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Mondial de hand: la France se construit une équipe

Avec six victoires en autant de matchs, l’équipe de France de handball réalise une entame de compétition idéale du point de vue comptable. Qualifiés pour les quarts de finale en qualité de premiers de leur groupe, les joueurs de Guillaume Gille n’ont pas tout bien fait, mais ils ne se sont jamais effondrés. Loin de là, ils se sont peut-être mêmes construits. En traversant des matchs différents dans leur physionomie, les Français peuvent retirer du positif et des leçons de toutes leurs confrontations. Entre balbutiements et sérénité, la bande du capitaine Mickael Guigou arrive invaincue dans la phase à élimination directe.

Un tour préliminaire en forme de rodage

Pour se lancer dans le grand bain, la France affrontait en ouverture les vice-champions du monde norvégiens. Après des matchs de préparation compliqués face à la Serbie (défaite 27-24, nul 26-26) l’équipe de France n’arrivait pas en Egypte avec des valises remplies de confiance. Toutefois, elle n’a pas manqué son entame. Face aux Norvégiens, les Bleus connaissent deux mi-temps distinctes. La première est un bras de fer engagé, au cours duquel Kentin Mahé s’illustre. La seconde est beaucoup plus maîtrisée par les Français, qui devancent les Scandinaves de quatre buts finalement : 28-24. On retrouve sensiblement la même physionomie lors du match face à l’Autriche. Les premières observations tendent donc à prêter de grands espoirs à cette jeune équipe de France. Après un +4 contre la Norvège et un +7 face à l’Autriche, il était facile de sous-estimer la menace suisse.

La sélection helvète, portée par son leader Andy Schmid (10 buts), a perturbé la bande de Mickael Guigou. A quelques minutes de la fin de la rencontre, la Suisse prenait l’avantage 23 à 22, avant de laisser les Bleus s’imposer 25-24. Au cours de cette troisième sortie dans la compétition, les Bleus se sont montrés maladroits et peu dominateurs. Alors que l’adversaire au programme paraissait sur le papier inférieur aux deux premiers, il a posé plus de problèmes que prévu à la France. Même si elle n’a jamais été outrageusement dominée, l’équipe de France n’a pas su étouffer son adversaire. Plus encore, les automatismes n’étaient pas criants, les offensives manquaient de panache et d’efficacité, et la défense pouvait s’ouvrir par périodes. Les motifs de satisfactions eux aussi étaient réels : un bilan comptable impeccable, des victoires bonnes pour la confiance, une équipe jeune qui se découvre…

Les gardiens aux fortunes diverses

Tout n’a pas été parfait, mais s’il fallait retenir un point noir au début d’aventure bleue, c’est la blessure de Wesley Pardin. Contre la Suisse justement, le gardien de but français, jusqu’alors très précieux dans ses cages, est heurté par un joueur suisse. Les appuis bien fixés au sol, il voit son adversaire retomber sur son genou gauche. Sorti immédiatement et remplacé par Vincent Gérard, Wesley Pardin semble déjà savoir ce qui l’attend. Les premiers examens médicaux révèleront une rupture du ligament croisé antérieur, ainsi qu’une lésion du ligament latéral interne. Coup dur pour les Bleus, qui semblent d’ailleurs impactés immédiatement. Les minutes suivant la blessure, les actions sont confuses, et la France doute. Auteur de vingt arrêts en à peine plus d’un match, le gardien martiniquais était en confiance. Au-delà de son absence pour la fin de la compétition, sa présence aux Jeux Olympiques est d’ores et déjà remise en question.

Wesley Pardin au sol, c’est toute l’équipe de France qui a souffert(Image : Anne-Christine POUJOULAT / Pool AFP)

Sans Wesley Pardin, la France est affaiblie. Toutefois, ses compères Vincent Gérard et Yann Genty assurent. Le premier, déjà très expérimenté et habitué à ces joutes internationales truste la place de titulaire – il avait d’ailleurs joué le match face à l’Autriche avant la blessure de Pardin. Avec ses 46 arrêts depuis le début de la compétition, Vincent Gérard assume ses responsabilités et permet aux Bleus de ne jamais prendre l’eau. Epaulé par Yann Gentil lors du tour principal, le gardien français monte en puissance et rassure les siens. Face à l’Islande, Yann Gentil est auteur d’une seconde mi-temps de haut niveau, et contribue activement au succès des siens obtenu en fin de rencontre. Les gardiens bleus ont assuré lors du tour préliminaire, et confirmé à l’occasion du tour principal.

Des retrouvailles attendues et constructives

Encore hésitants dans le jeu, les Français n’ont jamais craqué. Au cas où certains pourraient encore en douter, on ne reste pas invaincu sans raison. Même si tous les adversaires des Bleus n’ont pas montré leur meilleur visage, il ne faut pas oublier d’où cette équipe de France revient. Humiliés lors du dernier championnat d’Europe, les Français ont entamé un nouveau cycle. Pour construire un collectif solide, il faut du travail, de la discipline, certes, mais aussi du temps. Sur les six premiers matchs des Bleus, il n’y a eu que très peu de fin de match sans suspens. Les joutes étaient disputées, les joueurs poussés dans leurs retranchements. Et finalement, ils en sont sortis vainqueurs et grandis. En vivant des matchs compliqués, l’équipe de France a pu tester ses ressources mentales. Loin d’être une découverte fracassante, l’affirmation de ce mental solide est de bon augure pour la suite.

Mis en difficultés par des adversaires réputés plus faibles, les Bleus ont affirmé leur volonté de retrouver les sommets. Le premier match du tour principal opposait les Bleus à l’Algérie. Sur le papier, il n’y a aucun doute, la France faisait figure de favori ; son passé parle pour elle. Toutefois, le passé ne fait pas tout. Depuis quelques années maintenant, le niveau moyen du handball mondial s’élève. Il n’y a plus (ou presque) de « mauvaises équipes ». Les joueurs qui constituent cette équipe algérienne évoluent pour beaucoup dans des bons clubs européens. Face aux Fennecs, les Français se sont fait très peur, et il aura fallu attendre la toute fin du match pour voir le succès bleu se concrétiser. De même, les Portugais, bourreaux des Bleus à l’Euro, se présentaient comme un adversaire à prendre très au sérieux. Ils n’avaient jusque là perdu qu’un seul de leur 5 matchs, face à la Norvège, d’un petit point seulement (29-28). Mais les Bleus ont su rester très lucides et n’ont pas fait de détails pour faire de ce match une prestation référence : victoire 32 à 23. Les quarts de finale sont là! A partir de maintenant, une défaite est synonyme de billet retour vers le Vieux Continent. Espérons qu’il soit composté le plus tard possible.

Face au Portugais, Kentin Mahé a encore répondu présent (Image :Petr David Josek / Pool AFP)

Il reste du travail à cette équipe de France, évidemment. Peu inspirés à certaines occasions, les coéquipiers de Kentin Mahé auraient pu se défaire plus facilement de certains adversaires. Fer de lance de l’attaque bleue, Mahé a pu compter sur Dika Mem pour l’épauler dans les moments ou la France avait besoin de points précieux. Peu dangereux depuis leur base arrière, les Français devront progresser sur ce point-là. Il faudra également régler certains problèmes défensifs persistants. Mais que peut-on reprocher à une jeune équipe qui remporte six matchs de suite lors de championnats du monde ? L’apprentissage auquel nous assistons doit pousser à l’optimisme. Les expérimentés Guigou, Abalo et Gérard encadrent les virevoltants Mem, N’Guessan et Lagarde. Les buts sont bien gardés, et l’attaque progresse. Jusqu’où les Bleus pourront-ils se hisser? Réponse dans les prochains jours…

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