2020 est dans les livres, 2021 commence son chapitre. Dans un monde chamboulé par une pandémie mondiale, le sport continue sa marche en avant. Les joueurs s’entrainent, jouent et récupèrent. Mais ce cycle du rugby est sans cesse renouvelé par l’émergence de nouvelles têtes. Des bouilles qui travaillent encore dans l’ombre mais qui seront les stars de demain, celles d’après pandémie. Ce début d’année est donc propice à un petit tour d’horizon dans le championnat français. Vous allez découvrir dans ces quelques lignes un profil de joueur par club avec pour conditions : être âgé de 22 ans ou moins, avoir un talent indéniable et être sous-exposé médiatiquement. Notre voyage part faire plusieurs escales dans les hautes latitudes du rugby français.
Première étape : Gironde, Pays basque, pruneaux et Béarn (Bordeaux-Bègles, Bayonne, Agen et Pau)
Deuxième étape : cistes, muguets et canuts (Montpellier, Toulon et Lyon)
La Rochelle : Matthias Haddad, objectif lune

« Prometteur », « grand espoir », « futur crack »… Ceux sont des mots issus d’une liste non exhaustive qui viennent quand vous taper le nom de Matthias Haddad sur un moteur de recherche bien connu. Et ces termes ne sont pas galvaudés. Effectivement, tout le monde voit le troisième ligne rochelais comme un futur grand qui tape déjà fort aux portes du rugby professionnel. Il est facile de comprendre pourquoi tant de louanges, sitôt que vous regardez un match de Matthias. Le jeune flanker est intransigeant au plaquage, vif sur ses appuis et diablement intelligent dans son placement que ce soit offensivement ou défensivement. Rajoutez à cela une activité débordante et sans baisse de régime pendant 80min et vous obtenez un troisième ligne moderne qui ravit tous les entraîneurs qui ont eu le plaisir de le coacher. S’il est encore un peu frêle physiquement, de son propre aveux, il dépasse déjà les 1m90 et les 90 kg à tout juste 19 ans. Rien d’alarmant pour un jeune joueur qui va développer sa musculature pour devenir le plus complet possible.
Matthias Haddad-Victor de son nom complet est en avance sur les temps de passages « classiques » d’une carrière professionnelle dans le rugby. En 2019, le jeune rochelais faisait parti du groupe France U20 champion du monde, à tout juste 18 ans et avec le titre de plus jeune joueur de la compétition. Surclassé, Matthias a impressionné son monde avec sa maturité et dans le jeu. Toujours en U20 aujourd’hui, il est devenu une pierre angulaire des bleuets. Pourtant, le parcours de Matthias a été plutôt chaotique géographiquement (La Rochelle, Muzillac, Vannes, Tours et La Rochelle de nouveau) mais aussi rugbystiquement, changeant de poste il y a tout juste 3 ans passant de 10, 12 ou 15 à 6 ou 7. Même si la concurrence est rude au Stade Rochelais à son poste (Gourdon, Vito, Aldritt…), Matthias a connu ses premières minutes en pro contre le LOU cette saison. Des premières minutes qui seront assurément suivis par de nombreuses autres vu le talent du gamin. Et Fabien Galthié approuve ce message.
Racing92 : Max Spring, Francilo-basco-maori

Si parler de Nolann Le Garrec aurait fait sens dans cette chronique, le joueur, né en 2002, à beaucoup trop percé l’écran cette année et a attiré les médias avec ses prestations remarquées et remarquables. Et nous ne dérogeons pas à la règle avec notre interview sur ce petit prince breton du rugby à retrouver ici.
Trêves de galéjades, il est maintenant temps de s’attarder sur un ami de Nolann au Racing, lui aussi tout aussi très prometteur pour le futur du rugby français. Ce joueur c’est l’arrière Max Spring. Le talent, c’est effectivement quelque chose qu’il ne manque pas à ce basque, qui à 19 ans est fixé aujourd’hui au poste d’arrière. Pourtant, jeune, Max pouvait occuper absolument tous les postes arrières du 9 au 15, selon les besoins de son équipe et les points faibles chez ses adversaires. Naturellement, lors de son passage au centre de formation basque, avec ses capacités évidentes de vitesse de relance et son aisance sous les ballons hauts, le poste de 15 lui tendait les bras.
Le basco Z, comme le surnommaient ses amis à Nafarroa (son club formateur), est issu d’un savant mélange entre un père néo-zélandais d’origine maori, ancien joueur de rugby et une mère basque. Autant vous dire que Max a été bercé par le rugby (et la pelote basque) depuis son plus jeune âge et a aussi du hériter de quelques gênes de son paternel. Pourtant attaché à son département natal, le jeune joueur n’a pas hésité une seconde quand le Racing lui a proposé un contrat espoir l’an dernier après une visite des infrastructures. Et cela ressemble à un choix payant pour lui, qui s’éclate avec les équipes de jeunes du club francilien mais aussi avec l’équipe de France U20 qui l’a déjà appelé pour des stages. Et cette année, Spring a même eu le droit à une feuille de match d’exception, à la maison, contre le grand Toulouse et en tant que titulaire. Pourtant la concurrence est rude au poste, dans la hiérarchie il n’apparaît que comme le numéro 4, derrière Beale, Zebo et Dupichot. La carrière de l’arrière format de poche (1m73) semble mise sur les bons rails tout de même, il va falloir un peu de temps mais l’avenir sent bon pour Max Spring.
Paris : Léo Barré, un grand 10 par la taille et le talent

Léo Barré est un grand gaillard d’1m90. Il joue au poste de numéro 10, a une gueule de gendre idéal et n’a que 18 ans. Il fait aussi parti de ces jeunes à fort potentiel suivi par la FFR en priorité. Ils ne sont qu’une vingtaine. Faire partie de cette liste permet donc sans se tromper de dire que Léo Barré est un talent brut. Un joyau à polir qui pourrait devenir l’un des acteurs majeurs du rugby français dans le futur. En plus du physique, le jeune ouvreur a aussi un caractère de travailleur acharné, lui qui ne rechigne pas à se lever à 7h du matin pour aller s’entraîner à buter avec Nicolas Sanchez et Joris Segonds. Léo Barré a déjà montré qu’il avait les outils d’un bon 10. Il lit la défense très bien, a une qualité et une variété de passes déjà bien développés et sait aussi amener de la variation par son jeu au pied. Maintenant, à 18 ans, bien sûr que Léo doit encore beaucoup travailler notamment défensivement et encore et toujours sur la compréhension du jeu à haute intensité. Cependant les propos à son égard font consensus : Il a tout pour arriver à passer la marche du rugby professionnel.
Léo Barré est un pur produit de l’île de France. Formé dans un premier temps à Versailles, il rejoint ensuite Massy pour entrer dans un monde semi-professionnel, puis signe au Stade Français pendant l’été dernier un contrat espoir de 2 ans (plus un an en option). Des choix de carrière parfaitement réfléchis et intelligents, qui trace un avenir brillant à ce jeune ouvreur. En effet, comme le dis Pascal Papé : « La relation avec la FFR est encore plus étroite sur de tel profil. Cela montre aux garçons la passerelle existante entre le club et l’équipe nationale. Tout est connecté et le plan individuel est partagé. ». Tous les voyants sont aux verts pour la carrière de Léo Barré qui devra tout de même patienter en club avec l’avènement de Joris Segonds et le toujours très bon Nicolas Sanchez. Mais ça le jeune joueur le sait, il garde la tête sur les épaules et à dans son viseur son prochain objectif : briller avec France U20.