaires, ce dernier ne parvient pas à contrôler la balle ; Lorient perd la possession.

S’ensuit alors une phase de transition ou chaque joueur (aussi bien lorientais que brestois) se replace. De leur côté, les Merlus ne font pas que se replacer, ils enclenchent également un pressing pour faire reculer l’offensive brestoise et éviter d’être à nouveau mis sous pression.

Finalement, après quelques secondes, la phase de transition défensive des Lorientais se termine et Brest peut repartir sur une nouvelle transition offensive (attaque placée) où nous retrouvons le fameux 3-2-5 brestois face au 4-4-2 lorientais.
D’où vient la confusion avec le terme “contre-attaque” ?
Mais alors, d’où vient cette confusion ? La réponse la plus probable est sûrement le fait que finalement une contre-attaque EST une phase de transition offensive… mais l’inverse n’est pas vrai puisqu’une transition peut se transformer en attaque placée (comme vu plus haut) ou en attaque rapide.
La seconde réponse possible à cette question vient peut être également du fait que depuis quelques années les principes de jeux de certains entraîneurs dits “défensifs” comme José Mourinho, Diego Simeone ou encore Antonio Conte ont trop souvent été caricaturés. En effet, ces derniers basent une grande partie de leurs principes de jeu sur l’optimisation de ces transitions (qu’elles soient offensives ou défensives) ainsi que sur les faiblesses de leur adversaire. De fait lorsque l’Inter, l’Atlético ou Tottenham inscrit un but, il y a de grandes chances pour que ce but soit inscrit à la suite d’une contre-attaque, car ces entraîneurs veulent jouer de cette manière, mais cela ne veut en aucun cas dire que transition offensive = contre-attaque.

Enfin, comme dernier élément de réponse, nous pourrions ajouter le manque de pédagogie à ce sujet de certaines émissions TV (comme évoqué en introduction). Bien que depuis quelques temps on sent un léger frémissement positif à ce sujet, il y a encore de trop nombreuses émissions “porte-étendard” qui privilégie le buzz, les débats de surfaces et laissent complètement de côté les sujets plus profonds permettant d’élargir le débat et d’ainsi améliorer sa compréhension du football.
Les autres types d’actions offensives amener par une phase de transition
L’attaque rapide :
Le football est un sport collectif très exigeant au plus haut niveau d’un point de vue physique et tactique. Les équipes sont de plus en plus préparées à faire face à différents systèmes de jeu et différentes animations, c’est pourquoi aujourd’hui les transitions sont le point névralgique de la plupart des rencontres. Une équipe maîtrisant le plus possible ces situations a plus de chances de remporter ses matchs. On peut le vérifier ces dernières saisons avec des équipes comme Liverpool, le Bayern Munich, l’Atalanta Bergame ou encore le LOSC, en Ligue 1, qui ont impressionné par leur capacité à vite presser l’adversaire à la perte du ballon et vite exploser vers l’avant à sa récupération.
L’attaque rapide, comme son nom l’indique, est une situation offensive qui a pour but de vite déstabiliser l’adversaire, en attaquant la profondeur lorsque ce dernier est désorganisé et vulnérable ; cela peut être après un coup de pied arrêté adverse, une perte de balle dû à un pressing intense ou alors après une erreur technique ou de concentration. Elle peut se déclencher dans n’importe quelle zone du terrain et nécessite des joueurs rapides pour ainsi faire rapidement remonter le terrain au ballon. Ces situations se jouent, pour la plupart, avec un nombre de passes très limités – entre 1 et 4 – et interviennent souvent après un corner ou un coup-franc adverse.
Voici un exemple d’attaque rapide rondement menée et bien aidée par l’erreur de l’adversaire (ici, la glissade de N’Golo Kanté).
L’attaque placée :
Avec environ 80 à 85 % des attaques, les attaques placées sont de loin les situations offensives que l’on retrouve le plus en matchs. Pourtant, depuis quelques années et notamment depuis l’émergence du “gegenpressing” – démocratisé par Jürgen Klopp – l’appétence à travailler ses situations par les entraîneurs semble en baisse, ces derniers se focalisant de plus en plus sur les attaques rapides et contre-attaques.
Les principes sont pourtant “simples”… mais difficiles à mettre en place : face à un bloc organisé et replacé, le but est non seulement de marquer, mais aussi et surtout d’user physiquement l’équipe adverse à force de redoublement de passes, de conservation de balle et de déséquilibre permanent.
Quoi de mieux que le grand Barça de Pep Guardiola (puis Tito Villanova) pour mieux comprendre ces principes ?
Pour répondre à notre question initiale, non une transition offensive n’est pas toujours une contre-attaque (cela peut aussi donner lieu à une attaque placée ou une attaque rapide). Mais ce qu’il faut bien retenir, c’est que dans le football d’aujourd’hui les phases de transition sont devenues des séquences de jeu à part entières avec leurs nuances, leurs forces, mais également leurs faiblesses, qui donneront probablement lieu à autre article de notre part dans les semaines à venir…