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Nolann Le Garrec : « Je joue pour prendre des initiatives »

À seulement 18 ans, Nolann Le Garrec compte neuf apparitions cette saison sous les couleurs du Racing 92. Ambitieux, le Breton d’origine nous fait part de ses impressions sur son début de saison, et de ses objectifs futurs.

Nolann vous êtes Breton, c’est dans un pays de football que vous avez appris à jouer au rugby, comment expliquez-vous cela ?

Je suis né dans une famille qui était très rugby, mon père jouait au rugby, mon grand-père aussi. Ça s’est fait un peu naturellement, je suis né avec un ballon ovale dans les mains. J’ai commencé par le handball, mais je suis très vite allé vers le rugby, là où j’avais tous mes copains et là où j’étais dans mon élément.

Il y a un joueur en particulier qui vous a inspiré ou qui vous a donné envie de jouer au rugby ?

NL : “Quand j’étais petit, il n’y avait pas de joueur que je badais vraiment. J’aimais bien les joueurs de la première à Vannes, ils jouaient en Fédérale 2. Comme beaucoup je pense, j’avais envie de ressembler aux joueurs de la première de mon club.

Nolann Le Garrec sous les couleurs du RC Vannes à l’âge de 14 ans.

Vous êtes arrivés assez jeune au Racing, vous avez su vous adapter rapidement à ce changement de cadre ?

Je suis parti à 14 ans de chez moi, pour aller au pôle à Tours. Donc en rejoignant le Racing à 15 ans, ce n’était pas une nouveauté pour moi d’être loin de la maison. J’avais les copains, j’étais proche du terrain, donc je n’étais pas trop dépaysé. Le plus dur finalement, c’était de quitter le RC Vannes, mon club de toujours. Mais c’est un choix que j’ai assumé, et qui me sourit pour l’instant.

Vous avez connu rapidement les équipes de France jeunes également.

Oui, dès les moins de 18 ans j’avais été surclassé pour faire un stage avec eux, même si ensuite je n’avais pas été retenu pour faire la sélection. Ensuite j’ai enchaîné avec les U16, donc ma vraie catégorie on va dire. Finalement, il y a deux ans j’ai été surclassé avec l’équipe de France des moins de 18 ans, et l’année dernière une dérogation m’a permis de faire le tournoi avec les Bleuets. Je jouais donc avec des joueurs qui avaient deux ans de plus que moi pour certains.

« J’ai la chance de vivre des choses uniques »

Au vu de vos convocations avec les équipes de France jeunes et de vos apparitions en Top 14 et Champions Cup, peut-on dire que vous êtes plutôt en avance sur les autres joueurs de votre génération ?

C’est vrai que je suis plutôt en avance si on me compare avec les autres joueurs nés en 2002. J’ai la chance de vivre des choses uniques. Ce qui m’arrive c’est surtout grâce au Racing qui me donne la chance de pouvoir m’exprimer, et pour l’instant ça se passe plutôt bien. Je suis en train d’accumuler pas mal d’expérience et ça c’est super.

Nolann Le Garrec après sa première apparition en Champions Cup (victoire face aux Harlequins) félicitait Juan Imhoff qui disputait son cinquantième match européen.

Vous êtes également en avance en ce qui concerne votre parcours scolaire.

Oui c’est vrai que je suis un peu en avance à l’école, j’ai sauté une classe en primaire. Il y a deux ans j’ai eu mon bac S, à l’époque où on passait encore un vrai bac (rires). Désormais je suis en deuxième année d’école de commerce, mais bon cette deuxième année elle a commencé très tranquillement. Donc je suis en avance, mais il ne faut pas que je me repose trop vite parce qu’en ce moment je suis un peu lent. J’ai pas trop la tête à ça ces derniers temps, mais je suis obligé de faire des efforts. Il y a des périodes où c’est plus facile que d’autres pour travailler.

Donc c’est difficile d’allier études et rugby ?

C’est un peu difficile, mais c’est très important d’avoir un plan B. Je vais l’apprendre à personne, la carrière de rugbyman n’est pas très longue. Il faut savoir gérer les périodes, par exemple je sais que quand je suis blessé je vais avoir un peu plus de temps pour étudier, donc je dois en profiter pour beaucoup travailler. Et parfois c’est l’inverse, je sais que je vais être sollicité pour jouer donc je vais devoir mettre un peu les études de côté. Après, avec le contexte actuel, et la mise en place de cours à distance, je dois reconnaître que c’est plus simple pour moi.

Vous vous attendiez en début de saison à obtenir autant de temps de jeu ?

Avec le Covid, je savais qu’on allait avoir une saison surchargée, avec deux coupes d’Europe et le Top 14, ça va faire un peu plus de 35 matchs. Je me disais que si j’étais dans le groupe pro, il y aurait des turnovers, et on me donnerait ma chance au bout d’un moment. Mais c’est vrai que finalement j’ai pu enchaîner pas mal de matchs. Donc oui, peut-être que je suis un peu surpris d’enchaîner autant, mais pas rassasié. On n’est jamais satisfait de son temps de jeu, on veut toujours jouer plus. Je ne peux pas dire que je suis satisfait à 100 %, mais oui je suis content quand même.

Vous avez êtes plutôt demi de mêlée mais vous pouvez aussi jouer demi d’ouverture.

C’est vrai que j’occupais ce poste à Vannes, mais quand je suis arrivé au pôle, avec mon physique de crevette, on m’a basculé sur le poste de demi de mêlée. Grâce à ça j’ai pu développer plusieurs aspects différents dans mon jeu, et parfois ça peut m’arriver de dépanner en 10 à l’entraînement quand il y a un problème. Si on me demande de rentrer à l’ouverture je le ferais, mais c’est pas la première option.

Vous êtes en concurrence avec Machenaud et Iribaren à votre poste, ils vous apportent quoi au quotidien ?

M’entraîner avec eux tous les jours déjà c’est génial, ce sont deux très grands numéros neuf. Chacun avec leur personnalité, ils vont m’apporter des choses différentes, que ce soit des petits détails techniques ou un peu de leur vécu. Ils me parlent de leur expérience, comment ils abordaient leurs premiers matchs ou comment gérer des situations tendues .

« Plus je vais vivre des situations de match, plus je vais progresser. »

Vous êtes content de votre début de saison et de vos performances individuelles ?

Oui je suis content, j’ai senti au fur et à mesure des matchs que je montais en puissance. Au début j’essayais de me rassurer sur les bases, mais mon jeu est plutôt porté sur l’initiative donc j’ai toujours envie de tenter quelque chose. Mais parfois il faut se contrôler, surtout quand je rentre pour gérer une fin de match. Je sais que je peux encore progresser sur certains points et je sais aussi que j’ai certaines choses en réserves que je n’ai pas pu montrer. Plus je vais vivre des situations de match, plus je vais progresser.

Gérer une fin de match et prendre une initiative, vous avez réussi à faire les deux à Clermont et ça vous a souri.

C’était un match compliqué. Clermont c’est une équipe qui sera dans le top 6 à la fin de la saison selon moi. On a fait un match plutôt cohérent à l’extérieur, et moi je rentre dans un moment où l’équipe est plutôt en confiance, on venait de marquer et de revenir au score. Comme je disais je joue pour prendre des initiatives, donc je joue ce côté fermé qui amène l’essai à la fin de l’action, mais si ça n’avait pas été moi ça aurait été un autre sûrement. Oui, évidemment que j’étais quand même très content d’avoir pu me mettre en évidence.

Nolann Le Garrec à l’initiative de l’action qui amène l’essai de la victoire du Racing à Clermont, avec ce côté fermé parfaitement joué.

« J’ai fait la montée en Pro D2 dans le kop des supporters, torse nu en train de chanter. »

Vous connaissez bien un des entraîneurs de Vannes (Goulven Le Garrec, père de Nolann, fait partie du staff du RC Vannes, ndlr), donc vous devez savoir que les Bretons font partie des favoris pour la montée en Top 14 cette année. La Rabine qui accueille des matchs de Top 14, ça fait envie ?

Oui je connais bien un des coachs (rires), les gens découvrent un peu Vannes comme le club obtient des bons résultats. De mon point de vue, on a toujours très bien travaillé là-bas, et ça fait plaisir de les voir récompensés aujourd’hui. Après on sait que la saison de Pro D2 est très longue, donc rien n’est acquis. Avoir l’opportunité d’aller jouer à la Rabine si le RCV monte en Top 14 ce serait incroyable pour moi. J’allais voir tous les matchs, j’ai fait la montée en Pro D2 dans le kop des supporters, torse nu en train de chanter. Donc c’est sur que pouvoir jouer sur ce terrain devant ce public, ce serait génial.

Avec le Racing, vous fréquentez des joueurs étrangers qui ont connu d’autres championnats comme Kurtley Beale ou Finn Russell, vous vous verriez un jour partir à l’étranger pour goûter à un autre championnat, une autre culture ?

Oui pourquoi pas, c’est pas une piste que j’écarte. Comme beaucoup de gens je pense, j’ai toujours aimé le Super Rugby. Si un jour dans ma carrière se présente une opportunité, et que je pense que c’est une bonne option, c’est quelque chose que je pourrai envisager. En tout cas, pour l’instant je suis très bien où je suis donc je ne me pose pas la question, mais je ne suis pas fermé sur le sujet.

Pas mal d’anciens Bleuets font désormais partie de la grande équipe de France, c’est aussi votre ambition ?

Pour moi les Bleuets c’est une passerelle entre le très haut niveau jeune et le haut niveau, on nous donne l’opportunité de disputer des gros matchs. C’est vrai qu’il y a un vrai projet maintenant entre les U20 et la grande équipe de France. Mais avant de penser à ça, il faut assumer en Top 14. Il y a quand même pas mal de joueurs français qui performent à mon poste. C’est dans un coin de ma tête certes, mais je pense plutôt à grappiller du temps de jeu en club pour l’instant.

Nolann Le Garrec ballon en main face à l’Italie, bien suivi par ses coéquipiers avec les bleuets, Yoram Moefana et Adrien Warion.

Suite à la sortie sur protocole commotion de Teddy Iribaren le week-end dernier, Nolann Le Garrec pourrait bien connaître sa dixième feuille de match avec le Racing vendredi soir à Montpellier.

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