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Le Podcast NFL du CCS – Anthony Mahoungou, joueur et consultant, de La Courneuve à Philadelphie

Anthony Mahoungou est l’invité exceptionnel du Podcast NFL du CCS. Avec Tonyo, il évoque son expérience de consultant pour La chaîne L’Équipe, son parcours de joueur qui l’a mené du Flash de La Courneuve aux portes de la NFL, ses ambitions et les affiches de finales de conférence : Packers-Buccaneers et Chiefs-Bills. Entretien exhaustif avec le meilleur joueur français de football américain.

Anthony, tu es consultant pour La chaîne L’Équipe, qui accompagne Bein Sports dans la diffusion de la NFL en France. C’est une première pour toi…

C’est une première dans le sens où je le fais sur toute une saison. Lorsque j’étais revenu de Philadelphie, j’avais été invité par RMC Sport pour la finale universitaire entre Alabama et Clemson. C’est la première fois où, vraiment, on me fait confiance, on me donne la responsabilité de l’être sur l’ensemble de la saison. C’est un projet que j’affectionne beaucoup parce que ça aide au développement du football américain en France. Et ça, c’est ma mission depuis que je suis parti aux États-Unis.

Comment La chaîne L’Équipe a-t-elle pris contact avec toi pour que tu prennes ce rôle de consultant ?

Ils m’ont contacté sur les réseaux sociaux fin août. Au début, c’était juste pour discuter d’un projet. J’ai eu l’un des rédacteurs en chef au téléphone, il m’a fait part de ce qu’il attendait de la part du consultant de L’Équipe. Ils hésitaient entre de l’ancienneté avec quelqu’un comme Philippe Gardent etc. et un esprit un peu plus jeune. On s’est rencontré, il y a eu un bon feeling et jusqu’à présent ils ne sont pas plaints (rires).

Pour patienter jusqu’à la nouvelle saison de football, je cherchais quelque chose de nouveau, quelque chose qui pourrait m’aider dans le futur. Peut-être découvrir une nouvelle voie. Cette opportunité est un peu tombée du ciel et je n’ai pas hésité une seule seconde. Ça va exactement dans le développement du football américain.

On approche de la fin de la saison, tu peux déjà tirer un premier bilan de cette première en tant que consultant…

En termes de devoirs, tout le travail de recherche que fait un consultant, c’est quelque chose que je faisais déjà de base. J’aime tellement le foot, que j’aime étudier tout ce qu’il se passe. Ça m’amuse de le faire et maintenant j’ai l’occasion de commenter, c’est comme si j’étais à la maison. Ils me donnent vraiment beaucoup de liberté. Comme première saison franchement, ça passe crème.

Est-ce le début d’une vocation ?

Je ne sais pas si c’est le début d’une vocation. C’est clairement quelque chose que je kiffe faire. Je n’avais jamais pensé à cette voie post-carrière parce que je ne pensais pas que le football américain allait se développer en France jusqu’à ce que des gens décident de le regarder à la télé.

Maintenant je me pose la question, mais je préfère terminer la saison, recevoir les retours des patrons de la chaîne et on verra. Mais ce qui est clair, c’est que c’est une expérience que j’aime énormément et je peux entrevoir une petite carrière là-dedans.

« Qu’est-ce qu’il manque à tout ça ? Il manque un Tony Parker français. J’ai énormément de respect pour Tony Parker, pour ce qu’il a fait. C’est mon but : avoir l’impact sur le football américain que Tony Parker a eu sur le basket. »

Dans l’imaginaire collectif, le football américain est un sport un peu compliqué avec beaucoup de règles à assimiler. Avez-vous discuté avec les rédacteurs en chef du ton à adopter pour les téléspectateurs ?

Tout à fait. On sait que Bein propose déjà du football américain et que leur audience, c’est des gens qui s’y connaissent. Nous, comme c’est une chaîne en clair, on vise un autre public. On cherche vraiment les gens qui ne connaissent pas ce sport, mais qui sont curieux. Le but est d’être le plus pédagogue possible. Je pense qu’on a trouvé le bon équilibre entre être assez pédagogique pour les nouveaux et faire en sorte d’attirer et garder ceux qui s’y connaissent déjà.

Tu dis avoir accepté ce rôle pour participer au développement du football américain en France. Qu’est-ce qu’il faudrait pour qu’il ait sa place dans le paysage sportif français ?

C’est compliqué. C’est tout une stratégie qui doit être mise en place. Si je le pouvais, je l’aurais déjà fait. Je ne sais pas si mon schéma de pensée est le bon. À un moment ou un autre, en France, on va être limité dans le sens où nos équipes sont des associations. Quand tu vois que les meilleurs joueurs français ne jouent pas en France parce qu’ils ne sont pas payés, ils vont en Allemagne, en Finlande… C’est là où ça devient compliqué. Comment proposer le meilleur du football français, alors qu’on n’a pas les meilleurs joueurs ? C’est un cercle vicieux.

Après, en terme de communication sur les différents événements, la Fédération a fait de très gros progrès sur ces deux dernières années. Ce qui est bien, c’est qu’avec L’Équipe qui propose du football américain au grand public, ça va aider. Tant que j’ai cette casquette de consultant, mon but est de faire le meilleur job possible pour ne pas effrayer ceux qui ne connaissent pas.

Qu’est-ce qu’il manque à tout ça ? Il manque un Tony Parker français. J’ai énormément de respect pour Tony Parker, pour ce qu’il a fait. C’est mon but : avoir l’impact sur le football américain que Tony Parker a eu sur le basket.

À ce moment précis, en janvier 2021, où en es-tu dans ta carrière ?

C’est un peu flou avec la nouvelle vague de Covid. L’objectif, tant que je joue, est de réintégrer la NFL pour avoir cet impact. Pour y arriver je dois passer par d’autres ligues. Pour 2021, il y a deux options : la CFL (Ligue canadienne de football) ou la nouvelle ligue européenne de football.

Peux-tu nous résumer ton parcours de joueur de football américain jusqu’ici ?

J’ai commencé à 13 ans au Flash de La Courneuve. Équipe de France junior sur deux campagnes : la Coupe du monde au Texas, où on finit 6e, et la Coupe d’Europe en Allemagne, où on finit 2e. Entre temps j’ai été sélectionné dans l’équipe All-Star mondiale pour jouer contre l’équipe nationale américaine, qui comprenait notamment Shaquem et Shaquill Griffin. Coupe de France senior, Coupe d’Europe 2014, où on finit 3e

Ensuite, je m’envole aux États-Unis, dans un Juco (Junior College), West Hills College. Je passe un semestre et réussis à tout péter et dégoter des bourses de 1re division, dont une de Purdue. J’y passe trois ans, deux en tant que remplaçant et la dernière en tant que titulaire. En mai 2018, je signe avec les Philadelphia Eagles, qui sont à l’époque champions en titre. Je suis coupé et je passe du côté de Francfort, en 1re division allemande. Je devais me présenter à la draft CFL 2020, qui a été annulée, tout comme la saison, à cause de la Covid. Et voilà, je continue à m’entraîner dur.

Sur ton expérience avec les Eagles, qu’est-ce qui t’a manqué pour intégrer l’effectif final ?

J’ai toujours été un bon coureur de tracés, mais bon ce n’est pas assez. Il faut être très bon, surtout quand tu es un receveur qui a mon physique. Quand tu fais des gros jeux contre la défense numéro 1, qui vient de gagner le Super Bowl, les coaches le remarquent. Ce qui m’a manqué, ce sont les opportunités.

Depuis trois ans, on a l’impression que chaque nouvelle classe de receveurs qui entre en NFL est la meilleure de l’histoire. Avec cette densité, as-tu envisager de changer de poste pour intégrer la ligue ?

Franchement, jamais. Pourtant, receveur, ce n’est pas le premier poste auquel je voulais jouer quand j’ai commencé le football. Je voulais être free safety, mes joueurs préférés étaient Brian Dawkins et Ed Reed. Ma première année en cadet, on avait besoin d’un receveur. Le coach m’a dit de jouer de jouer receveur cette année et que je pourrais choisir mon poste l’année suivante. Sauf que j’étais bon et je m’amusais parce que je scorais des touchdowns. J’aime ça, quand le défenseur est à mes trousses et qu’il cherche à me détruire. Après cette première année, je me suis rendu compte que c’était le poste pour moi.

Les postes de skill, sont ceux où les Américains ont un vivier tellement énorme qu’il n’y a pas besoin d’aller chercher ailleurs. Généralement quand des Européens arrivent au plus haut niveau, ce sont des joueurs de ligne. Je ne dirais pas que jouer tight end ne m’intéresse pas. Ce que j’aime, c’est être sur le terrain. Si on me met quelque part, ma volonté d’être efficace va prendre le dessus. Je n’ai jamais pensé à changer de poste, mais si un jour, un scout NFL me le dit, je pourrais le considérer. Pour le moment, non. Je suis un receveur.

On sait que la NFL n’est la ligue la plus progressiste. Penses-tu être victime d’un préjugé, qu’ils soit conscient ou non, parce que tu n’es pas Américain ?

Je ne sais pas s’il est conscient ou pas, mais en effet je pense qu’il y en a un. Je ne me suis posé cette question qu’après. En Juco, à aucun moment je me suis demandé s’ils avaient des préjugés parce que j’étais français. Je ne voulais pas dépenser mon énergie à avoir des réflexions là-dessus. Même si c’est le cas, c’est un challenge de plus. Mon but est que quand tu me vois sur le terrain, tu oublies que je suis français et tu te dises juste « c’est un putain de joueur de foot ».

Retrouvez l’intégralité de l’entretien en podcast :

https://cafecremesport.com/wp-content/uploads/2021/01/Podcast-Anthony-Mahoungou.mp3
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