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Green Bay Packers – Los Angeles Rams : une opposition de style, de coaches et de stars

Peut-on même encore parler de maître et d’élève à l’évocation de Sean McVay et Matt LaFleur ? Nonobstant le fait que le maître présumé soit deux ans plus jeune que le quarterback adverse, l’élève est à une victoire d’une deuxième finale de conférence consécutive, pour sa deuxième saison en tant qu’entraîneur principal. 

Nous parlerons plutôt de deux amis qui s’affrontent pour la première fois depuis que l’un était le coordinateur offensif de l’autre pour les Rams en 2017. 

Les Rams se sont qualifiés pour ce tour de division en déjouant les pronostics face aux Seahawks (20-30) au tour précédent et les Packers ont obtenu un bye en signant le meilleur bilan de la NFC.

Un (futur) MVP bien protégé

Les Packers ont terminé la saison régulière avec le meilleur taux de réussite en protection à la passe (74%) et trois des huit meilleurs tackles de la ligue dans l’exercice : Billy Turner (94%), David Bakhtiari (93%) and Rick Wagner (92%). Bakhtiari s’étant rompu les ligaments lors d’un entraînement avant la dernière semaine, il incombe désormais à Turner de protéger le côté aveugle d’Aaron Rodgers et à Wagner d’être aussi efficace qu’il ne l’a été sur ses 352 snaps en jeu de passe (16 pressions et un sack concédés) sur le reste de la saison. 

Heureusement pour les chances des Packers, le succès de leur ligne offensive ne s’arrêtait pas seulement Bakhtiari, pas plus qu’elle ne s’arrête désormais à Turner et Wagner. Les guards Lucas Patrick (94%) et Elgton Jenkins (94%) sont eux aussi parmi les 10 meilleurs bloqueurs à leur poste dans le jeu de passe. Le centre Corey Linsley (96%), très justement récompensé d’une sélection dans la première équipe All-Pro, aussi…

Rodgers n’a concédé que 20 sacks cette saison, le deuxième total le plus faible de la saison parmi les les quarterbacks ayant joué 16 rencontres, et l’une des raisons pour lesquelles il va devenir le cinquième joueur de l’histoire (Jim Brown, Brett Favre, Peyton Manning, Tom Brady) à recevoir son troisième trophée de MVP

Les Rams, emmenés par Aaron Donald (13,5 sacks, 96 pressions totales), sont la neuvième équipe en taux de réussite au pass-rush (47%). Là sera une première clé de la rencontre : Los Angeles ne l’emportera que si la pression défensive de son front seven parvient à émuler celle des Panthers et des Buccaneers durant la saison régulière, les seuls matches où Rodgers était un tant soit peu en difficulté. 

¡ No pasarán !

Les Packers, eux, ne l’emporteront que s’ils parviennent à développer leur jeu de passe contre la meilleure défense aérienne de la ligue. Les Rams n’ont encaissé que 190,7 yards par match et 17 touchdowns à la passe cette saison, mais leur adversaire présente Davante Adams dans ses rangs, qui en a attrapé 18 à lui tout seul, et le passeur le plus doué de sa génération qui vient de boucler la meilleure saison de sa carrière.

Pour leur répondre, les Rams auront le meilleur cornerback du monde et le meilleur backfield défensif de l’ouest des États-Unis. Troy Hill, Darious Williams, John Johnson et Jordan Fuller ont fait vivre un véritable enfer à tous les passeurs et receveurs adverses au cours de la saison.

Aaron Donald contre le reste du monde

La défense aérienne des Rams est évidemment bien aidée par le pass-rush. Les Packers devront répondre à la question que la NFL entière se pose depuis six ans : comment arrêter Aaron Donald ? Outre le meilleur match des vies de Lucas Patrick, Elgton Jenkins et Corey Linsley, aucune réponse évidente n’existe. Donald a remporté 24% des pass-rushes cette saison, de loin le meilleur taux de la ligue. 

Et si ce n’était pas suffisant, il bénéficie pour la première fois depuis les heures glorieuses de Michael Brockers, de compères le libérant des prises à deux avec Leonard Floyd et Morgan Fox. Grâce à cet influx de talent, le coordinateur défensif Brandon Staley a pu aligner Donald à tous les postes de la ligne défensive, qu’elle soit à 3 ou à 4. 

Tout au long de la saison, Brandon Staley a fait de l’élément de surprise la force de sa défense. Les Rams n’usent pas de subterfuges complexes, mais juste avant ou après le snap, les safeties changent de position, les cornerbacks se déplacent et créent une couverture inattendue pour le quarterback. Il a juste le temps d’entamer sa lecture que Donald est déjà dans les parages. Il sera un rocher dans la chaussure de Green Bay.

Des unités peu spéciales

Les Packers ont une excellente défense, une attaque explosive et des équipes spéciales de mini-poussins. Ils ont parcouru en moyenne 4,8 yards (!) par retour de punt cette saison, soit la moitié de la distance qui sépare votre canapé de la bière qui vous attend au frigo. Leur plus long retour de punt était de 11 ridicules yards, le plus court des plus longs retours de punts de la ligue.

À l’inverse, ils ont concédé en moyenne 17,1 yards par retour de punt, la plus mauvaise marque de la ligue. Qu’ils aient reçu ou envoyé les punts, les Packers se sont montrés catastrophiques. Une donnée qui pourrait s’avérer clé et même coûter son poste au coordinateur des équipes spéciales Shawn Mennenga, si le résultat du match en dépendait. 

La chance des Packers ? Que les Rams ne soient pas bien plus brillants avec la 23e moyenne de yards parcourus par retour de punt (6,9) et l’antépénultième moyenne de yards concédés (12,9). 

Allô maman bobo

Quoi que l’on pense de Jared Goff, le fait qu’il ait déjà mené son équipe au Super Bowl prouve qu’il n’est pas un obstacle absolu à la victoire des siens. Il n’est pas Blake Bortles. En revanche, Jared Goff moins de trois semaines après une opération du pouce pourrait bien se rapprocher du niveau de celui qui sera son backup samedi, après la sortie sur blessure de John Wolford contre Seattle.

En relève de Wolford contre les Seahawks, Goff n’a complété que 9 de ses 19 passes pour 155 yards et un touchdown. Il en faudra plus pour espérer battre les Packers. Goff débutera la partie, mais s’il s’avère trop diminué, Bortles prendra la suite. Demandez donc aux fans des Jaguars si c’est une proposition alléchante…

Les Rams sont également vulnérables contre la play-action. Leur défense n’a quasiment pas de point faible, mais se classe 14e en EPA contre la play-action, contre 1re dans toutes les autres configurations. 

La guerre des étoiles

All-Pro contre All-Pro, productivité, classe et excellence. Le matchup entre Jalen Ramsey et Davante Adams est ce que la NFL peut produire de mieux.

Adams a conclu la saison régulière avec le plus de touchdowns (18), le plus de yards par match (98,1) et le deuxième total de réception (115). Il est un route runner d’exception avec des mains on ne peut plus sûres (un fumble), une superstar. 

Comme Richard Sherman avant lui, Ramsey essuie la critique qu’il ne couvre pas systématiquement le meilleur receveur de l’autre équipe. Et comme Sherman, il en est amplement capable et les meilleurs receveurs adverses tendent à l’éviter justement pour cela. Les Rams s’appuient sur une défense de zone et l’agressivité de leurs cornerbacks n°2 et 3.

Matt LaFleur a énormément déplacé Adams cette saison, que ce soit dans le slot ou à l’extérieur. Il serait fort surprenant qu’il change son fusil d’épaule pour le match le plus important de la saison. Nous aurons le droit au face à face entre Adams et Ramsey et ce sera fantastique.

Et le gagnant sera…

Pour la 13e fois dans l’ère du Super Bowl (depuis 1970), une rencontre de playoffs oppose l’attaque la plus prolifique de la saison régulière à la défense la plus hermétique. Les meilleures défenses ont remporté huit des 12 affrontements précédents, contre quatre aux meilleures attaques.

SAISONATTAQUE N°1DÉFENSE N°1RÉSULTAT
1966Kansas City ChiefsGreen Bay PackersPackers, 35-10
1970San Francisco 49ersMinnesota Vikings49ers, 17-14
1971Dallas CowboysMinnesota VikingsCowboys, 20-12
1976Baltimore ColtsPittsburgh SteelersSteelers, 40-14
1978Dallas CowboysPittsburgh SteelersSteelers, 35-31
1980Dallas CowboysPhiladelphia EaglesEagles, 20-7
1984Miami DolphinsSan Francisco 49ers49ers, 38-16
1989San Francisco 49ersDenver Broncos49ers, 55-10
1990Buffalo BillsNew York GiantsGiants, 20-19
2013Denver BroncosSeattle SeahawksSeahawks 43-8
2014New England PatriotsSeattle SeahawksPatriots 28-24
2016Atlanta FalconsNew England PatriotsPatriots, 34-28

Depuis la leçon reçue par Bill Belichick et Brian Flores au Super Bowl, Sean McVay a évolué et largement modifié ses formations de prédilection. Moins de personnel 11 (avec trois receveurs) et plus de personnel 12 (avec deux tight ends) pour créer de meilleurs matchups. Goff lui n’a pas grandement progressé dans ses lectures pré et post-snap, dépendant toujours des appels de son coach. 

Ledit coach est certes un génie et la kryptonite des Packers ces deux dernières saisons a été le type de défense agressive que présentent les Rams (49ers et Chargers en 2019, Buccaneers et Panthers en 2020), mais leur défense n’est pas la dernière venue non plus. 

Jaire Alexander et Adrian Amos sont également des références, glanant chacun la meilleure note PFF de la saison en couverture, à leurs postes respectifs. Les Rams ont éprouvé des difficultés dans la red zone, en ne scorant un touchdown que sur 22,2% de leurs passages dans les 20 derniers yards. 

Pour ces raisons, avec un Goff limité physiquement, les Packers l’emporteront 24-17.

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