Avec en moyenne une occurrence tous les trois matches, le penalty est logiquement un élément très important d’un match de football. C’est d’ailleurs bien souvent le sujet principal de critique de l’arbitre, le doute sur l’attribution d’un peno ou non au cours du match. Certains joueurs cherchent plus à en obtenir un que de tenter leur chance dans le jeu. Il faut dire qu’avec en moyenne 76% de but, c’est une occasion inespérée de marquer, surtout face à une bonne défense. Et contrairement à la rengaine idiote beaucoup trop entendue “les tirs au but c’est la loterie”, sachez que non, il y a des bonnes et des mauvaises manières de tirer un penalty.

Alors effectivement, le meilleur moyen de marquer, c’est de tirer là où le gardien ne plonge pas, merci. Mais un tireur ne peut bien évidemment pas gérer ce critère. Il peut alors tenter le coup du jeu psychologique. Une course d’élan originale par exemple. On peut le voir à de maintes reprises (trop souvent) de nos jours. Parfois avec succès, comme le montre Bruno Fernandes à Manchester United, ou Neymar. Parfois avec beaucoup moins de réussite, et plus de ridicule, comme nous le rappelle Simone Zaza à l’Euro 2016. Peut-être d’ailleurs que la peur du ridicule amène l’échec de ces tireurs. Mais ce n’est pas le sujet de l’étude, et il est intéressant de se pencher plus sur les stats réelles.
Viser haut mais sans atteindre les étoiles
Pour un joueur, il est largement préférable de se concentrer sur la zone de tir. D’abord, on peut s’intéresser aux recherches des israéliens Michael Bar-Eli et Ofer Azar, dans une enquête reprise par Le Monde. Pour la faire courte, si on reprend leur étude, 6% des penaltys sont hors cadre. Pour les autres, les tirs vers la zone inférieure finissent au fond dans 80% des cas , 87% au milieu, et on atteint les 100% dans le tiers supérieur. Le constat est implacable, il faut viser vers le haut. Mais c’est aussi là que les joueurs essaient le moins souvent de tirer. Au sol, les risques sont le gardien et le tir à côté. Mais en l’air, il faut y ajouter la possibilité de tirer au-dessus si l’on gère mal la hauteur.
Concernant la latéralité, il est intéressant de noter qu’une fois sur deux, le gardien choisit de plonger sur son côté gauche, et à 44% sur sa droite. On pense souvent qu’un tireur choisira systématiquement un côté, et pour arrêter le penalty il suffit de choisir le bon. Mais c’est oublier le tiers du milieu. En visant là, un joueur n’a donc que 6% de chance de trouver un gardien sur sa route, ce qui est très faible.
Pour rentrer dans le détail
Les xG sont une stat qui se démocratise de plus en plus dans le monde du football. Elle consiste à attribuer un pourcentage de réussite d’un tir, en fonction de ses paramètres et de milliers d’antécédents. Elle a dérivé avec les PsxG, pour les tirs cadrés uniquement, mais aussi avec le penalty : les xPG. Ci-dessus, les xPG, avec en exemple la séance de tirs au but du Liverpool-Arsenal en League Cup d’octobre dernier. L’image est facile à lire, plus la zone est orange, plus le pourcentage de réussite est faible. Il est intéressant de noter que la zone avec la moindre réussite est située à mi-hauteur, à droite du gardien.
De quoi se rappeler Edwin Van der Sar, qui en finale de la LDC 2008 avait plongé à chaque fois pour stopper un tir croisé. Certes il n’avait réalisé qu’un seul arrêt lors de la séance, mais c’était celui de la victoire face à Anelka. Si la plupart des gardiens pensent comme l’ancien portier de la Juventus, et que la plupart des joueurs sont droitiers, il est logique que les penalties soient souvent tirés et arrêtés à cet endroit.
Le constat est simple, il faut tirer dans les zones difficiles et où le risque est plus de ne pas trouver le cadre que de trouver le gardien. Si on vise le côté, il faut y aller franchement et ne pas être trop axial. Idem pour la hauteur, c’est environ à 50cm que la réussite est la plus faible. Il faut dire que les gardiens laissent souvent trainer les pieds dans ces zones lorsqu’ils plongent. Le tiers supérieur, comme évoqué plus haut, c’est la réussite assurée. Trouver la même zone que Wijnaldum ici, c’est au fond dans 100% des cas. On peut viser au sol, mais ce sera au ras des poteaux. Même si l’adversaire plonge du bon côté, ce sera trop loin pour lui.
Le football n’est pas une science, ce n’est un doute pour personne et les preuves sont nombreuses. Mais peut-être que le penalty peut y faire exception. On peut se contenter de penser qu’il suffit de choisir le bon côté, mais ce serait de la paresse. Oui, il existe des bonnes et des mauvaises manières de tirer un penalty. Alors la prochaine fois qu’un tonton relou dans votre entourage vous dit que les tirs au but ou les penalties c’est juste de la loterie, répondez-lui que non. Merci.