Après les entrées en lice des huit premières équipes hier, les quatre nations restantes ont découvert les courts de Melbourne à l’occasion de cette deuxième journée de l’ATP Cup. Leurs succès ont été divers. Devant des gradins parsemés de spectateurs de nationalités diverses, les cadors du tennis mondial se sont livré de beaux duels, aussi spectaculaires qu’instructifs à quelques jours du premier Grand Chelem de la saison. On connaît la première nation éliminée de cette ATP Cup, ainsi que les premières qualifiées.
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Groupe A: Allemagne 2-1 Canada
Milos Raonic se présentait comme le favori de ce match contre Jan-Lennard Struff et devait surfer sur sa victoire de la veille. Le début de match fut équilibré, les mises en jeu assurées. Les deux joueurs essayèrent de prendre le jeu à leur compte. Raonic semble un cran au-dessus en première manche avec 18 coups gagnants. Mais il offre de nombreux points gratuits à son adversaire : 19 fautes directes. Gros serveurs dit grosse probabilité d’assister à un tie-break. Et on fut servi dans ce match avec deux manches décisives. Une première où Struff étouffa le Canadien qui semblait mieux dans ce premier set 7-6(4). Après une deuxième manche moins rythmée, avec beaucoup de fautes directes et des difficultés sur leurs services respectifs, place à un nouveau tie-break. Les jeux décisifs réussissent particulièrement bien à l’Allemand. Après avoir mené 5–0, c’est avec un ace que Struff s’offre la victoire. Au check, il s’excuse auprès de son adversaire pour avoir terminé de cette manière. Combattant et insaisissable, il était difficile aujourd’hui de déborder l’Allemand, bien aidé il faut dire, par la maladresse du Canadien. Chiffre à retenir : 44, comme le nombre de fautes directes de Milos Raonic.
Magnifique duel entre deux grosses têtes du tableau masculin aux styles bien différents: Alexander Zverev et Denis Shapovalov. Cette confrontation nous a offert un spectacle d’une grande qualité. Solide sur leur mise en jeu en première manche, ils se sont dirigés vers un tie-break. Très en jambe et appliqué, c’est logiquement Shapovalov qui a pris le dessus dans ce tie-break en conservant son mini break d’avance pris dès l’entame du jeu décisif : 7-6(5). Jusqu’au début du deuxième set, les services du Canadien ont posé des problèmes à Zverev qui n’arrivait pas à lire ni à anticiper les changements de zones qu’il trouvait. À la moitié du 2e set Zverev changea de stratégie et recula un peu plus. Choix gagnant puisqu’il réussi à breaker sur un splendide retour gagnant en revers, le jeu suivant. Galvanisé par la confiance, Zverev dicta de plus en plus l’échange et réussi à recoller à un set partout 6-3. 2e set qu’il termina avec pas moins de 12 coups gagnants, soit le double de son adversaire. Le troisième set réserva un show, plus emballant que jamais. Avec des rallyes pouvant atteindre jusqu’à 28 coups, la fin de ce match était très indécise. Rien de mieux qu’un nouveau tie-break pour déterminer le vainqueur de ce magnifique match. Mais, après avoir obtenu un premier mini break, le Canadien s’effondre en laissant filer deux nouveaux points sur son service. Zverev, fort de ses 39 coups gagnants mit un point final à l’aventure canadienne à l’ATP Cup en terminant par 2 aces salvateurs 7-6(4). La stat du match : seulement 1 balle de break sur 13 a été convertie.
Vous aimez les tie-breaks. Vous avez été servis jusque-là, mais ce n’est pas fini! Lors du double, qui ne comptait pas pour grand chose, les acteurs allemands et canadiens nous on offert deux manches décisives supplémentaires. La première fut remportée par la paire nord-américaine Diez/Polansky et la seconde par les Allemands Krawietz et Struff. Un partout donc, et c’est alors au Super Tie-break qu’il a fallu départager les deux équipes. A ce petit jeu-là, les Canadiens qui n’avaient plus rien à perdre se sont imposés (10-3) et sauvent ainsi l’honneur. Le Canada est éliminé mais n’aura pas démérité.
Groupe B: Grèce 1-2 Australie
Cette deuxième journée de la poule B voyait l’Australie, défaite hier 3-0 contre l’Espagne, affronter la Grèce, pour son entrée dans la compétition. Le premier match opposait John Millman, désireux de se racheter après la défaite d’hier et Michail Pervolarakis. Sur le papier, l’opposition s’annonçait déséquilibrée entre l’Australien et le Grec âgé de 24ans, classé 462ème à l’ATP. Et cela s’est très vite vérifié sur le court. Millman s’est d’entrée montré très solide dans ce match, notamment au service et le jeune Grec n’a jamais semblé en position d’inverser la tendance, concédant la première manche sur le score de 6-2. Pervolarakis a subi la puissance du 38ème mondial tout le match et malgré un deuxième set où il a paru plus concerné, cela n’a pas suffi à inquiéter son adversaire du jour, qui est resté cohérent dans son jeu tout au long du match. Victoire australienne 6-2, 6-3, et le choc tant attendu entre Alex DeMinaur et Stefanos Tsitsipas s’annonce déjà décisif.
Un match crucial entre 2 pépites. Voilà ce qui nous attendait à 10h15 ce matin, pour une opposition qui s’annonçait plus qu’alléchante entre le sixième mondial, Stefanos Tsitsipas, qui veut faire oublier sa saison passée, et un Alex DeMinaur qui explose tout sur son passage. Les joueurs entrent très vite dans la partie à un rythme élevé, et c’est Tsitsipas qui prend rapidement les commandes. Un break d’entrée, un service autoritaire et un DeMinaur nerveux: Tsitsipas mène 3-0. Malgré le débreak de l’Australien pour recoller, le sixième mondial continue de dérouler son tennis et s’adjuge le premier set 6-3. Mais DeMinaur, fidèle à lui-même, revient sur le court avec un jeu plus agressif et bouscule son adversaire. Aucun des deux joueurs n’arrivent à se détacher, dans une seconde manche pleine d’intensité et un public qui donne de la voix. On croit même DeMinaur en passe de prendre le service du Grec à 5-4 avec un jeu long de 7 minutes. Mais la puissance en revers de Tsitsipas ainsi que sa capacité à trouver des bonnes zones proches des lignes ont fait la différence et lui permettent de remporter ce deuxième set 7-5 dans la douleur. Ce match a tenu toutes ses promesses avec deux joueurs qui ont puisé dans leurs ressources ; on se dirige alors vers un double décisif entre ces deux nations.
On commençait à avoir l’habitude des doubles comptant pour du beurre dans cette ATP Cup, et celui opposant la paire Pervolarakis/Tsitsipas à Peers/Saville n’en était définitivement pas un. Dans le premier set, la paire australienne se montrait plus précise et solide au service, remportant la première manche sans trop de difficultés sur le score de 6-3. C’est à partir de la deuxième manche que le match est monté d’un cran dans le rythme, avec 4 joueurs couvrant bien le terrain. C’est la paire grecque qui prit le dessus grâce à quelques coups gagnants bien sentis dans les moments importants, s’adjugeant le set 6-4. Mais avec un Tsitsipas qui venait de jouer un match accroché contre DeMinaur juste avant, c’est dans le domaine physique que les Grecs ont flanché, et face à des australiens plus habitués à jouer ensemble, ils ne firent pas le poids et cédèrent dans le super Tie-Break sur le score de 10-5.
L’Australie a fait le travail sur ce double pour sauver l’honneur et remporter une victoire dans cette poule, pour le plus grand bonheur des fans locaux qui ont su se faire entendre à chacun des matchs.
Groupe C: Italie 2-1 France
Pour le premier match de cette rencontre entre l’Italie et la France, deux joueurs au tempérament de feu, au jeu fantasque et par moment au mental défaillant s’affrontent : Fabio Fognini et Benoît Paire. Si on avait une idée du niveau de jeu de Fognini, il en était tout autre pour Paire. Après avoir déclaré « Je me retrouve à me préparer pour un Grand Chelem en une semaine, après 14 jours dans mon lit 24 heures sur 24 » on ne savait pas à quoi s’attendre. Le Français fait un bon premier jeu de service lui permettant de prendre les rennes de cette rencontre. Mais c’est lors de son deuxième jeu de service que la descente aux enfers commence. 4 doubles fautes, un break contre lui et Paire n’y est déjà plus. Sans aucune envie, le Français frappe toutes ses balles en étant mal placé. Après 22 minutes et 16 fautes directes le voilà battu 6-1. La deuxième manche part sur les mêmes bases, Paire se retrouve rapidement mené 3-0. C’est le moment choisi par le Français pour décider de mettre plus d’intensité, être plus proche de sa ligne et de vraiment jouer son tennis. Le résultat se fait vite ressentir, l’Avignonnais enchaîne les jeux jusqu’à servir pour le set à 5-4. C’est finalement un jeu décisif qui décidera du sort de cette rencontre, et à ce petit jeu-là c’est Fognini qui est le plus fort, offrant le premier point à l’Italie.
Dans cette deuxième rencontre, d’un côté Matteo Berrettini, en pleine confiance après son succès contre Thiem, de l’autre Gael Monfils en recherche de sensations et qui ne se sent pas encore à 100%. L’enjeu de cette rencontre est d’autant plus important que si l’Italien s’impose son pays est qualifié pour les demi-finales tandis que la France, et par conséquent l’Autriche, sont éliminés. Monfils est le joueur qui rentre le mieux dans cette partie, solide sur ses mises en jeu, il en profite pour faire le break à la première occasion et mener 4-1. Moment choisi par Berrettini pour resserrer le jeu, l’Italien debreak pour revenir à 3-4. Le huitième jeu est alors particulièrement intense, Monfils s’offre 3 balles de breaks, mais n’arrive pas à les convertir. L’Italien remporte finalement ce jeu et continue sa marche en avant. Il break de nouveau le Français avant de venir conclure sur son service 6-4. Malheureusement pour Monfils, la deuxième manche est bien différente. Le Français rate de plus en plus au fur et à mesure de la rencontre tandis que Berrettini est resté à un niveau constant pour s’imposer 6-2.
Dans ce double sans enjeu, l’Italie décide d’aligner la paire Bolelli/Vavassori tandis que la France aligne ses experts de double Mahut et Roger-Vasselin. L’expérience et la solidité des Français se font rapidement sentir. La paire tricolore met un coup d’accélérateur une fois pour breaker et sécurise ensuite ses jeux de services, première manche 6-3. Bis repetita dans la deuxième, un break à 4 partout avant de servir pour le match et d’apporter un point à l’équipe de France.
Groupe D: Russie 2-1 Japon
Breaké d’entrée, Andrey Rublev n’a pas mis bien longtemps à se réveiller. Son adversaire du jour, Yoshihito Nishioka avait parfaitement entamé son match en volant le service du Russe, mais la suite de sa première manche fut un long chemin de croix. Martyrisé par les frappes puissantes du huitième joueur mondial, il ne put inscrire le moindre jeu après son break inaugural. Six jeux consécutifs pour Rublev, qui entame ce match comme celui de la veille face à Pella : 6-1 dans la première manche ! La seconde manche est plus accrochée, même si le Japonais perd son service dès le troisième jeu. Nishioka ne se résigne pas et tente de déstabiliser le joueur russe, mais ce dernier répond présent, derrière sa ligne comme au filet. Avec plusieurs coups gagnants expédiés à plus de 150 km/h, Rublev montre à tout le monde qu’il faudra se lever tôt pour espérer le contrarier lors de l’Open d’Australie. Grâce à un gros service, Rublev se sort des rares situations difficiles qu’il connaît. Lorsqu’il passe sa première balle, le Russe remporte 84% des points. C’est toutefois sur le service de Nishioka qu’il se procure sa première balle de match. Il ne lui en faut pas plus ; le Russe conclut 6-3, un match disputé en une heure et trois minutes. Andrey Rublev fait dans l’efficacité à Melbourne : difficile de trouver un numéro 2 de sa qualité…
Et si le numéro 2 est de qualité, que dire du numéro 1 ? Face à Kei Nishikori, il n’a pas fallu attendre longtemps pour voir Daniil Medvedev prendre les devants. Un break d’entrée lors du premier jeu pour entrer confortablement dans son match, et assumer encore un peu plus son costume de favori. Mais c’est finalement un affrontement plus serré qui se dessine progressivement. Revenu à 2-2, Nishikori n’est pas hors course. Toutefois, Daniil Medvedev fait une nouvelle fois le break dans la foulée, et le confirme : 4-2. Plus encore, il ne laisse plus rien à son adversaire et s’en va tranquillement remporter la première manche sans perdre un jeu de plus : 6-2, la Russie est à une manche de la qualification en demi-finale. La seconde manche n’a rien à voir avec la première. Medvedev comme Nishikori conservent leurs mises en jeu. Mais Daniil Medvedev n’est pas quatrième mondial pour rien… Au meilleur des moments, lors du neuvième jeu, il réalise le break et s’offre l’occasion de servir pour le match. Cette occasion, il ne la manque pas : 6-4. La première balle de match fut la bonne, et Daniil Medvedev offre plus qu’un point à son équipe. Victoire face à l’Argentine hier, face au Japon aujourd’hui, et une première place assurée. Qui pourra donc se mettre en travers de la route des Russes cette année ?
Malgré une qualification acquise grâce aux deux victoires de la journée, l’équipe russe n’est pas disposée à laisser des matchs s’envoler. La paire Donksoy/Karatsev entendait bien se montrer après les deux succès de Medvedev et Rublev. Face aux Japonais Yoshihito Nishioka et Ben McLachlan, la paire russe a parfaitement entamé sa partie, en remportant le premier sets 6 jeux à 4 grâce à un break lors du septième jeu. La seconde manche fut d’un autre acabit. Sans pression car déjà éliminés, les Japonais affichent un autre visage et breakent les Russes. Une différence suffisante pour empocher la seconde manche 6-3. C’est donc un Super Tie-break qui départage les deux nations ; aucune différence n’est faite avant la fin du jeu. Les Japonais mènent 9-7 et se procurent une balle de match, mais les Russes résistent et recollent à 9-9. Plus encore, ils se procurent à leur tour une balle de match. Finalement, les Japonais reprennent les devants et concluent 12 à 10!
A suivre…
Demain, auront lieu les ultimes matchs de cette phase de groupe. Dans la poule A, l’Allemagne sera opposée à la Serbie pour se disputer la première place du groupe et un accès aux demi-finales ; au programme, un alléchant Zverev-Djokovic notamment. La Grèce quant à elle retrouvera l’Espagne dans le groupe B : Rafael Nadal sera-t-il apte à affronter Stefanos Tsitsipas? Dans un groupe C où la messe est dite, Autrichiens et Français tenteront de sauver l’honneur et de ne pas quitter la compétition sans victoire. L’Argentine et le Japon enfin se disputeront la deuxième place du groupe D. Une deuxième place qui, rappelons le, n’offre pas de qualification pour l’étape suivante.