Franchise reconnue pour sa régularité au haut-niveau, San Antonio est aujourd’hui obligé de repasser par la case reconstruction. En ce début de saison, et c’est nouveau, les clés du camion sont de plus en plus confiées aux jeunes.
Si l’image que vous avez des Spurs reste celle d’une franchise grisonnante, incapable de se renouveler : vous avez tout faux. Les Texans ne sont, certes, plus ceux qu’ils étaient il y a encore 3 ans, mais ils tendent à se réinventer, à l’image des maillots « fiesta » qui viennent remplacer les habituelles tuniques paramilitaires. Ce changement profond du système et de l’idéologie Spurs pourrait avoir lieu autour de ses jeunes joueurs, pleins d’insouciance et de talent. Une équipe qui paradoxalement, devient de moins en moins régulière et sérieuse en défense, contrairement aux grandes heures de la franchise sous Popovich.
Une franchise en transformation
Malgré d’importants errements défensifs qui ont fait des Spurs la 24ème défense du pays l’année passée, une certaine satisfaction se dégage au niveau offensif, notamment depuis la bulle d’Orlando. Avec l’absence d’un pilier comme LaMarcus Aldridge, les Texans ont été obligés de se réinventer offensivement, et de jouer sans les habituels ballons au poste bas pour l’ancien des Blazers. Un jeu de pénétration s’est alors développé sous la houlette de Demar DeRozan ou Dejounte Murray. Mais surtout, les Spurs s’adaptent enfin à la ligue en shootant maintenant grandement à 3pts, à l’image de DeRozan qui tente maintenant plusieurs tirs primés par rencontre, ou de Derrick White dans la bulle. Les hommes de Popovich ont même égalé cette saison contre les Clippers, le record de la franchise en termes de tirs à 3pts rentrés dans un match avec 20 unités.
D’ailleurs, il est maintenant normal que San Antonio tente plus de 35 tirs du parking par match. C’est grâce à des joueurs comme Patty Mills et Rudy Gay en sortie de banc, mais aussi grâce à une nouvelle génération à laquelle Pop’ donne plus de liberté qu’à l’accoutumée. Elle était représentée par Derrick White dans la bulle donc, mais difficile de classer le chevelu parmi les plus jeunes étant donné qu’il a déjà 26 ans. En plus, il est absent en ce début de saison, pour cause d’une blessure à l’orteil. Ce sont donc des joueurs comme Dejounte Murray, Lonnie Walker et Keldon Johnson qui se font remarquer dans cette nouvelle formule Spurs.

Murray, de plus en plus meneur
Le premier a déçu lors de ses 3 premières saisons. Ralenti d’emblée par une rupture du ligament croisé du genou, Murray n’a pas réussi à progresser rapidement offensivement. Spécialiste défensif, il ne parvenait cependant pas à organiser son équipe dans la moitié de terrain adverse. Scorer dans la peinture était son seul fait d’arme. En ce début de saison, il prouve justement qu’il devient de plus en plus all-around. Preuve en est son premier triple-double en carrière contre les Raptors fin décembre (11pts, 10reb, 10ast). Alors, certes, son point fort reste la défense et beaucoup de choses sont à améliorer offensivement, mais tout de même. Avec 16,2pts par matchs cette saison, il augmente sa moyenne de presque 6 points, avec comme marque référence ses 29pts (record en carrière) face aux Lakers.
La différence se trouve au niveau de la prise d’initiatives. Murray prend beaucoup plus les choses en main, bien aidé au début par l’absence d’Aldridge et de White. Il n’hésite pas à prendre quelques shoots et son jeu mid-range en sortie d’écran commence à devenir plutôt solide. Surtout, il s’affirme et sa confiance gonfle à vu d’œil, ce qui est une donnée principale pour un jeune joueur de basket.
Johnson, la bonne surprise
Autre joueur qui est en passe d’acquérir cette confiance, le sophomore Keldon Johnson. L’ailier fort (largement capable de jouer 3) a déjà presque autant joué que la saison passée (17 matchs la saison dernière, 11 cette saison). Comme dans les habitudes de Pop, Johnson n’a pas vraiment joué en 2019-20 et a rongé son frein en G-League avec les Austin Spurs. Mais désormais, c’est bel et bien en NBA qu’il se révèle. Avec ces nouveaux éperons, il trouve beaucoup de temps de jeu et son niveau lui permet de conserver ses minutes, et même d’être titulaire. Contre le Thunder mardi, il est même le spur qui a passé le plus de temps sur le terrain avec près de 39 minutes de jeu.
Ce temps de jeu est le fruit du bon travail effectué lors de ces premiers matchs. Autant défensivement qu’offensivement, Johnson surprend agréablement les observateurs. Dans sa moitié de terrain d’abord, il s’avère être un parfait complément à Dejounte Murray. Avec Vassell, ils forment une belle triplette de jeunes défensivement. Lors de la double confrontation contre les Lakers, « KJ » avait la lourde tâche de s’occuper de LeBron James (et même parfois de Davis). Et le moins qu’on puisse dire, c’est que le jeune joueur (21ans) ne s’est pas défilé et a su poser des problèmes au King. Johnson s’était déjà testé quelques jours plus tôt face à un autre profil compliqué à défendre : Zion Williamson, qui n’a pu finir qu’à 7-22 au tir (31.8%).

Mais c’est aussi offensivement que le solide sophomore (1m96, 99kg) en a surpris plus d’un. Plusieurs fois meilleur marqueur de l’équipe à la fin des matchs, il affiche une moyenne de 13,5pts par matchs. Une moyenne baissée par un petit manque de régularité à certains matchs. Mais tout est sur la bonne voie pour Johnson, qui utilise sa puissance intérieure et son hustle pour débloquer certaines situations embêtantes. Il sert parfois de bol d’air frais aux Spurs. Et il n’est pas le seul.
Walker, future star ?
Lorsque les Texans sont en difficulté cette saison, c’est souvent Lonnie Waker qu’on aperçoit maintenir l’équipe à flot. À l’instar de son compère vétéran Patty Mills, Walker fait du bien à l’équipe surtout par son adresse extérieure. Avec une efficacité de 40% derrière l’arc, celui qui passe sa troisième saison NBA gratte lui aussi du temps de jeu. Souvent titulaire au poste 2, il est celui qui a pris le rôle de scoreur pendant l’absence de Demar DeRozan ces derniers temps. Des sorties à 24 et 25 points viennent confirmer que son talent est indéniable. Lui aussi blessé lors de sa saison rookie (ménisque) il avait notamment joué de très bonne minutes en sortie de banc l’année passée (cf la remontée contre les Rockets).
Ce qui est surtout intéressant avec Walker, c’est l’image qu’il renvoie. Flashy, athlétique, fringuant, il rafraîchit cette franchise de San Antonio parfois jugée trop vieillotte. Il n’est pas rare de retrouver Walker dans les fameux Top 10 NBA publiés au lendemain des matchs. Puissant et adroit, Walker a tout pour devenir très bientôt un très bon joueur.
Cette triplette de jeune que représentent Murray, Johnson et Walker sont une des causes principales du renouveau des Spurs. Envie défensive, talent offensif et insouciance dans le jeu, le salut des éperons vient peut-être de ce jeune réservoir. Popovich en est conscient et revoit ses plans en donnant du pouvoir à ses jeunes joueurs. Il faut souligner qu’avec cette triplette, le rookie Devin Vassell gratte aussi ses minutes sous le regard du coach le plus victorieux de l’histoire NBA. Dans cette ascension des jeunes, il faut voir aussi la bienveillance des anciens, Patty Mills est un guide parfait pour cette équipe et DeRozan sait s’effacer par moments, sans pour autant déléguer son rôle de franchise player.
Les Spurs se tournent vers l’avenir. Johnson, Murray, Walker ou encore Vassell, les Texans sont peut-être en possession d’une mine d’or. Pour le moment, leurs joyeux restent à polir mais ils insufflent un vent nouveau dans cette franchise en quête d’un second souffle. San Antonio se lance dans la nouveauté, et si la coach qui emmenait ces jeunes encore plus loin était Becky Hamon ? À suivre…