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Preview UFC 258 : Duel au sommet chez les Welters

Champion incontesté de la division des Welters de l’UFC, Kamaru Usman remet, ce week-end lors de l’event 258, son titre en jeu contre son contender numéro un (et ancien coéquipier) le puissant brésilien Gilbert Burns. Duel au sommet (déjà deux fois reporté) auquel on rêve d’assister, tant il a tout pour offrir excitante confrontation. Mais, vu les forces en présence, peut également se révéler pénible purge à endurer.

La faute (si on peut dire) au Cauchemar Nigérian, qui règne sur la catégorie depuis bientôt deux ans mais sans pour autant soulever l’enthousiasme des foules. Ce dernier se présentant comme l’archétype de la force tranquille : rarement dans l’excès verbal en dehors de la cage, jamais dans l’extravagance une fois dedans. Qui marche (au sens propre du terme) sur des opposants qu’il submerge de sa puissance physique et de ses compétences techniques supérieures en quasi tout domaine.

S’il impressionne tant, c’est aussi parce qu’il a affronté – et battu – les noms les plus dangereux de sa division. Enchaînant rien moins que Demian Maia, Rafael dos Anjos, Tyron Woodley, Colby Covington et Jorge Masvidal, dont il a (au moins en partie) éteint la hype lors de leur confrontation, l’été dernier, sur Fight Island.

Profitant de chaque apparition pour peaufiner son art du combat et un peu plus asseoir sa domination. Ainsi que, pour ses détracteurs, toujours plus s’enfoncer au sein d’un style flirtant avec le « boring ». Jusqu’à même parfois rappeler les pires heures du règne de Georges St-Pierre (lorsque ce dernier décidait de maîtriser son adversaire vingt-cinq minutes durant, sans forcément chercher à rien proposer d’autre).

Usman se présente ainsi comme combattant exceptionnel mais peu flamboyant. Affichant skills hors-pairs, physique hors du commun, dévastatrice puissance, endurance de marathonien, QI fight supérieur à la moyenne.

Mais à qui manque également, trop souvent, le goût du sang. Cette volonté de verser dans la violence pure qui plaît au public. De terminer l’adversaire. De se lancer dans des guerres, certes, excitantes mais qui pourraient lui être préjudiciables. Préférant contrôler, marquer des points et emporter la victoire, fût-elle le moins spectaculaire possible. D’où l’ambivalence à son égard de bien des amateurs qui respectent son statut tout en baillant ouvertement devant des prestations aussi unilatérales que, faut-il l’avouer, par instants peu passionnantes à suivre.

Faut-il que la confrontation devienne personnelle, comme avec Covington, pour le voir plonger dans une bataille rangée. Laquelle, si elle fut fort appréciée des fans, faillit également lui coûter cher – tant l’émotion affichée le fit sortir de son habituel game plan et frôler comme jamais la défaite. Rappelant qu’il était, à l’entame de la dernière reprise, mené trois à un sur les cartes des juges. Et qu’il fut bien inspiré de, pour une fois, finaliser son opposant.

La leçon semble d’ailleurs avoir été retenue. À voir ainsi combien, lors de son combat avec Masvidal et malgré son inimité avec ce dernier, il a su garder la tête froide et appliquer à la perfection son schéma tactique – soit : clincher, maîtriser et grinder l’adversaire contre la cage. Plus de vingt minutes d’ennui fort peu palpitantes (voire carrément moches à regarder). Mais qui se sont montrées efficaces et lui qui ont permis de repartir avec la ceinture.

Pour autant, la confrontation à venir contre Burns offre quelques inconnues et s’annonce plus indécise qu’on pourrait le penser de prime abord. D’abord car le brésilien affiche puissance physique quasi égale à celle de Usman (ce qui n’est pas peu dire). À même se demander comment, avec tel gabarit, il a pu si longtemps combattre dans la catégorie inférieure (imaginant des cuttings particulièrement pénibles pour y parvenir). Ensuite car, tout comme Covington en son temps, il est actuellement sur un run de champion, ayant enquillé six victoires depuis son retour chez les 170 lbs. Ce qui lui permet d’afficher une confiance en lui tutoyant les sommets. Enfin car son style, alliant sol de classe mondiale et striking dévastateur, offre de quoi potentiellement perturber la mécanique, d’ordinaire si bien réglée, du champion.

Burns est d’abord un jujitsuka d’élite (ayant notamment remporté une médaille de bronze à l’ADCC. Les connaisseurs apprécieront) qui se retrouve en son jardin dès que le combat va au sol. Faisant ainsi partie des rares élus pouvant se targuer d’y avoir finalisé Demian Maia – excusez du peu.

Il se montre pour autant loin d’être maladroit debout. Grâce à une force de frappe, sèche et brutale, qui, à défaut d’une grande orthodoxie, lui permet de ne pas craindre le striking de ses opposants. Jusqu’à les provoquer en les agressant continuellement et les empêcher de s’installer dans leur zone de confort. Tyron Woodley s’en souvient encore, lui qui parut, en plusieurs instants, sur le point d’être submergé par l’éruptivité du brésilien.

Il possède, en outre, ce X factor qui en fait un combattant particulier. Conservant une indéfectible confiance en lui, une totale certitude en ses capacités qui ôtent tout doute de son esprit. On peut, ainsi, dores et déjà être certain qu’il ne sera, non seulement, pas intimidé par Usman mais qu’il n’hésitera pas à carrément lui rentrer dedans. Dans le but avoué de perturber la stratégie trop rodée du champion.

On n’affirme en rien qu’il y parviendra. Mais il a les armes pour. Surtout quand on sait que le dernier qui a réussi à pénétrer la garde du Cauchemar Nigérian, jusqu’à durement le toucher, est Covington. Et on a bien vu comment les choses ont failli (bien) tourner en sa faveur. Sachant que Burns frappe plus fort, de façon plus explosive, qu’il craindra moins que « Chaos » d’aller au clash avec son adversaire et que l’éventualité d’une bataille au sol le fait d’avance saliver. Sans même évoquer un cardio à même de lui faire tenir les cinq reprises sans lever le pied.

Ce qui laisse penser que, plus encore que d’habitude, l’affrontement sera, avant toutes choses, un choc de volontés. Dont l’issue pourrait sourire à celui des deux qui parviendra à imposer la sienne à l’autre.

On s’avoue ainsi très curieux de la direction que pourront prendre les hostilités. Étant entendu qu’elles peuvent basculer d’un côté comme de l’autre. Si Usman parvient à, dès le début, maîtriser Burns sans trop se laisser toucher et en le coinçant contre le grillage, on risque d’être parti pour cinq rounds à sens unique. Si le brésilien parvient à ne pas se laisser enfermer et suffisamment l’approcher pour percer sa garde et le connecter de manière significative, il peut le faire douter et le combat, alors, changer de physionomie. Allant sans dire que, sans forcément éprouver le moindre favoritisme envers l’un ou l‘autre des combattants, l’amoureux de spectacle préférera, de très loin, cette seconde option.

Sur le papier, on n’est donc pas éloigné d’un 50-50. Même si Usman semble un peu supérieur et partir légèrement favori (ne serait-ce que pour sa plus longue expérience des grands rendez-vous. Ainsi que l’adversité plus relevée à laquelle il a eu à faire face tout au long de sa carrière). Pour autant, la fougue du challenger peut tout à fait déjouer les pronostics et faire basculer les débats de manière aussi brutale qu’inédite pour le tenant du titre. Ce qui rend le matchup intriguant et laisse espérer un déroulé moins soporifique que la dernière défense de titre du champion. À dire vrai, c’est même tout ce qu’on demande.

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